Textes de bases du PCm
Parti Communiste Maoïste (PCm)
VI. Prolétaires immigrés
6. La descendance immigrée
Les descendants d’immigrés n’ont théoriquement plus le statut d’immigrés aux yeux de la bourgeoisie. Et pour ce, un gros travail « d’intégration » est mis en place pour acculturer les enfants des immigrés ouvriers : école, rejet de la langue d’origine, imposition du français,… Un gros travail de propagande pour leur faire croire à eux et à leurs parents que la « France » serait un pays « accueillant », celui des « droits de l’homme » et que pour l’incorporer il faudrait rentrer sous l’égide d’un Etat soit disant « universaliste ». En vérité, l’État français est ethnocentré autour d’un même modèle bourgeois, il n’a d’universel que son mépris pour les autres peuples qu’il maintient sous sa domination.
On demande ainsi aux descendants d’immigrés d’incorporer les rangs de la mission civilisatrice que la République française s’est auto-désignée mais la place de ces descendants restera celle d’auxiliaires temps qu’ils et elles n’auront pas fait disparaître tout ce qui les rattache à leurs origines sociales et culturelles. Sous la domination d’un État dont le racisme est un des fondements par le biais du principe de « patrie » bourgeoise et son impérialisme. Plus le modèle (couleur, allure, habits, culture) est éloigné de l’idéal bourgeois du blanc « civilisateur », plus le mépris est violent. Une partie de la descendance immigrée reçoit de plein fouet le racisme, d’autant plus violemment que lorsqu’il est « poli » comme décrit précédemment, il est nié, d’autant plus violemment qu’une partie a cru à la propagande « universaliste » française. Certains ramènent les déçus dans la religiosité, en même temps c’est une mauvaise réponse face au racisme mais c’est aussi un mouvement qui se renforce en partie par le racisme. Il y a un gros travail idéologique à faire, sans lequel il ne peut y avoir de mouvement révolutionnaire.
Dans les médias bourgeois, on assimile souvent les banlieues ouvrières aux descendants d’immigrés. En effet, ils sont une bonne partie à avoir des parents ouvriers et à être ouvriers. La stigmatisation de ces banlieues ouvrières s’est accentuée dans les années 80 par leur désertion par ceux qui en avaient les moyens vers les banlieues pavillonnaires, accentuant ainsi leur « ghettoïsation » et le rejet de la vie urbaine par cette dite « classe moyenne » au profit d’un habitat individualiste. Ainsi, ces banlieues ouvrières abritent ceux qui n’ont pas trouvé mieux, parmi eux des descendants d’immigrés et des immigrés. Dans la société capitaliste, on peut observer que les différences de traitement sont liées aux logiques de domination, et plus on est en « bas de l’échelle », plus c’est violent. Être immigré et vivre en banlieue ouvrière est doublement plus violent symboliquement, psychologiquement comme physiquement, triplement violent lorsqu’on est une femme, etc. Les banlieues sont depuis quelques décennies un des catalyseurs de la haine réactionnaire qui s’en prend quotidiennement à ses habitants avec des pics quotidiens d’agressivité.
Il y a une volonté de déstructuration sociale au profit du modèle individualiste, utilisé par le pouvoir bourgeois comme un moyen d’intégration. L’urbanisation joue un très grand rôle dans ce processus, il s’agit de casser les solidarités et les structures sociales populaires. Tous les rouages de l’acculturation n’ont qu’un seul but : casser la culture populaire au nom de la lutte contre le « communautarisme », casser la langue d’origine pour laisser les gens dans le désœuvrement, « on va s’occuper de vous » dit l’État, casser le « communautarisme » au nom du progrès pour laisser les gens sans rien, plus vulnérables, plus exploitables. Seulement, c’est en vain. La classe ouvrière même dépossédée de sa culture, par son mode de socialisation est toujours l’origine d’un foisonnement intellectuel, culturel et d’innovation. Les banlieues sont des centres de mélanges et de renouvellement socioculturel intense.
Dans les banlieues, les descendants d’immigrés se prennent un traitement à part par tous les représentants de l’ordre bourgeois : patrons, flics, administrations,… Ce traitement rentre en contradiction directe avec les discours officiel de la propagande bourgeoise des « droits de l’homme » que l’on martèle dans les écoles et dans les médias. C’est le plus visible dans le comportement de la police dans ces banlieues, police qui n’a jamais vraiment connu de purge après la seconde guerre mondiale et les guerres coloniales, notamment la guerre d’Algérie. On retrouve dans celle-ci une continuité dans les actes et les schémas de pensée. Les forces de répression se comportent en banlieue comme des troupes d’occupation et les descendants d’immigrés, nombreux dans les banlieues, subissent leurs exactions (contrôles répétés, pressions, insultes, humiliations, tabassages, assassinats,…).
Dans les quartiers populaires où les descendants d’immigrés sont présents, le Parti a un rôle à jouer en matière d’autodéfense contre les forces de répression et les politiques d’urbanisation. Des organisations de masse doivent se structurer sur la question de l’autodéfense, du logement, de la culture.