Discours prononcé au congrès extraordinaire des cheminots de Russie, le 13 (26) décembre 1917
Lénine
Paru dans la « Pravda » n° 214, 27 (14) décembre 1917 et dans le journal « Izvestia du Comité exécutif central » n° 251.((Le Congrès extraordinaire des cheminots de Russie se tint du 12 (25) décembre au 30 décembre 1917 (12 janvier 1918) à Pétrograd sur l’initiative des syndicats des cheminots de Moscou et de Pétrograd en présence de 300 délégués dont plus de la moitié étaient des bolchéviks. Lénine qui prononça une allocution de salutation le lendemain de l’ouverture du Congrès en fut élu président d’honneur. L’assistance entendit le rapport sur la situation présente, une intervention du représentant du Vikjel, des rapports sur la situation alimentaire, sur les questions syndicales, sur l’organisation des Soviets locaux des députés des cheminots. La majorité écrasante des délégués adopta la plate-forme du IIe Congrès des Soviets de Russie. Le Congrès vota une motion de défiance au Vikjel dont l’attitude était favorable à la bourgeoisie contre-révolutionnaire. Le congrès désigna 78 représentants au congrès général des cheminots prévu par le Vikjel pour le 19 décembre 1917 (1er janvier 1918). ))
Permettez-moi de saluer votre congrès au nom du Conseil des Commissaires du peuple et d’exprimer l’espoir que l’organisation des cheminots répondra à la volonté de l’immense majorité des ouvriers et des paysans de Russie. La Révolution d’Octobre, accomplie par les ouvriers, les paysans et les soldats, est sans conteste une révolution socialiste. Contre elle se sont dressées toutes les forces de la bourgeoisie et des hauts fonctionnaires, habituées à l’ancien régime et incapables de comprendre que cette révolution transformera tout l’ancien régime. Regardez quel vacarme ces gens-là mènent en prétendant que la majorité de la Russie ne reconnaît pas le pouvoir des Soviets. Vous savez ce que vaut ce vacarme. On nous inonde de télégrammes annonçant que les troupes marchent sur Pétrograd contre la Révolution d’Octobre victorieuse. Nous les jetons à la corbeille, sachant que nous n’aurons pas à attendre longtemps le démenti de ces nouvelles. Par la bouche des Avksentiev, les organisations dirigeantes du premier congrès paysan ont déclaré, au nom des masses paysannes, qu’elles étaient contre le pouvoir des «usurpateurs». Quant à nous, nous disions : «Qu’ils lancent leurs injures ; nous verrons bien ce que diront les paysans quand nous commencerons à leur remettre les domaines confisqués aux propriétaires fonciers.» Vous voyez que le IIe Congrès paysan a donné la victoire au pouvoir des Soviets. Il s’est établi un contact étroit entre le Soviet des députés paysans (IIe législature) et nous. Nous avons organisé avec eux le pouvoir des Soviets ouvriers, soldats et paysans. Il en sera de même, assurément, pour la masse des cheminots. Vous savez combien est pénible pour le pays la désorganisation des chemins de fer, aggravée par le sabotage des hauts fonctionnaires. Vous savez que cette désorganisation rend impossibles les échanges réguliers entre la ville et la campagne, si nécessaires pour résoudre le problème du ravitaillement. Et pour assurer les communications ferroviaires, votre aide nous est indispensable, camarades. C’est seulement par nos efforts conjugués que nous saurons venir à bout du désordre et renforcer le pouvoir des ouvriers, des soldats et des paysans. Le pouvoir des Soviets ne se maintient que grâce à l’appui des larges masses laborieuses. Nous sommes convaincus que le congrès actuel des cheminots consolidera le pouvoir des Commissaires du peuple, en créant une organisation qui nous aidera dans la lutte pour la paix, pour la terre. Ainsi donc, camarades, je termine en renouvelant une fois encore mes salutations et mes voeux d’un travail fécond. (Accompagné par des applaudissements nourris de presque tous les congressistes, le camarade Lénine quitte la salle des séances. Par acclamation, le congrès l’élit président, d’honneur.)