Programme du Parti Communiste maoïste
PCm
3. Sur la situation en France
Comprendre la situation du pays où l’on vit est une nécessité pour quiconque espère un jour transformer la société. Il est donc important de comprendre comment la France s’est développée pour parvenir à un pays impérialiste et quels sont les grands traits de la situation actuelle.
On pourrait remonter à la formation historique du territoire qui s’appelle aujourd’hui France, issu de la domination et de l’assimilation de différents peuple, mais nous nous en tiendrons au début de son histoire coloniale car c’est une source importante de l’accumulation de Capital qui permettra à la bourgeoisie française de jouer un rôle de premier plan dans l’exploitation et la domination des peuples du monde et de son propre peuple.
Les débuts de la colonisation
Dès le 16ème siècle, des explorateurs sont envoyés par le roi pour s’emparer de territoires en Amérique du Nord, puis au 17ème siècle aux Antilles, dans l’Océan indien et en Afrique subsaharienne. C’est à cette époque que le commerce triangulaire se met en place. Les esclaves sont achetés sur les côtes africaines en échange de marchandises. Ils sont ensuite vendus ou échangés principalement aux Antilles. Les navires repartent alors pour la France avec la marchandise produite par les esclaves et ainsi de suite. Nantes, La Rochelle, Le Havre, Bordeaux, Saint-Malo, Lorient, Honfleur sont des villes dont la bourgeoisie a directement été impliquée dans la traite des esclaves, accumulant un Capital non négligeable. La traite dura jusqu’en 1848, date d’abolition de l’esclavage en France.
Un repartage s’effectue entre les grandes puissances coloniales au 18ème siècle, avec plusieurs conflits, conquêtes, ventes/achats de colonies. Au 19ème siècle, il y a un redéploiement de l’empire colonial français. Il devient le deuxième plus vaste du monde derrière l’empire colonial britannique. C’est la France des 5 continents, qui perdure encore aujourd’hui.
Pour Jules Ferry, ardent défenseur de la colonisation, « les colonies sont, pour les pays riches, un placement de capitaux des plus avantageux ».
La colonisation s’est construite par la force, massacres, guerres, répression, esclavage (le code), l’indigénat (Algérie), le travail forcé, la soumission, l’humiliation, le racisme, l’exploitation des hommes et des femmes, le pillage des ressources naturelles,… Pour cela une administration et une culture coloniale furent développées pour placer les populations sous la domination culturelle occidentale (et française en particulier). La résistance à la colonisation a été constante mais la domination militaire, la capacité à diviser les peuples opprimés et à trouver de « bons » chiens de garde parmi les dirigeants locaux a assuré à la France coloniale un certain succès dans le maintien de sa domination et de son oppression.
Après la deuxième guerre mondiale, les luttes de libération nationale se développent dans les pays dominés par l’impérialisme et prennent une tournure particulièrement aiguë dans certains pays tels que les pays de l’ex-Indochine et en Algérie. L’État français sera obligé d’accorder l’indépendance à ses anciennes colonies mais gardera une main mise sur ces territoires au travers de nouveaux chiens de garde, d’accords inégaux économiques, de bases militaires aux 4 coins de la planète. La France joue ainsi un rôle majeur d’exploitation des pays opprimés et est un pays impérialiste de premier plan qui multiplie les interventions (ouvertes ou secrètes, diplomatiques ou militaires) pour protéger et conquérir de nouveaux marchés, comme en témoignent les interventions en Afrique et au Moyen-Orient.
En plus d’exploiter les ressources naturelles de multiples pays aux 4 coins de la planète, la France exploite également la main d’œuvre, soit directement sur place avec l’implantation d’usines, de mines, etc. soit au travers de l’immigration. Non seulement les peuples colonisés ont joué un rôle très important dans la libération contre l’occupant nazi mais ils ont également permis la reconstruction du pays et le redéploiement de l’industrie. Les bidonvilles de Nanterre des années 70 en sont l’illustration même.
La France possède toujours des colonies et nous soutenons les luttes de libération nationale de ces peuples, de la Kanaky aux Antilles en passant par la réunion.
Plus largement, nous défendons les luttes des peuples opprimés par l’impérialisme et considérons leurs luttes comme faisant partie intégrante de la révolution prolétarienne mondiale.
La République bourgeoise
La Révolution française de 1789 est la mise en place de la République bourgeoise. Elle a été un progrès par rapport au féodalisme mais avec le développement de l’industrie et la montée de la bourgeoisie comme classe dominante, elle est aujourd’hui réactionnaire, basant sa domination sur l’exploitation des prolétaires.
Le développement de la république bourgeoise en France est marqué par une lutte de classe prenant des formes aigues. On citera ainsi la Commune de Paris en 1871, première révolution prolétarienne historique connue jusque dans les fins fonds de l’Himalaya ; les luttes ouvrières des années 1930 qui mènent au pouvoir le Front Populaire ; la résistance antifasciste dirigée par les communistes contre l’occupation nazie ; mai 68 et la décennie suivante avec un fort mouvement révolutionnaire. La classe ouvrière n’a cessé de se battre et a pu arracher quelques conquêtes à la bourgeoisie.
Depuis la première crise pétrolière en 1971, la bourgeoisie a accentué son attaque contre les conquêtes de la classe ouvrière. Le Parti Socialiste a alors cherché à se présenter comme une alternative à la crise. En 1981, Mitterand est élu sur un programme apparaissant comme de gauche et porte alors un espoir pour les prolétaires. Mais en réalité, c’est un grand tour d’illusionniste qui se met en place. Le PS va ainsi faire beaucoup de mal à la classe ouvrière et pour beaucoup ce n’est que récemment que les illusions commencent à tomber.
En réalité, le PS, tout comme l’ensemble des partis institutionnels bourgeois, renforce l’État, ses lois répressives, son appareil militaire (police et armée), son appareil judiciaire, son appareil idéologique par lequel il transmet son point de vue de classe dominante (Education Nationale, Culture, médias, …). L’État bourgeois est ainsi la machine de guerre de la bourgeoisie qui défendra becs et ongles le système qui lui permet d’avoir la position dominante dans la société.
La crise économique de 2008
En 2008, la crise financière éclate. La finance ayant le rôle dirigeant de toute l’activité économique, les conséquences se font ressentir durement. La crise économique est une opportunité formidable pour la bourgeoisie impérialiste qui peut redéployer et réorganiser le Capital à l’échelle internationale. Cela signifie une considérable destruction d’emplois avec la fermeture de nombreuses entreprises et sites de production. Au niveau international, la crise économique a accentué les contradictions entre les différentes puissances impérialistes pour le contrôle des ressources et des zones d’influence, ce qui augmente le risque d’un conflit généralisé.
D’autre part, la bourgeoisie a fait payer le prix de la crise aux prolétaires et aux masses populaires. Et cela, la bourgeoisie le fait au travers des partis représentant ses intérêts et au sein de l’outil lui permettant d’adopter ses lois : le parlement. Les attaques contre les conquêtes ouvrières ont encore augmenté en intensité, la réforme des retraites, l’ANI ou la loi Macron en sont des exemples. Les grands partis traditionnels, Les Républicains et le PS, vont dans le même sens : préserver les intérêts de la bourgeoisie au détriment du prolétariat.
Il y a ainsi une hausse considérable du nombre de personnes privées d’emploi et les réformes en cours augmentent la « flexibilité », c’est-à-dire précarité des travailleurs et travailleuses. Les conditions de travail sont de plus en plus dures, il faut faire de plus en plus de sacrifices pour avoir un emploi.
En parallèle, on assiste au développement d’une ligne de plus en plus réactionnaire au sein du champ politique dont Les Républicains et le PS sont les deux artisans principaux, ouvrant la voie royale au FN, parti fasciste qui tente d’avancer masqué en utilisant les contradictions au sein du peuple. Le discours dominant est celui de la bourgeoisie qui veut poursuivre son travail de morcellement et de division de la classe ouvrière, aussi bien matériellement qu’idéologiquement.
Ces attaques de la bourgeoisie n’ont pas laissé la classe ouvrière et les masses populaires sans réaction. Le mouvement anti-CPE et la révolte des banlieues de 2005, les mouvements ouvriers avec grèves et occupations d’usine post-2008, le mouvement contre la réforme des retraites de 2010 en sont les témoignages. Cependant, la défaite du mouvement de 2010 dans laquelle les directions syndicales ont une lourde part de responsabilité ont sévèrement touché la combativité populaire.
De manière plus générale, tous ces mouvements populaires ont porté leur propre limite. C’est principalement celle de la nécessité de perspectives révolutionnaires, ce qui pose la question de l’idéologie portant ces perspectives.