Deux politiques de coexistence pacifique diamétralement opposées
Parti Communiste de Chine
La Coopération Soviéto-Américaine, Âme de la Ligne Générale de «Coexistence Pacifique» de la Direction du P.C.U.S.
Ces dernières années, la direction du P.C.U.S. ne jure plus que par la « coexistence pacifique ». Mais en fait, son attitude envers la Chine et certains autres pays socialistes non seulement va à l’encontre de l’internationalisme prolétarien, mais encore ne s’accorde pas avec les cinq principes de la coexistence pacifique.
Pour aller droit au but, disons que si la direction du P.C.U.S. prêche sans cesse la coexistence pacifique en tant que ligne générale de sa politique extérieure, c’est qu’elle veut des pays socialistes et de tous les partis communistes qu’ils s’alignent sur la coopération soviéto-américaine qui hante ses rêves depuis des années.
La coopération soviéto-américaine décidant du sort du monde, telle est l’âme de la ligne générale de « coexistence pacifique » de la direction du P.C.U.S.
Passons donc en revue les perles qu’elle a débitées !
« Les deux super-puissances de l’époque, l’Union soviétique et les Etats-Unis d’Amérique, laissent loin derrière elles n’importe quel autre pays du monde »((N.N. Yakovlev, Depuis trente ans… (Brochure éditée par l’U.R.S.S. à l’occasion du 30ème anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre l’U.R.S.S. et les U.S.A.).)).
« Chacune de ces deux puissances se trouve à la tête d’un grand nombre de pays – l’Union soviétique à la tête du système socialiste mondial, les Etats-Unis d’Amérique – à la tête du camp capitaliste »((Ibidem.)).
« Nous [l’U.R.S.S. et les Etats-Unis] sommes les pays les plus puissants du monde. Si nous nous unissons dans l’intérêt de la paix, il n’y aura pas de guerre. Et si un fou s’avisait alors de déclencher la guerre, il nous suffirait de le menacer du doigt pour qu’il se calme ».
« Si un accord est conclu entre le chef du Gouvernement soviétique, N.S. Khrouchtchev, et le président des Etats-Unis, J. Kennedy, il sera trouvé une solution aux problèmes internationaux dont dépend le sort de l’humanité »((Discours de A.A. Gromyko prononcé le 13 décembre 1962 à la session du Soviet suprême.)).
Nous voulons demander aux dirigeants du P.C.U.S. : « L’impérialisme américain étant l’ennemi le plus féroce des peuples du monde entier et la principale force d’agression et de guerre, ce qui est très explicitement stipulé dans les Déclarations de 1957 et de 1960, comment pouvez-vous « vous unir » avec le principal ennemi de la paix mondiale pour « assurer la paix » ?
Nous voulons encore demander aux dirigeants du P.C.U.S. : La bonne centaine de pays que compte le monde, et les plus de trois milliards d’hommes qui constituent la population mondiale n’ont-ils pas le droit de décider de leur propre sort ?
Doivent-ils laisser docilement les deux « géants », les deux « super-puissances » l’Union soviétique et les Etats-Unis, disposer de leur sort ? Cette insolente absurdité, n’est-ce pas du chauvinisme de grande puissance à cent pour cent ? N’est-ce pas, dans toute l’acception du terme, la politique du plus fort ?
Nous voulons encore demander aux dirigeants du P.C.U.S. : Pensez-vous vraiment qu’il suffit qu’intervienne un accord entre l’Union soviétique et les Etats-Unis, entre les deux «grands hommes », pour que le sort de toute l’humanité soit tranché, pour que tous les problèmes internationaux soient réglés ? Vous vous trompez, et sur toute la ligne. Jamais les choses n’ont été telles, depuis que le monde est monde, et d’autant moins dans les années 60 du XXe siècle.
Le monde d’aujourd’hui est un complexe enchevêtrement de contradictions : contradictions entre le camp socialiste et le camp impérialiste, contradictions entre le prolétariat et la bourgeoisie au sein des pays capitalistes, contradictions entre nations opprimées et impérialisme, contradictions entre pays impérialistes, et contradictions entre groupes monopolistes impérialistes. Ces contradictions disparaîtraient-elles une fois un accord intervenant entre l’Union soviétique et les Etats-Unis ?
La direction du P.C.U.S. n’a d’yeux que pour un seul pays : les Etats-Unis. Dans sa recherche de la coopération soviéto-américaine, elle n’hésite pas à trahir les vrais amis et alliés du peuple soviétique, les frères de classe, ainsi que toutes les nations et tous les peuples opprimés qui, aujourd’hui encore, vivent sous le régime capitaliste-impérialiste.
La direction du P.C.U.S. fait tout pour ruiner le camp socialiste. Elle s’en est prise au Parti communiste chinois par le mensonge et la diffamation, jusqu’à épuiser tout ce qui existe en la matière, elle a usé de pressions politiques et économiques contre la Chine. Quant à l’Albanie socialiste, elle ne se tiendra pas pour satisfaite avant de l’avoir détruite. De concert avec l’impérialisme américain, elle a fait pression sur Cuba révolutionnaire, exigeant le sacrifice de sa souveraineté et de sa dignité.
La direction du P.C.U.S. fait l’impossible pour saboter la lutte révolutionnaire des peuples contre l’impérialisme et ses laquais. Elle se fait le prédicateur du social-réformisme, désagrège la combativité révolutionnaire du prolétariat et de son Parti politique. S’adaptant aux besoins de l’impérialisme, elle s’emploie à saper le mouvement de libération nationale, se faisant de plus en plus manifestement le défenseur du néo-colonialisme américain.
Et qu’a donc obtenu de l’impérialisme américain la direction du P.C.U.S., elle qui, dans la recherche de la coopération soviéto-américaine, a dépensé d’incalculables sommes d’énergie et payé un si lourd tribut ?
Dès 1959, Khrouchtchev a été fasciné par les rencontres au sommet entre l’Union soviétique et les Etats-Unis. Quels rêves mirifiques n’a-t-il pas faits à ce sujet, et quelles illusions n’a-t-il pas répandues ! Il a fait un vif éloge d’Eisenhower, le disant « un grand homme » qui « comprend la grande politique »((Discours de N.S. Khrouchtchev prononcé le 17 septembre 1959 au déjeuner offert par le maire de New York.)), et il a félicité chaleureusement Kennedy, affirmant que celui-ci « se rendait compte de la grande responsabilité qui incombe aux gouvernements de deux Etats aussi puissants »((Discours télévisé de N.S. Khrouchtchev, 15 juin 1961.)).
La direction du P.C.U.S. a exalté tapageusement le soi-disant « esprit de Camp David » et proclamé à cor et à cri que la rencontre de Vienne était un « événement d’une importance historique ». La presse soviétique lança l’idée que lorsque les chefs de gouvernement soviétique et américain seraient assis face à face, l’histoire de l’humanité accéderait à « un nouveau tournant ». Et qu’une « ère nouvelle » serait inaugurée dans les relations internationales par la première poignée de main des deux grands hommes.
Mais comment l’impérialisme américain, lui, traite-t-il la direction du P.C.U.S. ? Un peu plus d’un mois après les entretiens de Camp Davis, Eisenhower déclarait ouvertement : «J’ignore s’il y a un quelconque esprit de Camp David ». Un peu plus de sept mois après ces mêmes entretiens, Eisenhower envoyait un avion-espion U-2 violer l’espace aérien de l’U.R.S.S, torpillant de ce fait, la Conférence des chefs de gouvernement des quatre puissances.
Peu après la rencontre de Vienne, Kennedy posait ouvertement d’insolentes conditions pour une paix de vingt ans entre l’Union soviétique et les Etats-Unis, à savoir : abstention soviétique en matière de soutien à la lutte révolutionnaire des peuples ; restauration du régime capitaliste dans les pays socialistes d’Europe orientale.
Et un peu plus d’un an après la rencontre de Vienne, Kennedy ordonnait un blocus militaire de Cuba dans le style pirate, créant ainsi la crise des Caraïbes.
« Du plus haut des cieux au plus profond des enfers, l’immensité informe et vague ne recèle rien », et où sont donc passés « l’esprit de Camp David », le « tournant de l’histoire de l’humanité, l’« ère nouvelle dans les relations internationales » et tout ce qui valut si grand tapage pendant un temps ?
Après la conclusion du traité tripartite sur l’interdiction partielle des essais nucléaires, la direction du P.C.U.S. se mit en devoir d’exalter outrancièrement le soi-disant « esprit de Moscou ». Elle prétendit qu’il faut « battre le fer tant qu’il est chaud », que « toutes les conditions favorables sont réunies » pour un nouvel accord entre l’Union soviétique et les Etats-Unis et qu’il ne faut pas « laisser passer le temps » et aller « sans précipitation »((« Le Temps n’attend pas », article du commentateur des Izvestia du 21 août 1963.)).
Quel est donc cet « esprit de Moscou ? » Voyons les événements récents.
En vue de créer une meilleure ambiance pour la « coopération soviéto-américaine », la direction du P.C.U.S., en même temps qu’elle organisait à Moscou un meeting pour fêter le 30ème anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre l’Union soviétique et les Etats-Unis, envoyait une délégation culturelle aux Etats-Unis à des fins d’activités commémoratives. Et comment son « enthousiasme » a-t-il été payé en retour ? Tout le personnel de l’Ambassade des Etats-Unis en Union soviétique a refusé d’assister au meeting de célébration à Moscou.
Et le Département d’Etat a publié un mémorandum spécial invitant le public américain à boycotter la délégation culturelle soviétique, qu’il qualifia de « gens extrêmement dangereux et suspects ».
Alors que la direction du P.C.U.S. vantait bruyamment la « coopération soviéto-américaine», les Etats-Unis envoyait un espion, Barghoorn, s’occuper en Union soviétique. L’arrestation de celui-ci par le gouvernement soviétique était parfaitement légitime.
Mais lorsque Kennedy eut crié que le marché pour le blé entre les U.S.A. et l’U.R.S.S. «dépendait d’une atmosphère raisonnable dans les deux pays » et que « cette atmosphère avait été considérablement détériorée par l’arrestation de Barghoorn », le gouvernement soviétique, sous prétexte de « l’intérêt porté par de hauts fonctionnaires américains au sort de Barghoorn », s’empressa, sans autre forme de procès, de remettre en liberté cet espion américain dont la «culpabilité en matière d’activités d’espionnage contre l’U.R.S.S … avait été confirmé par l’enquête ».
Est-ce tout cela, l’« esprit de Moscou » ? Si oui, ce serait vraiment très triste.
Qui aurait jamais pensé que Moscou, la capitale du premier pays socialiste, ce nom lumineux si cher à des millions et des millions d’hommes dans le monde depuis la grande Révolution d’Octobre, viendrait à être utilisé par la direction du P.C.U.S. pour masquer sa sordide complicité avec l’impérialisme américain, et ainsi à se couvrir d’opprobre !
Bref, pour quémander l’ « amitié » et la « confiance » de l’impérialisme américain, que de bonnes paroles la direction du P.C.U.S. ne lui a-t-elle pas adressées ? Quelles marques de déférence n’a-t-elle pas sollicitées auprès de lui ? A quelles colères ne s’est-elle pas laissée aller contre des pays frères et des partis frères ? Quelles pressions n’a-t-elle pas exercées sur eux ? A quels artifices et mystifications n’a-t-elle pas recouru contre les peuples révolutionnaires ? Mais, les fleurs enamourées ont beau faire pleuvoir leurs pétales, le ruisseau poursuit son cours impassible. Et de l’impérialisme américain, la direction du P.C.U.S. n’a obtenu en tout et pour tout qu’humiliation, et rien d’autre que de l’humiliation.