Introduction

Bilan d’une discussion sur le droit des nations à disposer d’elles-mêmes

Lénine

Introduction

   Le n°2 de la revue marxiste de la gauche de Zimmerwald Vorbote (n°2, avril 1916) publie les thèses pour et contre le droit des nations à disposer d’elles-mêmes, signées par la rédaction de notre organe central le Social-Démocrate et par celle de la Gazeta Robotnicza, organe de l’opposition social-démocrate polonaise. Le lecteur trouvera plus haut le texte des premières thèses((Voir « La révolution socialiste et le droit des nations à disposer d’elles-mêmes« .)) et la traduction des secondes. C’est sans doute la première fois que cette question est posée avec autant d’ampleur dans l’arène internationale : lors de la discussion menée il y a 20 ans, en 1895-1896, avant le Congrès socialiste international de Londres de 1896, dans la revue marxiste allemande Neue Zeit, par Rosa Luxemburg, K. Kautsky et les « niepodleglosciowcy » (partisans de l’indépendance de la Pologne, P.S.P.), qui représentaient trois points de vue différents, la question n’avait été posée qu’au sujet de la Pologne. Jusqu’à présent, pour autant que nous le sachions, la question de l’autodétermination n’a été étudiée de façon quelque peu méthodique que par les hollandais et les polonais. Espérons que la Vorbote réussira à faire avancer l’examen de cette question si brûlante aujourd’hui pour les anglais, les américains, les français, les allemands, les italiens. Le socialisme officiel, représenté aussi bien par les Plekhanov, les David et Cie, partisans avoués de « leur » gouvernement, que par les kautskistes, défenseurs camouflés de l’opportunisme (y compris Axelrod, Martov, Tchkhéidzé, etc.), a surenchéri au point que, pendant longtemps encore, resteront inévitables, d’une part, les efforts pour esquiver et noyer la question, et, d’autre part, les réclamations des ouvriers exigeant qu’il leur soit donné des « réponses nettes » à ces « questions maudites ». Nous tâcherons d’informer nos lecteurs en temps utile de la lutte d’opinions parmi les socialistes étrangers.

   Pour nous; social-démocrates russes, cette question présente une importance toute particulière; cette discussion est le prolongement de celles de 1903 et de 1913((La discussion de 1903 est celle qui avait eu lieu à l’occasion de l’adoption du programme du P.O.S.D.R. Celle de 1913 concernait la thèse de l’autonomie nationale-culturelle prônée par le Bund, l’Union Générale des Travailleurs Juifs.)) ; la question a suscité pendant la guerre un certain flottement idéologique parmi les membres de notre Parti ; elle a encore gagné en acuité du fait des subterfuges dont usent des chefs marquants du parti ouvrier gvozdévien ou chauvin, comme Martov et Tchkhéidzé, pour éluder le fonds du problème. C’est pourquoi il est nécessaire de dresser ne serait-ce qu’un premier bilan de la discussion déjà engagée dans l’arène internationale.

   Comme il ressort des thèses, nos camarades polonais apportent une réponse directe à quelques-uns de nos arguments, par exemple à propos du marxisme et du proudhonisme. Toutefois, dans la plupart des cas, ils nous répondent, non pas directement, mais par un biais, en nous opposant leurs propres affirmations. Examinons donc leurs réponses, qu’elles soient indirectes ou directes.

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