Textes de bases du PCm
Parti Communiste Maoïste (PCm)
VI. Prolétaires immigrés
1. Histoire dans l’État français et les pays dominés
Les pays européens ont toujours été des lieux de brassage de population (guerres, migrations,…).
Plus récemment, au 19ème et début 20ème siècle, on a affaire à une immigration interne ou de pays voisins (Italie, Espagne, Belgique, Suisse) pour compenser la faible natalité française, le vieillissement de la population et les départs vers le nouveau monde.
Lorsque les besoins en main d’œuvre grandissent fortement, notamment lors de la première guerre mondiale, l’État français et les grandes entreprises vont élargir le champ de recrutement avec les colonies françaises : Afrique noire, Maghreb, Indochine.
La même chose sera faite pour reconstruire le pays après 1945 et compenser la baisse et le vieillissement de la population depuis l’entre deux guerres, avec les stigmates des deux guerres, les guerres coloniales et surtout la conséquence de la non reproduction des morts durant la guerre de 14-18.
Les immigrés sont choisis en fonction de leur aptitude à travailler et sont donc souvent jeunes.
Ils ou elles partent pour des contrats et dans la plupart des cas, laissent leur famille dans le pays d’origine puisqu’ils ou elles ne sont pas dans une démarche d’immigration de peuplement mais de travail. Il ne faut pas concevoir l’immigré comme figé, les chiffres de population immigrée recouvrent des aller-retours et des remplacements d’un individu par un autre, etc.
Cette immigration est plus ou moins organisée, mais en tout cas elle est alors souhaitée par les entreprises. Toutes celles et ceux qui viennent, y compris irrégulièrement, sont les bienvenus et l’État régularise facilement les situations administratives.
Pour faciliter l’immigration, l’État français passe des accords avec les pays d’origine (Portugal, Algérie, Maroc avant Turquie et Yougoslavie) pour qui c’est un moyen de se débarrasser d’une main d’œuvre excédentaire et potentiellement revendicative tout en espérant récupérer de l’argent via ce qui sera envoyé à la famille par les travailleurs et travailleuses immigrés.
Les travailleurs et travailleuses immigrés, n’étant pas dans une logique d’installation, sont en grande majorité des hommes. Cela change progressivement et de plus en plus d’immigrés font venir leur famille. C’est différent pour les réfugiés politiques qui viennent d’avantage avec leur famille directement.
Les conditions de l’immigration ne sont pas franchement bonnes et certains sont logés dans des baraquements, voire des bidonvilles.
Pour comprendre l’immigration, il ne faut pas oublier qu’elle est la descendante de l’esclavage.
Néanmoins, il est important de rappeler qu’historiquement, c’est plutôt l’État français qui était exportateur de main d’œuvre vers ses colonies. Mais cela n’est en rien comparable vu que ces expatriés partaient pour exercer des postes de fonctionnaires ou/et de dirigeants. Ils partaient pour exploiter au maximum la population locale et étaient objectivement des agents impérialistes.
Faire un rapprochement entre les deux constitue une position raciste et nie le caractère de peuples et nations dominés.
Les immigrés ne constituent pas une catégorie homogène mais une bonne partie des immigrés qui viennent en France se joignent à la classe ouvrière de France. Certains ont un travail peu qualifié ou/et manuel que les « français » ne veulent pas faire ou ne sont pas formés à faire. Les immigrés les plus mal payés, surexploités et sans papiers ne profitent pas des richesses qu’ils ont créé, comme les pauvres en général, mais ceux qui font partie des couches supérieures du prolétariat et des travailleurs indépendants en profitent.
Les immigrés ne sont pas tous dans une relation subalterne au sein de l’État français, c’est le cas des bourgeois des autres puissances impérialistes qui peuvent se déplacer à leur gré en fonction de leurs intérêts économiques, y compris au sein de l’État français. Les bourgeois français expatriés exploitent également les peuples des pays dans lesquels ils s’établissent en y défendant leurs intérêts. Avec l’arrivée d’internet, il n’est plus nécessaire de se déplacer pour veiller à ses intérêts économiques.
L’ « identité nationale » française a été imposée par la bourgeoisie nationale, elle est à prendre en compte mais elle doit être combattue. Ce qui compte, c’est l’identité des peuples au sein de l’État français.
L’identité du prolétariat en « France » est donc un mélange avec la contribution de tous ces apports. Cette contribution est composée des diverses luttes des immigrés dans leur pays d’origine (les immigrés algériens, beaucoup d’Africains portent en eux la lutte de libération nationale menée contre l’impérialisme français) mais aussi de leurs luttes en « France » au sein des peuples de « France » (la plupart des responsables militaires de la Commune de Paris étaient des immigrés, la résistance contre les nazis a aussi été menée par des immigrés (FTP-MOI et affiche rouge, réfugiés…).
Les immigrés ont construit et reconstruisent la « France ». Toutes les richesses de la bourgeoisie française a été extorquée au prolétariat local et du « tiers monde ». Pillage et exploitation passés et présents. Les immigrés retraités ne profitent pas des richesses qu’ils ont créés.
L’immigration est un élément important dans la société capitaliste. Parmi les immigrés, beaucoup sont membres de la classe ouvrière qui est elle-même appelée à renverser le capitalisme. Dans ce combat pour le renversement de l’État bourgeois, il est primordial que cette dernière se dote d’outils d’analyse qui lui permettent de comprendre les différences qui la traversent.
Il faut une analyse qui tend au maximum à se détacher du mépris et du racisme que la bourgeoisie cultive et essaye de développer dans toute les sphères de la société dans le cadre de l’impérialisme, divisant ainsi le prolétariat mondial.
Il ne s’agit pas là de faire un exposé ou une étude statistique sur l’immigration en général dans l’État français mais de comprendre les logiques d’exploitation des immigrés prolétaires par la bourgeoisie et les résistances de la part de cette main d’œuvre face à l’exploitation afin de doter les communistes d’une stratégie.