Pour l’unité d’action antifasciste
Parti Communiste Français (PCF)
1. Les événements de ces dernières semaines vérifient dans les faits la justesse des résolutions adoptées par la XIIIè assemblée plénière du Comité exécutif de l’I.C. et par le Comité central dans sa session de janvier.
Les événements de cette dernière période soulignent l’accentuation de l’essor révolutionnaire dans les pays capitalistes (Autriche-Espagne, etc.).
En face du monde capitaliste en pleine crise, l’Union soviétique obtient de nouvelles victoires dans l’édification du socialisme.
« Le mouvement des masses ouvrières et paysannes et des soldats est en développement et passe à un niveau plus élevé », comme l’ont montré les combats de classe de février en France.
L’activité du Parti communiste a largement contribué à déclencher l’action des masses travailleuses qui, jeunes en tête, ont riposté magnifiquement aux attaques du fascisme, notamment dans la grande manifestation du 9 février; elles ont réalisé leur front unique d’action auquel s’est toujours opposé le Parti socialiste.
Cela constitue une victoire de la politique menée inlassablement par notre Parti communiste.
2. Le courant de front unique qui entraîne les ouvriers socialistes souligne qu’à l’intérieur de la social-démocratie, contrairement à ce que les opportunistes déclarent et attendent, la crise s’approfondit.
De nouvelles couches de prolétaires se tournent vers notre Parti, lui témoignent leur confiance, et de nombreux ouvriers socialistes voient le salut dans le pouvoir des Soviets, œuvre du parti bolchévik, pilier essentiel de la IIIè Internationale.
Les communistes doivent repousser toute tentative d’atténuer les responsabilités du parti socialiste, principal soutien social de la bourgeoisie dans le développement du fascisme.
Le Parti socialiste, à l’occasion de son récent conseil national, s’est de nouveau dressé contre le front unique des ouvriers socialistes et communistes.
Il tente d’entraîner la classe ouvrière derrière les « doctrines socialistes » qui ont conduit à leur situation tragique les travailleurs d’Allemagne et d’Autriche.
3. Les organisations du Parti doivent porter les coups essentiels au fascisme, au gouvernement Doumergue-Tardieu-Laval qui en est le fourrier et, naturellement, démasquer la capitulation des gauches.
Une telle orientation de l’activité du Parti aidera à surmonter l’insuffisante rapidité dans les réactions des organisations du Parti et la passivité qui se sont manifestées à la veille des événements, pendant et après.
4. La mobilisation du Parti, qui a abouti à la montée d’une vague de front unique d’action contre le fascisme comme jamais on n’en avait vue en France, a été entravée par les tendances opportunistes de droite qui se sont manifestées pendant et depuis les événements de février.
Les organisations du Parti, en décuplant les efforts pour réaliser le front unique d’action, repousseront toute politique ayant pour conséquence la réalisation d’un bloc avec le Parti socialiste et corrigeront tous les abandons de principe et glissements sur la plate-forme de la social-démocratie.
5. Tenant compte de l’expérience de ces derniers temps, les comités dirigeants et organisations du Parti s’emploieront à liquider rapidement les insuffisances dans le travail d’organisation du Parti, surtout pour ce qui est des manifestations dont il faut pouvoir en toutes circonstances assurer la préparation et la direction.
Les organismes dirigeants du Parti prendront toutes mesures pour pouvoir en toutes circonstances assurer leur tâche de direction. maintenir le contact avec les diverses organisations du Parti.
La liquidation rapide de toutes nos faiblesses et lenteurs, en ce qui concerne l’organisation d’une autodéfense de masse, constitue une des tâches décisives du moment dans la préparation de la lutte contre le fascisme et les provocations fascistes.
Le Comité central salue l’exemple des travailleurs communistes, socialistes, sans parti, des 20è et 15è arrondissements de Paris qui, par leur autodéfense de masse, ont fait reculer les bandes fascistes.
6. Le Parti doit mettre tout en œuvre pour assurer la défaite du fascisme. Pour cela, il doit élargir et consolider les résultats obtenus dans l’application de la tactique du front unique d’action à la base.
Les organisations et membres du Parti doivent se mobiliser pour assurer le succès du rassemblement national antifasciste du 20 mai en développant les actions partielles dans les entreprises, en préparant, par un large travail de front unique auprès des ouvriers socialistes et confédérés, la grève politique de masse, ce qui constitue une des grandes tâches de l’heure, en multipliant les luttes partout et en créant des comités de front unique dans les usines et localités.
Le 1er mai, dont les communistes doivent travailler à faire une journée de grève générale et de démonstration de masse sors le signe du front unique d’action, sera une étape importante dans la préparation du rassemblement national antifasciste.
Dans notre lutte implacable contre le fascisme, nous devons mobiliser les masses pour exiger la libération du chef du P.C.A., le camarade Thaelmann, qu’il nous faut arracher des mains des bourreaux fascistes comme nous avons arraché Dimitrov.
7. La grève générale du 12 février est une grande démonstration, pour tout le parti et la classe ouvrière, du rôle énorme des syndicats dans la lutte contre le fascisme et de l’importance de la grève comme arme de lutte du prolétariat.
Cela exige un travail systématique de tous les communistes dans les syndicats pour élargir le mouvement gréviste en prenant comme base les revendications immédiates et la lutte contre le fascisme.
Les communistes doivent se préoccuper constamment du renforcement des syndicats unitaires pour en faire des organisations de masse et travailler à l’organisation et au développement de l’opposition dans les syndicats confédérés et autonomes.
Les communistes soutiennent à fond l’action de la C.G.T.U. pour l’unité syndicale de classe et la constitution de syndicats uniques sur la base d’un programme conforme aux intérêts ouvriers et de la répudiation absolue de la collaboration des classes.
Compte tenu de ces deux conditions, les communistes ne se laissent arrêter par aucune question de forme dans leur lutte concrète pour l’unité syndicale.
8. Les organisations du Parti ont pour devoir impérieux, dans le moment présent, alors que le fascisme fait des efforts exceptionnels pour conquérir la jeunesse travailleuse, de mettre d’urgence un terme à la négligence particulièrement grave des organisations du Parti en ce qui concerne la direction du travail de la jeunesse communiste.
Il convient de réaliser enfin la directive ayant trait à la création d’une cellule de la J.C. à côté de chaque cellule d’entreprise du Parti; de diriger la J.C. dans son travail parmi les organisations de masse de la jeunesse, de l’aider à appliquer la tactique du front unique pour gagner les jeunes ouvriers socialistes à la lutte contre le fascisme et de préparer le congrès des jeunes contre le fascisme et la guerre qui se conjugue avec le Rassemblement National Antifasciste.
9. La mobilisation des paysans dans la lutte contre le fascisme demeure le point faible de l’activité de notre Parti. La question décisive dans le moment présent est de gagner la masse des paysans à la lutte contre le fascisme.
C’est pourquoi toute négligence dans l’organisation du travail à la campagne constitue une faute d’une gravité exceptionnelle.
Non seulement les organisations du Parti à la campagne ont pour devoir de déployer une activité intense en vue d’organiser l’action des paysans pauvres et moyens pour leurs revendications, contre le fascisme et la guerre, mais les ouvriers des villes doivent être entraînés dans le travail de conquête des paysans, en particulier les cheminots, les postiers, ainsi que les instituteurs.
Toutes les liaisons des ouvriers avec la campagne devront être utilisées et des prises de contact entre ouvriers et paysans (descentes à la campagne le dimanche) devront être organisées.Des propositions seront faites par les cellules et rayons aux ouvriers socialistes en vue de réaliser en commun cette importante besogne parmi les paysans.
10. Les communistes doivent être les défenseurs acharnés des éléments des classes moyennes ruinées par la crise.
Ils doivent dénoncer la démagogie fasciste et montrer que les classes moyennes ne peuvent se défendre qu’en luttant avec les ouvriers sur le front antifasciste.
Les organisations du Parti ont pour devoir de lutter contre toute atteinte portée aux droits acquis des anciens combattants et de mettre tout en oeuvre pour qu’ils réalisent leur action commune à la base, contre le gouvernement des pleins pouvoirs qui les menace avec la complicité des chefs fascistes des organisations d’anciens combattants, à l’intérieur desquelles le travail de masse doit être organisé.
11. L’activité fondamentale des organisations du Parti doit consister à réaliser partout le front unique de lutte à la base en vue d’entraîner les ouvriers socialistes à la lutte révolutionnaire.
Partout, nos organisations doivent prendre l’initiative de l’action, proposer aux ouvriers et sections socialistes d’adhérer au Rassemblement National, constituer avec eux des comités dans les entreprises et les localités.
Là où existent des comités de base isolés, les communistes doivent mener l’action pour que les travailleurs rassemblés dans ces comités adhèrent au Rassemblement National.
La politique du Parti socialiste doit être démasquée devant les ouvriers socialistes et l’ensemble des travailleurs en montrant que le souci du Parti communiste est de rassembler les masses dans la lutte vigoureuse dans les villes et les villages contre le gouvernement d’Union nationale, des pleins pouvoirs et des décrets-lois, pour l’arrestation de Tardieu et de Chiappe, contre l’offensive du capital, contre le fascisme et la guerre.
Une des tâches quotidiennes du Parti communiste est de développer au cours de l’action une propagande inlassable autour de son programme d’action après la prise du pouvoir, montrant ainsi l’issue révolutionnaire de la crise aux prolétaires et à l’ensemble des masses travailleuses.
12. La réalisation de ces tâches exige que tout soit mis en action en vue de recruter des nouveaux adhérents au Parti, de consolider les organisations du Parti à tous les échelons, et en premier lieu dans les entreprises, de combler rapidement les lacunes d’organisation constatées au cours des derniers événements.
Un des instruments essentiels du Parti est l’Humanité, le grand journal du prolétariat, avec à sa tête le chef révolutionnaire Marcel Cachin.
Le Parti fera tout pour porter encore plus haut le rayonnement de son journal et fera du 30è anniversaire de l’Humanité une vaste campagne de masse.
La condition essentielle de la capacité d’action du Parti communiste dans une période grosse de responsabilités pour lui, réside dans son unité, dans la mobilisation de tout le Parti pour l’application des décisions du Comité central.
Le Comité central enregistre avec satisfaction que toutes les régions du Parti et la Fédération de la jeunesse communiste manifestent leur volonté d’appliquer la ligne du Parti, repoussent toute tentative de la modifier et en exigent l’application par tous les membres du Parti.
Avec l’ensemble du Parti, les communistes de la région ParisNord (Saint-Denis), fidèles à leurs traditions de lutte contre la bourgeoisie et ses alliés, portent fièrement le drapeau du Parti communiste et repoussent toutes les tentatives d’introduire la contrebande social-démocrate et trotskyste dans le Parti que poursuivent les débris du groupe opportuniste sectaire Barbé (Rolland).
Formant un bloc autour de son Comité central, le Parti communiste, qui a subi avec honneur l’épreuve du combat, exige de tous ses membres le dévouement, l’abnégation et la discipline indispensables afin d’être à même de prendre la direction de vastes batailles de masse qui écraseront le fascisme et nous achemineront vers le pouvoir des Soviets.
Résolution du comité central
15 Mars 1934