Stratégie et tactiques de la révolution indienne
Parti Communiste d’Inde (maoïste)
21 Septembre 2004
PARTIE 1 : STRATÉGIE
Chapitre 8 : Les trois armes magiques
Les trois questions fondamentales du parti dans la révolution indienne sont la construction du parti, de l’Armée Populaire et du front uni. Une compréhension correcte de ces trois questions et de leurs rapports mutuels donnera la juste direction à la révolution indienne tout entière.
Le camarade Mao a expliqué qu’une compréhension correcte du rapport entre le parti, l’armée et le front uni est nécessaire pour la victoire de la révolution.
« … le front uni et la lutte armée sont les deux armes fondamentales pour vaincre l’ennemi. Le front uni est un front uni pour poursuivre la lutte armée, et le parti est le guerrier héroïque brandissant les deux armes, le front uni et la lute armée pour prendre d’assaut et détruire les positions ennemies. Voici comment ils sont liés l’un à l’autre ».
Par conséquent, il est extrêmement impératif pour nous de saisir l’importance de la construction de chacune de ces armes dès le tout début comme d’appliquer magistralement celles-ci à la pratique concrète de la révolution indienne basée sur les enseignements du marxisme-léninisme-maoïsme.
Le parti du prolétariat
Lénine nous au enseigné que, « Le prolétariat, dans sa lutte pour le pouvoir, n’a d’autre arme que l’organisation ».
Et le camarade Mao a expliqué :
« S’il doit y avoir une révolution, il doit y avoir un parti révolutionnaire. Sans un parti révolutionnaire, sans un parti bâti sur la théorie révolutionnaire marxiste-léniniste et dans le style révolutionnaire marxiste-léniniste, il est impossible de diriger la classe ouvrière et les larges masses de la population pour vaincre l’impérialisme et ses laquais ».
Dans la construction, le développement et la bolchévisation du parti dans l’Inde semi-coloniale, semi-féodale, nous ne devons jamais oublier le principe conçu par Mao qui est bien relié à la ligne politique, à sa révolution correcte ou erronée des questions du front uni et de la lutte armée.
La question la plus importante dans la construction du parti est qu’il faut qu’elle soit guidée par une ligne politique et idéologique correcte. Sans être guidé par la théorie la plus avancée du prolétariat – l’idéologie du marxisme-léninisme-maoïsme – il est impossible d’élaborer le programme, la stratégie et les tactiques correctes de la révolution et par conséquent, impossible de remporter la victoire dans la révolution. La ligne politique et idéologique doit servir de base pour tout le travail du parti non seulement pendant mais aussi après la révolution de nouvelle démocratie et jusqu’à la réalisation du socialisme et du communisme.
Un autre principe fondamental dans la construction du parti conçu par les camarades Lénine et Mao est sa structure secrète ou sa nature clandestine. Mao a expliqué le besoin impératif de maintenir un parti rigoureusement clandestin dans les zones dominées par les réactionnaires ainsi :
« Au début, notre politique est d’entretenir l’organisation du parti clandestinement et de la rendre compact, sélective et efficace. Rester dans la clandestinité pendant une longue période, accumuler des forces et attendre le bon moment, ne pas nous précipiter ni nous exposer ».
Le camarade Mao a ainsi établi notre compréhension de la base idéologique et politique de la construction du parti dans un pays semi-colonial, semi-féodal.
Le troisième principe fondamental est l’unité de volonté et l’unité d’action à l’intérieur du parti, et l’unité entre le parti et la population. Seules la construction du parti sur la base du centralisme démocratique et la poursuite de la ligne de classe et de la ligne de masse peuvent garantir ceci. La mise en œuvre consciente du centralisme démocratique est d’une grande importance pour assurer l’unité du parti, renforcer sa direction centralisée, améliorer sa capacité de combat et tonifier la vie du parti. Le parti peut être rendu fort en appliquant le centralisme démocratique pour stimuler l’initiative de tous les membres.
La consolidation de la direction collective est une condition préalable importante pour la mise en œuvre du centralisme démocratique dans le pays. Afin de mettre en pratique la combinaison de la direction collective et de la responsabilité individuelle, le système du comité de parti doit être renforcé. Ceci empêche également tout individu de monopoliser la conduite des affaires.
Le camarade Mao a également développé notre compréhension de la lutte à l’intérieur du parti comme étant le reflet de la lutte de classe dans la société, la lutte à l’intérieur du parti étant la lutte entre deux lignes qui englobe tout son processus de développement. Nous devons adopter les « Trois grands modèles de travail » qui sont une des marques distinguant le parti prolétarien des partis bourgeois et révisionnistes. Ceux-ci sont : le modèle de l’intégration de la théorie avec la pratique, du maintien de liens étroits avec les masses et de la pratique de la critique et de l’autocritique. L’éducation politique et idéologique est le lien clé à saisir pour unir tout le parti pour de grandes luttes politiques. A moins que cela ne soit fait, le parti ne peut accomplir aucune de ses tâches politiques.
Nous devons construire le parti en fonction de la compréhension marxiste-léniniste-maoïste mentionnée ci-dessus afin de rendre le parti invincible et de mener la révolution à la victoire.
Pour consolider les fondations prolétariennes dans l’organisation du parti, nous devons prêter une attention toute particulière à la construction d’unités du parti dans les organisations industrielles clé des villes et parmi les paysans pauvres et sans terre et les travailleurs agricoles dans les zones rurales. Puisque notre voie est la voie de la guerre populaire prolongée, il est évident que nous devions principalement concentrer notre travail, y compris la construction du parti, sur les zones rurales.
La direction de la classe est la condition indispensable pour la révolution de nouvelle démocratie en Inde. Il faut que la classe ouvrière exerce sa direction dans la révolution à travers sa participation directe et envoie son détachement avancé vers les zones rurales. Ce n’est qu’en organisant et en stimulant la classe ouvrière, et en attirant sans arrêt sa section avancée dans le parti que le parti peut être renforcé, sa base de classe rendue solide et la direction de la classe ouvrière sur la révolution de nouvelle démocratie garantie. Le parti, afin de préparer la population pour la guerre populaire, doit organiser les diverses classes en organisations de classe, les rallier dans les luttes contre l’état et développer la conscience de la prise du pouvoir d’état.
L’armée Populaire
Nous ne pouvons pas concevoir la guerre populaire sans une armée populaire. L’importance de l’armée populaire dans la prise du pouvoir politique est captée dans la déclaration célèbre de Mao : « Sans une armée populaire, le peuple n’a rien. L’armée populaire est l’instrument dans les mains du peuple opprimé pour s’emparer du pouvoir politique et sans lequel il est impossible de détruire l’appareil d’état des classes exploiteuses. Par conséquent, l’effort du parti de la classe ouvrière pour bâtir et développer une armée populaire sera d’une importance vitale dans le mouvement révolutionnaire suivant la ligne de la guerre populaire prolongée ».
Dans un pays tel que le nôtre, la révolution se déroulera depuis le début principalement par la forme de la lutte armée. Durant le cours de la révolution de nouvelle démocratie, la lutte armée ou la guerre sera la forme principale de lutte et l’armée sera la forme principale d’organisation. Ni le travail de l’organisation de la population ni le travail de construction de luttes de masses ne peuvent continuer avec succès sans le soutien des forces armées populaires. Le parti ne peut consolider les accomplissements des luttes de masse qu’en étendant et en développant la guérilla, et sera ainsi en mesurer de jeter les fondations pour un pouvoir politique populaire alternatif.
Le camarade Mao a également fait remarquer : « l’armée populaire est un corps armé pour s’acquitter des tâches politiques ». En plus de combattre pour détruire l’ennemi tout en conservant ses propres forces, elle doit endosser des tâches politiques telles que faire de la propagande parmi les masses ; mobiliser les masses en même temps que de les organiser et de les armer, les aider à instaurer un pouvoir politique révolutionnaire ; constituer et développer les organisations de parti ; et participer dans la production. Le camarade Mao a dit que sans ces objectifs, le combat perd son sens et l’armée rouge perd la signification de son existence.
Nous ne serons capables de développer fermement la guerre populaire et de développer la conscience de la prise du pouvoir d’état parmi la population qu’en armant le peuple par la forme de l’armée populaire, en le formant et en développant une résistance de masse contre l’état. La guérilla menée par le peuple et l’armée rouge en tant que force principale est une action dans laquelle ils se complètent l’un l’autre comme le bras droit et le bras gauche d’un homme. C’est pour cette raison qu’il faut que le parti fasse attention à cet effort d’armer la population.
Sur le rapport entre le parti et l’armée populaire, le camarade Mao nous a enseigné que : « Le parti commande le fusil, et le fusil ne doit jamais être autorisé à commander le parti ».
L’armée populaire dans un pays agraire tel que l’Inde sera, au fond, une armée de paysans, tout particulièrement l’armée des paysans pauvres et sans terre, sous la direction de la classe ouvrière. C’est cette composition de classe de l’armée populaire qui est sa véritable force. Effectivement, cette armée est l’armée populaire. Chaque membre de cette armée sans exception est imprégnée du grand but d’être au service de la population et la relation entre l’armée et la population est comme celle du poisson et de l’eau.
La révolution agraire est la base qui garanti le flux sans fin de recrues dans l’armée populaire. Armée de la théorie du marxisme-léninisme-maoïsme, guidée par la mission historique du prolétariat, et menant une guerre de libération juste, l’armée populaire devient invincible face aux circonstances les plus éprouvantes.
L’armée populaire de l’Inde est un détachement armé de l’armée prolétarienne mondiale ; elle est guidée par les principes de l’internationalisme prolétarien. Tandis que la plus grande tâche qu’elle a devant elle est la libération du peuple de l’Inde de l’impérialisme et de tous ses laquais compradores, elle considère également comme sa tâche impérative de combattre partout dans le monde, lorsque le besoin survient, pour défendre les intérêts du prolétariat mondial et des masses opprimées.
Le front uni révolutionnaire
Le front uni de l’alliance des quatre classes doit être fondé pour la prise du pouvoir politique et pour instaurer la dictature démocratique populaire. Le but du front uni est d’isoler, d’affaiblir et de détruire les ennemis principaux un par un et de convaincre le maximum de forces possibles opposées aux ennemis principaux. Par conséquent, le parti doit prêter une attention toute particulière à construire un front aussi large que possible en s’unissant avec toutes ces classes, groupes, partis, individus et forces qui aspirent à atteindre le but commun du front uni, quelle que soit la faiblesse ou l’hésitation des éléments constitutifs du front uni. Dans le processus tout entier de la construction du front uni, c-à-d la construction d’un front uni sur des problèmes concrets ou dès la construction d’un front uni au niveau local jusqu’à, finalement, la construction d’un front uni révolutionnaire pour établir le pouvoir populaire, le parti doit suivre immanquablement le principe léniniste suivant :
« Afin de mener correctement la révolution vers la victoire, le Communist Party dans chaque pays doit immanquablement utiliser la moindre plus petite possibilité de se faire un ami parmi la population, aussi hésitant cet ami soit-il, aussi incapable soit-il, aussi peu fiable soit-il et même aussi temporaire cette possibilité soit-elle ».
Dans un pays semi-colonial, semi-féodal comme l’Inde, le front uni stratégique doit être créé au cours de la lutte armée et pour porter en avant la lutte armée pour la prise du pouvoir. Le camarade Mao a posé les principes tactiques fondamentaux du front uni qui doivent être suivis par le prolétariat tels que : maintenir l’hégémonie de la classe ouvrière sur le front uni ; maintenir l’indépendance et l’initiative dans les mains de la classe ouvrière et se reposer sur ses propres efforts en toutes circonstances ; et qu’il faut que le front uni soit au service de la lutte armée.
Par conséquent, le premier principe dans la construction du front uni est que le parti du prolétariat doit jouer le rôle d’avant-garde dans ce front uni. Il ne peut y avoir de front uni sans la direction théorique, politique, organisationnelle et militaire de la classe ouvrière et du Parti communiste.
L’alliance du prolétariat et de la paysannerie est le fondement de ce front uni. Il s’agit de l’alliance fondamentale dans le front uni et il ne peut y avoir de front uni révolutionnaire sans cette alliance de base ouvrier-paysan. Il ne peut y avoir d’armée populaire ni d’organes de pouvoir démocratique populaire à aucun niveau sans l’alliance fondamentale de la classe ouvrière et de la paysannerie. Ceci est le deuxième principe dans la construction du front uni révolutionnaire dans l’Inde semi-coloniale et semi-féodale. Les paysans riches sont des alliés indécis. D’une part, ils sont exploités par l’impérialisme et entravés par le féodalisme, et d’autre part, eux-mêmes exploitent les autres. En raison de cette double nature, en dépit de leur indécision, les paysans riches deviennent une partie du front uni étant donné que le but immédiat du front de nouvelle démocratie est d’abolir l’exploitation de l’impérialisme, du capitalisme bureaucrate compradore et du féodalisme.
Le troisième principe dans la construction du front uni révolutionnaire en Inde est le développement de l’alliance avec la petite bourgeoisie urbaine, établissant de ce fait le front uni comme étant l’alliance révolutionnaire de toutes les forces motrices. Les classes dirigeantes obtiennent de la crédibilité et de la puissance du soutien de la petite bourgeoisie urbaine et une fois que le parti du prolétariat attire cette importante couche sociale dans le camp de la révolution, la crédibilité de la classe dirigeante est en jeu.
La bourgeoisie nationale participera à la révolution contre l’impérialisme et le féodalisme à certains moments et jusqu’à un certain point. Il se peut que cette classe vienne avec les progrès de la guerre populaire et de notre puissance globale si nous adoptons une politique et une attitude correctes à l’égard de la bourgeoisie nationale.
Ainsi, pour réaliser la révolution de nouvelle démocratie en Inde, notre parti doit accorder la plus grande importance à la tâche de former et de développer le front uni stratégique révolutionnaire se composant des quatre classes mentionnées ci-dessus – le prolétariat, la paysannerie, la petite-bourgeoisie urbaine et la bourgeoisie nationale (petite et moyenne bourgeoisie). Parmi celles-ci, les trois premières sont les forces motrices de la révolution tandis que la bourgeoisie nationale est une alliée hésitante.
Il est également important pour le parti du prolétariat de profiter des conflits et des contradictions à l’intérieur des classes dirigeantes réactionnaires qui ne peuvent pas manquer de s’intensifier dans un pays semi-colonial comme le nôtre en raison des croissantes contradictions inter-impérialistes pour le contrôle de nos vastes ressources et marchés.
Ceci signifie que nous ne serons en position d’utiliser les contradictions à l’intérieur des classes dirigeantes efficacement qu’après avoir mis en place le front uni des quatre classes sous notre direction. Que nous devions développer des alliances tactiques axées sur des questions spécifiques avec les partis de la classe dirigeante ou non, cela doit également être décidé par le parti selon les conditions concrètes de l’époque.
Le front uni révolutionnaire est le véritable bastion qui protège le mouvement révolutionnaire des campagnes fascistes de répression et d’anéantissement dirigées conjointement par les classes dirigeantes contre-révolutionnaires. Ce front uni ne peut devenir puissant et stable qu’au cours de la marche en avant de la lutte armée, et à son tour, la lutte armée peut devenir puissante avec la formation effective du front uni.
Étant donné que la révolution de nouvelle démocratie ne peut pas être organisée et portée en avant sans les trois armes mentionnées ci-dessus, exactement de la même manière, ces trois armes ne peuvent pas non plus être créées, consolidées et développées isolément de la guerre révolutionnaire agraire armée et de la guerre populaire prolongée. Les principaux éléments constituants dans la création de ces trois armes sont la classe ouvrière et la paysannerie, tout particulièrement les paysans pauvres et sans terre. Par conséquent, nous devons prêter la plus grande attention pour créer ces trois armes dans le processus de constitution de zones de base grâce au mouvement révolutionnaire agraire et à la guerre populaire prolongée en prenant comme noyau la classe ouvrière et la paysannerie, en particulier les paysans pauvres et sans terre.