Textes de bases du PCm
Parti Communiste Maoïste (PCm)
I. Marxisme-Léninisme-Maoïsme
3. Staline, continuateur de Lénine
Staline fut le continuateur de la direction de Lénine. Dirigeant du premier Etat socialiste, il lui incomba la difficile tâche de construire le socialisme et de pérenniser la révolution socialiste.
Staline a commencé son parcours en Géorgie, dans les cercles marxistes puis du Parti Ouvrier Social-Démocrate (POSDR). Dès l’apparition des divergences entre mencheviks et bolcheviks, il se range du côté de ces derniers, luttant également contre toutes les tendances anti-marxistes de l’époque (socialistes-révolutionnaires, anarchistes, nationalistes).
Arrêté et évadé de nombreuses fois, il participe au développement de l’organisation sur tout le territoire russe et établit un ouvrage de référence, Le marxisme et la question nationale, le droit à l’autodétermination étant défendu fermement par les bolchéviks. Ce livre définit clairement la grille de critères formant la nation.
« La nation est une communauté stable, historiquement constituée, de langue, de territoire, de vie économique et de formation psychique, qui se traduit dans la communauté de culture. […] Seule, la réunion de tous les indices pris ensemble nous donne la nation. »
Staline, Le Marxisme et la question nationale, 1913
Staline va ensuite faire partie de l’équipe des « Cinq » chargée de la direction politique de l’insurrection d’Octobre et de l’équipe des « Sept » chargée de son organisation. Il est donc à considérer comme un artisan de la victoire de l’insurrection de 1917, de la révolution d’Octobre, d’autant que durant la période de guerre civile qui suit la révolution d’Octobre (1918-1921), Staline est sur un des fronts les plus importants et mène l’Armée Rouge à la victoire.
Aux côtés de Lénine, il lutta contre les tendances opportunistes au sein du Parti pour garder la nouvelle République Soviétique sur la voie du socialisme.
Après la mort de Lénine, c’est à Staline que revient la tâche de lui succéder. Il devient donc le dirigeant du Parti et de l’URSS et affirme clairement le marxisme-léninisme, notamment dans son ouvrage Des principes du léninisme en 1924 qui éduqua l’ensemble du Parti. Il va alors devoir assurer la construction du socialisme.
1. Staline et la construction du socialisme
Staline dû défricher le terrain vierge de la construction du socialisme à l’échelle d’un territoire très étendu et dans des conditions peu favorables. Outre les risques extérieurs représentés par l’impérialisme, il y avait également une opposition interne, de « gauche » et de droite, qui tombait d’accord sur un point : la construction du socialisme est impossible en URSS.
A l’inverse, Staline s’appuie notamment sur la conception développée par Lénine de la construction du socialisme dans un seul pays pour faire avancer la révolution.
Après la révolution d’Octobre, la tâche première était de consolider la dictature du prolétariat, dans un contexte de guerre mondiale dans laquelle la Russie était toujours engagée et de développement du social-chauvinisme au sein des partis de la IIème Internationale qui s’étaient rangés derrière leurs bourgeoisies respectives pour soutenir la guerre impérialiste. Au niveau intérieur, le pays était désorganisé, l’économie en berne et les pénuries nombreuses.
Afin de stabiliser le Nouveau Pouvoir, il était nécessaire en premier lieu d’arrêter la guerre. Des négociations séparées commencèrent avec l’Allemagne afin de parvenir à un armistice. Lors des négociations à Brest-Litovsk, la première délégation ne voulut pas accepter les dures conditions imposées par l’Allemagne. Elle se retira. Lénine chargea alors Trotski de reprendre la négociation, qui les fit échouer en décidant unilatéralement d’y mettre fin sur la base de « ni guerre, ni paix ». Ce qui eut pour effet la poursuite de l’avancée des troupes allemandes qui menaçaient d’anéantir la révolution. Il devint alors nécessaire de signer un nouveau traité encore plus draconien que le précédent qui aurait dû être signé par Trotski. Dans les deux cas, les négociateurs avaient mis les acquis révolutionnaires en péril. Le résultat a été la perte énorme de territoires ce qui a donné des bases aux interventionnistes et aux forces hostiles à la révolution, comme les mencheviks en Ukraine et dans le Caucase. Le traité de Brest-Litovsk fut donc signé le 23 février 1918, donnant du répit au pouvoir ouvrier et paysan naissant.
En quelques mois, la machine d’Etat bourgeoise et féodale fut détruite, les industries clés conquises et les terres distribuées. La construction du socialisme pouvait alors se mettre en place.
Cependant, la paix ne dura pas longtemps et en 1918, les impérialistes de France, de Grande-Bretagne, du Japon et des Etats-Unis commencèrent à intervenir directement ou indirectement contre le pouvoir des Soviets. Des troupes britanniques, françaises, américaines, japonaises, polonaises, serbes, grecques et roumaines furent envoyées en Russie. Le gouvernement des Soviets était encerclé et dû préparer la contre-offensive pour la défense du premier Etat ouvrier.
La politique du « Communisme de guerre » fut mise en place. Afin d’assurer la production et de lutter contre le sabotage intérieur, toutes les industries passèrent sous contrôle du gouvernement des Soviets ; afin de lutter contre la famine et le marché noir, les surplus agricoles étaient obligatoirement vendus à prix fixe à l’Etat avec interdiction de vendre les céréales sur le marché privé ; afin de mobiliser l’ensemble de la population dans l’effort de guerre, le travail fut rendu obligatoire, ce qui força la bourgeoisie à travailler en usine. Il s’agissait de lutter contre l’ennemi intérieur et contre l’ennemi extérieur.
A la fin de 1920, le pouvoir des Soviets était sauf grâce à la politique temporaire du Communisme de guerre qui rallia les vastes masses populaires de Russie, ainsi qu’au soutien du prolétariat international à la République des Soviets : luttes dans chaque pays contre son propre impérialisme, mutineries des troupes envoyées en Russie, aides diverses, etc.
Le Communisme de guerre n’était donc à présent plus indispensable et il fallait bâtir le socialisme dans un pays ravagé par la guerre. Les mesures du Communisme de guerre étaient dures pour une section de la base de masse du Parti, principalement la paysannerie. Se basant sur le fait que le socialisme ne peut pas se construire par décrets mais que c’est la participation pleine et entière des masses qui permettront son édification, Lénine et ses partisans mirent en place la NEP (Nouvelle Politique Economique) dont les mesures principales sont l’arrêt de la vente obligatoire à l’Etat des surplus agricoles, la remise en route du commerce privé et l’autorisation du développement de manufactures privées. La NEP fut adoptée par le Congrès du Parti en 1921, malgré l’opposition de Trotski.
A partir de la fin de 1922, Lénine est gravement malade. Jusqu’à sa mort en janvier 1924, il n’est plus capable d’assumer son rôle dirigeant avec autant de présence qu’auparavant. Les trotskistes et différents groupes d’opposition au sein du Parti en profitèrent pour revendiquer l’existence libre des fractions et groupes, affirmant que c’était la seule possibilité pour faire face aux difficultés économiques que traversait le pays en raison des limites de la NEP. Un débat traversa l’ensemble du Parti sur cette question sur la base de la « plate-forme des 46 » de l’opposition « unifiée » et d’une lettre de Trotski. En tant que secrétaire général du Comité Central, Staline mène la lutte contre cette opposition. Le XIIIème Congrès de mai 1924 valida le rejet des demandes de la plate-forme des 46 et de la lettre de Trotski, les qualifiant de déviation petite-bourgeoise du marxisme.
A ce même XIIIème Congrès, devant les difficultés économiques issues de la guerre civile (retard encore présent de l’industrie par rapport au niveau d’avant-guerre, chômage pas encore résorbé, rouble encore soumis à de fortes fluctuations), il apparaît nécessaire de commencer à sortir de la NEP. Plusieurs mesures pour l’édification du socialisme sont alors mises en place : développement de l’industrie légère et de la métallurgie ; organismes commerciaux d’Etat pour évincer du commerce le capital privé ; crédit bon marché à la paysannerie pour éliminer les usuriers ; rassemblement des masses paysannes dans les coopératives.
Au XIVème Congrès en décembre 1925, l’objet principal de la lutte fut l’industrialisation socialiste du pays. Staline lutta contre les positions de Zinoviev et Kamenev qui basaient le développement économique sur l’agriculture à l’opposé du plan du Comité Central qui basait le développement économique sur l’industrialisation socialiste, et principalement du développement de l’industrie lourde. Le XVème Congrès en décembre 1927, développa plus avant les mesures d’édification du socialisme avec la décision de collectiviser l’agriculture et la mise en place du premier plan quinquennal.
C’est ainsi que sous la direction de Staline, la collectivisation de l’agriculture va être réalisée, tâche économique de première nécessité, les koulaks (paysans riches) prenant de plus en plus d’importance à la campagne et mettant en péril l’avancée du socialisme.
La tâche était nécessaire et c’était la première fois qu’elle était menée à une aussi grande échelle. Il y eut d’un côté des excès et de l’autre une forte résistance des koulaks. Staline lui-même reconnaît certaines erreurs dans son article publié dans la Pravda, Le vertige du succès, 1930, et essaye de corriger le tir :
« On ne peut implanter de force les kolkhoz. Ce serait stupide et réactionnaire. »
« A qui profitent ces déformations, cette proclamation à coups de décrets bureaucratiques du mouvement kolkhozien, ces menaces indignes contre les paysans ? A personne, si ce n’est à nos ennemis ! A quoi peuvent-elles aboutir, ces déformations ? A renforcer nos ennemis et à discréditer l’idée du mouvement de collectivisation. »
« Comment ont pu se produire dans notre milieu ces pratiques brouillonnes en matière de ʺcollectivisationʺ, ces tentatives grotesques de vouloir sauter par-dessus soi-même, tentatives ayant pour but de passer outre aux classes et à la lutte de classes, mais qui, en réalité, portent l’eau au moulin de nos ennemis de classes ?
Elles n’ont pu se produire que dans l’atmosphère de nos succès ʺfacilesʺ et ʺinopinésʺ sur le front de construction des kolkhoz. Elles n’ont pu se produire que par suite des tendances brouillonnes qui se manifestent dans les rangs de certaines couches du Parti : ʺNous pouvons tout !ʺ, ʺIl ne nous en coûte rien !ʺ. Elles n’ont pu se produire que parce que les succès ont donné le vertige à quelques-uns de nos camarades, qui ont perdu un instant la lucidité d’esprit et la saine compréhension des choses. »
En s’alliant avec les paysans pauvres et moyens, la collectivisation fut un succès et permis au socialisme de franchir un pas dans l’industrialisation et la modernisation du pays et c’est son aspect principal. Tout en le liant avec l’énormité de la tâche et son manque de précédent historique, il faut aussi voir que les excès « gauchistes » qui consistaient à dénoncer comme koulak (paysan riche) des paysans qui ne l’étaient pas et la collectivisation forcée pour former directement des Communes ont amplifié le phénomène de résistance des koulaks : abattage du cheptel, destruction des stocks de produits agricoles et sous-production volontaire.
« Sous l’ancien régime, les paysans travaillaient séparément ; ils travaillaient suivant les vieux procédés ancestraux, avec les vieux instruments de travail ; ils besognaient pour les grands propriétaires fonciers et les capitalistes, les koulaks et les spéculateurs ; ils peinaient, souffrant la faim et enrichissant les autres.
Sous le régime nouveau, sous le régime des kolkhoz, les paysans travaillent en commun, par artel, en employant de nouveaux instruments, tracteurs et machines agricoles ; ils travaillent pour eux-mêmes et pour leurs kolkhoz ; ils vivent sans capitalistes ni grands propriétaires fonciers, sans koulaks ni spéculateurs ; ils travaillent pour améliorer tous les jours leur situation matérielle et culturelle.
Là, sous le vieux régime, le gouvernement est bourgeois, et il soutient les riches contre les paysans travailleurs. Ici, sous le nouveau régime, le régime des kolkhoz, le gouvernement est ouvrier et paysan, et il soutient les ouvriers et les paysans contre les riches de tout genre. Le vieux régime mène au capitalisme. Le nouveau, au socialisme.
Voilà donc deux voies : la voie capitaliste et la voie socialiste ; celle qui mène en avant, vers le socialisme, et celle qui mène en arrière, vers le capitalisme. »
Staline, Discours prononcé au 1er Congrès des kolkhoziens–oudarniks de l’URSS in Les questions du léninisme, 1933
La collectivisation de l’agriculture alla de pair avec la mise en place du premier plan quinquennal, c’est-à-dire du début de la planification de l’économie, qui est un outil nécessaire à la construction du socialisme.
L’URSS entra dans une période de vastes constructions et de grands chantiers. En 1931, Staline déclara :
« Nous retardons de cinquante à cent ans sur les pays avancés. Nous devons parcourir cette distance en dix ans. Ou nous le ferons, ou nous serons broyés. »
Les tâches des dirigeants de l’industrie, 1931
L’URSS se développa en effet de manière spectaculaire et dix ans plus tard, lorsque l’armée d’Hitler envahit l’URSS, Staline, le Parti et les masses populaires étaient prêts au combat et jouèrent un rôle majeur dans la défaite du nazisme. Rappelons que l’URSS est le pays qui a connu le plus de destructions matérielles (près de 50 % du total mondial !) et de pertes humaines (21 millions de morts !). La reconstruction du pays fut possible grâce aux progrès énormes atteints par la construction du socialisme.
2. Erreurs dans la construction du socialisme
Après la collectivisation de l’agriculture, la victoire du socialisme fut proclamée et il fut répété à plusieurs reprises que le système d’exploitation de l’homme par l’homme avait été aboli. Ainsi, il fut affirmé qu’il n’y avait plus de classes antagoniques en URSS.
« A la différence des constitutions bourgeoises, le projet de la nouvelle Constitution de l’U.R.S.S. part du fait que dans la société il n’existe plus de classes antagonistes ; que la société est composée de deux classes amies, d’ouvriers et de paysans ; que ce sont justement ces classes laborieuses qui sont au pouvoir ; que la direction politique de la société (dictature) appartient à la classe ouvrière, en tant que classe avancée de la société […]. »
Staline, Rapport présenté au VIIIème Congrès – Congrès Extraordinaire – des Soviets de l’URSS in Les questions du léninisme, 1936
Cette affirmation est incorrecte au regard de la conception marxiste-léniniste-maoïste de la continuation de la lutte des classes sous le socialisme. Staline s’était pourtant appuyé sur cette citation de Lénine dans sa lutte contre les conceptions erronées de Boukharine qui voulait intégrer la bourgeoisie en tant que classe dans la construction du socialisme :
« La suppression des classes est le résultat d’une lutte de classe longue, difficile, opiniâtre, qui, après le renversement du pouvoir du Capital, après la destruction de l’Etat bourgeois, après l’instauration de la dictature du prolétariat, ne disparaît pas (comme se l’imaginent les vulgaires représentants du vieux socialisme et de la vieille social-démocratie), mais ne fait que changer de forme pour devenir plus acharnée à bien des égards. »
Lénine, Salut aux ouvriers hongrois, Œuvres Complètes, tome 29, 1919 cité par Staline dans son discours au plénum du Comité Central en 1929
D’autre part, Staline a porté trop d’attention au rôle de la technique dans le développement des forces productives, c’est-à-dire à s’appuyer sur les techniciens, et pas assez au rôle de la politique, c’est-à-dire au rôle conscient des masses dans la construction du socialisme. Les politiques de la NEP et du Communisme de guerre furent continuées, telles que le travail rémunéré à la pièce, les bonus de production, les experts au poste de commandement,… Le rôle de la révolutionnarisation des rapports de production et de la superstructure dans le développement des forces productives a été négligé.
Staline dû également faire des compromis lors de la Grande Guerre Patriotique contre l’Allemagne, ce qui renforça la nouvelle bourgeoisie naissante au sein du Parti Communiste et de l’appareil d’Etat.
L’ensemble de ces manques et erreurs poussèrent le Parti dirigé par Staline à traiter certaines contradictions principalement par des mesures bureaucratiques et secondairement par la mobilisation des masses, contrairement à ce qu’il avait fait durant la lutte des années 20 contre les différents courants d’opposition, principalement trotskistes.
C’est ainsi que pour lutter contre les éléments capitalistes au sein du Parti, de l’Etat et plus largement au sein de la société socialiste, Staline et le Parti se reposèrent principalement sur les appareils de répression plutôt que sur l’élévation du niveau politique et idéologique des masses et sur leur mobilisation. Staline et le Parti ont eu la tendance de voir le problème contre-révolutionnaire interne comme découlant principalement de l’extérieur, des capitalistes étrangers, plutôt que des contradictions internes au socialisme.
A la fin de sa vie, dans Les problèmes économiques du socialisme en URSS, Staline analysa toutefois un certain nombre de contradictions qui devaient être résolues pour avancer plus avant vers le communisme. Mais il plaça l’aspect principal dans le développement de la production et de l’élévation du niveau technique et matériel et pas dans l’élévation du niveau politique et idéologique des masses. S’il reconnaît que sous le socialisme, la contradiction entre les forces productives et les relations de production continue d’exister, il ne prête pas suffisamment attention à la contradiction entre la superstructure et la base économique qui continue elle aussi d’exister, et qui nécessite, pour être résolue, une mobilisation de masse d’ampleur, comme le démontrera l’expérience de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne. Mao l’affirme dans ces termes :
« Le livre de Staline [les problèmes économiques du socialisme en URSS] ne dit rien du début à la fin sur la superstructure. Ce livre ne tient pas compte du peuple ; il tient compte des choses, pas du peuple. »
Mao Zedong, Critique du livre de Staline les problèmes économiques du socialisme en URSS, une publication des Gardes Rouges, [Notre traduction]
Cela se reflète également dans la définition de la loi fondamentale du socialisme donnée par Staline :
« Les traits essentiels et les dispositions de la loi économique fondamentale du socialisme pourraient être formulés à peu près ainsi : assurer au maximum la satisfaction des besoins matériels et culturels sans cesse accrus de toute la société, en augmentant et en perfectionnant toujours la production socialiste sur la base d’une technique supérieure. »
Staline, Les problèmes économiques du socialisme en URSS, 1952
Les communistes de Chine, durant la Révolution Culturelle, développeront cette définition dans le Manuel d’Economie Politique de Shanghai (notre traduction) :
« Le but de la production socialiste est de satisfaire les besoins sans cesse croissants de l’Etat et du peuple. Ce but est atteint par des moyens qui propulsent le développement de la technologie et de la production par la révolution. Par conséquent, pour résumer brièvement, les principales caractéristiques et critères de la loi économique fondamentale du socialisme sont : ajuster et transformer opportunément les rapports de production et la superstructure ; augmenter progressivement le niveau technologique ; développer la production socialiste avec des résultats économiques plus grands, plus rapides, meilleurs et croissants ; satisfaire les besoins sans cesse croissants de l’Etat et du peuple, et créer les conditions matérielles pour l’élimination définitive des classes et la réalisation du communisme.
La loi économique fondamentale du socialisme détermine tous les aspects importants du développement de l’économie socialiste ainsi que le contenu de base de la production, de l’échange, de la distribution et de la consommation socialistes. »
Cependant, il faut tout de même appuyer sur le fait que si Staline et le Parti Communiste (bolchévik) d’URSS ont fait ces erreurs, c’est parce qu’ils furent les premiers à entreprendre la construction du socialisme et qu’ils ne disposaient donc pas d’expérience aussi aboutie afin d’éviter au maximum les erreurs. D’autre part, même si Staline n’a pas pu et/ou su engager l’ensemble du Parti et les masses populaires d’URSS dans la lutte contre la restauration capitaliste, tant qu’il était à la tête du Parti, il a été le meilleur garde-fou contre cette même restauration alors qu’elle se préparait en coulisse.
Mao s’est largement basé sur l’analyse de l’expérience d’édification du socialisme en URSS pour la Chine. C’est grâce à cette analyse qu’il a pu guider le PCC et les masses populaires de manière à ne pas reproduire les mêmes erreurs et à mettre en place des mécanismes de prévention de restauration du capitalisme. Et pourtant, tout comme en URSS à la mort de Staline, la restauration capitaliste commença également en Chine à la mort de Mao.
Ne pas analyser ces manques et erreurs serait contraire au marxisme-léninisme-maoïsme, qui considère que tout phénomène est une contradiction, qu’il y a donc du positif et du négatif en chaque chose et phénomène. Comprendre cela, comprendre la dialectique et l’appliquer est de la plus haute importance car sans critique, lutte et transformation, nous serons condamnés à reproduire les mêmes erreurs que dans le passé.
« Le PCC a toujours estimé qu’il faut faire une analyse complète, objective et scientifique des mérites et des erreurs de Staline, en recourant à la méthode du matérialisme historique et en représentant l’histoire telle qu’elle est, et non pas répudier Staline de façon totale, subjective et grossière, en recourant à la méthode de l’idéalisme historique, en déformant et en altérant à plaisir l’histoire.
Le PCC a toujours considéré que Staline a commis un certain nombre d’erreurs qui ont une source ou idéologique ou sociale et historique. La critique des erreurs de Staline, celles qui effectivement furent commises par lui et non pas celles qu’on lui attribue sans aucun fondement, est chose nécessaire lorsqu’elle est faite à partir d’une position et par des méthodes correctes. Mais nous avons toujours été contre la critique de Staline lorsqu’elle est faite d’une façon incorrecte, c’est-à-dire à partir d’une position et par des méthodes erronées. […]
La vie de Staline fut celle d’un grand marxiste-léniniste, d’un grand révolutionnaire prolétarien.
Il est vrai que tout en accomplissant des exploits méritoires en faveur du peuple soviétique et du mouvement communiste international, le grand marxiste-léniniste et révolutionnaire prolétarien que fut Staline commit aussi des erreurs. Des erreurs de Staline, certaines sont des erreurs de principe, d’autres furent commises dans le travail pratique ; certaines auraient pu être évitées tandis que d’autres étaient difficilement évitables en l’absence de tout précédent dans la dictature du prolétariat auquel on pût se référer.
Dans certains problèmes, la méthode de pensée de Staline s’écarta du matérialisme dialectique pour tomber dans la métaphysique et le subjectivisme, et, de ce fait, il lui arriva parfois de s’écarter de la réalité et de se détacher des masses.
Dans les luttes menées au sein du Parti comme en dehors, il confondit, à certains moments et dans certains problèmes, les deux catégories de contradictions de nature différente contradictions entre l’ennemi et nous, et contradictions au sein du peuple de même que les méthodes différentes pour la solution de ces deux catégories de contradictions.
Le travail de liquidation de la contre-révolution, entrepris sous sa direction, permit de châtier à juste titre nombre d’éléments contre-révolutionnaires qui devaient l’être ; cependant, des gens honnêtes furent aussi injustement condamnés, et ainsi il commit l’erreur d’élargir le cadre de la répression en 1937 et 1938.
Dans les organisations du Parti et les organismes de l’Etat, Staline ne fit pas une application pleine et entière du centralisme démocratique du prolétariat ou y contrevint partiellement. Dans les rapports entre partis frères et entre pays frères, il commit aussi des erreurs. Par ailleurs, il formula, au sein du mouvement communiste international, certains conseils erronés. Toutes ces erreurs ont causé des dommages à l’Union soviétique et au mouvement communiste international.
Les mérites que Staline s’était acquis durant sa vie aussi bien que les erreurs dont il fut l’auteur sont un fait objectif de l’histoire. Si l’on met en parallèle ses mérites et ses erreurs, ce sont ses mérites qui prédominent.
Car, dans l’activité de Staline, ce qui est juste constitue l’aspect essentiel, ses erreurs n’occupant qu’une place secondaire. Lorsqu’il s’agit de dresser le bilan de toute l’activité idéologique et de tout le travail de Staline, chaque communiste honnête ; qui respecte l’histoire, saura tout d’abord avoir en vue ce qui fut essentiel chez Staline. Aussi, lorsqu’il s’agit de connaître et de critiquer correctement les erreurs de Staline et de les surmonter, doit-on sauvegarder ce qui était l’essentiel de sa vie, sauvegarder le marxisme-léninisme qu’il a défendu et développé.
Pour ce qui est des erreurs de Staline, lesquelles occupent seulement une place secondaire, elles doivent être considérées comme une leçon de l’histoire, une mise en garde pour les communistes de l’Union soviétique et ceux des autres pays, afin qu’ils ne commettent pas, à leur tour, pareilles erreurs ou en commettent moins ; et cela n’est pas inutile. L’expérience historique, sous son aspect positif ou négatif, est utile à tous les communistes lorsqu’on en fait un bilan correct, correspondant à la réalité historique, et qu’on s’abstient de lui faire subir toute déformation. »
Rédaction du Renmin Ribao et Rédaction du Hongqi, Sur la question de Staline, 13 Septembre 1963
Ainsi, tout comme Mao et le PCC l’ont évalué, nous affirmons clairement que Staline a joué un rôle majoritairement positif dans le Mouvement Communiste International malgré ses erreurs et ses manques.