Textes de bases du PCm
Parti Communiste Maoïste (PCm)
VIII. Environnement
2. La production et la bourgeoisie
Aujourd’hui nous sommes à la phase impérialiste du développement du capitalisme. La bourgeoisie contrôle l’appareil de production. Elle dirige l’Etat, vote et fait appliquer ses propres lois. Elle oriente la recherche scientifique publique et privée. Bref, la bourgeoisie décide de tout selon ses intérêts propres : elle définit les sujets de recherche et utilise ou pas les résultats à son profit.
La logique de la bourgeoisie est de faire le maximum de profits en un minimum de temps. Pour cela, elle est prête à tout. Elle peut donc développer de nouvelles technologies pour prendre des parts de marchés et couler des concurrents. C’est ce qui s’est passé lors de la première phase de développement du système capitaliste et c’est ce qui a conduit à une forte augmentation des forces productives. Ce fut un aspect positif de la jeunesse du système capitaliste.
Aujourd’hui, même si le développement de la production est facteur de progrès, les choses sont différentes. Le capitalisme est passé au stade de l’impérialisme. Le capital s’est concentré entre de moins en moins de mains. En conséquence, les capitalistes peuvent s’arranger et notamment s’entendre, non seulement sur les prix des produits qu’ils vendent, mais également sur le fait de décider de freiner ou de geler la diffusion des innovations technologiques. C’est par exemple le cas pour les capacités de disques durs ou de microprocesseurs en matière d’ordinateur où les améliorations ne sont diffusées que progressivement afin d’inciter chacun à acheter chaque modèle pour en changer rapidement ensuite.
À chaque cycle de capital conclu par un achat, les capitalistes prélèvent leurs profits. C’est pour cela qu’ils font tout pour multiplier le nombre de cycles et/ou produire différents modèles qui ne sont différenciés que par des améliorations minimes au regard de ce qui serait possible si le critère technologique était le seul pris en compte. Afin de faire encore plus de profits, les produits vendus par les capitalistes ont une très faible durée de vie. Il faut donc sans cesse les jeter et en acheter d’autres pour les remplacer alors qu’on est en mesure d’en fabriquer avec une durée de vie bien supérieure et qui en plus se réparent.
À ce titre, le crédit permet d’anticiper et d’accélérer au moins temporairement la vitesse de rotation du capital.
Néanmoins, on ne multiplie pas le nombre de cycles en un minimum de temps sans conséquences.
Il résulte notamment de ce gaspillage de ressources (énergie, matières premières, force de travail) des montagnes de déchets polluants ainsi que des humains fracassés par le travail.
La société étant principalement divisée en deux camps antagoniques : la bourgeoisie capitaliste et le peuple, il existe deux logiques pour gérer les innovations technologiques : le faire selon les intérêts du peuple ou selon les intérêts de la bourgeoisie.
La bourgeoisie étant au pouvoir actuellement, globalement c’est elle qui impose sa logique. Cette logique va à l’encontre des intérêts du peuple. Par exemple, c‘est cette logique qui va favoriser le profit immédiat quitte à utiliser des procédés de fabrication nocifs pour les ouvriers et les ouvrières. C’est selon cette logique que l’amiante a été utilisée partout et aussi longtemps alors que sa dangerosité était connue depuis plusieurs décennies.
C’est cette logique qui pousse à l’utilisation d’engrais et de pesticides toxiques pour l’agriculteur comme pour le consommateur, le voisin et la faune.
C’est cette logique qui pousse à piller des pays entiers, à provoquer des guerres et massacrer des peuples notamment pour extraire le coltan afin de fabriquer des téléphones portables.
C’est cette logique qui pousse au développement du nucléaire et des OGM sans tenir compte des conséquences.
L’impérialisme, c’est la guerre : guerre totale avec les autres impérialistes pour le repartage du monde et guerres d’intervention pour soumettre les peuples! Aussi, en régime impérialiste, un des moteurs de l’innovation technologique est l’utilisation militaire et répressive de ces innovations. Celles qui sont les plus soutenues le sont parce qu’elles servent l’Etat bourgeois dans son rôle de maintien de l’ordre bourgeois.
C’est le cas de tout ce qui est surveillance électronique (pose de micros miniatures, prise de contrôle des téléphones portables pour espionner son utilisateur…), du développement de drones pour surveiller les manifestations, positions de l’ennemi, et bien évidemment des armes !
Pour réaliser un maximum de profits et notamment vendre un maximum de services, les bourgeois ont compris qu’il fallait empêcher les clients potentiels de leur échapper. C’est pour cela qu’ils s’arrangent pour complexifier les choses. Par exemple, ce n’est pas un hasard si pour la plupart des voitures modernes, même pour la vidange, il faut avoir recours aux services d’un garagiste voire d’un concessionnaire.
Une conséquence dramatique de ces magouilles est qu’on passe du rôle d’acteur pouvant maîtriser une partie de sa vie à celui de consommateur impuissant. Cela contribue à instiller la passivité au sein des masses qui sont sans cesses incitées à attendre passivement les avis des spécialistes.
Par ailleurs, la concurrence qui, on l’a vu, a eu un effet positif dans le cadre de la première phase de développement du capitalisme, a aujourd’hui un effet plutôt négatif. C’est ce qu’on peut constater avec l’utilisation des brevets. C’est un moyen d’empêcher les connaissances d’être utilisées par d’autres qui doivent continuer à utiliser leurs procédés moins rentables et plus polluants. Cela permet aussi d’étouffer des procédés nouveaux et très peu polluants pour la seule raison que s’ils étaient utilisés, ils généreraient moins de profits.
L’anarchie de la production inhérente au capitalisme induit un déracinement de la production de son environnement local et ainsi de la distribution des marchandises. Les transports de marchandises d’un continent, d’une région, d’un pays à un autre, entraînent un trafic démentiel de porte-conteneurs, de camions, de longs courriers qui n’a aucun rapport avec les besoins des régions de production. Ces déplacements de marchandises correspondent en réalité aux lieux de production où les matières premières et la main d’œuvre sont moins chères et là où ces marchandises pourront être vendues à un prix assurant un profit aux capitalistes ; les besoins des masses ne sont pas un facteur dans la production et la distribution capitalistes des marchandises.
En matière agricole, la concentration des terres, l’ultra spécialisation d’une culture (monoculture), la détention de brevets sur les plantes, sur les graines à ensemencer, la mainmise des monopoles sur les terres agricoles, les contrats d’intégration, la production d’OGM, la pollution des sols par les pesticides, sont autant de facteurs non seulement de pollution mais de contrôle de la production par les monopoles dont l’objectif n’est pas de nourrir les peuples du monde ou lutter contre la faim mais bien de tirer un profit maximum des ressources de la planète, au détriment de la paysannerie et du prolétariat agricole.
Le profit, c’est ce qui guide les capitalistes. C’est pour cela qu’ils font en permanence du chantage à la subvention pour utiliser des procédés et produire des marchandises moins polluantes.
Un des meilleurs exemples est celui de l’industrie automobile. La bataille entre producteurs s’est certes jouée à grands coups de délocalisations.
Il n’empêche que ce n’est pas ce qui a fait flancher les géants étasuniens de l’automobile qui se sont réorganisés après avoir procédé à des licenciements massifs comme chez Ford, General Motors et Chrysler.
Pour le comprendre, il faut revenir sur le tournant pris par les capitalistes européens suite aux « chocs pétroliers ». Les trusts européens ont compris qu’ils ne pourraient plus vendre leurs voitures très longtemps si elles continuaient à être aussi consommatrices d’un pétrole de plus en plus rare et cher. Bien entendu, comme les capitalistes du secteur automobile sont très bien organisés en lobby, ils ont financé ces améliorations en se gavant de subventions « écologiques » pompées sur les impôts extorqués au peuple.
Pendant ce temps, les prix de l’essence aux USA sont restés beaucoup moins élevés puisqu’elle y est moins taxée par l’Etat et que le pays est producteur. Les constructeurs US ne se sont globalement pas préoccupés de rendre leurs voitures moins consommatrices et donc moins polluantes.
Lorsque les prix du pétrole ont augmenté de manière significative y compris aux USA, personne n’a plus voulu des modèles US y compris aux USA. En conséquence, les producteurs US se sont retrouvés au bord de la faillite, ils ont mis au chômage des dizaines de milliers d’ouvriers et d’ouvrières, ce qui a entraîné une désertion importante des villes industrielles concernées et leur faillite, comme Détroit.
Ainsi, en régime capitaliste, le label « défense de l’environnement » est principalement utilisée non pour sauver la planète mais pour favoriser la conversion de l’industrie ou en développer d’autres dans le but de prendre des parts de marchés aux concurrents étrangers (ex : énergies renouvelables subventionnées par l’Etat avec l’argent des impôts payés par le peuple). Les partis politiques qui s’en revendiquent comme Europe écologie-Les verts, y compris s’ils n’en ont pas conscience, ne sont donc que des outils du capitalisme dans leur besoin de restructuration.
Enfin, les capitalistes sont tellement avides de profits qu’ils se moquent y compris de l’avenir de leurs propres enfants. Leur aveuglement les pousse à ne penser qu’au profit personnel et immédiat. Et pour cela, ils polluent l’air, l’eau, détruisent la faune et la flore, stérilisent la terre…
Ces pollutions sont beaucoup plus importantes dans les pays dominés que dans les pays impérialistes car les impérialistes d’une part, dans leur recherche du profit maximum, font en sorte que leurs chiens de garde locaux ne mettent pas en place de réglementations écologiques et de sécurité pour la production, et d’autre part, les impérialistes cherchent à maintenir une certaine paix intérieure en tentant de corrompre la petite bourgeoise et l’aristocratie ouvrière de son pays. Ils favorisent donc l’exportation et la production de déchets. Le règlement européen REACH en est un bon exemple. C’est pourquoi, dans ce domaine-là comme dans celui des travaux trop mortels, les impérialistes s’organisent pour que ces travaux soient non seulement effectués par les ouvriers locaux dans les pays dominés mais qu’en plus, les conséquences en termes de pollution soient supportées par toutes les populations de ces pays.
D’un autre côté, la pollution engendrée par des procédés de fabrication anciens est stigmatisée et sert aux chauvinistes à interdire aux pays dominés d’avoir une activité industrielle. Ils développent ainsi une nostalgie des colonies cantonnées au rôle d’exportatrices de matières premières.
Ensuite, la mise en place de réserves animales ou biologiques, des musées de la « nature », ne sert que d’alibi devant les effets destructeurs du système capitalisme aux conséquences incomparables. Non seulement, elles drainent de nombreux touristes tandis que dans d’autres endroits, les dominants voudraient en exclure le peuple qui a toujours vécu de la forêt. C’est ce qui se passe en Inde, où les gardes forestiers font régner le terreur parmi le peuple afin de le priver de ses sources de subsistance et ainsi le pousser à quitter ces zones de manière à isoler les révolutionnaires et ainsi pouvoir les éliminer plus facilement.
Au niveau des animaux, la logique mise en œuvre par l’industrie agroalimentaire conduit à l’intensification et la massification de la production de viande (idem pour les poissons), transforme leur vie en enfer en les contraignant dans des volumes très restreints tout en étant gavés de médicaments, de farines animales, d’hormones… pour finir dans des abattoirs géants après une vie de plus en plus courte.
Mais le peuple n’est pas dupe de la folie de ce système. Tout le monde, y compris en métropole, sait que la Terre ne pourra pas supporter beaucoup plus longtemps le capitalisme.
Ainsi, la question environnementale, écologique, est une question qui revêt de plus en plus d’importance aux yeux des masses car les conséquences néfastes du développement capitaliste ont des répercussions immédiates sur les conditions de vie, avec des épisodes aigus comme les catastrophes industrielles : Tchernobyl, Bhopal, AZF, Fukushima pour ne citer que quelques exemples. Dans le même temps, la pollution générale entraîne une mort lente et généralisée. Les migrations climatiques sont également un aspect dont il sera de plus en plus question dans les années à venir. Face à la pollution et à l’infertilité de leurs terres et eaux les agriculteurs et les pêcheurs n’ont d’autre choix que de partir ou de se recycler dans le brigandage.
La question environnementale, écologique, est donc à aborder de manière sérieuse par tout Parti révolutionnaire authentique.
Dans le domaine de la gestion des déchets, il faut d’abord partir de comment ils sont produits, ce n’est pas le peuple qui décide d’utiliser trois couches d’emballage et des encres toxiques pour décorer chacune de ces couches : c’est la bourgeoisie !
Pourtant, elle n’hésite pas à faire reposer la responsabilité du tri et du ramassage des déchets sur le peuple. Dans ce cadre, elle exige de nous que nous ayons trois poubelles différentes alors que, dans les logements exigus qu’elle nous loue, on a déjà de la peine à en mettre une seule ! Pour finir, les impôts complètent en nous imposant une taxe spécifique pour le ramassage d’ordures ! Et pour les ouvriers et ouvrières employées dans les entreprises de recyclage, ils doivent faire face à des conditions de travail très dures et pathogènes.
C’est pour ces raisons qu’il est très important de penser la défense de l’environnement comme une question collective. Réduire cette question à une question individuelle comme le font les bourgeois qui stigmatisent les pauvres qui consommeraient plus d’énergie en raison des vieilles voitures, appareils électroménagers, logements vétustes… qu’ils utilisent alors qu’ils n’ont pas les moyens d’en acquérir des modernes et moins polluants en terme de fonctionnement constitue une attaque de classe.
C’est tout simplement odieux, alors que les bourgeois se gavent de subventions « vertes » et autres « bonus écologiques » pour se payer à moindre frais des appareils neufs qui vont leur coûter moins chers sur le long terme et refaire l’isolation de leur maison en servant de nos impôts !
Enfin, il faut constater que si la situation est encore plus dégradée, c’est aussi parce que ceux qui gèrent la production et ses conséquences sont des incapables qui ne savent que tenter de masquer leurs défaillances. Sinon, comment expliquer qu’ils arrivent à construire des centrales nucléaires sur des zones à haut risque sismique comme à Fukushima ?