Pour un travail correct parmi les étudiants
Union de la Jeunesse Communiste – Marxiste Léniniste
1. Liquider le sectarisme.
Des erreurs sectaires sont apparues dans le travail de certains de nos camarades parmi les étudiants.
Il est arrivé que nos camarades se contentent de manifester du mépris à l’égard du caractère brouillon, anarchique et, à certains égards erroné, du mouvement de révolte des étudiants, sans en saisir le courant principal positif.
Certains de nos camarades ont adopté une attitude de supériorité se donnant le rôle de représentants du prolétariat parmi les étudiants ou bien manifestant une fierté trop voyante des liens qui nous unissent aux ouvriers et des connaissances que nous commençons d’avoir du mouvement ouvrier.
Ce sont des erreurs qui doivent être éliminées radicalement, et que l’on ne doit plus voir se reproduire.
Le Président Mao a indiqué : » dans tout mouvement de masse, un communiste doit se comporter en ami des masses, et non en politicien bureaucrate « .
Cela s’applique également au mouvement de masse des étudiants.
Nous devons donc extirper toute trace de suffisance communiste, apprendre et éduquer à la fois, et gagner la confiance et l’amitié des étudiants parmi lesquels nous travaillons.
II est probable que le mouvement de masse de révolte des étudiants connaîtra un essor important dans les prochains mois.
Ce mouvement renforcera-t-il le front de la lutte prolétarienne et populaire ou sera-t-il détourné au profit de la bourgeoisie?
La réponse à cette question dépend pour une grande part de notre attitude et de notre travail.
Si nous nous comportons comme une secte repliée sur elle-même, si nous méprisons le mouvement de masse des étudiants, nous ferons le jeu de l’ennemi de classe, et l’énergie des étudiants et de la jeunesse sera détournée et gaspillée en vain : cela sera une perte relativement grave pour la cause révolutionnaire.
Par contre, si nous travaillons dans ce mouvement de masse en communistes armés de la pensée de Mao Tsétoung, nous parviendrons à entraîner, dans un processus révolutionnaire et par étapes, des milliers et des dizaines de milliers d’étudiants dans la solidarité active, directe, avec la lutte des ouvriers, et dans les rangs de l’armée prolétarienne.
Chaque camarade doit réfléchir à cette question, se convaincre de son importance et se préparer aux tâches nouvelles qui peuvent nous incomber prochainement en ce domaine.
2. Intensifier la lutte idéologique.
Le travail chez les étudiants présente des conditions particulières, la place qu’y occupe la lutte idéologique y est spécialement importante.
Certes, nous autres communistes, nous efforçons de mettre au premier plan l’expérience concrète, et pensons que les masses s’éduquent d’abord dans te lutte; nous savons que les idées justes viennent de la pratique sociale.
C’est pourquoi nous n’ignorons pas que ce n’est que dans la mesure où nous aurons entraîné une masse importante d’étudiants dans l’action unie avec les travailleurs, que le mouvement étudiant prendra une orientation idéologiquement correcte et ferme.
Mais, justement, pour parvenir à ce résultat, il nous faut être capable de mener parmi les étudiants la lutte des idées, sans négliger ni rejeter les questions que se posent les étudiants.
Cela signifie que nous devons être capables, non seulement de populariser les luttes ouvrières parmi les étudiants de façon à susciter dans leurs rangs un élan d’enthousiasme et de solidarité, ce qui est notre tâche principale, mais en même temps de donner des explications aux étudiants par exemple sur les événements qui se déroulent dans les pays révisionnistes, ou d’autres questions qui suscitent leur intérêt ; nous devons également participer à la critique du contenu de l’enseignement et des méthodes réactionnaires bourgeoises de l’Université, tout en montrant qu’aucune transformation décisive ne peut intervenir tant que le mouvement étudiant n’aura pas fait sa jonction, dans l’action révolutionnaire, avec la lutte de la classe ouvrière et du peuple travailleur.
Il nous incombe particulièrement de mener une campagne soutenue contre la ségrégation scolaire et l’injustice qui, par de multiples mécanismes, interdit aux enfants d’ouvriers et de paysans travailleurs l’accès à l’Université.
Sommes-nous armés pour mener cette lutte idéologique?
Oui, si nous nous appuyons sans réserve sur les enseignements grandioses de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne.
Nous pouvons montrer aux étudiants que la Révolution chinoise la première a, sous la direction du Président Mao, résolu le problème de la large démocratie de masse sous la dictature du prolétariat, et de la révolution sous la dictature du Prolétariat.
Nous devons expliquer l’appel fulgurant du Président Mao : « ON A RAISON DE SE REVOLTER « , et montrer comment la juste révolte de la jeunesse, des étudiants contre les anciennes idées renforce, si elle est correctement appuyée et guidée, le grand courant révolutionnaire du prolétariat.
Nous devons montrer aux étudiants que les événements actuels qui se déroulent dans les pays révisionnistes ne sont qu’une accélération de la restauration du capitalisme, et une intensification de l’oppression du peuple.
Mais il faut présenter cela sans dogmatisme, en répondant soigneusement aux arguments de la propagande ennemie.
C’est parce que les démocraties populaires n’avaient pas résolu le problème de la démocratie de masse sous la dictature du prolétariat, et que la ligne de masse n’avait pas été appliquée d’une façon systématique, le Parti a pu se couper relativement des masses; que les contradictions au sein du peuple et les mouvements de révolte de la jeunesse ont été utilisés, canalisés par la nouvelle bourgeoisie, les résidus des anciennes classes capitalistes et agents de l’impérialisme.
Nous devons en particulier montrer très concrètement ce que signifie dans ces pays la restauration du capitalisme : cadences, primes, chômage, salaires bas, conditions de vie difficiles pour les masses laborieuses, insolence et richesse des privilégiés, etc.
Il faut opposer systématiquement à cela le déroulement lumineux de la révolution chinoise, la liberté et le bonheur dont jouissent les larges masses du peuple chinois.
Ce ne sont là que quelques indications, des thèmes sur lesquels nous pouvons avoir à intervenir. Il peut y en avoir bien d’autres.
Que faut-il retenir de tout cela, et quelle place cet effort idéologique doit-il tenir dans l’ensemble de notre travail chez les étudiants ?
1. Nos camarades qui travaillent chez les étudiants doivent, autant que possible, s’armer de façon à pouvoir soutenir des controverses idéologiques et théoriques.
Il faudra élaborer un matériel de référence en fonction des thèmes les plus souvent abordés dans le mouvement étudiant.
2. Nous ne devons à aucun moment donner l’impression d’être gênés d’aborder tel ou tel thème de controverse.
Il faut accepter la discussion dans le mouvement de masse des étudiants, tout en expliquant avec persévérance et patience aux étudiants, que ce qui compte avant tout, c’est le travail pratique, ce sont les liens effectifs avec les masses populaires; que les idées justes viennent de la pratique sociale, que bien des choses deviennent plus claires au contact des niasses ouvrières et paysannes.
3. La discussion idéologique doit de toute façon rester secondaire par rapport au travail concret de soutien aux luttes ouvrières, et par rapport aux campagnes d’éducation et de propagande sur la révolte ouvrière, la CGT, le sabotage révisionniste, l’offensive du capital, le chômage, etc.
En plus du mouvement de soutien aux grèves et luttes ouvrières, il faudra engager des campagnes de dénonciation de masse, des conditions de vie et d’exploitation de la classe ouvrière, de la dictature fasciste dans les usines, de la répression, des accidents, etc. Envisager de grandes offensives par affiches murales.
4. » SERVIR LE PEUPLE » peut et doit être actuellement le pivot de notre propagande et de notre recrutement : il importe absolument d’organiser sa diffusion dans les facultés et les lycées, d’une façon massive, soutenue et persévérante. Notre plan stratégique est de redonner confiance et force à l’avant-garde ouvrière, et, par là, de permettre un nouvel essor de la lutte révolutionnaire, de l’initiative des larges masses.
C’est pourquoi, briser l’isolement dans lequel les révisionnistes tentent de maintenir les détachements les plus combatifs de la classe ouvrière, constitue pour nous un objectif des plus importants.
Pour y parvenir, la meilleure force dans laquelle nous pouvons puiser à l’heure actuelle, c’est la jeunesse et les étudiants.
Nous nous donnons donc pour tâche de canaliser la révolte et l’enthousiasme de la jeunesse et des étudiants dans le sens d’une solidarité agissante et directe avec les détachements de la classe ouvrière qui se mettent en lutte.
Nous voulons entraîner des milliers et des dizaines de milliers de jeunes et d’étudiants aux piquets de grève, à la porte des usines, dans les manifestations, partout où les travailleurs se battent contre le chômage, les salaires de misère, le fascisme dans l’entreprise, la répression dans la rue.
Nous voulons organiser dans les facultés et les lycées une propagande massive sur la lutte des travailleurs, des collectes de soutien, des manifestations, des meetings.
Le mouvement de soutien des étudiants aux ouvriers doit donc être un véritable mouvement de masse.
Ce mouvement de soutien joue un rôle important dans le réveil de la grande solidarité populaire, qui, aux moments d’essor de la lutte des classes, se noue étroitement autour des usines en grève, solidarité que, depuis quelques années, les révisionnistes font tout pour briser.
Deux types d’erreurs opportunistes menacent en permanence le mouvement de soutien :
– La première est la sous-estimation des immenses possibilités qu’ouvré le mouvement de soutien étudiant pour la pénétration des idées Marxistes-Léninistes dans la classe ouvrière; manifestations de cette erreur : manque de confiance dans l’enthousiasme que peuvent susciter parmi les masses ouvrières une ligne juste et un style de travail correct; crainte exagérée des capacités de répression des bureaucrates syndicaux coupés des masses; manque de persévérance dans le travail politique prolongé, après la fin d’un mouvement de soutien de masse ; utilisation très insuffisante de » SERVIR LE PEUPLE « , etc. Un autre texte abordera ces erreurs de droite et insistera sur le rôle spécifique des Marxistes-Léninistes dans le travail de soutien aux ouvriers.
– La seconde erreur, sur laquelle nous insistons ici, et qui, dans une certaine mesure, est l’inverse de la première est la suivante : certains camarades tendent parfois à s’imaginer que le mouvement de soutien n’est qu’un moyen destiné à permettre à des étudiants militants Marxistes-Léninistes d’ » entrer en contact » avec le mouvement ouvrier; il ne s’agirait, en somme, que d’une espèce de manœuvre d’infiltration.
Cette idée fausse, qui revient d’ailleurs en dernière analyse à tenter de duper certains détachements ouvriers, doit être absolument éliminée.
Lorsque nous disons aux ouvriers que nous voulons mobiliser les étudiants pour soutenir leurs luttes, nous disons la vérité: la solidarité d’autres éléments populaires avec la lutte des ouvriers est une contribution effective à cette lutte; elle élève le niveau de la résistance populaire et permet de progresser vers l’édification d’un front unique de la résistance populaire.
Travailler de toutes nos forces à organiser sur une grande échelle cette solidarité, c’est bien là notre ligne.
Or, pour y parvenir, nous devons élargir considérablement notre influence et notre recrutement parmi les étudiants.
Pour cela, nous devons chercher les étudiants là où ils sont; nous devons mettre en oeuvre, dans le mouvement étudiant, la ligne de masse.
Pratiquer la ligne de masse chez les étudiants, cela signifie s’appuyer sur les idées justes qui existent chez nombre d’entre eux pour élever par étapes leur niveau de conscience et les aider à s’appuyer sur leur propre expérience, au contact des masses populaires, pour éliminer leurs idées fausses.
Quelles idées justes existent chez les étudiants?
La révolte contre la société bourgeoise et les autorités réactionnaires; l’aspiration à la justice sociale; un élan révolutionnaire généreux qui les porte à soutenir la lutte des peuples, etc.
Ces idées justes constituent le courant principal de la « révolte » des étudiants.
Naturellement, elles existent avec un grand nombre d’idées fausses, qu’essayent d’utiliser les groupes trotskistes et autres.
C’est pourquoi il faut combiner la ligne de masse avec la lutte idéologique et le travail pratique qui permet aux étudiants de s’éduquer eux-mêmes.
Nous devons appliquer au mouvement étudiant la phrase du Président Mao « entraîner les idées petites-bourgeoises dans l’orbite de la révolution prolétarienne ».
3. Une grande fermeté de principe et d’action, une tactique souple et diversifiée.
Les masses étudiantes constituent un réservoir de forces révolutionnaires enthousiastes, dynamiques, capables d’esprit de sacrifice.
Mais elles ont de graves défauts propres à la petite bourgeoisie : instabilité, subjectivisme, piases alternées d’exaltation et de découragement, vanité, intellectualisme, sous-estimation des capacités du peuple travaileur, etc.
Ce double aspect, qui provient d’une position petite-bourgeoise, fait de la révolte étudiante l’enj;u d’une âpre bataille entre le prolétariat et la bourgeoisie, la bourgeoisie utilise la double méthode de la répression et d » la duperie : la répression se fait par l’appareil d’État et es institutions universitaires; la duperie par les groupes trotskistes, anarchistes, etc. qui exacerbent le subjectivisme et la vanité des étudiants, mêlent les questions politiques aux questions » sexuelles « , » culturelles « , etc.
Nous devons, pour notre part, analyser correctement toutes ces offensives de la bourgeoisie et les repousser par une tactique appropriée. Cela exige fermeté et souplesse :
1. Fermeté : l’essentiel pour les étudiants est de soutenir concrètement, directement le peuple travailleur; les étudiants doivent aller aux usines, se mêler aux ouvriers, apprendre d’eux et prendre exemple sur eux, se mettre sous la direction immédiate des masses ouvrières et de l’avant-garde ouvrière liée aux masses pour leur apporter toute l’aide possible.
Tout passe par là, tout doit y tendre : nous ne démordrons pas de cette position de principe, de plus, nous devons inviter les étudiants à se détourner des vaines querelles de groupuscules et des discussions sans fin qu’aucune expérience concrète ne sous-tend, et de se livrer à un travail positif qui les éduquera et leur permettra de prendre leur place dans le combat révolutionnaire de notre peuple.
2. Souplesse: Nous ne devons pas nous impatienter et avoir des réactions sectaires à l’égard des idées fausses, petites bourgeoises, qui existent dans le mouvement étudiant : nous devons user exclusivement de persuasion,permettre aux étudiants de s’éduquer par leur propre expérience. Ne nous comportons pas en donneurs de leçons!
Les masses populaires éduqueront les étudiants bien mieux
que nous ne pourrions le faire nous-mêmes.
Lorsqu’apparaissent de nouvelles formes d’organisation, plus ou moins spontanée (le mouvement étudiant en est coutumier), nous ne devons pas nous en détourner comme de choses bizarres, mais apprécier dans quelle mesure elles ont un contenu de masse, et si c’est le cas, y travailler.
L’explosion étudiante qui s’est produite en Italie par exemple peut survenir prochainement en France. Il est fort possible que les événements de Nanterre n’en soient qu’un signe avant-coureur.
Que nos camarades mettent tout en oeuvre pour qu’au moment décisif ils puissent assumer pleinement le rôle d’avant-garde dans le mouvement étudiant, et la révolte de la jeunesse et des étudiants sera une nouvelle étincelle de la lutte populaire.
Avril 1968