Une voix honnête dans le chœur des calomniateurs
Lénine
Rédigé le 14 (27) avril 1917. Paru le 15 avril 1917 dans le n° 33 de la « Pravda ».
La Malenkaïa Gazéta((« Malenkaïa Gazéta » [le Petit Journal ], journal boulevardier de tendance cent-noir ; parut à Pétrograd de septembre 1914 à juillet 1917 sous la direction de Souvorine (fils). Après mai 1917, pour flatter les masses sympathisant au socialisme, il prit le sous-titre de «journal des socialistes hors-partis». Après la révolution bourgeoise démocratique de février 1917 combattit férocement le Parti bolchévik et menait une campagne de calomnies abjectes contre Lénine.)) publie aujourd’hui une lettre adressée par un groupe de soldats du 4e détachement d’autos sanitaires de l’avant à tous leurs camarades de l’armée, et exigeant qu’une enquête soit menée sur les conditions dans lesquelles s’est effectué le passage de Lénine et des autres à travers l’Allemagne.
Voilà une voix honnête, qui tranche sur le flot de mensonges sordides, de calomnies fangeuses et d’appels à la violence. Tout citoyen n’a-t-il pas en effet le droit et le devoir d’exiger une enquête sur tout fait d’intérêt public ?
C’est là l’attitude honnête de gens honnêtes, et non celle de fauteurs de violences.
Et c’est aussi l’attitude qu’ont adoptée tout de suite, le jour même de leur arrivée, Lénine et tous les membres des différents partis arrivés avec lui. Ils ont présenté un rapport sur leur voyage au Comité exécutif du Soviet des députés ouvriers et soldats et indiqué dans ce rapport les noms des socialistes de deux pays neutres, la Suisse et la Suède, qui ont signé le procès-verbal du voyage après avoir pris connaissance de tous les documents. Il y avait au Comité exécutif Tchkhéidzé, Tsérétéli, Skobélev, Stéklov, d’autres encore. Ils ont décidé de publier dans les Izvestia et le rapport et la décision du Comité exécutif.
Voici quelle fut la décision prise après le rapport : « Le Comité exécutif, après avoir entendu le rapport des camarades Zourabov et Zinoviev, décide de s’adresser sur-le-champ au Gouvernement provisoire et de prendre des mesures afin que tous les émigrés, quelles que soient leurs opinions politiques et leur attitude envers la guerre, puissent immédiatement rentrer en Russie. »
L’un et l’autre ont été publiés dans le n° 32 des Izvestia du Soviet, en date du 5 avril 1917.
Est-il honnête, est-il raisonnable de ne pas reproduire ce rapport et cette décision, et de se livrer à une campagne d’excitation ?
Les camarades du 4e détachement d’autos sanitaires de l’avant, qui se hâtent de « flétrir » les arrivants, de les qualifier de « traîtres », de les « maudire » et de les couvrir d’autres injures sans avoir étudie ce qui a été imprimé dans les Izvestia, ont-ils eu raison d’agir comme ils l’ont fait ?
N’est-ce pas précisément de l’anarchisme et une invitation à ne pas respecter les membres du Comité exécutif, élus par les ouvriers et les soldats ?