De la juste solution des contradictions au sein du peuple
Mao Zedong
Les intellectuels
Les contradictions au sein de notre peuple se manifestent aussi parmi les intellectuels. Plusieurs millions d’intellectuels, qui servaient autrefois l’ancienne société, sont maintenant passés au service de la société nouvelle. La question qui se pose est celle-ci : De quelle façon peuvent-ils s’adapter aux besoins de la société nouvelle et comment les aiderons-nous à y parvenir ? C’est là également une des contradictions au sein du peuple.
Au cours des sept dernières années, la plupart de nos intellectuels ont fait des progrès notables. Ils se prononcent pour le régime socialiste. Nombre d’entre eux s’appliquent à étudier le marxisme, et certains sont devenus des communistes. Le nombre de ces derniers, quoique encore peu élevé, ne cesse d’augmenter. Evidemment, il y a encore des intellectuels qui continuent à douter du socialisme ou qui ne l’approuvent pas, mais ce n’est qu’une minorité.
La Chine a besoin que le plus grand nombre possible d’intellectuels se mettent au service de l’oeuvre gigantesque et ardue de son édification socialiste. Nous devons faire confiance à tous les intellectuels qui sont vraiment désireux de servir la cause du socialisme, améliorer radicalement nos rapports avec eux et les aider à résoudre tous les problèmes qui réclament une solution, afin de leur donner la possibilité de faire valoir pleinement leurs talents. Nombre de nos camarades ne savent pas rallier à eux les intellectuels, ils se montrent rigides à leur égard, ils ne respectent pas leur travail et, dans le domaine scientifique et culturel, ils se permettent une ingérence déplacée dans les affaires dont ils n’ont pas à se mêler. Nous devons en finir avec tous ces défauts.
Bien que la masse de nos intellectuels ait déjà fait des progrès, elle ne doit pas pour autant s’abandonner à la suffisance. Pour être pleinement au niveau des exigences de la société nouvelle et faire corps avec les ouvriers et les paysans, les intellectuels doivent poursuivre leur rééducation, se débarrasser progressivement de leur conception bourgeoise du monde et adopter la conception prolétarienne, communiste, du monde. Le changement de conception du monde est un changement radical, et on ne peut pas dire que la plupart de nos intellectuels l’ont déjà accompli. Nous espérons que nos intellectuels continueront d’avancer et que, progressivement, dans le cours de leur travail et de leur étude, ils acquerront une conception communiste du monde, s’assimileront le marxisme-léninisme et se fondront en un tout avec les ouvriers et les paysans. Nous espérons qu’ils ne s’arrêteront pas à mi-chemin et qu’à plus forte raison ils ne feront pas marche arrière, car cela les conduirait à une impasse. Les changements intervenus dans notre régime social et la suppression, pour l’essentiel, de la base économique de l’idéologie bourgeoise font qu’il existe pour la masse de nos intellectuels non seulement la nécessité mais aussi la possibilité de modifier leur conception du monde. Toutefois, un changement complet de la conception du monde exige un temps très long. Il nous faut y aller patiemment et éviter toute précipitation.
En fait, il y aura nécessairement des gens qui, intérieurement, ne voudront jamais accepter le marxisme-léninisme et le communisme. Nous ne devons pas trop exiger d’eux ; tant qu’ils se soumettent aux exigences de l’Etat et poursuivent des activités honnêtes, nous devons leur donner la possibilité de se livrer à un travail approprié.
Ces derniers temps, on a constaté un fléchissement dans le travail idéologique et politique parmi les étudiants et les intellectuels, et certaines déviations sont apparues. Il en est qui pensent apparemment qu’ils n’ont pas besoin de se soucier de la politique, de l’avenir de leur pays et des idéaux de l’humanité. A leurs yeux, le marxisme aurait fait fureur un certain temps et serait un peu passé de mode maintenant. Etant donné cette situation, il est à présent nécessaire de renforcer notre travail idéologique et politique. Etudiants et intellectuels doivent s’appliquer à l’étude. Tout en travaillant à leur spécialité, ils doivent faire des progrès sur le plan idéologique et sur le plan politique, et pour cela étudier le marxisme, les questions politiques et les problèmes d’actualité. Sans vue politique juste, on est comme sans âme. La rééducation idéologique était nécessaire et elle a donné des résultats positifs. Toutefois, les méthodes employées étaient un peu rudes et ont blessé certains. Cela n’est pas bien. A l’avenir, nous devons éviter ce défaut. Tous les organismes et toutes les organisations doivent assumer la responsabilité du travail idéologique et politique.
Cette tâche incombe au Parti communiste, à la Ligue de la Jeunesse, aux organismes gouvernementaux directement intéressés, et à plus forte raison aux directeurs et aux enseignants des établissements scolaires. Notre politique dans le domaine de l’éducation doit permettre à ceux qui la reçoivent de se former sur le plan moral, intellectuel et physique pour devenir des travailleurs cultivés, ayant une conscience socialiste. Il faut mettre en honneur l’idée de construire notre pays avec diligence et économie. Nous devons faire comprendre à toute la jeunesse que notre pays est encore très pauvre, qu’il n’est pas possible de modifier radicalement cette situation en peu de temps, que c’est seulement par leurs efforts unis que la jeunesse et tout le peuple pourront créer, de leurs propres mains, un Etat prospère et puissant en l’espace de quelques dizaines d’années. Le régime socialiste nous a ouvert la voie vers la société idéale de demain, mais pour que celle-ci devienne une réalité, il nous faut travailler dur. Certains de nos jeunes gens pensent que, la société étant devenue socialiste, tout doit être parfait, qu’on peut y jouir d’une vie de bonheur toute faite, sans avoir à fournir d’efforts. Cette façon de voir les choses n’est pas réaliste.