Larguons l’OMC ! Résistons au Pillage et à la Guerre Impérialiste !
Jose Maria Sison
Président de la Ligue Internationale de la Lutte des Peuples
14 décembre 2005
Je suis à la fois très heureux et extrêmement honoré d’avoir été chargé d’ouvrir ce forum sur le commerce et la guerre. Je souhaite féliciter l’Alliance populaire de Hongkong pour avoir organisé avec succès cette « semaine d’action populaire », à l’occasion de la 6e conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). J’offre mes plus chaleureuses salutations de solidarité à l’Alliance et à touTEs les participantEs à ce forum et à cette semaine d’actions de protestation, ici à Hongkong.
Le thème de ce forum ” Larguons l’OMC! Résistons au pillage et à la guerre impérialistes! ” incarne de la façon la plus appropriée qui soit, la revendication et les tâches des forces progressistes du monde entier vis-à-vis l’OMC. Les peuples du monde, particulièrement les masses travailleuses, doivent s’unir pour exiger le démantèlement de l’OMC et résister au pillage et à la guerre impérialistes.
Contexte historique
L’essence même du capitalisme est l’exploitation du travail dans le procès de production des marchandises. Le capital, dans les mains de la classe capitaliste, est du travail concentré, originalement aliéné et volé à la classe ouvrière pour l’exploiter davantage. De nouvelles valeurs matérielles ne peuvent être produites que par de nouveaux apports de travail vivant et non par du ” travail mort ” sous la forme de capital. La classe capitaliste est amenée à extraire des profits en minimisant les coûts salariaux, en maximisant la valeur du surplus par rapport aux coûts salariaux et en accumulant du capital. Cela conduit à une crise de surproduction reliée au rétrécissement du marché, lui-même résultant de la perte d’emplois et de revenus.
Dans une société capitaliste de plus en plus industrialisée, la richesse sociale créée par la classe ouvrière est appropriée par la classe capitaliste. Mais les capitalistes se font eux-mêmes compétition et essaient de se dévorer les uns les autres. Dans la seconde partie du 19e siècle, les monopoles ont émergé et se sont développés à partir de ce processus, à l’intérieur même du ” capitalisme de libre compétition “. Les entreprises qui sont sorties gagnantes de cette compétition ont contré la baisse tendancielle du taux de profit en recourant à l’exportation de capitaux et de biens en surplus, ainsi qu’à l’acquisition de sources peu dispendieuses de matières premières et de travail. De cette manière, l’ère du capitalisme monopoliste, ou de l’impérialisme, débuta au commencement du 20e siècle.
C’était dans la nature des pays en cours d’industrialisation de consolider leurs marchés nationaux et d’entrer en compétition pour conquérir de nouveaux territoires économiques. Avec l’avènement de l’impérialisme moderne, le monde qui existait au-delà des frontières nationales des puissances capitalistes s’est trouvé totalement divisé en colonies, semi-colonies et pays dépendants. Des conflits surviennent aisément entre les puissances capitalistes parce qu’elles cherchent toujours à accroître leur territoire économique aux dépens des autres. La guerre éclate quand elles ne peuvent plus régler leurs différends amicalement. N’importe quelle puissance capitaliste peut être amenée à déclencher une guerre et à utiliser sa force politique et militaire pour s’emparer d’un territoire par la force et ainsi re-diviser le monde en fonction des changements qui se sont produits dans le rapport des forces économiques et politico-militaires.
La succession des crises capitalistes qui se sont déroulées dans le dernier quart du 19e siècle a donné naissance à des monopoles industriels et financiers qui ont pris le contrôle d’économies entières, modifié le rapport de force entre les pays hautement industrialisés, et mené à une lutte pour des territoires qui fut finalement réglée par des guerres (ex. la guerre russo-japonaise, la guerre des Boers et la guerre américano-espagnole), inaugurant l’ère de l’impérialisme. Ces guerres furent suivies par les deux guerres les plus destructives de l’histoire de l’humanité – les deux guerres mondiales qui se sont succédées durant la première moitié du 20e siècle.
Comme l’histoire l’a prouvé, c’est dans la nature de l’impérialisme moderne que de piller les ressources naturelles et la richesse sociale créée par la classe ouvrière et les peuples du monde entier, de mettre en place la répression et le fascisme et de déchaîner des guerres, soit pour subjuguer des peuples et pays entiers ou encore pour régler les conflits qui émergent entre les pays impérialistes à propos des sources de matières premières, des marchés, des champs d’investissement, des sphères d’influence et des points de contrôle stratégiques. Des guerres directes et des guerres par interposition sont survenues entres les puissances impérialistes, après quelques périodes d’arrangement de leurs parts respectives du monde.
Les États-Unis sont sortis pratiquement indemnes de la Deuxième Guerre mondiale et avec leurs industries intactes et hautement développées, ils étaient dans la meilleure position pour profiter de la reconstruction d’après-guerre. Ils devinrent la puissance impérialiste numéro un aux points de vue économique et militaire. À ce titre, ils assumèrent la tâche de perpétuer le système capitaliste mondial, de contenir les États socialistes et de combattre ou détourner les mouvements de libération nationale. Cependant, contrairement aux souhaits des capitalistes monopolistes, les guerres globales contractèrent considérablement le marché capitaliste, étant donné qu’elles favorisèrent l’essor de l’URSS socialiste, des États de l’Europe de l’Est, de la République populaire de Chine et de la République populaire démocratique de Corée. Au milieu du 20e siècle, le système socialiste englobait déjà le tiers de la population mondiale.
Pendant la Deuxième Guerre mondiale et peu de temps après, l’économie des USA fut stimulée par d’énormes investissements publics dans la production de guerre, qui ont permis de développer et d’engraisser encore plus le complexe militaro-industriel. Pour justifier davantage ce type de dépenses, les États-Unis se sont lancés dans la guerre froide. Celle-ci fut constituée d’au moins deux guerres majeures (la Corée et le Vietnam), de plusieurs autres guerres par pays interposés (particulièrement au Moyen-Orient et en Afrique), de centaines d’interventions militaires et de guerres locales dans l’ensemble du tiers-monde, d’un déploiement global de bases et de troupes et d’une coûteuse course aux armements et au contrôle de l’espace avec l’URSS (particulièrement les systèmes nucléaires MBI) – tout cela, dans le but de contenir la menace socialiste, de supprimer les luttes de libération nationale et de soutenir les dictatures fascistes et une kyrielle de régimes répressifs.
Les rapports économiques après la Deuxième Guerre mondiale
Les rapports économiques entre les pays et nations prennent la forme du commerce (l’échange de biens et de services) et d’opérations financières (investissements, prêts, ” aide ” et autres transactions financières). Une fiction légale veut que tout cela soit effectué à partir de termes mutuellement acceptés par des nations égales et souveraines, et par conséquent mutuellement avantageux. Mais dans les faits, les termes d’échange et de finance sont toujours dictés par le pays le plus puissant, à son propre avantage, et invariablement au détriment du pays le plus faible.
Après la Deuxième Guerre mondiale, les États-Unis étaient déterminés à diriger et contrôler le système capitaliste mondial, au moyen des accords de Bretton Woods. Ils ont tenté de construire une alliance de tous les pays capitalistes, contre les pays socialistes, et d’assimiler les pays nouvellement indépendants et les mouvements de libération nationale. Ils utilisèrent pour ce faire une gamme complète de mesures politiques, économiques, commerciales, financières et sécuritaires. Pour résister à la vague de nationalisme dans les colonies et faire dévier les luttes anti-coloniales de la voie socialiste, les puissances impérialistes menées par les USA accordèrent l’indépendance nominale à leurs colonies, tout en sécurisant leur emprise semi-coloniale ou néo-coloniale grâce à différents traités et arrangements inégaux (économiques, sécuritaires et autres).
En 1948, le plan des USA visant à mettre sur pied l’Organisation internationale du commerce fut contrecarré quand les puissances européennes s’opposèrent à des dispositions qui, manifestement, avantageaient les États-Unis. En l’absence d’une organisation globalement chargée de régulariser les échanges commerciaux, les questions commerciales furent discutées et réglées de façon multilatérale, par l’entremise des rounds successifs de l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce. Sous prétexte de développement économique et social, les pays sous-développés furent poussés à contracter des prêts massifs, sous les auspices du FMI et de la Banque mondiale. Mais ces emprunts comportaient des conditions qui stoppèrent dans les faits la croissance des industries locales et consignèrent leurs économies à un état de retard chronique, les pays sous-développés devant désormais servir essentiellement de sources de matières premières et de main-d’œuvre à bon marché, d’une part, et de déversoir pour les produits et capitaux de surplus, d’autre part. C’est ainsi que les pays du tiers-monde furent embourbés dans la spirale de l’endettement et de la dépression chronique; la dévastation des secteurs productifs domestiques qui en a résulté a accru davantage leur dépendance au capital financier monopoliste.
C’est la crise de surproduction grandissante et son insolubilité qui ont amené les puissances impérialistes à mettre sur pied l’OMC. La croissance moyenne du PIB mondial chuta de 5,1% qu’elle était annuellement de 1945 à 1970, à 3,8% dans les années 1970 (et à seulement 3,1% dans les pays industrialisés). La stagflation, qui est apparue comme conséquence des énormes dépenses militaires du gouvernement fédéral et de l’importation massive de biens de consommation, est devenue un phénomène chronique aux États-Unis, depuis l’achèvement de la reconstruction du Japon et de l’Europe de l’Ouest à la fin des années 1960 et l’ouverture du marché US à la production manufacturière et aux importations en provenance des ” nouveaux pays industrialisés ” (Taiwan, Brésil, etc.) au cours des années 1970 et 1980. Ce phénomène a conduit les États-Unis à devoir diminuer leur propre production de biens commerciaux et à se sur-endetter à l’étranger, jusqu’à devenir le plus grand débiteur au monde à partir des années 1980.
On a attribué au keynésianisme le mérite d’avoir aidé le capitalisme monopoliste à faire face à la Grande dépression aux États-Unis et aux crises persistantes dans la plupart des pays capitalistes après la Seconde Guerre mondiale. Plus encore que les mesures mises en place dans le cadre du New Deal, ce furent d’abord et avant tout la stimulation de la production rendue possible par l’approvisionnement des avides industries de guerre du Japon et de l’Allemagne, puis la participation à plein régime à l’effort de guerre des puissances alliées contre les puissances de l’Axe qui sortirent les États-Unis de la dépression. Malgré tout, les mesures sociales du keynésianisme n’ont pu résoudre totalement le problème fondamental résultant de la tendance des capitalistes monopolistes à augmenter leurs profits en réinvestissant massivement dans de nouvelles machineries pour augmenter la productivité tout en abaissant les salaires, ce qui a pour effet de contracter le marché et de causer une surproduction. Cela n’a pas empêché Reagan et Thatcher, dans les années 1980, de rejeter la responsabilité de la crise sur les hausses de salaires et les dépenses gouvernementales en services et bénéfices sociaux, et de faire passer les économies capitalistes du keynésianisme au monétarisme et au ” néo-libéralisme “.
Le néo-libéralisme est à la fois anachronique et trompeur. Sa prétention de mondialiser le ” libre marché ” tente de faire passer le capitalisme monopoliste pour du capitalisme de ” libre compétition “. Après l’effondrement des régimes d’Europe de l’Est en 1989-91 et la désintégration de l’URSS en 1991, les capitalistes monopolistes ont mené une offensive idéologique, politique et économique, allant même jusqu’à proclamer la ” fin de l’histoire ” et le triomphe du capitalisme sur le socialisme, qui annonçait une ère de paix mondiale, de progrès et de prospérité allant de pair avec la pleine intégration du monde entier dans un système capitaliste unique.
L’OMC fut conçue, formée et gérée comme un instrument majeur aux mains des puissances impérialistes pour dominer et imposer leur volonté aux États les plus faibles et permettre aux capitalistes monopolistes d’extraire encore plus de surprofits sur le dos du prolétariat international. Plus que tout autre appareil impérialiste ayant été mis en place antérieurement mais ne disposant d’aucune capacité d’intervention militaire, l’OMC a réussi à contraindre ouvertement les pays les plus faibles d’accepter la négation et la violation de leur souveraineté politique et économique. Depuis sa création en 1995, elle a été le principal instrument pour propager le mythe de la mondialisation du ” libre marché ” et pour établir des accords de commerce inégaux, essentiellement aux dépens des pays sous-développés.
Les 147 pays membres de l’OMC représentent présentement 98,8% de la population mondiale, tenant compte de l’Union européenne et de 33 pays observateurs, dont la Russie et le Vietnam, qui doivent y adhérer d’ici cinq ans. Elle prétend être une institution démocratique dans laquelle les États membres discutent et règlent les questions commerciales par consensus sur une base d’égalité et d’avantage mutuel, et de respect de l’indépendance et de la souveraineté nationale. En réalité, la poignée d’États impérialistes qui en font partie, agissant au nom de leurs bourgeoisies monopolistes respectives, contraignent les États les plus faibles à ouvrir davantage leurs économies au pillage impérialiste et les exposent au chantage et aux coups de force. Ils utilisent des sanctions tant politiques qu’économiques contre les États qui ne se conforment pas aux ” accords ” inégaux. Ce faisant, les grands monopoles visent à surmonter la crise chronique de surproduction en refilant le fardeau de la crise aux peuples du monde.
Pour les puissances impérialistes dominantes, l’OMC sert de mécanisme afin d’empêcher les pays sous-développés ainsi que les pays économiquement arriérés (les pays anciennement socialistes et les nouveaux pays industrialisés) de faire respecter leur souveraineté et de protéger leur économie contre les assauts du capitalisme monopoliste étranger. Depuis les années 1990, plus de 130 pays ont amendé leur constitution et mis en vigueur de nouvelles lois afin de donner suite aux exigences de l’impérialisme dans les domaines du travail, du commerce et d’autres secteurs de l’économie. Parallèlement, les États-Unis, l’Europe et le Japon continuent d’utiliser des mesures protectionnistes (interdictions, restrictions, tarifs douaniers élevés, subventions) afin de développer et même de sur-développer leur économie, tout en interdisant aux autres pays d’utiliser des mesures similaires afin de développer leur propre économie.
La conséquence principale de la soi-disant mondialisation du libre marché est la dénationalisation des économies sous-développées. Les politiques ” néo-libérales ” de libéralisation, de déréglementation et de privatisation ont détruit les barrières nationales qui restreignaient le flot des investissements et du commerce impérialistes. Elles ont éliminé les subventions gouvernementales, les lois anti-monopoles, ainsi que les lois sociales qui protégeaient les travailleurs et travailleuses, les femmes, les enfants, les personnes âgées et l’environnement. Elles ont du même coup livré sur un plateau d’argent les biens et services publics, de même que les autres ressources, aux monopoles étrangers et à leurs complices compradores pour des fins de privatisation, d’accumulation de capital et de profits privés.
Les avancées technologiques rapides qui se sont produites depuis les années 1960 et 1970 (en conséquence des investissements massifs ayant été faits dans le secteur de la recherche et du développement et à un rééquipement grâce au capital monopoliste d’état, i.e., grâce à l’utilisation des technologies de guerre – le laser, le nucléaire, l’électronique, la fibre optique et les technologies de l’information), parallèlement à l’appropriation et à l’utilisation privées de telles technologies dans un environnement de ” mondialisation ” néo-libérale favorisé par l’OMC, n’ont fait qu’aggraver la contradiction inhérente entre le caractère de plus en plus social de la production et l’extrême rapacité de l’appropriation capitaliste monopoliste des profits.
Tout cela a eu pour effet d’accélérer la sur-concentration et la sur-centralisation du capital dans les centres impérialistes avancés, principalement aux États-Unis. Un ensemble de seulement 300 multinationales et grandes banques comptent pour 70% des investissements directs étrangers. Les 100 plus grandes entreprises contrôlent maintenant 70% du commerce mondial. Les 50 banques et compagnies financières les plus importantes contrôlent 60% du capital mondial. Les biens possédés par les trois personnes les plus riches du globe dépassent à eux seuls plus le PIB des 48 pays les plus pauvres, dont la population totale se chiffre à 600 millions de personnes.
Alors même que les impérialistes conspirent et s’entendent afin de dominer les économies les plus faibles, ils s’avèrent incapables d’empêcher l’intensification des conflits qui les opposent entre eux, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’OMC, et ce malgré le fait que le supposé rôle de l’OMC soit justement de promouvoir l’harmonie parmi les nations en ce qui concerne le commerce, en évitant les guerres, commerciales ou militaires, à l’aide de la ” primauté du droit “, des négociations, du consensus, des règlements, et, à chaque fois que cela s’avère nécessaire, par un système de griefs et d’imposition de sanctions. Cependant, on ne peut échapper aux lois inhérentes au système capitaliste. Les règles de l’OMC ne peuvent que retarder l’action des lois objectives du capitalisme; elles ne peuvent les enrayer complètement.
La tendance après l’effondrement de la « nouvelle économie » US
Pour la plus grande partie des années 1990, plus précisément durant la deuxième moitié de la décennie, les États-Unis paraissaient avoir établi une ” nouvelle économie “, soi-disant propulsée par la haute technologie et caractérisée par le plein-emploi et l’absence d’inflation. Les États-Unis paraissaient alors être en mesure d’enrayer n’importe quelle crise, de par leur position au poste de commande de la production mondiale de haute technologie et de la finance, et d’unique superpuissance mondiale. Mais éventuellement, en l’an 2000, la crise de surproduction a frappé le secteur de la haute technologie aux États-Unis. Les marchés boursiers se sont effondrés, entraînant un effondrement du système financier.
Comme tout le reste du système capitaliste mondial, l’économie des États-Unis est maintenant récessive et stagnante. Tous les types de produits (incluant les matières premières, les produits industriels de base, les machines-outils et les produits de haute technologie) sont en surplus relatif. La crise économique et financière a dévasté et déprimé l’économie mondiale. Les États-Unis souffrent d’immenses dettes et de déficits commerciaux et budgétaires. Comme ils l’ont si bien fait par le passé, durant la Grande dépression, les deux guerres mondiales ainsi que toute le période de la guerre froide, l’impérialisme US augmente maintenant sa production militaire en appliquant les notions du keynésianisme militaire, faisant la promotion du terrorisme d’État à une échelle globale et déclenchant des guerres d’agression.
Utilisant les attaques du 11 septembre 2001 comme prétexte, les impérialistes US ont lancé leur prétendue ” guerre au terrorisme “. Ils ont accéléré leurs grossiers actes d’agression et leur intervention militaire à l’échelle mondiale. L’invasion et l’occupation de l’Afghanistan et de l’Irak, la restructuration, le perfectionnement et le redéploiement des forces armées US, les dépenses militaires vertigineuses et le rétablissement de programmes militaires coûteux tels le Bouclier antimissile et le programme spatial font tous partie du ” Project for a New American Century “, mis de l’avant par les néo-conservateurs afin de consolider l’hégémonie mondiale des États-Unis, en s’emparant des territoires et des ressources stratégiques, et en dissuadant, neutralisant et éliminant les oppositions, ainsi que leurs rivaux de longue date. Ce faisant, les États-Unis violent de façon flagrante le droit international, écrasent les droits des nations et des peuples souverains, ravagent et détruisent l’environnement de même que des régions entières habitées par des civilEs.
En près de 11 années d’existence, l’OMC a accompli exactement le contraire de ce que ses partisans – les puissances impérialistes dirigées par les États-Unis – avaient annoncé qu’elle ferait. Elle a aggravé la misère et la pauvreté au lieu d’amener le progrès et la prospérité aux peuples du monde. Elle a enlisé les pays pauvres au lieu de les tirer de leur état de sous-développement et d’exploitation. Elle a forcé les pays plus faibles à ouvrir leur économie au pillage au profit des plus forts, au lieu de promouvoir l’égalité et le bénéfice mutuel entre les nations. Elle a exacerbé la rivalité et la compétition entre les puissances impérialistes et provoqué l’agression et la guerre, au lieu de marquer le début d’une nouvelle une ère d’harmonie et de paix mondiale.
La résistance populaire
L’histoire a prouvé que les peuples finissent toujours par résister à l’oppression et à l’exploitation impérialistes. Depuis le début du 20e siècle, les peuples du monde se sont levés et ont combattu le pillage et les guerres impérialistes. La classe ouvrière a mis sur pied des partis politiques et des syndicats, dans le but d’atteindre autant ses objectifs immédiats que ceux à long terme. Elle a dirigé les masses populaires dans le cadre de révolutions nationales démocratiques et de révolutions socialistes qui se sont développées sur une vaste échelle. Les peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine ont mené des guerres de libération nationale qui ont permis, dans certains cas, le triomphe de la révolution, ou à tout le moins de contraindre les puissances coloniales à passer à un régime de type semi-colonial ou néo-colonial. Aujourd’hui, il y a une interaction de plus en plus grande entre les luttes populaires qui se développent dans les pays impérialistes et celles qui se déroulent dans les pays dominés.
En outre, des mouvements patriotiques ont vu le jour qui défendent la souveraineté nationale et économique de certains peuples ou pays, contre certaines interventions étrangères. De même, des mouvements sociaux variés en défense des droits du peuple – y compris le droit à un développement économique autosuffisant, à la protection de l’environnement, à l’égalité entre les genres, à la diversité culturelle et ainsi de suite – ont proliféré et en sont venus à exercer des pressions significatives sur les gouvernements, tout en augmentant la conscience publique générale sur toutes ces questions. Propulsés par les mouvements révolutionnaires de même que par les mouvements légaux de protestation, certains pays en sont venus à affirmer leur souveraineté et leur indépendance nationales et à s’opposer aux conditions désavantageuses ouvertement imposées par les USA et les autres puissances impérialistes, rejetant l’intimidation et les menaces proférées contre eux.
Les peuples du monde ont historiquement développé un niveau relativement élevé de résistance contre l’impérialisme et la réaction. En conséquence de la trahison du socialisme par les révisionnistes modernes et de la désintégration des États qu’ils dirigeaient, on a pu avoir l’impression pendant un certain temps que les USA et les autres impérialistes avaient remporté une victoire permanente contre la cause du socialisme et celle des mouvements de libération nationale et sociale. Mais l’intensification de l’oppression et de l’exploitation qui découle de la politique de globalisation du ” libre marché “, de la répression, du fascisme et des guerres d’agression impérialiste ont amené les peuples à renouer avec leur héritage révolutionnaire, à rassembler leurs forces, à agir pour défendre leurs revendications et à participer résolument au combat pour leurs droits et intérêts.
Nous devons nous prévaloir de toutes les formes de lutte imaginables pour s’opposer au pillage et à la guerre impérialistes. Nous devons faire tout ce qui est possible pour contrecarrer, voire faire échouer les plans des puissances impérialistes, qui souhaitent poursuivre le cycle de négociations de Doha dans le but de diminuer encore plus les tarifs agricoles et non-agricoles, de même que quelque autre protection non-tarifaire que ce soit dans les pays du tiers-monde. Les puissances impérialistes voudraient étendre le champ d’application de l’Accord général sur le commerce et les services pour englober la totalité du secteur des services, de façon à pouvoir privatiser les services sociaux tels que l’éducation, la santé, l’eau et les communications. Elles souhaitent aller de l’avant dans le sens des thèmes formulés dans la Déclaration ministérielle de Singapour (investissement, politique de concurrence, marchés publics, facilitation des échanges). Nous devons montrer notre opposition résolue au pillage impérialiste réalisé par le biais de l’OMC.
Quelques soient les succès que nous obtiendrons en dénonçant et en s’opposant aux objectifs de la 6e conférence ministérielle, nous devrons construire sur cette base et poursuivre la lutte à plus long terme contre l’OMC et la mondialisation néo-libérale du ” libre marché “, en augmentant le niveau de conscience des peuples du monde contre l’impérialisme, en les organisant et en les mobilisant dans les diverses luttes anti-impérialistes. Les luttes contre l’OMC, contre la mondialisation ” néo-libérale ” et contre les guerres impérialistes se complètent et se renforcent mutuellement. Elles se combinent naturellement et le plus efficacement dans le cadre général de l’anti-impérialisme.
Les impérialistes peuvent et vont sans doute continuer à maintenir l’OMC et à mettre en application les politiques et les mesures néo-libérales de libéralisation, de déréglementation, de privatisation et de dénationalisation, à tout le moins pendant encore un certain temps, tandis que la crise de la surproduction, elle, continuera à s’approfondir. Les impérialistes savent qu’ils vont faire face à une résistance populaire accrue, et ils s’y préparent. Ils sont condamnés à utiliser de plus en plus fréquemment la force brutale, dans la mesure où ils n’arriveront plus à freiner les avancées des peuples qui luttent pour la libération nationale et sociale.
Les impérialistes US, leurs alliés et leurs marionnettes ne pourront s’empêcher de faire appel au terrorisme d’État et aux guerres d’agression afin de contrer les mouvements sociaux anti-impérialistes, les mouvements de libération nationale et les pays qui protègent leur indépendance nationale. Il est donc important et nécessaire de bâtir la solidarité internationale la plus forte qui soit contre l’impérialisme et la réaction, de même que des fronts unis populaires anti-impérialistes aussi larges que possible, dans chaque pays et région du monde.
La lutte séculaire entre l’impérialisme et les peuples s’intensifie de nouveau. L’impérialisme est condamné à s’affaiblir de plus en plus, au fur et à mesure que les peuples briseront les chaînes de l’exploitation et de l’oppression impérialistes, dans un pays après l’autre. Nous devons être confiants de pouvoir remporter de plus grandes victoires et d’élever à un niveau encore supérieur la lutte révolutionnaire contre l’impérialisme et la réaction. Au bout du compte, la victoire complète et définitive appartient aux peuples du monde.