Textes de bases du PCm
Parti Communiste Maoïste (PCm)
V. Féminisme prolétarien révolutionnaire
5. La situation actuelle dans l’État français
Malgré les réflexions que nous pouvons entendre telles qu’ « on n’a plus besoin du féminisme aujourd’hui, les femmes sont libres », le patriarcat existe toujours et il est profondément ancré. En effet, il existe toujours des écarts de salaires entre hommes et femmes (à compétences, qualifications, temps de travail égaux) ainsi qu’une sur-représentation des hommes aux postes les plus élevés et des femmes aux postes à temps partiel. On peut aussi parler d’une division genrée du travail qui persiste, avec des « métiers d’homme » (chauffeur-routier, maçon,…) et des « métiers de femme » (caissière, puéricultrice,…).
Mais le système patriarcal ne se résume pas à ça, c’est aussi l’invisibilisation, le harcèlement de rue, les violences conjugales, la mise en concurrence sur des critères physiques par exemple, les jets d’acide, le viol, le meurtre, l’assignation de tâches et de rôles en fonction du sexe biologique,… Toutes les violences quotidiennes que subissent les femmes et qui contribuent à leur exploitation.
Et lorsque ces violences sont dénoncées, on répond souvent que « les hommes aussi subissent ces violences ». Sauf qu’il ne s’agit que de cas isolés et en aucun cas d’un système fondé sur l’oppression des hommes par les femmes. Les violences faites aux femmes découlent d’une politique discriminatoire qui exerce un matraquage permanent pour détruire toute résistance et perpétuer un système patriarcal destructeur.
La bourgeoisie voulant réduire les femmes à l’espace privé (quand l’espace public est dédié aux hommes, surtout aux bourgeois), elle va réprimer toutes celles qui sortent, s’approprient la rue, exercent leur droit d’exister. Pour cela, elle se sert des violences sexistes permanentes mais aussi de sa police et de toutes les forces de répression étatiques à sa disposition. Prenons l’exemple du viol : les dirigeants de la société capitaliste et patriarcale organisent des campagnes contre le viol. Mais ces campagnes présentent le violeur comme un inconnu dans une rue, la nuit qui agresse une femme seule, correspondant aux critères de beauté de la mode bourgeoise, souvent en jupe et dans le cadre d’une soirée alcoolisée. Ainsi, ils veulent indirectement faire comprendre qu’une femme ne doit pas se trouver seule dans la rue, en particulier la nuit en sortant de soirée. Cet espace serait donc réservé aux hommes. Pire, ces campagnes visent à faire culpabiliser les femmes.
Pourtant, dans la réalité, la majorité des viols sont commis par des proches et au domicile de la victime. En maquillant ce qu’il se passe, la bourgeoisie maintient son système patriarcal et les hommes considèrent que les femmes sont leurs objets car ils sont maîtres chez eux. Objets qu’ils sont libres de prendre comme bon leur semble s’il se trouve dans l’espace public, sans « possesseur ».
En outre, si une femme va porter plainte, elle va subir toute la violence de l’institution policière qui va la faire culpabiliser, mettre en doute sa parole,… Et le viol peut aussi être utilisé comme arme directe dans une guerre (deux exemples parmi d’autres, de fait ce sont toutes les armées réactionnaires qui pratiquent le viol de guerre sous la domination patriarcale : l’armée française l’a utilisé pendant la guerre d’Algérie, Daesh l’utilise au Kurdistan), les femmes sont donc considérées comme objets des hommes, le viol va donc être un moyen d’atteindre l’ennemi. Enfin, il peut être une arme de répression contre les femmes qui se lèvent et se battent contre les oppressions.
Il ne s’agit que d’exemples qui illustrent bien un système organisé contre les femmes, au sein duquel les violences sont institutionnalisées.
Tout est organisé pour perpétuer la famille réactionnaire comme base de la société. Si le sexe biologique d’un enfant est féminin, on va lui assigner un genre : elle va devoir devenir femme. Ceci est valable aussi pour les hommes. Ainsi, la transphobie découle aussi du système patriarcal qui impose deux genres bien définis, qui ne sont que des constructions sociales mais que le système veut défendre à tout prix puisqu’il en a fait une de ses bases.
Le garçon va être poussé à être fort, dominant, à s’occuper des travaux de l’extérieur et des responsabilités publiques, la fille va apprendre à être douce, soumise, attentive et à gérer le foyer de l’intérieur. Ainsi, dès l’enfance, on construit ce genre social qui va définir le rôle à jouer et la place à occuper d’une personne. Ceci va découler du sexe, mais aussi de la classe sociale, des origines ethniques, des croyances, etc.
Des remises en cause du fonctionnement de ce système se développent. D’une part, on trouve des bourgeoises qui ne défendent que leurs intérêts et sont souvent racistes, islamophobes, antisémites, putophobes,… Ce sont elles qui prétendent qu’obliger des femmes musulmanes à enlever leur voile va les libérer, ou encore qu’il faut criminaliser les prostituées pour abolir la prostitution… Elles ne font qu’opprimer les femmes issues des couches défavorisées de la population. D’autre part, des fascistes-catholiques intégristes qui parlent de féminisme uniquement dans le but de rallier des forces et qui considèrent que la femme parfaite est la mère au foyer au service de son mari et de son pays. Nous considérons que ces mouvements sont des ennemis contre lesquels il faut lutter car ils ne sont en aucun cas progressistes. Au contraire, ils ont pour objectif de renforcer le système capitaliste et les oppressions qu’il engendre.
Face à ce système et à ces mouvements, et ce malgré les risques, des voix se lèvent et se révoltent.
Il existe notamment deux courants féministes qui retiennent notre attention :
1) le féminisme intersectionnel : il s’agit de mettre en avant la double, triple (ou +) oppression et de laisser les premières concernées s’émanciper en adoptant une position de soutien lorsque l’on est dans une situation privilégiée. Par exemple, des femmes musulmanes portant le voile organiseraient leur lutte contre l’islamophobie et le sexisme, les femmes non touchées par l’islamophobie et les hommes devraient les soutenir mais n’auraient pas la parole.
2) le féminisme queer : il existe plusieurs théories, mais on peut dire qu’il s’agit d’une remise en cause des normes communément admises selon lesquelles il existerait deux genres et des orientations sexuelles définies. Selon les théories queer, le genre et l’orientation sexuelle sont des constructions sociales oppressives qui doivent être détruites.
Nous ne nous plaçons dans la lignée d’aucun de ces deux mouvements car nous pensons qu’ils ne permettent pas de détruire le système patriarcal, toutefois nous considérons qu’il s’agit d’alliés avec qui nous pouvons lutter tout en défendant nos positions.
Quelques chiffres
Voici quelques chiffres qui ne représentent pas la réalité car tirés des statistiques policières. A l’heure actuelle, il n’existe pas d’outils scientifiques nous permettant d’avoir des chiffres justes. Ils sont ainsi donnés à titre indicatif :
– En 2014, près de 12 800 viols déclarés, 75 000 estimés car la majorité pas déclarés (femmes majeures).
– En 2013, 118 femmes sont décédées sous les coups de leur conjoint.
– Au moins 500 000 femmes victimes de violences conjugales.