Programme, tactique et stratégie du PCmF

Programme, tactique et stratégie du Parti Communiste maoïste de France

Ce que nous voulons

   1. Nous voulons la liberté pour toutes et tous contre toutes formes d’exploitations. Pour cela, nous voulons construire une société où la vie sera organisée autour du slogan « de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins » sur toute la planète.

   Personne ne sera libre tant que « l’exploitation de l’homme par l’homme » n’aura pas été abolie. Cette exploitation existe car c’est la contradiction fondamentale du capitalisme : beaucoup travaillent pendant qu’une minorité engrange des profits. Il nous faut donc socialiser les moyens de production détenus par la minorité qui nous permet juste de survivre pendant qu’elle profite sur notre dos.

   Notre tâche principale dans un premier temps est donc de faire la révolution socialiste pour mener à bien cette mise en commun de tous les moyens de production et de continuer de manière ininterrompue en identifiant et en franchissant chaque étape nécessaire vers la société sans classe ni exploitation : le communisme.

   2. Nous voulons le pouvoir pour les travailleurs.

   La démocratie et la dictature coexistent tant que l’Etat existe et existera. La démocratie n’est rien d’autre que la dictature d’une classe sociale sur une autre. Dans la Grèce Antique c’étaient les propriétaires d’esclaves, à l’heure actuelle c’est la bourgeoisie. La démocratie bourgeoise sert donc d’outil à la bourgeoisie pour opprimer la classe des travailleurs, le prolétariat, et les couches populaires. Il s’agit d’une dictature de classe. Si nous prenons le pouvoir, nous chasserons la minorité bourgeoise du pouvoir et nous instaurerons la dictature du prolétariat, ou autrement dit la démocratie prolétarienne. Son but sera de servir les intérêts de la classe des travailleurs et des couches populaires et non ceux de la bourgeoisie.
Le prolétariat au pouvoir n’a qu’un seul but : l’émancipation de l’humanité. Il faut donc commencer à construire les bases de la future société sans classe : le socialisme en direction du communisme. Cela ne se fait pas en un claquement de doigt. La structure de l’État sera donc nécessaire mais l’objectif de son abolition ne doit jamais être oublié. De plus, le pouvoir d’État devra être complètement rebâti. La destruction de l’État bourgeois est nécessaire à l’édification de l’État prolétarien.

   Le salaire de tous les fonctionnaires à tous les niveaux sera celui d’un ouvrier qualifié et tous les représentants élus du peuple à tous les niveaux seront révocables à tout moment et soumis au contrôle populaire.

   3. Nous voulons des conditions de vie égales pour toutes et tous.

   Aucun être humain ne peut être laissé dans la faim, dans le froid, dans le dénuement alors que la production mondiale mieux répartie suffirait déjà à couvrir tous les besoins de l’humanité. Chacun et chacune doit avoir un travail, un logement, à manger, de quoi se vêtir, accès aux soins gratuits, à la culture et aux loisirs. Nous pensons que le mode anarchique de distribution est responsable de la situation où beaucoup n’ont même pas accès aux nécessités de base de la vie comme l’eau et la nourriture. En effet, la distribution des biens, des marchandises et des services ne se fait pas de manière organisée pour répondre aux besoins des populations mais sur la base du profit que peuvent en tirer les capitalistes.

   En tout premier lieu, nous pensons que les peuples du monde doivent compter sur leurs propres forces et développer l’autosuffisance. Les manques dans une zone géographique de certains produits ou ressources naturelles doivent être comblés par une redistribution planifiée, juste et équitable afin de répondre aux besoins de toutes les populations.

   4. Nous voulons que les relations entre nations soient fondées sur l’équité et l’égalité.

   Le système impérialiste doit être détruit. L’exploitation des ressources naturelles et de la main d’œuvre des pays opprimés (pays « en développement », pays « du tiers monde ») par les pays impérialistes (Etats-Unis, Europe, Japon principalement mais aussi les « émergents » comme la Chine, le Brésil, l’Inde) doit cesser. Nous pensons qu’aucun pays n’a le droit de se développer, de prospérer au détriment d’un autre. La classe capitaliste-impérialiste des pays impérialistes se sert de la classe bureaucratique (bourgeoisie compradore) des pays opprimés pour mieux exploiter ces derniers. Ces deux classes doivent être combattues fermement pour que, sous la direction du prolétariat, les classes travailleuses et les classes et couches alliées parviennent à leur libération.

   5. Nous voulons une éducation au service du peuple et que toutes et tous y aient accès.

   L’éducation doit être mise au service du peuple et non au service des entreprises privées. Pour cela, chacun et chacune doit pouvoir étudier afin que cela serve la société dans sa globalité. L’éducation doit partir des besoins humains et mettre les connaissances techniques et scientifiques au service de la réalisation de ces besoins en priorité.

   L’éducation ne doit pas être conçue comme étant le domaine exclusif des professeurs et assimilés et de l’école mais doit traverser toute la société et prendre place partout où cela est possible. L’objectif de l’éducation doit ainsi être de mettre fin à la division entre travail manuel et travail intellectuel.

   Une approche globale de la science et de la culture doit ainsi s’organiser :

  • en rejetant les aspects rétrogrades du passé tout en gardant et développant les aspects positifs, en en tirant les leçons ;
  • en recueillant les connaissances oubliées du passé, scientifiques et populaires, pour servir le futur et compléter les connaissances modernes ;
  • en préservant, faisant connaître, mettant en avant la culture populaire, les aspects positifs de la culture universelle, humaniste, révolutionnaire ;
  • en mettant en avant le rôle des classes populaires et particulièrement du prolétariat dans l’histoire générale des civilisations humaines et non l’histoire des seuls « grands » hommes et des « héros » des classes dominantes ;
  • en encourageant la lutte contre les conceptions idéalistes par le développement des conceptions matérialistes.

   6. Nous voulons une réforme du travail.

   L’organisation du travail à l’heure actuelle n’est pas faite pour servir la société mais pour servir les intérêts capitalistes. Nous pensons que le temps de travail peut être réduit et distribué suivant les capacités, les compétences et les possibilités de chacun et chacune.

   L’initiative créative des travailleurs doit être libérée, ce qui donnera lieu à de nombreuses avancées techniques et scientifiques et à des améliorations des outils et conditions de travail.

   Une formation continue sera assurée pour réduire l’écart entre travail manuel et intellectuel.

   Il faudra toujours veiller à ce que certains, d’une manière ou d’une autre, ne s’approprient le travail de la majorité.

   7. Nous voulons l’égalité homme/femme.

   La société patriarcale est liée au féodalisme et au capitalisme. Le patriarcat est une oppression particulière que subissent les femmes qui se manifeste dans tous les domaines de la vie : social, économique, culturel, politique, etc. C’est ainsi que les tâches ménagères incombent majoritairement aux femmes, qu’elles touchent un salaire inférieur aux hommes à poste égal, qu’elles sont considérées comme inférieures aux hommes, etc. Nous pensons que dans la nouvelle société à bâtir, les femmes doivent conquérir une position qui leur permette de développer la société pour leur assurer l’égalité avec les hommes.

   8. Nous voulons restructurer le territoire.

   Les villes devront être désengorgées, réorganisées en agrovilles ou communes populaires regroupant industrie, agriculture, services et habitat, sans différenciation sociale.

   Les industries à la campagne devront être développées et l’accès aux services publics garantis. Une certaine relocalisation de l’économie devra être mise en place afin de développer l’autosuffisance et réduire les transports de marchandise inutiles et mettre les connaissances scientifiques et techniques au service de la paysannerie pour qu’elle puisse produire des produits sains et servir la société qui lui apportera aides et concours, la libérant du crédit et des banques et l’aidant à parvenir pas à pas au socialisme.

   9. Nous voulons une justice populaire.

   La justice à l’heure actuelle est faite pour servir les intérêts de la bourgeoisie. Nous pensons donc qu’il faut une refonte totale du système judiciaire. Les juges seront élus et révocables à tout moment, soumis au contrôle populaire. Le droit sera écrit pour servir les intérêts du prolétariat et des classes populaires. De même, il sera nécessaire de développer des alternatives au système carcéral afin que les coupables ne soient pas mis en marge de la société mais apprennent à se mettre au service du peuple.

   10. Nous voulons une armée et une police au service du peuple.

   Le but alloué à l’armée et à la police par la bourgeoisie n’est pas de servir le peuple mais de l’empêcher de renverser le système qui sert les intérêts d’une minorité exploiteuse et de mener des guerres d’agression contre les peuples pour défendre l’impérialisme. Nous pensons que l’armée et la police devront être constituées du peuple en armes, contrôlé par des comités populaires. Leur objectif principal ne sera pas de réprimer mais de servir le peuple et défendre le socialisme.

   11. Nous voulons vivre sur une planète propre et préservée pour les futures générations.

   Nous faisons face à une crise écologique dont le capitalisme est responsable. Nous pensons que l’interaction entre l’homme et son environnement doit être pensée de manière à ce que les deux puissent non seulement exister aussi longtemps que possible mais surtout avancer et se transformer ensemble. Pour cela, nous devrons donc articuler plusieurs domaines – développement économique, recherche scientifique et technique, éducation, etc.- dans l’objectif de réduire au maximum les impacts négatifs de l’homme sur l’environnement et vice-versa. Le capitalisme est par nature prédateur et est donc antagonique avec une écologie véritable.

Stratégie et tactique pour la révolution dans notre pays

   1. Objectif stratégique

   Le Parti Communiste maoïste de France se bat pour construire une société sans classe ni exploitation de l’homme par l’homme : le communisme à l’échelle mondiale.

   Sachant clairement qu’il est impossible de passer du jour au lendemain du système d’exploitation capitaliste au communisme, le Parti se bat en premier lieu pour la révolution socialiste dans son propre pays.

   a. La révolution socialiste, la dictature du prolétariat et le socialisme

   La révolution socialiste est la destruction du système capitaliste et l’édification du système de transition vers le communisme : le socialisme.

   Le capitalisme est aujourd’hui parvenu à son stade suprême l’impérialisme. C’est le système par lequel la bourgeoisie assoit sa domination sur l’ensemble des classes travailleuses par l’exploitation du prolétariat. L’exploitation du prolétariat c’est l’accaparation, dans la production de marchandise, de la plus-value apportée par le travail.

   C’est pourquoi le capitaliste ne peut pas se passer du travailleur alors que le travailleur peut se passer du capitaliste.

   Mais la recherche du profit maximum étant la loi directrice du capitalisme, celui-ci est responsable de crises économiques qui signifient pour le prolétariat et les masses populaires chômage, misère, endettement, voire guerres, famines, épidémies,… Les crises économiques permettent en réalité à la bourgeoisie de restructurer son appareil de production, ce qui signifie délocalisations, fermetures d’usines, lock-out, hausse de l’exploitation.

   Mais « là où il y a oppression, il y a résistance » et c’est pourquoi la bourgeoisie a érigé un ensemble d’institutions pour défendre son système d’exploitation : Etat, parlement, armée, police, justice,…Le socialisme signifiant la destruction du capitalisme et de ses attributs, la révolution socialiste ne peut être que violente. Ce n’est pas que cela plaise aux communistes, mais c’est la nécessité imposée par la réalité.

   L’objet de la révolution socialiste est de poser les bases de l’édification du socialisme en direction du communisme. Autant la minorité bourgeoise impose sa dictature de classe sur la majorité pour assurer la continuité de son système d’exploitation, autant la classe ouvrière doit imposer sa dictature sur la minorité bourgeoise pour assurer la construction du système d’émancipation de l’humanité toute entière. C’est la dictature du prolétariat.

   Pour parvenir à son objectif, la classe ouvrière doit construire un État prolétarien destiné à servir ses intérêts. En aucun cas le prolétariat ne peut s’emparer de l’État bourgeois et prétendre le mettre au service de la classe ouvrière. Il est nécessaire de détruire l’ancien État de fonds en combles et d’en édifier un nouveau, correspondant aux nécessités du socialisme.

   Le socialisme se différencie fondamentalement du capitalisme par la mise en commun de tous les moyens de production pour résoudre la contradiction fondamentale du capitalisme entre la propriété privée des moyens de production et la socialisation du travail (beaucoup travaillent pour le profit de quelques-uns : c’est l’exploitation du travail salarié). Le socialisme signifie également la transformation de toute la société pour correspondre aux nécessités du socialisme et résoudre les autres grandes contradictions qui existent entre la ville et la campagne et le travail manuel et intellectuel.

   En quelques mots, le socialisme est la transition qui permet de passer du capitalisme au communisme, ce dernier étant défini par 4 points principaux, liés les uns des autres : plus de classes sociales, plus de propriété privée des moyens de production, plus d’exploitation de l’homme par l’homme et plus d’idéologie réactionnaire.

   Mais comme le socialisme nait du capitalisme, il en garde les stigmates. La formation d’une nouvelle bourgeoisie au sein même du Parti Communiste et de l’Etat prolétarien est inévitable et doit être combattue constamment sous la dictature du prolétariat. C’est ce qui impose la continuation de la lutte de classe sous le socialisme.

   b. La continuation de la révolution sous le socialisme

   Durant l’édification de la société socialiste, il s’agira de continuer la révolution de manière ininterrompue en identifiant et en franchissant chaque étape nécessaire vers le communisme.

   Les expériences historiques de construction du socialisme nous montrent que le capitalisme n’a pas été restauré de l’extérieur mais de l’intérieur. Sur la base de ces expériences, il s’agit de toujours rester vigilant et de lutter contre la nouvelle bourgeoisie se développant au sein du Parti Communiste, de l’appareil d’Etat et de la société socialiste.

   La lutte est constante entre la voie révolutionnaire et la voie capitaliste au sein du Parti et dans la société, les révolutionnaires devant s’appuyer sur les larges masses populaires pour défendre et faire avancer la révolution.

   2. Les 3 instruments de la révolution

   Afin de parvenir à l’objectif de faire triompher la révolution socialiste pour la construction du socialisme en direction du communisme, et donc de combattre les forces de l’ennemi efficacement, il est nécessaire de construire les 3 instruments de la révolution.

   a. Le Parti

   Le Parti assure le rôle dirigeant de la révolution. Il se bat pour l’unité de tous les révolutionnaires car sans Parti, la classe ouvrière est désorganisée et ne pourra vaincre le capitalisme. Les éléments les plus conscients et déterminés du prolétariat doivent construire ce parti de type nouveau.

   Le Parti Communiste d’aujourd’hui a pour idéologie le marxisme-léninisme-maoïsme, le dernier degré atteint en théorie et en pratique par le marxisme.

   Il se base sur toutes les expériences historiques du prolétariat international et plus particulièrement la Commune de Paris, la révolution russe dirigée par le Parti Communiste jusqu’en 1953 et la révolution chinoise dirigée par le Parti Communiste jusqu’en 1976. Dans le cas de la Chine, une attention particulière doit être portée sur la période de la Révolution Culturelle, première expérience de mobilisation des larges masses dans la lutte contre la restauration capitaliste et pour l’approfondissement de la construction du socialisme. Du point de vue de la France, les grandes grèves de 36, la résistance antifasciste, mai 68 et l’expérience de la Gauche Prolétarienne dans les années 70 sont également des points de référence.

   Le Parti s’édifie dans le feu de la lutte des classes en lien étroit avec les masses. Il développe sa ligne de masse afin que les masses s’approprient sa ligne et la mettent en pratique. La ligne de masse du Parti est conçue comme une méthode de direction, un aller-retour incessant entre les masses et le Parti permettant au Parti de systématiser les idées justes au sein des masses et de combattre efficacement les idées erronées au sein des masses et du Parti.

   Le Parti éclaire la voie à suivre, met en avant les contradictions du système et proclame que seul un changement radical de société peut mener à une amélioration notable et durable des conditions de vie des masses.

   Le Parti combat les positions révisionnistes et réformistes qui consistent à semer l’illusion qu’il est possible de changer le système de l’intérieur, de l’améliorer et qui rejettent l’utilisation de la violence révolutionnaire, condamnant la classe ouvrière à être simple spectatrice de son exploitation. Les révisionnistes et réformistes sont les meilleurs garants du système car ils dévient l’énergie révolutionnaire des masses dans une illusion qui n’aboutira jamais à la révolution.

   Le Parti combat également les autres opportunistes qui refusent de s’organiser, de construire les instruments nécessaires au renversement de la bourgeoisie.

   Les sociaux-démocrates, les révisionnistes et les opportunistes creusent le lit du fascisme comme naguère par leur inconséquence devant l’impossibilité de changer l’économie sans détruire de fonds en combles l’appareil d’Etat de la bourgeoisie, sans prendre le mal à la racine.

   Pour réaliser son objectif, le Parti développe les tactiques nécessaires pour « gagner la gauche, neutraliser le centre, isoler la droite » que l’on retrouve dans chaque lutte de masse et dans la lutte de classe en général, permettant de gagner les militants « de base » qui luttent sincèrement, parfois à contre-courant de leur propre organisation.

   Le Parti est un détachement du prolétariat international. Il fait tout son possible pour la juste application de l’internationalisme prolétarien, à savoir travailler pour le développement du mouvement révolutionnaire et de la lutte révolutionnaire dans son propre pays tout en soutenant cette même lutte, cette même ligne dans tous les pays. Il se bat pour la tenue d’une conférence internationale des maoïstes du monde entier pour mettre sur pied une nouvelle Internationale.

   b. Le Front Révolutionnaire Antifasciste/Anticapitaliste et Populaire

   Le Parti seul ne suffit pas pour la révolution, il a besoin de construire de nouvelles structures pour développer la lutte révolutionnaire. Ces structures doivent être un contre-pouvoir au pouvoir d’État en place quel que soit le gouvernement. Ces structures doivent être un véritable outil de combat du prolétariat et des couches populaires. Elles ne doivent pas être des coordinations de lutte, mais des structures stables, autonomes sur le plan organisationnel, indépendantes politiquement des partis et organisations sociale-démocrates, révisionnistes et opportunistes.

   Ces structures forment le Front Révolutionnaire Anticapitaliste/Antifasciste et Populaire rassemblant toutes celles et ceux qui veulent s’unir pour lutter contre le patronat, la bourgeoisie et son État, regroupant les larges masses populaires qui ont intérêt à la révolution en se basant sur le fait que « ce sont les masses qui font l’histoire ».

   Les secteurs principaux où le front doit se développer sont les usines et entreprises, les quartiers populaires, les établissements scolaires et universitaires. Les questions transversales telles que l’antifascisme, l’antiimpérialisme, l’anticolonialisme, le féminisme prolétarien révolutionnaire, etc. doivent y trouver leur place.

   Dans les usines et entreprises, ces structures doivent regrouper syndiqués et non syndiqués sur la base de la nécessité de reconstruire un syndicat de classe, outil indispensable pour se défendre contre la bourgeoisie et avancer la lutte révolutionnaire. Cette nouvelle structure regroupe les éléments les plus combatifs. Ses slogans stratégiques sont abolition du salariat et du patronat, fin de l’exploitation de l’homme par l’homme, réorganisation de la société au service du peuple, etc. Son rôle est double : éducation politique et lutte économique, qui sont intimement liées puisque la pratique permet de vérifier la théorie qui elle-même s’enrichit, etc. Ainsi, cette organisation doit pousser à l’organisation de grèves politiques et doit lier les revendications économiques avec des revendications politiques, mettant toujours en avant que « sans le pouvoir, tout est illusion ». Elle prend comme inspiration les grèves étendues de 1936 et 1968 pour bloquer la production et pousser le patronat dans les cordes, ainsi que l’expérience du travail d’usine de la Gauche Prolétarienne tout en reconnaissant les limites de ces expériences.

   Concrètement, les vagues de luttes ouvrières depuis 2008 ont mis en pratique certains de ces aspects. On a pu voir des comités de lutte rassemblant syndiqués et non-syndiqués dans lesquels les ouvriers et ouvrières avaient leur mot à dire ; on a pu voir des slogans politiques avancés par certaines luttes ; on a pu voir des luttes ayant des références historiques. Ce qui manque maintenant est la systématisation de ces pas en avant et le dépassement de la simple « convergence (ou coordination) des luttes » en formant une organisation stable et s’inscrivant dans la durée.

   Dans les quartiers, il s’agit de construire une structure populaire de lutte prenant en main les divers problèmes qui se posent et organisant de nouvelles structures indépendantes, par exemple des groupes anti-expulsion, des comités d’entraide entre femmes, chômeurs, etc. Les jeunes et les femmes doivent avoir un rôle important, dirigeant dans ces comités de quartiers, car les premiers portent l’avenir et les secondes ont le plus à gagner de la révolution.

   Concrètement, nous avons pu voir que sur la question du logement, notamment en région parisienne, de tels groupes peuvent se former. La tâche la plus difficile est de maintenir une structure stable et d’unifier les différentes luttes du même champ.

   Dans les établissements scolaires et les universités, la question principale à laquelle sont confrontés les étudiants est la mise au pas de l’éducation au service du Capital, des intérêts privés. Les établissements privilégiés pour l’action du Parti sont les lycées professionnels, les CFA et les universités mais le Parti ne se ferme pas aux autres possibilités lorsqu’elles se présentent. Lors des mouvements lycéens et étudiants, il faut agir sur la question du lien étudiant-ouvrier et de leur renforcement réciproque dans la lutte, en mettant toujours en avant le rôle déterminant de la classe ouvrière.

   Concrètement, les expériences d’unité à la base entre les étudiants et ouvriers, principalement, mais aussi élargies aux autres secteurs de la société, sont des premiers pas. Plusieurs initiatives ont déjà été menées dans ce sens et il faut en tirer les leçons et systématiser leurs réussites (par exemple, l’unité qui s’est construite autour des raffineries durant la lutte pour les retraites à l’automne 2010).

   De manière générale, notre travail doit se faire sur une base de zone géographique. Il faut lier la lutte dans les entreprises à la lutte sur le lieu d’habitation, faire du travail de zone. Nous devons également renforcer le lien entre population rurale et urbaine en créant des réseaux d’entraide ville-campagne/campagne-ville. Par exemple, lors d’une grève dure, les paysans peuvent apporter de la nourriture aux grévistes et lors d’une mobilisation paysanne, les ouvriers peuvent apporter leur soutien.

   Les communistes doivent aider à la formation de telles structures indépendantes des formations réformistes afin de ressouder l’Unité Populaire pour la lutte immédiate au service du peuple, mais aussi pour qu’elles soient un instrument démocratique aux mains des masses en construisant les bases du nouveau pouvoir.

   c. La force combative

   Aucune classe ne cède le pouvoir qu’elle détient de son plein gré. Seule la violence révolutionnaire peut venir à bout de la classe dominante, aujourd’hui la bourgeoisie impérialiste. Il faudra donc une force pour lutter contre l’appareil d’Etat bourgeois et le « détruire de fonds en combles ». De même, cette force jouera un rôle important dans la lutte contre la montée du fascisme.

   Dans tous les cas, « c’est le Parti qui commande au fusil ».

   3. La Guerre Populaire

   La classe ouvrière, partie la plus révolutionnaire du prolétariat, alliée aux couches populaires, est la seule capable de renverser l’Etat capitaliste et d’édifier le socialisme. Pour atteindre cet objectif, la lutte des classes revêt deux aspects indissociables, la lutte pacifique et les formes de la lutte non pacifique. L’ensemble forme la Guerre Populaire prolongée.

   La Guerre Populaire n’est pas une simple question militaire ; elle revêt plusieurs aspects inséparables : social, culturel, économique, politique, militaire, … Elle a pour objectif l’abolition de l’exploitation de l’homme par l’homme mais c’est surtout une guerre de construction puisqu’elle se développe par la mise en place d’un nouveau pouvoir, véritable contre-pouvoir à l’État bourgeois. La Guerre Populaire prolongée a donc un caractère de masse. Ce n’est ni le putsch, ni la conspiration, ni l’aventurisme romantique d’un petit groupe armé. C’est l’ensemble du processus combatif dirigé par le Parti, mené par le Front et épaulé par la force combative. Les masses sont l’élément primordial de la Guerre Populaire.

   La Guerre Populaire est dite prolongée parce qu’elle est un processus envisagé dans la confrontation de longue haleine avec l’État bourgeois mais surtout parce qu’elle est composée de trois étapes.

   La première est l’étape dite de défense stratégique. C’est la phase de résistance légitime, légale et illégale en regard du droit bourgeois. C’est la phase défensive, phase de préparation pour affronter l’appareil d’État, où le prolétariat prend conscience qu’ « on a raison de se révolter », que pour vaincre la puissance militaire et policière de l’État bourgeois, nécessairement « le pouvoir est au bout du fusil ». La défense stratégique ne signifie pas l’attente, au contraire, c’est une période très active où les révolutionnaires se doivent de garder constamment l’initiative mais ne sont pas encore en position de mener une offensive garantissant la victoire.

   Lorsque le rapport de force acquis par l’offensive populaire est suffisant, alors la bourgeoisie ne peut plus faire aussi facilement ce qu’elle veut. On atteint l’équilibre stratégique. C’est la période charnière de la révolution qui prépare l’offensive stratégique.
La troisième étape est l’offensive stratégique qui a comme aboutissement l’insurrection finale, la prise totale du pouvoir central, sans laquelle tout est illusion. Le prolétariat, en prenant le pouvoir, substitue sa dictature à celle de la bourgeoisie, pour exproprier les moyens de production et d’échanges détenus par les capitalistes et mettre en conformité les lois, coutumes etc., avec le nouvel ordre économique que le prolétariat met en place, en brisant l’appareil d’État de la bourgeoisie de fond en comble. Les structures du Nouveau Pouvoir Populaire développées durant la Guerre Populaire se substituent alors à l’ancien pouvoir bourgeois, instaurant la dictature du prolétariat. C’est la période transitoire de construction du socialisme nécessaire dans chaque pays pour que les peuples du monde accèdent ensemble à l’ère du communisme mondial où seront supprimées les classes et toute dictature de classe car l’État aura disparu ; des organes de régulation lui auront succédé.

   Il est temps que le prolétariat accomplisse sa mission historique : instaurer sur la terre entière le communisme, où les biens produits serviront à satisfaire les besoins de chacun, suivant la formule de Marx « de chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins ».

En avant pour l’édification du Parti Communiste maoïste !

Formons des comités unitaires de lutte dans les usines et entreprises !

Formons des comités populaires dans les quartiers !

Préparons la prise du pouvoir !

A bas le système capitaliste !

En avant pour la Révolution Prolétarienne !

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