Textes de bases du PCm
Parti Communiste Maoïste (PCm)
IX. L’antifascisme
Le capitalisme est en proie à la plus grave crise économique depuis les années 30. Cette crise affecte tous les pays à différents stades. Cette situation est inhérente au fonctionnement du capitalisme qui ne peut conduire qu’à des crises à répétition.
Dans de telles périodes, les rapports de classe sont de plus en plus tendus et la contradiction entre les forces productives et les rapports de production s’aiguisent.
La bourgeoisie cherche à répercuter les effets de la crise sur le prolétariat, aggravant ainsi la dégradation de nos conditions de vie et par là même entraînant la légitime colère des masses populaires. Cependant, la classe ouvrière n’est pas spontanément révolutionnaire, et si elle n’a pas de Parti puissant et suffisamment organisé, le fascisme peut sembler une alternative viable face à un rejet des politiques anti-populaires menées par les représentants traditionnels de la bourgeoisie. Une frange de celle-ci, représentante la plus réactionnaire du capital financier, a un intérêt direct dans la montée du fascisme et la mise en coupe réglée de la classe ouvrière.
Aujourd’hui, le fascisme sous sa forme moderne monte en France, appuyé directement par un appareil politique mettant en place les bases sur lesquelles il pourra se développer. Il s’appuie également sur l’appareil idéologique d’Etat (médias, écoles,…) capable de faire passer dans les masses ses thèses réactionnaires et sur les révisionnistes et la social- démocratie qui lient les mains de la classe ouvrière en l’enchaînant derrière les intérêts de la bourgeoisie et en lui ôtant sa force combative et sa puissance subjective. Et enfin sur un parti fasciste, le Front National et des groupuscules fascistes.
Face à cette situation, seul le développement d’un véritable parti marxiste-léniniste-maoïste, d’un front uni regroupant la majorité du peuple sous la direction du Parti et d’une force combattante peut opposer une véritable résistance à la montée du fascisme sous sa forme moderne.
1. Base idéologique d’analyse du fascisme
Le fascisme est né dans les pays impérialistes au début du 20ème siècle. La base matérielle sur laquelle le fascisme peut se développer est l’existence du capital financier, c’est à dire de l’interpénétration du capital bancaire et industriel et des monopoles capitalistes.
« Une part toujours croissante du capital industriel, écrit Hilferding, n’appartient pas aux industriels qui l’utilisent. Ces derniers n’en obtiennent la disposition que par le canal de la banque, qui est pour eux le représentant des propriétaires de ce capital. D’autre part, force est à la banque d’investir une part de plus en plus grande de ses capitaux dans l’industrie. Elle devient ainsi, de plus en plus, un capitaliste industriel. Ce capital bancaire -c’est-à-dire ce capital-argent qui se transforme ainsi en capital industriel, je l’appelle «capital financier». «Le capital financier est donc un capital dont disposent les banques et qu’utilisent les industriels.»
Cette définition est incomplète dans la mesure où elle passe sous silence un fait de la plus haute importance, à savoir la concentration accrue de la production et du capital, au point qu’elle donne et a déjà donné naissance au monopole. Mais tout l’exposé de Hilferding, en général, et plus particulièrement les deux chapitres qui précèdent celui auquel nous empruntons cette définition, soulignent le rôle des monopoles capitalistes.
Concentration de la production avec, comme conséquence, les monopoles; fusion ou interpénétration des banques et de l’industrie, voilà l’histoire de la formation du capital financier et le contenu de cette notion. »
Lénine, L’impérialisme stade suprême du capitalisme, 1916
Nous ne pensons pas comme certains que le fascisme est une gangrène planant au dessus de la société et que nous pourrions éliminer une bonne fois pour toute sans changer les fondements même du système dans lequel nous vivons. Au contraire nous pensons qu’il existe un lien dialectique entre fascisme et capitalisme au même titre qu’entre capitalisme et démocratie bourgeoisie.
La démocratie bourgeoise est une forme politique de domination de la bourgeoisie en temps normal, le fascisme en est la forme en temps de crise, une forme dictatoriale et terroriste qui exprime un bond qualitatif dans la forme étatique de la domination de classe de la bourgeoisie.
« Le fascisme, ce n’est pas une forme du pouvoir d’Etat qui, prétendument, « se place au-dessus des deux classes, du prolétariat et de la bourgeoisie », ainsi que l’affirmait, par exemple, Otto Bauer. Ce n’est pas « la petite bourgeoisie en révolte qui s’est emparée de la machine d’Etat », comme le déclarait le socialiste anglais Brailsford. Non. Le fascisme, ce n’est pas un pouvoir au-dessus des classes, ni le pouvoir de la petite bourgeoisie ou des éléments déclassés du prolétariat sur le capital financier. Le fascisme c’est le pouvoir du capital financier lui-même. »
Discours de Dimitrov lors VIème Congrès de l’IC en 1935
Sur le plan de la théorie, nous pensons que l’analyse du fascisme faite par l’Internationale Communiste et principalement par Dimitrov est juste.
Comme nous l’expliquons dans l’introduction, le fascisme se développe en temps de crise du système capitaliste, contre la classe ouvrière mais également en trompant la classe. C’est une arme d’une faction de la bourgeoisie pour enrégimenter la société, briser la classe afin de permettre le maintien de la dictature de la bourgeoisie. Le dernier cycle fasciste s’est développé en opposition au mouvement révolutionnaire en la présence de parti communistes forts mettant en péril la domination du Capital et d’un pays socialiste, l’URSS. Le fascisme est un processus en constante évolution. Les lois de la dialectique sont claires, les phénomènes sociaux et politiques, au même titre que toute forme de vie et de développement organique, sont en perpétuelle évolution. Si les mécanismes fondamentaux du fascisme restent inchangés, son développement ne pourra être une pâle copie du cycle précédent, mais bien un processus en phase avec la réalité matérielle actuelle. Nous développerons notre analyse du fascisme sous sa forme moderne, cependant il est toutefois à noter qu’un des changements principaux est l’absence d’un camp socialiste, la trahison révisionniste et la faiblesse actuelle des forces prolétariennes organisées.
Pour nous le cœur de l’analyse faite par Dimitrov est toujours valable. De plus, l’analyse historique des causes du fascisme et de son accession au pouvoir le reste également.
Nous devons insister d’ailleurs sur le rôle majeur joué hier comme aujourd’hui par la social-démocratie dans le processus de montée du fascisme. Comme l’a déjà expliqué Staline, la social-démocratie et le fascisme sont les deux faces d’une même pièce. En 1919, en Allemagne c’est la social-démocratie qui a écrasé avec l’aide des junkers la révolution spartakiste, assassiné Rosa Luxembourg et Karl Liebcknecht, écrasé la République des Conseils de Munich et ouvert la voie à l’arrivée au pouvoir de Hitler.
Aujourd’hui, cette même social-démocratie contribue à désarmer la classe ouvrière devant la menace fasciste avec l’aide des révisionnistes. C’est le PS au pouvoir qui vote les lois anti-ouvrières et répressives sur lesquelles le fascisme pourra asseoir sa gouvernance. Ce sont les révisionnistes qui désarment le peuple, enlisant sa force combative derrière des revendications réformistes et électoralistes bien incapable d’offrir une quelconque perspective à la lutte antifasciste.
Nous faisons nôtre la filiation idéologique et historique de Dimitrov et de l’Internationale communiste, mais également celle de la résistance antifasciste menée par les partis communistes d’Europe au cours du 20ème siècle. La lutte contre la barbarie fasciste reste aujourd’hui une lutte classe contre classe, une lutte plus générale contre la dictature de la bourgeoisie, une lutte dans laquelle la classe ouvrière n’a à perdre que ses chaînes. L’orientation stratégique de cette lutte doit répondre aux conditions matérielles de notre pays et aux lois de la guerre en pays impérialiste, il doit s’agir d’une guerre populaire, c’est à dire d’une guerre révolutionnaire, d’une guerre des masses elles-mêmes, d’une guerre du peuple dirigée par un parti révolutionnaire.
L’unité de la classe pour la lutte contre le fascisme est une absolue nécessité, les fauteurs de divisions, les directions réformistes et révisionnistes doivent être fermement combattus car elles sapent l’unité du prolétariat et dévient sa lutte cherchant à lui ôter son caractère révolutionnaire en l’enchaînant à la démocratie bourgeoise.