Perspective urbaine : notre travail dans les zones urbaines
Parti Communiste d’Inde (maoïste)
4. Critique de notre conception et de notre pratique
Suite à la vague de Naxalbari et au moment du 8e (1er) Congrès de notre Parti en 1970, nous avions un impact et une influence considérable dans de nombreuses villes. Nous étions une force puissante à Kolkata, la plus grande ville du pays à ce moment là. La vague révolutionnaire a inspiré les ouvriers dans différents centres industriels, en particulier à Kolkata, Durgapur, Coimbatore, Jamshadpur et Dhanbad.
Cependant, en raison de la mauvaise compréhension en ce qui concerne les organisations de masse et les luttes de masse répandue dans notre Parti à ce moment-là, nous n’avons pas pu entretenir et développer notre influence. Notre politique était que « notre tâche n’est pas d’organiser les syndicats ni de les soumettre à notre contrôle, ou de nous inquiéter des élections syndicales. Notre tâche est de bâtir des organisations clandestines du Parti parmi les ouvriers » (Our Party’s Tasks among the Workers, Deshabrati, 12 mars 1970). Nous avons ainsi en fait boycotté les syndicats, qui ont en conséquence été détachés de la classe ouvrière.
De la même façon, le mauvais accord pour mettre l’accent sur la guerre de guérilla urbaine, lorsqu’aucune condition n’était réunie pour cela, a conduit à un contretemps dans notre travail dans la ville.
Bien qu’à cette époque, il n’y avait aucune circulaire ni aucun document politique quant au travail urbain ou sur la classe ouvrière, il y avait certains articles ou certaines notes du Camarade CM, qui étaient publiées dans les magazines du Parti, et qui ont servi de lignes directrices pour notre travail.
4.1. Circulaires et politiques précédentes
Par la suite, notre Parti a fait certaines tentatives pour formuler des directives pour notre travail urbain et sur la classe ouvrière. Elles ont été rares, mais d’une grande portée. En plus des sections sur le travail urbain dans nos différents documents stratégiques et tactiques et nos comptes-rendus de conférence, les documents principaux quant à la politique ont été la circulaire sur Towns and Cities; Our Programme and Organisation publiée par le Comité de l’Etat d’Andhra Pradesh en 1973, le Guidelines for Working Class Front publié par le Comité Central d’Organisation du PU d’autrefois en 1987 et le Review of Our Documents «Methods of Working in Towns» publié par l’ASPC du PW d’autrefois en 1995, dans lequel le précédent document de 1973 était révisé.
4.1.1. Circulaire de 1973
Bien que ce document n’était destiné qu’à être une circulaire offrant des méthodes pour dissiper les contradictions entre les besoins du travail public et ceux du travail clandestin, il a également donné une conception explicite quant aux programmes, aux tâches et aux formes d’organisation pour la classe ouvrière, les étudiants et d’autres fronts. C’est pour cette raison qu’il a servi de document principal dominant le travail urbain pendant de nombreuses années dans le Punjab occidental d’autrefois.
Le document de 1973 a joué un rôle important en donnant la bonne direction au travail urbain. Les points essentiels pour lesquels il a présenté une conception correcte étaient:
1) Il a corrigé la majeure partie des précédentes idées erronées concernant les organisations de masse et la lutte de masse.
2) D’une manière générale, il a donné la démarche stratégique correcte pour le travail urbain, selon laquelle le Parti doit, dans les villes, utiliser des méthodes clandestines pour se protéger contre l’ennemi, jusqu’au dernier stade de la libération des villes à partir de la campagne.
3) Avec justesse, il a affirmé que dans les villes, nous devons principalement nous concentrer parmi les ouvriers.
Pour en venir à ses limites, ce n’était pas un document détaillé du travail urbain, et il traitait davantage des problèmes immédiats auxquels nous faisions alors face dans les zones urbaines. Il contenait des conceptions erronées telles que: nous ne devons pas prendre les postes de membre du comité directeur dans les syndicats, nous ne devons pas organiser de syndicats indépendants tous seuls, et ainsi de suite.
Ceci était dans la continuation de la précédente mauvaise conception quant aux organisations de masse.
La circulaire de 1973 a joué un rôle significatif dans la période initiale. Mais dans les années suivantes, avec la progression rapide des organisations de masse dans les zones urbaines, il n’y a eu aucune tentative pour corriger la conception et pour davantage développer la circulaire de manière globale. Par conséquent, un grand nombre des formules importantes du document ne sont pas mises en œuvre en pratique.
Bien que le document ait exposé que la concentration principale doit être sur la classe ouvrière, l’accent dans les zones urbaines était davantage mis sur les étudiants et la jeunesse. L’interdiction de prendre les postes des membres du comité directeur dans les syndicats et l’opposition à constituer des syndicats séparés n’étaient pas non plus exécutés dans la pratique. Tout ceci a été effectué sans développer formellement une nouvelle conception politique.
4.1.2. Directives de 1987
Ces directives ont été formulées conformément à l’appel, en 1987, du Conférence Centrale du Punjab d’autrefois pour ‘s’emparer sérieusement du travail dans le front de la classe ouvrière’. Ce document a présenté de manière concise et claire, la situation objective et subjective du rapport avec la classe ouvrière, nos tâches et nos politiques, et un projet de travail. Le document a été d’une grande portée grâce à sa présentation d’une conception correcte quant au rôle de premier plan de la classe ouvrière dans la révolution.
Il a insisté sur le rôle de dirigeante des luttes de la classe ouvrière et de l’envoi de détachements avancés à la campagne, et sur la responsabilité du Parti dans la préparation de la classe ouvrière à ce rôle.
Le défaut majeur du document était son manque d’intérêt pour une approche stratégique du travail urbain. Ainsi, il n’y avait aucune conception du rapport et de la coordination entre le travail public et le travail clandestin, ni concernant le besoin de protéger et de développer nos forces urbaines pour longtemps, jusqu’aux stades ultérieurs de la guerre populaire.
Le projet du document n’a pas été sérieusement exécuté et n’a pas non plus été révisé. Par conséquent, il ne pouvait pas avoir un impact majeur.
4.1.3. Révision de 1995
L’ASPC’s Review du Punjab occidental d’autrefois ne s’est pas limité à une simple révision du document précédent. Il a également fixé les objectifs et les tâches du mouvement urbain dans l’Andhra Pradesh. C’était un développement de la circulaire de 1973.
Un point significatif que le document a correctement révisé était le manque de concentration nécessaire pour le travail urbain. Il a conclu que malgré que nous ayons correctement attaché de l’importance à la révolution agraire et aux zones de guérilla, nous ne nous sommes pas concentrés sur les villes dans la mesure requise. Il a analysé les déplacements spontanés depuis les zones urbaines vers les zones rurales et a fait remarquer le manque d’une perspective à long terme pour le travail urbain. Il a également corrigé la mauvaise conception du document de 1973 quant au fait de ne pas prendre les postes des membres du bureau dans les syndicats.
Le document n’a toutefois pas tenté de présenter une politique globale pour le travail urbain. Il n’a pas non plus provoqué la nécessaire réorganisation du travail.
4.2. Nos principaux défauts
Les documents et les révisions précités établis au cours de congrès et de réunions plénières à différents niveaux ont attiré l’attention sur différents défauts et faiblesses dans notre travail urbain à divers stades. Il est nécessaire de développer une illustration globale de nos principaux défauts dans leur ensemble.
4.2.1. Manque de concentration sur le travail urbain
Durant les trente dernières années, et dans la majeure partie des zones de travail principales du Parti, il y a eu un mépris à l’égard des tâches du mouvement et du Parti urbain. Comme l’a conclu le POR du 9ème Congrès, ‘nous ne sommes pas parvenus à comprendre le rapport dialectique entre le mouvement rural et le mouvement urbain. Ayant compris de manière mécanique la formule selon laquelle le travail rural est primaire et le travail urbain secondaire, nous n’avons concentré la plupart de nos forces dirigeantes sur le travail rural.
Par conséquent, une culture a été créée dans l’organisation selon laquelle seul le travail rural était considéré comme un travail de terrain ou comme zone de travail pour la lutte, tandis que les zones urbaines étaient considérées comme hors du terrain, zone de non-lutte.
Tous les meilleurs cadres et les plus engagés ont par conséquent opté pour, et ont été mutés hors du terrain urbain. Ainsi, comme l’indiquent de nombreux exemples de la révision de 1995, les cadres ont soudainement été transférés à l’extérieur des zones rurales sans tenir compte de l’avenir des zones urbaines, qui étaient vidées.
La manifestation la plus grave de cette conception se trouvait toutefois dans le manque sévère de concentration et de spécialisation des comités supérieurs. Très peu étaient affectés aux tâches du mouvement urbain, et même ceux qui en recevaient la responsabilité étaient généralement accablés par de nombreuses autres tâches.
Cela a abouti à de graves problèmes à divers niveaux. Sans des cadres de niveau supérieur dirigeant le travail dans ce domaine, la possibilité de corriger la mauvaise conception aux niveaux inférieurs en ce qui concerne l’approche stratégique à long terme était peu élevée, bien qu’il ait été fait référence de cette erreur maintes et maintes fois dans nos révisions et nos documents. Sans spécialisation, il n’y avait non plus aucun espoir que les comités supérieurs eux-mêmes approfondissent leur pauvre compréhension des problèmes de mise en œuvre de l’approche stratégique. Sans une spécialisation et une affectation des camarades de niveau supérieur, les vieilles erreurs n’ont fait que se poursuivre.
Tout ceci a eu lieu malgré notre conception, renouvelée dans les documents, selon laquelle l’importance des zones urbaines en Inde augmente, la proportion de la classe ouvrière et de la population urbaine en Inde est beaucoup plus élevée qu’elle ne l’était à l’époque de la révolution chinoise et que pour cette raison, les zones urbaines et la classe ouvrière en Inde auront un rôle relativement plus important à jouer dans la révolution.
Aujourd’hui, les zones urbaines avec 28,7% de la population et plus de 60% du Produit Intérieur Brut, avec un grand nombre de mégapoles et une classe ouvrières de dizaines de millions de personnes ont un rôle croissant à jouer dans le pays et dans l’économie, et aussi dans la révolution. Il est par conséquent absolument nécessaire de corriger rapidement le déséquilibre dans notre concentration sur les tâches du mouvement urbain.
Il est avant tout nécessaire d’augmenter notre affectation de camarades de niveau supérieur au travail de terrain urbain. Il est nécessaire d’augmenter les niveaux de spécialisation et de connaissance des comités de niveau supérieur quant au travail urbain. Et il est également nécessaire, lorsque c’est possible, d’affecter aussi des camarades appropriés à d’autres niveaux, ou au moins de donner une plus grande considération aux besoins du mouvement urbain, et ce également en décidant des transferts hors des villes.
4.2.2. Manque de concentration sur la classe ouvrière dans le travail urbain
Le document de 1973 avait correctement spécifié que dans les zones urbaines, nous devions surtout nous rassembler parmi les ouvriers.
Puisque notre mouvement avait fait face à un grave revers en 1972 et que les projets pour mettre le mouvement sur la bonne voie étaient sur pied, nous avons eu besoin de renforcer nos forces subjectives à un rythme plus rapide. Pour parvenir à cela, nous nous sommes concentrés sur les étudiants et les jeunes sous un angle concret, mais cette pratique n’était fondée sur aucun principe théorique.
Quand nos forces ont eu augmenté et que nous étions en meilleure position, nous avons fait des plans pour pénétrer dans la classe ouvrière. Dans le processus de l’attaque de l’ennemi et des faiblesses constantes de notre travail dans les zones urbaines, nous sommes devenus très vulnérables alors que les pertes sont montées en flèche. Le manque d’une approche globale envers le travail urbain et le manque de concentration de la part du leadership sont les raisons principales de nos faibles racines dans la classe ouvrière.
4.2.3. Négligence du développement de la direction du Parti à partir du prolétariat
Malgré que la Parti soit celui de la classe ouvrière, le recrutement d’ouvriers a été peu élevé, et le leadership du prolétariat lui est encore inférieur. La raison de ceci est en partie due à notre insuffisance de concentration sur les ouvriers, et tout particulièrement sur les ouvriers syndiqués qui ont beaucoup plus de potentiel pour le leadership.
Bâtir le leadership à partir des ouvriers exige une attention et un effort délibérés. A moins que nous ne nous rendions compte de l’importance de la construction du leadership de la classe ouvrière, nous n’ajouterons pas les efforts nécessaires pour y parvenir. Ce n’est qu’au 9ème Congrès que nous nous sommes expressément résolus à donner de l’importance à cette tâche. Nous devons maintenant la mettre en pratique.
4.2.4. Manque d’une profonde compréhension de la démarche stratégique dans le travail urbain
Dans nos documents, nous avons régulièrement donné à l’approche stratégique à long terme une importance primordiale et depuis quelques années, avons envisagé que le manque de cette approche ait été la cause de la plupart de nos pertes dans les zones urbaines. Cependant, nous l’avons simplement compris, ou expliqué au niveau d’une exécution plus stricte des précautions techniques et des méthodes clandestines de fonctionnement. Nous n’avons pas compris que l’approche stratégique correcte est essentiellement de réorienter et de réorganiser fondamentalement tout le travail urbain en se basant sur la combinaison efficace de formes d’organisations légales et illégales.
Sans accepter, comprendre profondément et éduquer tous les niveaux en ce qui concerne l’approche stratégique envers le mouvement urbain, nous ne pouvons pas provoquer de changement qualitatif dans notre travail urbain.
Une mobilisation et une organisation des masses la plus large possible est indispensable pour défier l’accablante domination de l’ennemi dans les zones urbaines. Un fonctionnement clandestin et un maintien de nos forces à long terme n’est possible que dans le contexte d’un vaste et profond mouvement de masse.
Puisque nous travaillons avec pour toile de fond des conditions semi-féodales et semi-coloniales, nous avons besoin de prendre part aux luttes et aux actions militantes contre l’administration étant donné que la majorité de la classe ouvrière industrielle est employée dans le secteur non-syndiqué et est obligée de travailler dans des conditions insupportables sans aucun accès aux lois minimales de protection du travail. Nous ne pouvons toutefois pas sans cesse reproduire dans la ville les tactiques offensives adaptées au mouvement rural et espérer survivre simplement sur base d’un fonctionnement technique plus strict.
Comprendre stratégiquement la puissance de l’ennemi dans la ville signifie d’accepter que nous ne pouvons pas ouvertement le défier sur une base militaire. Par conséquent, nous ne pouvons pas espérer utiliser régulièrement la puissance armée pour menacer les propriétaires d’usine, pour mener des négociations par l’intermédiaire d’organisateurs clandestins, ou pour supprimer des directeurs comme il est possible de le faire dans les zones rurales de guérilla. Et nous ne pouvons pas espérer être capable de faire toutes ces choses et de toute de même survivre en utilisant simplement de meilleures méthodes techniques.
Ceci ne nie bien sûr pas l’importance indiscutable du maintien strict de précautions techniques, de couvertures naturelles, du fonctionnement par couches, et de tous les autres moyens propres au fonctionnement clandestin dans le travail urbain. Nous devons réévaluer complètement nos méthodes techniques dans toutes les villes et la réorganisation totale de notre mécanisme clandestin doit être une partie essentielle de la réorganisation de notre travail urbain. Nous devons cependant comprendre que le fonctionnement clandestin n’est qu’un aspect important de l’approche stratégique pour conserver nos forces pour longtemps. Le fonctionnement clandestin est lui-même basé sur la mobilisation et le soutien des larges masses.
4.2.5. Manque de clarté sur la combinaison des différentes sortes d’organisations de masse
Nous n’avions pas la clarté quant aux diverses formes de mobilisation des masses dans les zones urbaines et de comment les combiner intelligemment selon la situation concrète, le flux et le reflux du mouvement.
Nous avons d’abord mis l’accentuation principale sur les organisations de masse révolutionnaires publiques qui gardaient des rapports clairs avec le Parti. Avec l’assaut de la répression, nous avons essayé de gérer ces organisations clandestinement et essayé de tout de même mobiliser les masses principalement par leur intermédiaire. Ce n’est que beaucoup plus tard que nous avons compris que les organisations de masse clandestines ne pouvaient pas être la seule forme de mobilisation de masse dans les zones urbaines dans des conditions de répression. Ce n’est qu’alors que nous avons introduit le concept d’organisation de couverture.
Même à ce moment-là, nous avons mis un accent démesuré sur la création de nouvelles organisations de couverture, et n’avons pas donné une importance suffisante au travail fractionnaire au sein d’organisations de masse existantes travaillant déjà parmi la population. Nous n’avons pas compris qu’un tel type de travail fractionnaire est une forme importante pour organiser les masses dans les zones urbaines qui sont toutes contrôlées et réprimées par l’ennemi.
Nous pensions que seules ces organisations, explicitement sous le contrôle du Parti, étaient des organisations révolutionnaires. Nous n’avons pas vu que grâce à un travail fractionnaire adéquat, nous pouvons rester sous le couvert et pourtant guider une organisation pour qu’elle joue un rôle révolutionnaire.
Notre culture quant aux organisations de couverture a aussi donné un accent unilatéral à l’aspect du maintien de la couverture de l’organisation et de prévention de sa dénonciation. Nous n’avons pas souligné l’aspect que la mobilisation la plus large des masses et l’unification d’importantes sections de masses indépendantes sous les ordres des organisations de masse fournissent la meilleure couverture possible.
Nous n’avons pas davantage compris la notion, le rôle, et l’importance du mouvement et des organisations démocratiques légales. Ici aussi, nous avons uniquement compris que nous devions limiter le programme et les tâches afin de maintenir la légalité. Nous n’avons pas vu l’importance d’unifier les sections les plus larges prêtes à travailler fermement sur un programme minimum.
Après des années d’expérience, nous avons corrigé certaines de ces fausses idées sectaires. Mais nous avons besoin d’encore davantage développer notre compréhension et notre éducation à tous les niveaux quant au rôle, à l’importance et à l’utilisation de l’organisation démocratique légale à l’intérieur du mouvement urbain.
Nous avons constitué plusieurs organisations de masse clandestines à différents moments. Bon nombre de ces organisations de masse clandestines étaient créées après une sévère répression sur les organisations de masse révolutionnaires publiques les empêchant de fonctionner. Notre réponse à la répression était alors de gérer ces mêmes organisations dans la clandestinité.
Notre unique changement alors que nous gérions les organisations clandestines concernaient les méthodes de fonctionnement clandestin. Nous espérions que les organisations clandestines exécuteraient les mêmes fonctions et les mêmes tâches qui étaient précédemment exécutées par les organisations publiques. Nous n’avons pas vu le besoin de changer considérablement le rôle, les tâches et la structure de la nouvelle organisation clandestine.
Nous devons comprendre les limites des organisations clandestines à effectuer une large mobilisation de masse comme les précédentes organisations de masse révolutionnaires publiques. Nous devons donc confier de telles tâches à l’organisation clandestine qui est la mieux placée pour les accomplir – comme la propagande révolutionnaire clandestine, organiser les masses clandestinement et mettre en œuvre des actions militantes lorsque c’est nécessaire. De plus, nous pouvons réaffecter ces forces non-exposées de l’ancienne organisation révolutionnaire publique au travail fractionnaire ou à d’autres sortes de travail de couverture. Cela garantirait la continuation de la tâche de mobilisation des masses par l’intermédiaire d’autres moyens.
4.2.6. Négligence dans le fonctionnement clandestin
Notre POR a énuméré en détail la liste des différentes défaillances du fonctionnement clandestin, comme de ne pas créer de couverture, de ne pas bâtir ni fonctionner par l’entremise de couches, et d’autres erreurs techniques. A la racine de ces erreurs se trouve notre compréhension superficielle de l’approche stratégique à long terme, et notre manque d’une compréhension convenable de l’équilibre et du rapport entre le travail public et le travail clandestin. Une approche de raccourci et de résultats rapides, et le libéralisme, sont des raisons supplémentaires de ces erreurs.
4.2.7. Manque d’une perspective pour toute l’Inde
Ceci est également un défaut. Au cours de la période précédente, lorsque le travail urbain n’était limité qu’à quelques parcelles, la gravité de ce manque était relativement moindre. Cependant, avec l’intensification de la guerre populaire et l’expansion du Parti dans la plupart des centres urbains majeurs du pays, la nécessité d’avoir une perspective urbaine et de la classe ouvrière pour toute l’Inde est devenue urgente. Nous devons établir une telle perspective et planifier le déploiement et l’utilisation de nos forces subjectives sur cette base.
4.3. Défaut principal dans notre conception
Les défauts mentionnés ci-dessus sont fondamentalement enracinés dans notre compréhension défectueuse en ce qui concerne le rôle du travail urbain, et tout particulièrement le rôle de la classe ouvrière dans la révolution indienne.
Comme mentionné précédemment dans ce document (point 3.1.1.), le 9e Congrès a donné une compréhension précise et claire quant au rôle de la classe ouvrière dans la révolution. Bien que nous ayons l’exacte compréhension du rôle de la classe ouvrière à la tête de la révolution, nous n’avons pas pu fournir de cadres suffisants pour nous concentrer sur la classe ouvrière. Il n’y avait pas beaucoup de concentration sur la part du leadership étant donné que nous nous concentrions sur la construction de la révolution agraire.
Bien que nous ayons affecté des cadres au développement du mouvement de la classe ouvrière, en raison d’un manque d’approche à long terme et à cause de la répression, nous avons perdu un grand nombre de précieux cadres qui travaillaient dans les zones urbaines, et avons subi de lourdes pertes. Bien que n’existant pas au niveau théorique, il y avait dans une certaine mesure, une façon de penser erronée dans les esprits des comités de Parti à différents niveaux, selon laquelle nous avions besoin de nous reposer sur les sections de la petite bourgeoise, comme les étudiants, pour développer les cadres de premier plan. Cela s’est reflété, dans une large mesure, dans notre pratique dans divers états.
Un facteur important ayant contribué à cette pratique est la facilité relative avec laquelle nous pouvons recruter des cadres dans les étudiants et les jeunes comparés aux ouvriers, et la pression des besoins immédiats de la révolution qui doivent être exécutés.
Le 9e Congrès a donné comme tâche de construire la base prolétarienne et de développer les cadres de premier plan dans la classe ouvrière. Si nous rectifions nos erreurs, si nous tirons les leçons du passé, nous pouvons assurément surmonter le défaut actuel.