Cours de base sur le marxisme-léninisme-maoïsme
Parti Communiste d’Inde (maoïste)
Chapitre 19 : La Question nationale et coloniale
Les premiers mouvements nationaux ont émergé en Europe de l’Ouest. Ces mouvements nationaux étaient principalement dirigés par la bourgeoisie dans son combat contre le féodalisme. L’objectif principal de ces mouvements nationaux était d’unir en une seule nation et Etat un grand territoire, qui était sous le règne de nombreux seigneurs féodaux. Cela était nécessaire pour la bourgeoisie afin d’obtenir un seul grand marché et d’éviter le harcèlement et la domination de plusieurs seigneurs féodaux. Ainsi, la révolution bourgeoise contre le féodalisme et le mouvement national pour établir un seul Etat-nation ont souvent été réunis en une seule et même chose. Le mouvement national n’était donc pas qu’une lutte pour l’indépendance de l’oppression d’une autre nation. Dans toute l’Europe de l’Ouest, le seul endroit où un mouvement national pour l’indépendance a pris place fut le moment où l’Irlande s’est battue pour se libérer de la Grande-Bretagne.
Marx et Engels ont vécu à cette période, alors que les luttes de libération nationale restaient encore à éclater de manière importante. Ils n’ont ainsi pas dédié une grande attention au développement de la théorie marxiste sur la question nationale. Marx a cependant formulé la position de base en relation avec la Question Irlandaise en appelant le prolétariat anglais à soutenir la lutte nationale du peuple irlandais et à s’opposer à son oppression nationale.
La phase suivante des mouvements nationaux est venue d’Europe de l’Est, avec la diffusion du capitalisme, et l’affaiblissement des empires russes et austro-hongrois. Les organisations et mouvements nationaux ont commencé à grandir dans toute l’Europe de l’Est, y compris la Russie. Il était nécessaire pour le mouvement prolétarien international et pour le POSDR d’avoir une juste compréhension et position sur cette question. Ce fut pendant cette période que Staline, en 1913, a fait la première présentation systématique marxiste de la question nationale. Staline lui-même était Géorgien, un membre d’une nationalité opprimée en Russie, où un mouvement national s’était rapidement développé. En Géorgie, il était par conséquent doublement nécessaire de présenter la juste compréhension marxiste et d’adopter la position politique correcte. C’est ce que Staline a tenté de faire son œuvre pionnière, Le Marxisme et la question nationale.
Dans son œuvre, Staline a commencé par définir ce qu’est une nation. Il a défini une nation comme « une communauté stable, historiquement constituée, de langue, de territoire, de vie économique et de formation psychique, qui se traduit dans la communauté de culture. ». Staline a rejeté le concept de nation basée simplement sur la religion ou la culture, comme les Juifs. Il a insisté que la communauté devrait avoir tous les caractéristiques mentionnés ci-dessus pour être appelé une nation. Staline a noté que toutes les nations ont le droit à l’auto-détermination. Ce droit à l’auto-détermination ne peut cependant pas être limité à l’autonomie, ou à se lier en une fédération, comme certains partis à cette époque le proposaient. Le droit à l’auto-détermination doit inclure le droit à la sécession, c’est-à-dire de se séparer et d’exister comme un Etat indépendant. Cependant Staline a indiqué que la manière dont s’exerce le droit dépend des conditions historiques concrètes à un moment donné. C’est donc aux révolutionnaires d’essayer et d’influencer la décision de la nation concernant son auto-détermination. La décision du parti révolutionnaire est basée soit sur l’autonomie, la fédération, soit la sécession, ou toute autre chose qui serait dans le meilleur intérêt des masses laborieuses et en particulier du prolétariat.
Bien que la présentation de Staline a clarifié beaucoup de questions, elle était toujours incomplète car elle ne liait pas la question nationale à l’impérialisme et à la question des colonies. Cela a seulement été fait après l’analyse de l’impérialisme par Lénine en 1916. Sur la base de l’analyse de l’impérialisme, Lénine a lié la question de l’auto-détermination des nations aux luttes de libération nationale menées dans les pays coloniaux. Ainsi, cela touchait la grande majorité des peuples du monde. Cela n’est pas resté un simple problème étatique interne de quelques pays qui avaient des nationalités opprimés au sein de leurs frontières. La question nationale est devenue un problème mondial, une question de libération des peuples opprimés de tous les pays et colonies dépendants du poids de l’impérialisme.
Ainsi quand Lénine, en 1916, a présenté ses Thèses sur la Révolution Socialiste et le droit des nations à l’auto-détermination, il a inclue tous les pays du monde dans cette analyse. Il a divisé les pays du monde en trois types principaux :
Premièrement, les pays capitalistes avancés d’Europe de l’Ouest et des États-Unis d’Amérique. Ce sont les nations dominantes qui oppriment les autres nations dans les colonies et à l’intérieur de leur propre pays. La tâche du prolétariat de ces nations dominantes est de s’opposer à l’oppression nationale et de soutenir la lutte nationale des peuples opprimés par leur classe dirigeante impérialiste.
Deuxièmement, l’Europe de l’Est et en particulier la Russie. La tâche du prolétariat dans ces pays est d’arborer le droit des nations à l’auto-détermination. Dans ce lien, la tâche la plus difficile mais aussi la plus importante est d’unir la lutte de classe des travailleurs des nations dominantes avec la lutte de classe des travailleurs des nations opprimées.
Troisièmement, les pays semi-coloniaux, comme la Chine, la Perse, la Turquie et toutes les colonies, qui ont une population combinée qui comptait alors un milliard de personnes. En ce qui concerne ces pays coloniaux, Lénine prend position que les socialistes ne doivent pas seulement revendiquer la libération immédiate et inconditionnelle des colonies sans compensation, mais qu’il faut aussi donner un soutien déterminé au mouvement pour la libération nationale dans ces pays et soutenir la révolte et la guerre révolutionnaire contre les puissances impérialistes qui les oppriment.
C’était la première fois dans le mouvement socialiste international qu’une position aussi claire était prise concernant les questions nationales et coloniales. Il y avait naturellement des débats et de la confusion. Un des débats était alors que le soutien à l’auto-détermination et la libération nationale serait opposé à l’internationalisme prolétarien. Il était avancé que le socialisme vise à la fusion de toutes les nations. Lénine était d’accord que le but du socialisme est d’abolir la division de l’humanité en petits États, de rapprocher les nations entre-elles, et même de les fusionner. Cependant il a ressenti qu’il serait impossible d’accomplir cela par une fusion forcée des nations. La fusion des nations ne peut être accomplie qu’en passant par la période de transition de la libération complète de toutes les nations opprimées, c’est-à-dire leur liberté à faire sécession. Lorsque Lénine a présenté le programme du parti en 1917, il a dit « Nous voulons la libre unification, c’est pourquoi nous devons reconnaître le droit à faire sécession. Sans droit à faire sécession, l’unification ne peut pas être dite libre. » C’était l’approche démocratique du prolétariat à la question nationale, qui s’opposait à la politique de la bourgeoisie d’oppression nationale et d’annexion.