Cours de base sur le marxisme-léninisme-maoïsme
Parti Communiste d’Inde (maoïste)
Chapitre 9 : Le marxisme renforce ses liens avec la classe ouvrière
Comme nous l’avons vu plus haut Marx et Engels étaient profondément impliqués dans les groupes communistes révolutionnaires années 1840. Ils en sont ainsi venus à diriger la Ligue Communiste qui était un organisme international réunissant les révolutionnaires de différents pays européens. Ils ont également rédigé son programme – le Manifeste du Parti Communiste -, qui a acquis une importance historique mondiale. Cependant, à cette époque – en 1848 – l’influence du marxisme devait encore atteindre les vastes masses de la classe ouvrière. L’influence de la Ligue Communiste était limitée et elle se composait principalement de travailleurs et d’intellectuels en exil. En fait, à ce moment-là, le marxisme était seulement l’une des nombreuses tendances du socialisme.
La Révolution de 1848, qui se répand sur le continent européen, a été le premier événement historique majeur où le marxisme a fait ses preuves dans la pratique. Marx et Engels étaient à Bruxelles quand la révolution a éclaté en France. Le gouvernement belge, craignant la propagation de la Révolution, a immédiatement expulsé Marx de Bruxelles et l’a forcé à partir pour Paris où il fut bientôt rejoint par Engels. Cependant, comme la vague révolutionnaire se répandit en Allemagne, les deux ont décidé de s’y installer afin de participer directement aux événements révolutionnaires.
Là, ils ont essayé de consolider le travail de la Ligue Communiste et des associations de travailleurs. Ils vendaient un journal quotidien, la Nouvelle Gazette rhénane, qui servait d’organe de propagation de la ligne révolutionnaire. Le journal prenait le parti de la démocratie bourgeoise radicale car il voyait l’achèvement de la révolution démocratique bourgeoise comme la tâche principale en Allemagne. Cependant, le journal servait en même temps d’organisateur du parti révolutionnaire du prolétariat émergent en Allemagne. Marx et Engels ont même essayé de former un parti de masse en réunissant des travailleurs des associations des différentes provinces de l’Allemagne. Le journal a duré un an. Avec l’effondrement de la révolution en Allemagne et dans d’autres parties de l’Europe, la publication a dû cesser et Marx fut expulsé par le roi de Prusse. Il se retira à Paris, mais il en est rapidement parti à cause de la persécution par les autorités françaises. Engels est resté en Allemagne comme soldat dans les armées révolutionnaires jusqu’à la toute fin de la révolution. Après la défaite militaire, il s’est échappé, et vers la fin de 1849 a rejoint Marx, qui s’était alors installé à Londres. Ils sont ensuite restés en Angleterre jusqu’à leur mort.
La défaite de la Révolution de 1848 avait semé la confusion entre les révolutionnaires et les militants du prolétariat dans toute l’Europe. La plupart des tendances dominantes antérieures du socialisme ne pouvait fournir aucune explication en ce qui concerne les raisons de cette débandade révolutionnaire. Le mouvement était si décomposé que Marx décida d’analyser les forces sociales derrière la victoire puis la défaite de la Révolution. Comme la France était le centre et le principal point de départ de la montée de la contestation comme de son déclin, Marx a concentré son analyse sur les événements français. C’est ce qu’il a fait à travers ses œuvres brillantes, LesLuttes de classes en France, 1848-1850 et Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte. Ils ont été les premiers essais de Marx pour expliquer les événements historiques au moyen de la conception matérialiste de l’Histoire. Il a analysé avec une clarté complète les forces de classe derrière chacun des grands retournements de situation dans la révolution. Il a ainsi fourni la base de classe pour les tactiques révolutionnaires du prolétariat. En exposant le rôle des différentes classes à différents stades, il a montré qui étaient les amis et les ennemis de la révolution et donc l’approche du prolétariat envers chacun d’eux.
Dans la période qui suivit, Marx poursuivit ses écrits sur tous les grands événements politiques dans le monde entier. Dans tous ces textes, il a présenté une perspective claire du point de vue du prolétariat. Cela les distingue de toutes les autres variétés du socialisme, qui se sont révélées incapables de fournir des réponses concrètes à la situation mondiale en constante évolution. Il a clairement établi la supériorité du marxisme sur les autres formes du socialisme comme un outil pratique pour comprendre et changer le monde.
En même temps, Marx et Engels ont travaillé énergiquement pour unir les organisations faibles et fragmentées de la classe ouvrière. La Ligue Communiste, qui avait son centre d’action en Allemagne, faisait face à la répression sévère de la police prussienne. Un grand nombre de ses membres ont étaient mis derrière les barreaux et l’organisation elle-même a finalement été dissoute en novembre 1852. Pendant la longue période de réaction après l’échec de la Révolution de 1848, Marx et Engels ont continuellement essayé de réorganiser et de relancer le mouvement de la classe ouvrière. En plus d’écrire et de publier leurs travaux, ils ont maintenu un contact permanent avec les organisations de la classe ouvrière dans différents pays, en particulier l’Angleterre, la France et l’Allemagne. Leur but perpétuel était de former une organisation internationale de la classe ouvrière et d’organiser les parties distinctes du prolétariat dans les pays industriellement développés.
Le travail principal à cet égard a été fait par Marx. Il a travaillé tout au long de cette période dans des conditions très difficiles. Après avoir été chassé par les gouvernements de différents pays, même après son installation à Londres, il était sous la surveillance constante de la police secrète, en particulier de la Prusse. En plus de la répression politique Marx a toujours vécu dans une situation financière déplorable. En raison du mauvais état et de la désorganisation du mouvement ouvrier révolutionnaire à cette époque, il lui était impossible d’être révolutionnaire à temps plein. Ainsi, sa seule source de revenus était le petit paiement des articles qu’il écrivait pour un grand journal américain, The New York Tribune. Ce fut bien sûr tout à fait insuffisant pour la grande famille de Marx. Ils ont ainsi été confrontés à la pauvreté constante, à la dette et même à la faim. Maintes fois, les meubles de la maison ont dû être mis en gage pour acheter de la nourriture. Marx a eu six enfants, mais seulement trois ont survécu au-delà de l’enfance. Lorsque sa petite fille est morte, l’enterrement a dû être retardé pendant quelques jours jusqu’à ce que suffisamment d’argent ait été recueilli. Marx faisait lui-même face à des maladies graves contre lesquelles il a dû lutter pour terminer son travail.
Tout au long de ces difficultés économiques, le principal soutien de la famille Marx était Engels. Après l’échec de la Révolution de 1848, Engels avait été forcé de prendre un emploi dans le cabinet de son père à Manchester. Il y a travaillé pendant vingt ans, d’abord comme secrétaire, puis au cours des cinq dernières années en tant qu’associé jusqu’à 1869. Au cours de cette période, il a eu un revenu important, avec lequel il aidait régulièrement Marx.
L’aide d’Engels n’a cependant pas été purement économique. Bien qu’il n’ait pas eu beaucoup de temps libre à cause de son travail, il a porté tous ses efforts sur la poursuite de leurs études communes. Ils ont correspondu très régulièrement et constamment échangé des idées. Marx a toujours consulté Engels sur les questions importantes, en particulier sur les décisions concernant le mouvement de la classe ouvrière internationale.
Leurs efforts ont finalement porté leurs fruits en 1864 avec la formation de l’Association Internationale des Travailleurs – la Première Internationale. Marx est vite devenu son chef et était principalement responsable de l’élaboration de son premier programme et de sa constitution. Le programme de l’Internationale ne contenait cependant pas les mots forts du Manifeste du Parti Communiste. La Première Internationale, contrairement à la Ligue Communiste, ne fut pas une organisation limitée à des petits groupes de révolutionnaires. En fait, la plupart des sections de l’Internationale, en particulier celles de l’Angleterre et de la France, représentaient des organisations suivies par de nombreux travailleurs. Cependant, la plupart de ces organisations n’avaient pas une compréhension claire et correcte. Bien qu’elles étaient composées principalement de travailleurs, le niveau de conscience de classe était inférieur à celui des révolutionnaires accomplis de la Ligue Communiste. Le programme et la constitution devaient donc être formulés en gardant cela à l’esprit. La ligne correcte devait être présentée d’une manière acceptable pour les organisations membres de l’Internationale. Marx, avec sa grande profondeur idéologique et son expérience pratique, était à ce moment-là la seule personne capable de rédiger de tels documents de cette manière. Dans les années suivantes, ce fut aussi lui qui écrivit tous les documents les plus importants de la Première Internationale.
C’était donc le marxisme seul qui pouvait fournir la perspective idéologique, politique et organisationnelle de la Première Internationale. La mise en œuvre de cette perspective signifiait une lutte constante contre les diverses tendances anarchistes et opportunistes qui ont surgi au sein du mouvement. Entre autres, les anarchistes se sont opposés à une organisation forte, alors que les opportunistes étaient opposés à une lutte résolue. Luttant contre ces déviations, Marx et Engels ont travaillé pour construire l’Internationale comme une organisation de masse de la lutte, unissant les travailleurs en Europe et en Amérique. Ils ont largement réussi ceci, ce qui permit de former au même moment des partis prolétariens indépendants dans de nombreux pays industrialisés du monde entier.
Au moment de la Commune de Paris de 1871, le marxisme avait dépassé de très loin sa position au moment de la Révolution de 1848. Le marxisme n’était plus que simplement l’une des tendances du socialisme. Les marques antérieures du socialisme utopique avaient été balayées par l’histoire et c’était le marxisme seul qui avait su maintenir son efficacité pratique. Le marxisme n’était également plus limité à de petits groupes, mais était devenu un réel phénomène de masse. Son influence s’était étendue aux mouvements du prolétariat dans divers pays industrialisés. Il a fourni la direction idéologique aux partis prolétariens indépendants. Il a dirigé un mouvement prolétarien massif, qui avait déjà commencé à remettre en question la bourgeoisie. Le marxisme avait renforcé et fusionné ses liens avec les grandes masses de la classe ouvrière.