Textes de bases du PCm
Parti Communiste Maoïste (PCm)
V. Féminisme prolétarien révolutionnaire
6. Lutter contre le patriarcat : développer un féminisme prolétarien révolutionnaire
Certains et certaines ont pu être amenés à penser que si l’égalité entre les hommes et les femmes avait existé dans la société communiste primitive, cela constituerait une preuve que cette égalité fût possible dans une société communiste. D’une part, il n’existait pas d’égalité réelle entre les sexes, et d’autre part, il faut prendre garde à ne pas confondre une société où le partage était une nécessité et la société communiste où les besoins des hommes et des femmes sont satisfaits. Cette société sera le produit d’une longue évolution. Elle réunira et développera toutes les meilleures choses que les diverses sociétés auront développées jusque là. Elle n’aura qu’une vague ressemblance avec les sociétés communistes primitives qui, compte tenu de toutes les évolutions, ne pourraient pas fonctionner à l’heure actuelle.
En ce sens, nous nous différencions des primitivistes pour qui le communisme primitif constitue un modèle à copier.
De même, dans plusieurs espaces et organisations d’extrême gauche, on considère que les normes actuelles sont oppressives (ce qui est juste) et par conséquent, celles-ci sont rejetées en bloc. On pense notamment au concept du couple au sein duquel on attend fidélité de la part de l’un et l’autre des partenaires. Est alors revendiquée une liberté totale et le « couple libre ». Cependant, en niant les mécanismes d’oppression qui traversent toutes la société, d’autres normes oppressives se recréent (des femmes vont se sentir obligées de consentir à certains rapports, sans quoi elles seraient considérées comme réactionnaires par exemple).
Enfin, certains courants parlent de « classe des femmes ». Nous nous opposons à cette idée car la lutte des classes traverse toute la société et les femmes n’ont donc pas toutes les mêmes positions. Bien que les femmes subissent toutes l’oppression patriarcale, une bourgeoise n’aura jamais les mêmes intérêts qu’une prolétaire. Or, dans un pays impérialiste tel que l’État français, nous ne pouvons nous allier avec des courants bourgeois de défense des droits des femmes.
Face à ces conceptions erronées, nous défendons un féminisme prolétarien, de classe, révolutionnaire. Les femmes doivent pouvoir disposer de leur corps.
Une de nos tâches les plus importantes est donc de permettre aux femmes prolétaires, qui, par définition, ont le plus intérêt à changer la société parce que subissant une oppression supplémentaire, de se rassembler, de s’organiser, de prendre leur destin en main à travers le Parti. Le rôle des femmes prolétaires est de premier plan dans la révolution. Nous devons donc développer un front féministe prolétarien au sein duquel les femmes peuvent organiser leur lutte, soutenues par les camarades hommes. Ceci permet d’organiser des espaces au sein desquels les femmes peuvent se réunir, des moyens d’autodéfense, des campagnes en faveur de leurs droits,…
Nous avons grandi et nous vivons dans une société patriarcale, nous sommes donc conscients de ne pas être irréprochables. Il s’agit donc tout d’abord de corriger nos manières d’agir au sein de l’organisation par la critique et l’autocritique, et d’avancer vers la destruction des comportements, attitudes, paroles et de tous les actes violents engendrés par le patriarcat. Il s’agit aussi d’une lutte au quotidien dans tous les espaces où nous évoluons, tant sur notre lieu de travail que dans nos familles et partout ailleurs.
Les idées de la classe dominante sont les idées dominantes mais l’histoire nous enseigne aussi que ces idées sont ancrées profondément en chacun de nous. Ainsi, si le changement de condition de vie des femmes est conditionné aux conditions matérielles, il n’est cependant pas automatique et c’est pour cette raison qu’il faudra une direction très forte de l’État socialiste en la matière et que plusieurs révolutions culturelles seront nécessaires pour arriver à une égalité réelle entre les hommes et les femmes, qu’il faut une révolution dans la révolution.
Aujourd’hui, les idées patriarcales dominent dans la société. Notre Parti regroupe les éléments les plus avancés de cette société. Cependant, en chacun de nous persistent des idées et des comportements patriarcaux car de la même manière que dans une société capitaliste, personne ne peut être communiste à 100 %, dans cette société, personne ne peut être féministe ou pro-féministe à 100 %. Il faut donc nous corriger, montrer l’exemple, casser le virilisme et encourager les femmes à se révolter. Étant donné que ces attitudes sexistes peuvent n’être rien de plus qu’une conséquence du fait de vivre dans une société capitaliste et donc d’être influencée par elle, la lutte politique doit permettre aux prolétaires de changer et ainsi de se rallier à la révolution.
S’il s’agit d’une adhésion consciente et volontaire à l’oppression des femmes, on est dans le même cas de figure que celui d’une adhésion aux thèses fascistes. Il y a donc beaucoup moins de chances de les convaincre.
Enfin, si, malgré nos efforts, ces prolétaires refusent d’évoluer, qu’ils usent de violence, etc. ces contradictions vont changer de nature. Car, nous pensons effectivement que la classe ouvrière est la classe révolutionnaire de notre époque mais nous ne sommes pas naïfs au point de croire qu’individuellement tous les ouvriers sont objectivement révolutionnaires.
Ainsi, une fois les contradictions ayant atteint un stade antagonique, ces sexistes seront donc traités comme les prolétaires qui décident de soutenir la bourgeoisie.
À ce titre, la question du sexisme n’est en rien une question qui ne concernerait que les femmes. Cependant, elles en sont les premières victimes. Il est donc nécessaire de favoriser le développement de l’autodéfense collective et individuelle des femmes afin qu’elles soient mieux en mesure de se défendre contre les agressions sexistes.
La lutte contre ces tendances réactionnaires ne peut se faire qu’en ciblant le capitalisme. Lutter contre le patriarcat en dehors de la lutte contre le capitalisme, c’est maintenir l’illusion criminelle qu’on peut donner un « visage humain » au capitalisme. D’où la nécessaire affirmation du féminisme prolétarien révolutionnaire. D’autre part, la source de cette transformation des hommes (et des femmes) ne peut qu’être la lutte pour la révolution et le socialisme. Le Parti éduque à la lutte révolutionnaire afin que les femmes elles mêmes s’en emparent.
Ce sont les femmes révolutionnaires qui se rééduquent et rééduquent leurs Camarades au travers de leur développement révolutionnaire. Les femmes prolétaires deviennent une arme terrible contre la bourgeoisie et ses idées quand elles se mettent en mouvement, elles sont la force de la transformation. La radicalité du féminisme prolétarien révolutionnaire dans l’histoire de notre mouvement est un exemple qui doit inspirer les masses féminines prolétariennes.
Le Parti doit donc s’emparer de la question du féminisme prolétarien révolutionnaire d’une telle façon qu’elle lui soit indissociable, comme partie primordiale de la lutte de classe. Il doit ainsi permettre le développement de la lutte en son sein, à travers les camarades comme ses instances, en s’appuyant sur les idées justes du peuple, via un mouvement général et constant de critique et d’auto-critique qui doit permettre de corriger toutes ces tendances patriarcales qui nous contaminent comme elles contaminent chaque prolétaire vivant dans les marécages capitalistes. Ce processus de transformation ne peut se dérouler qu’à travers la lutte de classe contre la bourgeoisie au cours de laquelle l’unité entre hommes et femmes ne peut se renforcer que par la lutte contre les positions erronées au sein de la classe.
Aujourd’hui, la seule solution pour atteindre le socialisme est la Guerre Populaire Prolongée. La GPP est à la fois un instrument pour atteindre le socialisme mais aussi une préparation au socialisme. L’individu transforme la société mais ce combat le transforme en même temps. Ce sera aussi le cas en ce qui concerne les relations entre les prolétaires hommes et femmes. Si ce n’est pas le cas, la GPP n’aura aucune chance de vaincre. De même, si les femmes ne sont pas impliquées dans la GPP y compris aux plus hauts postes de responsabilités, la victoire est illusoire.
Les exemples des Guerres Populaires du Pérou, de l’Inde, du Népal, des Philippines,… montrent bien le potentiel révolutionnaire des femmes est dû principalement à la double oppression qu’elles subissent. Elles ont encore plus à gagner de la révolution que les hommes. C’est pourquoi elles prennent notamment une place très importante dans l’Armée Populaire.
La vie des femmes sous le socialisme sera différente. Les fardeaux qui, aujourd’hui sont supportés par les femmes seront gérés collectivement (repas au restaurant généralisé, garde des enfants possible tous les jours (pas uniquement à l’école) et à toute heure du jour et de la nuit, colonies de vacances, jours de congés supplémentaires pour les femmes au moment où elles ont leurs règles (Cf. Chine de Mao), service de ménage assuré par les anciens bourgeois,…).
Politiquement et pratiquement, les femmes auront accès à tous les postes.
Au niveau familial, la famille sera grandement transformée dans le sens où elle rassemblera plus des amis et camarades plutôt que des parents imposés par le hasard et qui n’ont pas choisi d’élever cet enfant tandis que lui n’a pas choisi d’être élevé par eux. En ce sens, une éducation vraiment collective permettra de sortir de ces rapports imposés pour aller vers des rapports vrais, y compris avec les parents biologiques.
Cela n’est pas possible sous le capitalisme parce que le machisme est un pilier du système. Ainsi, si le système voulait vraiment l’égalité hommes-femmes, il renoncerait à ce pilier et se condamnerait.
Le machisme permet de diviser le peuple en deux entités opposées l’une à l’autre. Elle correspond à la corruption des hommes par les capitalistes.
Comme le racisme, cette division donne l’illusion aux prolétaires hommes qu’ils font partie des dirigeants de la société. Seulement, il n’en est rien.
Pour nous le patriarcat ne peut être détruit sans la révolution, toutefois renverser le système capitaliste ne suffit pas. Il faut aussi abattre les oppressions spécifiquement liées au patriarcat, sinon il continuera d’exister, mettant en péril le socialisme.
A nous de nous unir dans un front féministe prolétarien pour briser ce système qui nous étouffe et nous libérer de nos chaînes !