Intervention à la Conférence nationale du parti Communiste Chinois sur le travail de propagande

Intervention à la Conférence nationale du parti Communiste Chinois sur le travail de propagande

Mao Zedong

12 mars 1957

   Camarades, notre Conférence a fait du bon travail. Un grand nombre de questions y ont été soulevées, ce qui nous a permis d’apprendre beaucoup de choses. Je voudrais maintenant faire quelques remarques sur les questions que vous avez discutées.

   Nous vivons dans une période de grands changements sociaux. La Chine passe depuis longtemps par de telles périodes. La Guerre de Résistance contre le Japon en fut une, la Guerre de Libération également. Mais les changements qui se produisent aujourd’hui sont, de par leur nature, bien plus profonds que les précédents. Nous édifions en ce moment le socialisme. Des centaines de millions d’hommes participent au mouvement de transformation socialiste. Les rapports entre les différentes classes du pays changent. La petite bourgeoisie dans l’agriculture et l’artisanat comme la bourgeoisie dans l’industrie et le commerce ont connu des changements. Le régime socio-économique a changé ; l’économie individuelle s’est transformée en économie collective, et la propriété privée, capitaliste, se transforme en propriété publique, socialiste. Des changements d’une telle ampleur ont naturellement leur reflet dans l’esprit des hommes. L’existence sociale des hommes détermine leur conscience. A ces grands changements dans notre régime social, les gens réagissent différemment selon les classes, couches et groupes sociaux auxquels ils appartiennent. Les larges masses y applaudissent chaleureusement, car la vie même a prouvé que le socialisme constitue la seule solution possible pour la Chine. Renverser le régime ancien et en instaurer un nouveau, le socialisme, c’est une grande lutte, un profond changement dans le régime social et dans les rapports entre les hommes. Dans l’ensemble, il faut le dire, la situation est saine. Toutefois, le nouveau régime social vient de s’établir et il faut un certain temps pour qu’il soit consolidé. N’allons pas croire qu’il le soit parfaitement dès son instauration ; cela est impossible. Il ne peut être consolidé que progressivement. Pour qu’il le soit de façon définitive, il faut réaliser l’industrialisation socialiste du pays, poursuivre avec persévérance la révolution socialiste sur le front économique, et, de plus, déployer sur les fronts politique et idéologique de durs et constants efforts en vue de la révolution et de l’éducation socialistes. Par ailleurs, il faut que différentes conditions internationales y contribuent. Dans notre pays, la lutte pour la consolidation du régime socialiste, la lutte qui décidera de la victoire du socialisme ou du capitalisme, s’étendra sur une très longue période historique. Mais nous devons nous rendre compte que le régime nouveau, socialiste, se consolidera infailliblement. Nous édifierons un pays socialiste doté d’une industrie, d’une agriculture, d’une science et d’une culture modernes. Voilà le premier point que je voulais traiter.

   Deuxièmement, la situation de nos intellectuels. Il n’y a pas de statistiques précises pour nous dire au juste combien nous avons d’intellectuels en Chine. Selon certaines estimations, il y en a environ 5 millions de toutes catégories, intellectuels en général et grands intellectuels. Dans leur immense majorité, ils sont patriotes, aiment notre République populaire et sont prêts à servir le peuple et l’Etat socialiste. Un petit nombre d’entre eux ne sont pas tellement favorables au socialisme et n’en sont pas si satisfaits. Ils se montrent encore sceptiques à l’égard du socialisme, mais ils sont néanmoins patriotes, face à l’impérialisme. Les intellectuels hostiles à notre Etat sont en nombre infime. Ce sont des gens qui n’aiment pas notre Etat de dictature du prolétariat ; ils regrettent l’ancienne société. A la moindre occasion, ils fomentent des troubles, cherchant à renverser le Parti communiste et à restaurer l’ancien régime. Entre la ligne du prolétariat et celle de la bourgeoisie, c’est-à-dire entre la ligne du socialisme et celle du capitalisme, ils s’obstinent à choisir la seconde. En fait, comme celle-ci est impraticable, ils sont prêts à capituler devant l’impérialisme, le féodalisme et le capitalisme bureaucratique. De telles gens se rencontrent dans les milieux de la politique, de l’industrie, du commerce, de la culture, de l’enseignement comme dans les milieux scientifiques, techniques et religieux ; ils sont extrêmement réactionnaires. Ils ne représentent guère qu’un, deux ou trois centièmes des 5 millions d’intellectuels. Ceux-ci, dans leur immense majorité, c’est-à-dire plus de 90 pour cent des 5 millions, soutiennent à des degrés différents, le régime socialiste. Mais beaucoup d’entre eux ne savent pas encore très bien comment travailler en régime socialiste, comment comprendre, traiter et résoudre tant de questions nouvelles.

   En ce qui concerne l’attitude des quelque 5 millions d’intellectuels à l’égard du marxisme, on peut dire que plus de 10 pour cent d’entre eux, membres du Parti et sympathisants, connaissent relativement bien le marxisme, et, bien plantés sur leurs jambes, se tiennent avec fermeté sur la position du prolétariat. Sur un total de 5 millions, ils sont une minorité, mais ils forment le noyau et constituent une force puissante. La plupart des intellectuels désirent étudier le marxisme, ils l’ont même étudié un peu, sans toutefois le bien connaître. Certains d’entre eux conservent encore des doutes, ne sont pas bien plantés sur leurs jambes et vacillent dès que se lève la tempête. Cette partie des intellectuels — la majorité des 5 millions — reste dans une situation intermédiaire. Les intellectuels résolument opposés au marxisme, ceux qui ont une attitude hostile à son égard, sont en nombre infime. Sans le dire ouvertement, certaines gens désapprouvent au fond le marxisme. Il y aura encore longtemps de ces gens-là, et nous devons leur permettre de ne pas l’approuver. Ainsi, certains idéalistes peuvent approuver le régime politique et économique du socialisme sans être d’accord avec la conception marxiste du monde. Il en est de même des patriotes dans les milieux religieux. Ils sont déistes, et nous sommes athées. Nous ne pouvons leur imposer la conception marxiste du monde. Bref, si l’on considère l’attitude des quelque 5 millions d’intellectuels à l’égard du marxisme, voici ce qu’on peut en dire : Ceux qui l’approuvent et le connaissent relativement bien sont une minorité ; ceux qui s’y opposent sont également une minorité ; la majorité l’approuve sans le bien connaître, et cette approbation comporte des degrés très différents. Les positions adoptées sont donc de trois sortes : fermeté, hésitation ou hostilité. Cette situation durera longtemps encore, nous devons le reconnaître, sinon nous pourrions nous montrer trop exigeants envers les autres, tout en nous assignant à nous une tâche trop modeste. Nos camarades affectés à la propagande ont pour tâche de diffuser le marxisme. Il s’agit de le faire progressivement et bien, de manière à obtenir une adhésion de plein gré. On ne peut faire accepter le marxisme par la contrainte, mais seulement par la persuasion. Si, au cours des quelques quinquennats à venir, une proportion relativement élevée de nos intellectuels adhèrent au marxisme et en acquièrent une assez bonne compréhension par la pratique dans le travail et dans la vie, par la pratique de la lutte des classes, de la production et de la recherche scientifique, ce sera bien. Et c’est ce que nous espérons.

   Troisièmement, la rééducation des intellectuels. Du point de vue culturel, la Chine est un pays peu développé. Cinq millions d’intellectuels, c’est nettement insuffisant pour un grand pays comme le nôtre. Sans les intellectuels, nous ne saurions bien faire notre travail, c’est pourquoi nous devons les unir à nous de notre mieux. La société socialiste comprend essentiellement trois catégories de personnes : les ouvriers, les paysans et les intellectuels. Les intellectuels sont des travailleurs qui fournissent un effort mental. Leur activité est au service du peuple, c’est-à-dire au service des ouvriers et des paysans. Dans leur majorité, ils peuvent servir la Chine nouvelle comme ils ont pu servir l’ancienne Chine, ils peuvent servir le prolétariat comme ils ont pu servir la bourgeoisie. Lorsque les intellectuels servaient l’ancienne Chine, l’aile gauche faisait de la résistance, les éléments du centre hésitaient et seule l’aile droite restait ferme. Maintenant qu’ils servent la société nouvelle, les rôles sont renversés : l’aile gauche est ferme, les éléments du centre hésitent (les hésitations dans la société nouvelle ne sont plus les mêmes que dans le passé) et l’aile droite fait de la résistance. De plus, les intellectuels sont des éducateurs. Notre presse éduque tous les jours le peuple. Nos écrivains et nos artistes, nos scientifiques et nos techniciens, nos professeurs et nos instituteurs s’emploient tous à former des élèves, à éduquer le peuple. Etant des maîtres, des éducateurs, ils ont pour premier devoir de s’éduquer. Et cela d’autant plus que nous traversons une période de grands changements dans le régime social. Ces dernières années, ils ont reçu une formation marxiste, et, à force d’application, certains ont même fait de grands progrès. Mais la majorité d’entre eux ont encore un long chemin à parcourir avant de pouvoir remplacer tout à fait leur conception bourgeoise du monde par la conception prolétarienne. Certains se croient bien savants pour avoir lu quelques livres marxistes, mais leurs lectures ne pénètrent pas, ne prennent pas racine dans leur esprit ; ils ne savent pas en faire usage et leurs sentiments de classe restent inchangés. D’autres sont pleins de morgue ; si peu qu’ils aient lu, ils se croient importants, se gonflent d’orgueil. Mais dès que souffle la tempête, leur position se révèle fort différente de celle des ouvriers et de la plupart des paysans travailleurs : elle est vacillante alors que celle-ci est ferme, elle est équivoque alors que celle-ci est claire et nette. Ainsi donc, on a tort de croire que ceux qui éduquent n’ont plus besoin d’être éduqués ni d’apprendre, et que la rééducation socialiste concerne seulement les autres — les propriétaires fonciers, les capitalistes et les producteurs individuels — et non les intellectuels. Les intellectuels ont aussi besoin d’être rééduqués, et pas seulement ceux dont la position fondamentale n’a pas changé : tous doivent apprendre et se rééduquer. Je dis bien tous, y compris nous-mêmes. Les circonstances sont en perpétuel changement et, pour que nos idées s’adaptent aux conditions nouvelles, il nous faut apprendre. Même ceux qui connaissent assez bien le marxisme, et dont la position prolétarienne est relativement ferme, doivent continuer d’apprendre, d’assimiler ce qui est nouveau et d’étudier de nouveaux problèmes. A moins de se débarrasser de tout ce qu’il y a de malsain dans leur esprit, les intellectuels ne sauraient éduquer les autres. Evidemment, ce que nous avons à faire, c’est d’apprendre tout en enseignant, de nous mettre sur les bancs tout en servant de maîtres. Pour être bon maître, il faut avant tout être bon élève. Il y a beaucoup de choses qu’on n’apprend pas dans les livres seuls, il faut les apprendre auprès des producteurs — des ouvriers et des paysans — et, à l’école, auprès des élèves, auprès de ceux qu’on enseigne. A mon avis, la plupart de nos intellectuels veulent apprendre. Notre tâche est de les y aider de bonne grâce et de manière appropriée, sur la base de leur libre consentement, et non de les faire étudier par la contrainte.

   Quatrièmement, la fusion des intellectuels avec la masse des ouvriers et des paysans. Puisque les intellectuels sont appelés à servir les masses ouvrières et paysannes, ils doivent tout d’abord les comprendre et bien connaître leur vie, leur travail et leur mentalité. Nous recommandons aux intellectuels d’aller parmi les masses, dans les usines, dans les campagnes. Il serait fort mauvais qu’ils ne se trouvent jamais, de toute leur vie, avec des ouvriers et des paysans. Nos travailleurs de l’Etat, nos écrivains, nos artistes, nos enseignants et nos travailleurs de la recherche scientifique doivent saisir toutes les occasions possibles pour entrer en contact avec les ouvriers et les paysans. Certains peuvent aller dans les usines ou à la campagne juste pour jeter un coup d’œil et faire un tour ; cela s’appelle « regarder les fleurs du haut de son cheval », ce qui vaut toujours mieux que de rester chez soi et ne rien voir. D’autres peuvent y séjourner plusieurs mois pour mener des enquêtes et se faire des amis ; cela s’appelle « descendre de cheval pour regarder les fleurs ». D’autres encore peuvent y rester et y vivre longtemps, par exemple, deux ou trois ans, ou même plus ; cela s’appelle « s’établir ». Certains intellectuels vivent déjà parmi les ouvriers et les paysans : par exemple, les techniciens de l’industrie sont déjà dans les usines, les techniciens de l’agriculture et les maîtres des écoles rurales, dans les campagnes. Il s’agit pour eux de bien accomplir leur travail, de ne faire qu’un avec les ouvriers et les paysans. Prendre contact avec les masses ouvrières et paysannes doit devenir un usage ; autrement dit, il faut qu’un grand nombre d’intellectuels suivent cette pratique. Pas tous, évidemment ; certains ne peuvent, pour une raison ou une autre, aller dans les usines ou à la campagne ; mais nous espérons que les intellectuels s’y rendront en aussi grand nombre que possible. D’ailleurs, il n’est pas question pour eux de partir tous à la fois, mais successivement et par groupes. A l’époque où nous étions à Yenan, nous avons fait en sorte que les intellectuels puissent entrer en contact direct avec les ouvriers et les paysans. En ce temps-là, beaucoup d’entre eux avaient l’esprit fort confus et toutes sortes d’opinions bizarres. Nous avons, au cours d’une réunion, conseillé à tout le monde d’aller parmi les masses. Beaucoup l’ont fait par la suite, avec d’excellents résultats. Les connaissances acquises par les intellectuels dans les livres restent incomplètes, voire très incomplètes, tant qu’elles ne sont pas liées à la pratique. Or, c’est essentiellement par les livres que les intellectuels recueillent l’expérience de nos prédécesseurs. Certes, étudier dans les livres est indispensable, mais cela ne suffit pas pour résoudre les problèmes. Il faut étudier la situation du moment, examiner l’expérience pratique et les données de la réalité ; il faut être ami des ouvriers et des paysans. Nouer amitié avec eux n’est point chose facile. Même aujourd’hui, parmi ceux qui vont dans les usines ou à la campagne, les uns obtiennent de bons résultats, les autres pas. Il s’agit là d’une question de position ou d’attitude, c’est-à-dire de conception du monde. Nous préconisons le principe « Que cent écoles rivalisent » et nous estimons qu’il peut exister de nombreuses tendances, de multiples écoles dans chaque branche de la connaissance ; mais pour ce qui est de la conception du monde, il n’y a au fond, à notre époque, que deux écoles : l’école prolétarienne et l’école bourgeoise. C’est ou la conception prolétarienne ou la conception bourgeoise. La conception communiste du monde est celle du prolétariat et non d’une autre classe. La plupart de nos intellectuels viennent de l’ancienne société et de familles qui n’appartiennent pas aux classes laborieuses. Certains, qui sont issus de familles ouvrières ou paysannes, sont néanmoins des intellectuels bourgeois, car l’éducation qu’ils ont reçue avant la Libération était celle de la bourgeoisie et leur conception du monde est restée essentiellement bourgeoise. Si les intellectuels ne rejettent pas ce qui est ancien pour adopter la conception prolétarienne, ils seront toujours différents des ouvriers et des paysans par leur point de vue, la position qu’ils prennent et leurs sentiments ; ils ne cadreront pas avec eux et ceux-ci ne leur ouvriront jamais leur cœur. Si les intellectuels se lient avec les ouvriers et les paysans et deviennent leurs amis, ils seront capables de s’assimiler le marxisme qu’ils ont appris dans les livres. Pour apprendre le marxisme, il ne suffit pas de l’étudier dans les livres ; c’est surtout par la lutte des classes, le travail pratique et les contacts avec les masses ouvrières et paysannes qu’on arrive à le faire sien réellement. Si, après avoir lu des ouvrages marxistes, nos intellectuels acquièrent encore quelque compréhension du marxisme au contact des masses ouvrières et paysannes et dans leur travail pratique, nous parlerons tous le même langage, non seulement le langage du patriotisme et du socialisme, mais probablement aussi le langage de la conception communiste du monde, et notre travail à tous en sera sûrement beaucoup mieux fait.

   Cinquièmement, la rectification. Il s’agit ici d’une rectification de notre mode de pensée et de notre style de travail. Des mouvements de rectification ont été entrepris au sein du Parti communiste pendant la Guerre de Résistance contre le Japon, puis lors de la Guerre de Libération et enfin peu après la fondation de la République populaire de Chine. Le Comité central du Parti communiste a pris maintenant la décision d’en lancer un autre cette année au sein du Parti. Les non-communistes sont libres d’y participer ou non. Il s’agira surtout de critiquer les erreurs apparues dans le mode de pensée et le style de travail, à savoir le subjectivisme, la bureaucratie et le sectarisme. La méthode employée sera la même qu’au cours de la Guerre de Résistance contre le Japon : on étudiera d’abord un certain nombre de documents, à la lumière desquels chacun passera ensuite à l’examen de ses propres idées et de son propre travail et procédera à la critique et à l’autocritique, afin de mettre au jour insuffisances et erreurs et de développer tout ce qui est bon et juste. D’une part, on usera de toute la rigueur nécessaire pour faire consciencieusement, et non par manière d’acquit, la critique et l’autocritique des insuffisances et des erreurs et pour les corriger ; d’autre part, on appliquera la méthode du « vent doux » et de la « pluie fine » et le principe qui consiste à « tirer la leçon des erreurs passées pour en éviter le retour et guérir la maladie pour sauver l’homme », en s’interdisant d' »assommer les gens d’un coup de massue ».

   Nous sommes un grand, glorieux et juste Parti. C’est là un fait indéniable. Mais nous avons encore des insuffisances : autre fait indéniable. Nous ne devons pas approuver comme positif tout ce que nous avons entrepris, mais seulement ce qui est juste ; d’autre part, nous ne devons pas non plus rejeter comme négatif tout ce que nous avons fait, mais seulement ce qui est faux. Dans notre travail, les succès constituent l’essentiel, pourtant les insuffisances et les erreurs ne sont pas négligeables. C’est pourquoi il nous faut entreprendre un mouvement de rectification. Mais si nous nous mettons à critiquer nous-mêmes notre subjectivisme, notre bureaucratie et notre sectarisme, le prestige de notre Parti ne pourrait-il en souffrir ? Je ne le pense pas. Bien au contraire, son prestige en sortira grandi. Le mouvement de rectification mené pendant la Guerre de Résistance en est une preuve. Il a rehaussé le prestige du Parti, de nos camarades et de nos vieux cadres ; il a permis aussi aux nouveaux cadres de faire de grands progrès. Des deux partis, le Parti communiste et le Kuomintang, lequel avait peur de la critique ? Le Kuomintang. Celui-ci interdisait la critique, mais cela ne l’a pas sauvé de la défaite. Le Parti communiste ne craint pas la critique, car nous sommes des marxistes, la vérité est de notre côté, et les masses fondamentales — les ouvriers et les paysans — sont de notre côté. La rectification est, comme nous le disions, un « mouvement général pour l’éducation marxiste »((Voir « De la production par l’armée des biens nécessaires à ses besoins et de l’importance des deux grands mouvements pour la rectification du style de travail et pour le développement de la production », Œuvres choisies de Mao Zedong, tome III, pp. 293-298. Mao Zedong, Œuvres Choisies, Tome V, pp.458-473)). C’est en effet l’étude, dans tout le Parti, du marxisme au moyen de la critique et de l’autocritique. Nous approfondirons certainement notre connaissance du marxisme au cours de ce mouvement.

   C’est nous qui avons la tâche de diriger la transformation et l’édification de la Chine. Lorsque nous aurons rectifié notre mode de pensée et notre style de travail, nous travaillerons avec plus d’initiative, plus de compétence, et donc mieux. Notre pays a besoin d’un grand nombre d’hommes qui servent sincèrement le peuple et le socialisme et qui soient déterminés à accomplir des transformations. Nous communistes, nous devons tous être de ces hommes. Autrefois, dans l’ancienne Chine, parler de réformes était un crime, on vous aurait décapité ou mis en prison. Pourtant, il y avait à l’époque des réformateurs résolus ; ils n’avaient peur de rien et, dans les conditions les plus difficiles, publiaient des livres et des journaux, éduquaient et organisaient le peuple et poursuivaient une lutte inflexible. La dictature démocratique populaire a ouvert la voie au développement rapide de l’économie et de la culture dans notre pays. Ce pouvoir d’Etat est fondé depuis quelques années seulement, mais déjà on constate un épanouissement sans précédent dans le domaine économique comme dans ceux de la culture, de l’éducation et de la science. Nous, communistes, ne redoutons aucune difficulté dans l’édification de la Chine nouvelle. Mais nous ne pouvons l’accomplir à nous seuls. Nous avons besoin d’un grand nombre d’hommes au noble idéal en dehors du Parti qui puissent mener avec nous une lutte intrépide pour transformer et édifier notre société dans le sens du socialisme et du communisme. C’est une tâche ardue que d’assurer une vie meilleure à des centaines de millions de Chinois, de transformer notre pays économiquement et culturellement arriéré en un pays prospère, puissant, doté d’une culture hautement développée. Et c’est pour mieux assumer cette tâche et pour mieux travailler avec tous les hommes au noble idéal en dehors du Parti, déterminés à faire aboutir des transformations, que nous devons, à présent comme dans l’avenir, entreprendre des mouvements de rectification et corriger sans relâche ce qu’il y a d’erroné en nous. Les matérialistes conséquents sont des hommes sans peur. Nous espérons que tous nos compagnons de lutte prendront courageusement leurs responsabilités et vaincront les difficultés, qu’ils ne craindront ni les revers ni les railleries et qu’ils n’hésiteront pas à nous faire, à nous autres communistes, des critiques et des suggestions. « Celui qui ne craint pas d’être lardé de coups d’épée ose désarçonner l’empereur » — c’est cet esprit intrépide que nous devons avoir dans le combat pour le socialisme et le communisme. Quant à nous, communistes, nous devons créer des conditions favorables pour ceux qui coopèrent avec nous, établir avec eux de bons rapports de camaraderie au cours du travail en commun et nous unir avec eux dans la lutte commune.

   Sixièmement, la question du point de vue unilatéral. Regarder un seul côté des choses, c’est penser dans l’absolu, c’est envisager les problèmes métaphysiquement. Quand il s’agit d’apprécier notre travail, on fait preuve d’une vue unilatérale en l’approuvant entièrement comme en le condamnant en bloc. C’est pourtant ce que font bien des gens au sein du Parti et un grand nombre d’autres à l’extérieur du Parti. Tout approuver, c’est voir seulement le bon côté et non le mauvais, c’est admettre seulement les louanges et non les critiques. Prétendre que tout va bien dans notre travail ne correspond pas à la réalité. En effet, tout ne marche pas à souhait, et il existe encore des insuffisances et des erreurs. Mais que tout aille mal ne correspond pas non plus à la réalité. Une analyse est donc nécessaire. Tout condamner, c’est considérer, sans esprit d’analyse, que tout est mal fait, que rien ne mérite d’être loué dans une œuvre aussi grandiose que l’édification socialiste, dans cette grande lutte menée par plusieurs centaines de millions d’hommes, et que tout n’y serait que gâchis. Il ne faut certes pas confondre de nombreux partisans de ces vues avec les éléments hostiles au régime socialiste, néanmoins leurs vues sont tout à fait fausses et nuisibles, elles ne peuvent que nous décourager. Pour juger notre travail, l’approbation exclusive est aussi fausse que la négation exclusive. Nous devons critiquer ceux qui envisagent les problèmes de façon unilatérale, mais, ce faisant, nous devons aussi les aider suivant le principe : « tirer la leçon des erreurs passées pour en éviter le retour et guérir la maladie pour sauver l’homme ».

   Selon certains, puisqu’il s’agit d’une rectification et qu’il est demandé à chacun de donner son avis, il est inévitable que surgissent des vues unilatérales ; et demander aux gens de les éviter équivaut à ne pas les laisser parler. Cette assertion est-elle exacte ? Il est naturellement difficile pour chacun de ne pas avoir la moindre vue unilatérale. On part toujours de sa propre expérience pour examiner et traiter un problème, pour donner son avis, et il est parfois difficile de se garder de toute vue unilatérale. Mais ne devons-nous pas exiger qu’on se débarrasse peu à peu d’une vue aussi partielle et qu’on examine les problèmes de façon plus complète ? A mon avis, nous le devons. Car si nous ne le faisions pas, si nous n’exigions pas que de jour en jour, d’année en année, s’accroisse le nombre des gens qui sachent envisager les problèmes d’une manière relativement complète, nous piétinerions sur place, nous approuverions les vues unilatérales et nous irions à l’encontre du but auquel tend la rectification. Envisager les problèmes d’une manière unilatérale, c’est enfreindre la dialectique. Nous voudrions que la dialectique se répande progressivement et que tout le monde sache peu à peu utiliser cette méthode scientifique. Actuellement, certains de nos articles sont d’un style tout à fait pompeux, mais vides de contenu, dépourvus d’analyse, pauvres en arguments et sans force persuasive. Il faudrait qu’il y ait de moins en moins de ces articles. Quand on écrit des articles, il ne faut pas être pénétré de sa supériorité, mais se placer sur un pied d’égalité parfaite avec les lecteurs. Vous avez beau être dans les rangs de la révolution depuis des années, si vous tenez des propos erronés, on vous réfutera quand même. Plus vous prendrez de grands airs, plus on se détournera de vous et moins on vous lira. Nous devons travailler avec honnêteté, analyser les choses, écrire des articles qui soient convaincants ; il ne faut pas poser dans le but d’en imposer.

   Certains prétendent qu’on peut éviter les vues unilatérales dans un long article mais non dans un court essai. Est-ce qu’un essai en comporte nécessairement ? Comme je viens de le dire, les vues unilatérales sont souvent inévitables, et ce n’est pas tellement grave qu’il y en ait quelques-unes. Exiger que tout le monde ait une vue complète des choses gênerait le développement de la critique. Néanmoins, nous demandons que l’on s’efforce d’acquérir une vue relativement complète des choses et qu’on évite autant que possible les vues unilatérales dans un écrit, long ou court, fût-il un essai. Comment peut-on, disent certains, faire une analyse dans un essai de quelques centaines, d’un ou deux milliers de caractères ? Mais pourquoi pas ? Lou Sin ne l’a-t-il pas fait ? La méthode analytique est dialectique. Par analyse, on entend l’analyse des contradictions inhérentes aux choses et aux phénomènes. Sans bien connaître la réalité de la vie, sans comprendre véritablement les contradictions dont il s’agit, il est impossible de faire une analyse judicieuse. Lou Sin, dans la dernière période de sa vie, a pu écrire des essais qui comptent parmi les plus pénétrants et les plus vigoureux, et qui sont exempts de vues unilatérales, précisément parce qu’il avait alors assimilé la dialectique. De même, certains écrits de Lénine peuvent être considérés comme des essais ; ils sont satiriques et mordants, mais n’ont rien d’unilatéral. Les essais de Lou Sin étaient presque tous dirigés contre l’ennemi, et ceux de Lénine visaient soit l’ennemi, soit des camarades. Peut-on employer le genre des essais de Lou Sin contre les erreurs et les insuffisances dans les rangs du peuple ? Je pense que oui. Bien entendu, nous devons faire une claire distinction entre nous et nos ennemis, et ne pas adopter une position antagoniste à l’égard de nos camarades en les traitant comme l’ennemi. Nos écrits doivent être pénétrés du désir ardent de défendre la cause du peuple et d’élever son niveau de conscience politique, ils ne doivent ni ridiculiser ni attaquer ceux auxquels ils s’adressent.

   Que faire si l’on n’ose pas écrire ? Certains disent qu’ils n’osent pas écrire ce qu’ils ont à dire, par crainte d’offenser, de s’attirer des critiques. Je pense qu’il faut écarter de pareilles appréhensions. Nous avons un régime de démocratie populaire, ce qui crée un milieu favorable à l’activité littéraire au service du peuple. La politique « Que cent fleurs s’épanouissent, que cent écoles rivalisent » offre des garanties nouvelles pour le progrès de la science et de l’art. Si ce que vous écrivez est juste, vous n’avez rien à craindre de la critique, et vous pouvez, à travers le débat, clarifier encore vos vues justes. Et si ce que vous écrivez est faux, la critique vous aidera à corriger vos erreurs, et il n’y aura aucun mal à cela. Dans notre société, la critique et la contre-critique révolutionnaires et combatives constituent une bonne méthode pour mettre à nu les contradictions et les résoudre, pour développer la science et l’art et pour mener à bien notre travail dans tous les domaines.

   Septièmement, faut-il « encourager » l’expression des opinions ou la « restreindre » ? C’est là une question de politique. « Que cent fleurs s’épanouissent, que cent écoles rivalisent » est une politique fondamentale et à long terme, elle n’a rien de provisoire. Au cours de la discussion, nos camarades n’ont pas approuvé la « restriction ». Je pense qu’ils ont bien raison. Notre Comité central estime en effet qu’il faut « encourager » l’expression et non la « restreindre ».

   Pour diriger notre pays, on peut adopter deux méthodes ou encore deux politiques différentes : « encourager » l’expression ou la « restreindre ». « Encourager » l’expression, c’est donner libre cours à la voix publique, de façon que tout le monde ose parler, critiquer, discuter ; c’est ne pas craindre les propos erronés, ne pas craindre le venin ; c’est développer la controverse et la critique parmi ceux qui soutiennent des opinions différentes et admettre la critique autant que la contre-critique ; c’est venir à bout des vues erronées non par la contrainte, mais par la persuasion au moyen de l’argumentation. « Restreindre », c’est ne pas permettre aux gens de formuler des opinions divergentes, ne pas admettre qu’ils puissent exprimer des vues erronées, sous peine d’être « assommés d’un coup de massue ». Loin de résoudre les contradictions, cette méthode ne fait que les aggraver. « Encourager » l’expression ou la « restreindre » — il faut choisir l’une ou l’autre de ces politiques. Nous adoptons la première, parce qu’elle contribue à consolider notre pays et à développer notre culture.

   Nous nous proposons d' »encourager » l’expression des opinions, en vue d’unir à nous les millions d’intellectuels et de transformer leurs traits actuels. Comme je viens de le dire, l’immense majorité de nos intellectuels désirent faire des progrès ; ils veulent se rééduquer et ils le peuvent. La politique que nous adoptons joue ici un rôle très important. La question des intellectuels est avant tout une question d’idéologie, et user de méthodes brutales et de contrainte pour résoudre les problèmes idéologiques, ce n’est pas utile, c’est nuisible. La rééducation des intellectuels, surtout quand il s’agit de transformer leur conception du monde, est un long processus. Nos camarades doivent comprendre que la rééducation idéologique est une affaire de longue haleine qu’il faut mener patiemment et minutieusement ; il ne faut pas espérer que quelques leçons ou quelques réunions puissent changer une idéologie qui s’est formée au cours d’une vie de plusieurs décennies. On ne peut convaincre que par la persuasion et non par la contrainte. La contrainte aurait pour seul résultat de soumettre sans convaincre. Chercher à soumettre par la force est inadmissible. On peut utiliser cette méthode à l’égard de l’ennemi, mais nullement à l’égard des camarades ou des amis. Que faire si l’on ne sait convaincre ? Il faut apprendre. Il nous faut apprendre à surmonter toute idée erronée au moyen du débat et de l’argumentation.

   « Que cent fleurs s’épanouissent » est un moyen pour développer l’art, et « Que cent écoles rivalisent », un moyen pour faire avancer la science. La politique « Que cent fleurs s’épanouissent, que cent écoles rivalisent » n’est pas seulement une bonne méthode pour développer la science et l’art, mais aussi, si l’on en généralise l’application, une bonne méthode pour notre travail dans tous les domaines. Elle nous aidera à commettre moins d’erreurs. Il est bien des choses que nous ignorons et par conséquent nous ne savons pas résoudre les problèmes qu’elles posent, mais au travers de la discussion et de la lutte, nous arriverons à connaître ces choses et trouverons les moyens de résoudre ces problèmes. C’est par la confrontation des opinions que la vérité fait son chemin. La même méthode est valable pour ce qui est vénéneux, antimarxiste, car c’est dans la lutte contre ce qui est antimarxiste que se développe le marxisme. Il s’agit là du développement par la lutte des contraires, du développement conforme à la dialectique.

   N’a-t-on pas discuté depuis toujours sur le vrai, le bien et le beau ? Leur contraire est le faux, le mal et le laid. Sans ces derniers, les premiers n’existeraient pas. La vérité s’oppose à ce qui est erroné. Dans la société humaine comme dans la nature, un tout se divise toujours en parties, seulement le contenu et la forme varient selon les conditions concrètes. Il existera toujours des erreurs, des choses laides, et toujours des antagonismes qui opposent le vrai et le faux, le bien et le mal, le beau et le laid. Il en est ainsi de la fleur odorante et de l’herbe vénéneuse. Leur rapport est celui de l’unité et de la lutte des contraires. Sans contraste, pas de différenciation. Sans différenciation et sans lutte, pas de développement. La vérité se développe dans la lutte contre ce qui est erroné. Il en va de même du marxisme. C’est dans la lutte contre l’idéologie bourgeoise et petite-bourgeoise, et dans la lutte seule, qu’il peut se développer.

   Nous sommes pour l' »encouragement » à l’expression. Pour le moment, loin d’aller trop avant dans ce sens, on n’a pas encore fait assez. Nous ne devons craindre ni la libre expression d’opinions, ni la critique, ni les herbes vénéneuses. Le marxisme est une vérité scientifique ; il n’a pas peur de la critique et ne succombera pas sous ses coups. Il en est de même pour le Parti communiste et le gouvernement populaire, eux non plus n’ont pas peur de la critique et ne succomberont pas sous ses coups. Il y aura toujours des choses erronées, et nous n’avons pas à nous en effrayer. Ces derniers temps, des monstres et fantômes ont été portés sur la scène. Certains camarades en sont fort inquiets. A mon avis, ce n’est pas si grave qu’on joue quelques-unes de ces pièces ; elles auront toutes disparu de la scène dans quelques dizaines d’années, et vous n’aurez plus l’occasion d’en voir même si vous le désirez. Nous devons encourager ce qui est juste et nous opposer à ce qui est faux, mais nous ne devons pas craindre que les gens entrent en contact avec des choses erronées. Nous ne résoudrons rien en recourant simplement aux ordres administratifs pour interdire aux gens d’entrer en contact avec des choses malsaines et laides, avec des idées erronées, et d’aller voir sur la scène des monstres et des fantômes. Evidemment, je ne tiens pas à encourager les pièces pernicieuses, mon idée est que « ce n’est pas si grave qu’on en joue quelques-unes ». Il n’y a pas de quoi nous étonner ni nous effrayer si certaines choses erronées existent, car elles peuvent nous apprendre à mieux les combattre. Vents et tempêtes non plus ne doivent pas nous faire peur. C’est à travers vents et tempêtes que se développe la société humaine.

   Dans notre pays, l’idéologie bourgeoise et petite-bourgeoise, les idées antimarxistes subsisteront longtemps encore. Le régime socialiste est dans l’ensemble instauré chez nous. Nous avons remporté une victoire fondamentale dans la transformation de la propriété des moyens de production, mais sur les fronts politique et idéologique la victoire n’est pas encore complète. Sur le plan idéologique, la question de savoir qui l’emportera, le prolétariat ou la bourgeoisie, n’est pas encore vraiment résolue. Nous avons à soutenir un long combat contre l’idéologie bourgeoise et petite-bourgeoise. Ce serait une erreur de ne pas comprendre cela, de renoncer à la lutte idéologique. Toute idée erronée, toute herbe vénéneuse, tout génie malfaisant doivent être soumis à la critique, et il ne faut jamais leur laisser le champ libre. Mais cette critique doit être fondée pleinement sur l’argumentation, elle doit être analytique et convaincante, elle ne doit pas être brutale et bureaucratique, ni métaphysique et dogmatique.

   Depuis longtemps, beaucoup de critiques ont été portées contre le dogmatisme. C’est ce qu’il fallait faire. Mais on a souvent négligé de critiquer le révisionnisme. Le dogmatisme et le révisionnisme vont tous deux à l’encontre du marxisme. Le marxisme doit nécessairement avancer, se développer au fur et à mesure que la pratique se développe, et il ne saurait rester sur place. S’il demeurait stagnant et stéréotypé, il n’aurait plus de vie. Toutefois, on ne doit pas en enfreindre les principes fondamentaux ; ce serait tomber dans l’erreur. Considérer le marxisme d’un point de vue métaphysique et comme quelque chose de figé, c’est du dogmatisme. Nier les principes fondamentaux du marxisme et nier sa vérité universelle, c’est du révisionnisme. Le révisionnisme est une forme de l’idéologie bourgeoise. Les révisionnistes effacent la différence entre le socialisme et le capitalisme, entre la dictature du prolétariat et celle de la bourgeoisie. Ce qu’ils préconisent est en fait non pas la ligne socialiste, mais la ligne capitaliste. Dans les circonstances présentes, le révisionnisme est encore plus nuisible que le dogmatisme. Une tâche importante nous incombe sur le front idéologique, celle de développer la critique contre le révisionnisme.

   Huitièmement, et ce sera notre dernier point, les comités du Parti pour les provinces, municipalités et régions autonomes doivent prendre en main la question de l’idéologie. Certains camarades ici présents voudraient que j’aborde ce point. En beaucoup d’endroits, les comités du Parti n’ont pas encore pris en main cette question, ou bien ne s’en occupent que très peu. C’est surtout parce qu’ils ont trop à faire. Mais il faut s’y attaquer. Cela signifie qu’il faut la porter à l’ordre du jour, qu’il faut l’étudier. Dans notre pays, les vastes et tempétueuses luttes de classe, menées par les masses en période révolutionnaire, sont pour l’essentiel achevées, mais la lutte des classes, surtout celle qui se livre sur les fronts politique et idéologique, se poursuit toujours, et même avec une grande acuité. La question de l’idéologie a pris maintenant une importance extrême. Les premiers secrétaires des comités du Parti pour les provinces, municipalités et régions autonomes de tout le pays doivent s’occuper personnellement de cette question, qui ne sera résolue correctement que s’ils la prennent sérieusement en considération et la soumettent à l’étude. Il faut tenir à cet échelon des réunions semblables à notre Conférence, afin de discuter du travail idéologique local et de toutes les questions qui s’y rapportent. A de telles réunions participeront non seulement des camarades du Parti, mais aussi des personnes qui sont en dehors du Parti, y compris des gens ayant des opinions différentes. Comme en témoigne l’expérience de notre Conférence, cela ne présentera pour les travaux de ces réunions que des avantages et aucun inconvénient.

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