Congrès extraordinaire des Soviets des députés paysan de Russie
Lénine
4. Discours à propos de la déclaration du représentant du Vikjel
Paru dans le journal « Izvestia du Comité exécutif central » n° 230, 19 novembre 1917
Compte rendu de presse
Camarades,
La déclaration du Vikjel n’est, sans aucun doute, rien d’autre qu’un malentendu. Pouvez-vous admettre, ne fût-ce qu’un instant, que des troupes, conscientes de leur devoir révolutionnaire, qui combattent pour les intérêts du peuple, se mettent aux approches du Quartier Général à saccager à tort et à travers, sans présenter leurs revendications, sans expliquer pourquoi elles sont venues, ne serait-ce qu’aux soldats qui montaient la garde ? Vous comprenez, camarades, qu’une telle conduite est inconcevable. L’armée révolutionnaire, consciente de ses actes, veut que ses exigences soient connues de ceux à qui elle s’adresse. En présentant des revendications, on faisait davantage, on indiquait, on expliquait que la résistance serait une résistance à la volonté du peuple, un crime grave, non seulement un crime ordinaire, mais un crime moral contre la liberté du peuple, contre ses intérêts et contre ses aspirations les plus nobles. L’armée révolutionnaire ne tire jamais le premier coup de feu, elle ne se dresse farouchement que contre les envahisseurs et les tortionnaires du peuple. S’il en était autrement, le mot révolution perdrait son sens. Je ne peux pas m’empêcher d’attirer l’attention sur le fait que le Vikjel, en portant des accusations gratuites, proclame en même temps sa « neutralité ». Le Vikjel n’a nul droit de le faire. Pendant les journées de lutte révolutionnaire, où chaque minute est précieuse, où les divergences, la neutralité permettent à l’adversaire de prendre la parole et de se faire écouter quand même, si on ne s’empresse d’aider le peuple dans sa lutte pour ses droits les plus sacrés, une telle position ne peut absolument pas être qualifiée de neutralité ; ce n’est pas de la neutralité, c’est ce qu’un révolutionnaire appelle l’incitation au crime. (Applaudissements.) En adoptant cette position, vous poussez les généraux à intervenir ; en ne nous apportant pas votre soutien, vous êtes contre le peuple.
Le général Doukhonine ne cherche qu’une chose : ajourner l’armistice. En lui prêtant votre concours, vous sapez l’armistice. Réfléchissez à la lourde responsabilité qui retombe sur vous et à la façon dont le peuple se comportera à votre égard.
Le camarade Lénine poursuit en disant qu’en certains endroits on sabote le télégraphe. Le gouvernement est privé d’informations alors que des rumeurs absurdes sont répandues par les ennemis. Par exemple, les bataillons polonais seraient intervenus contre le gouvernement. En réalité, les Polonais ont maintes fois déclaré qu’ils ne se mêlaient pas des affaires russes, et ne s’en mêleraient pas ; on a reçu également une déclaration où ils se prononcent pour l’armistice.