n°1 (21 novembre 1924)

Cahiers du Bolchevisme (n°1)

Organe théorique du Parti Communiste Français (S.F.I.C.)

(21 novembre 1924)

Sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire… Ce n’est que s’il est dirigé par une théorie d’avant-garde que le Parti peut jouer le rôle de combattant d’avant-garde
– LENINE.

Aux lecteurs du «Bulletin Communiste»

Voilà que le Parti se réorganise, et cette fois sur une base de granit, sur les cellules, c’est-à-dire au sein même des masses au travail.

Et c’est un pas sérieux vers le chemin de la Révolution.

Mais il en reste un autre infiniment plus important, le pas décisif, celui-la il s’agit de la bolchevisation idéologique du Parti.

Le vieil adage: « Savoir c’est pouvoir », galvaudé d’ailleurs par les réformistes, est plus vrai pour un parti communiste que pour tout autre parti.

On n’est point communiste si l’on ne sait pas se pencher patiemment, longuement, sur tous les éléments sociaux, sur tous les événements historiques, sur tous les faits politiques et économiques, afin de les analyser et d’en tirer la ligne à suivre, la tactique à employer, l’action à mener.

On n’est pas communiste surtout si on ne s’assimile pas, non de façon livresque, mais de façon complète et vivante, la doctrine du génial penseur et du chef incomparable Lénine, le seul véritable interprétateur et continuateur de Marx, doctrine tout entière tournée vers ce but unique et formidable: accomplir la Révolution sociale, instaurer la dictature du prolétariat pour réaliser enfin le Communisme.

Le Bulletin Communiste d’hier s’est bien essayé à la préparation scientifique-marxiste de ses lecteurs. Mais il l’a fait de façon insuffisante, bien fragmentaire, on dirait presque en dilettante.

Et surtout il a donné au léninisme une place tout à fait subalterne, le coin du parent pauvre, semblait-il. Il n’y a qu’à comparer la quantité d’articles de Lénine, publiés en l’année 1923, avec celle des articles de Trotsky (la proportion de ces derniers est sept fois plus grande), pour comprendre l’état d’esprit, la ligne et le dessein de son directeur d’alors, Souvarine.

Ajoutons aussi que le Parti lui-même ne s’intéressait que médiocrement aux études sociologiques sérieuses. Le petit nombre des lecteurs du Bulletin, la pauvreté lamentable de ses Éditions en étaient autant de preuves.

Et puis, un événement infiniment tragique, la mort de Lénine, a déclenché dans le monde entier, et plus particulièrement dans les masses de tous les partis communistes, en même temps qu’un grand sursaut collectif de volonté d’action, un désir formidable de savoir.

C’est pour satisfaire ce désir, c’est pour faire connaître, pour la pratiquer, l’œuvre géniale de Lénine, c’est pour doter les militants du Parti, ses adhérents, en dehors des autres formes d’éducation (écoles léninistes, cours marxistes, publication des œuvres de Lénine, etc.), à la fois de cet instrument parfait qu’est le marxisme et de cette arme inégalable qu’est le léninisme, que les Cahiers du Bolchevisme vont remplacer le Bulletin Communiste.

Des extraits inédits de l’œuvre de Lénine, des analyses sérieuses de ses principaux aspects seront publiés régulièrement.

Bien entendu, l’actualité politique et économique ne sera pas sacrifié.

Nous continuerons, comme dans le Bulletin Communiste, à réserver une place importante aux questions organisatrices et en particulier à celle des Cellules. Ce sera le « Coin du militant ». A tous nos camarades de l’utiliser et de rendre cette rubrique aussi vivante, aussi féconde que possible.

Le 5e Congrès l’a répété avec force. « Sans une idéologie vraiment scientifique, sans une étude de plus en plus approfondie du léninisme, il n’y a pas de bolchevisation possible, c’est-à-dire il n’y a pas de révolution prolétarienne victorieuse. »

LA RÉDACTION