Avis du gouvernement de la région-frontière du Chensi-Kansou-Ningshia et de l’administration de l’arrière de la VIIIe Armée de Route((Avis rédigé par le camarade Mao Tsé-toung pour le Gouvernement de la Région frontière du Chensi-Kansou-Ninghsia et l’Administration de l’Arrière de la VIIIe Armée de Route dans le dessein de combattre les activités de sabotage de la clique de Tchiang Kaï-chek. Peu après le début de la coopération entre le Kuomintang et le Parti communiste, cette clique mena des intrigues en vue de saper les forces révolutionnaires dirigées par le Parti communiste. Les activités de sape contre la région frontière du Chensi-Kansou-Ninghsia en faisaient partie. Le camarade Mao Zedong estimait que, pour défendre les intérêts de la révolution, la fermeté sur cette question était nécessaire. Cet avis porta un coup à la position opportuniste adoptée alors, au sein du front uni antijaponais, par certains membres du Parti à l’égard des intrigues de la clique de Tchiang Kaï-chek.))
Mao Zedong
15 mai 1938
Il est publié l’avis suivant: Depuis l’Incident de Loukeoukiao, tous nos concitoyens patriotes mènent résolument la Guerre de Résistance. Au front, les officiers et les soldats versent leur sang, donnent leur vie. Tous les partis et groupements politiques se sont sincèrement unis. Toutes les couches de la population conjuguent leurs efforts pour sauver la patrie de l’asservissement. C’est là pour la nation chinoise la promesse d’un avenir radieux et une sûre garantie de sa victoire sur le Japon. Que tous nos concitoyens progressent dans cette voie! L’armée et le peuple de notre région frontière du Chensi-Kansou-Ninghsia((Base révolutionnaire qui s’est développée à partir de 1931, au cours de la guerre révolutionnaire de partisans dans le Chensi du Nord. Lorsque l’Armée rouge centrale atteignit, au terme de la Longue Marche, le Chensi du Nord, cette région devint la base centrale de la révolution, le lieu où le Comité central du Parti communiste chinois établit son siège. Elle fut dénommée région frontière du Chensi-Kansou-Ninghsia après la formation, en 1937, du front uni national antijaponais. Cette région groupait sous sa juridiction vingt-trois districts situés aux confins des trois provinces.)) acceptent la direction de leur Gouvernement et consacrent toutes leurs forces au salut de la patrie. Ce qu’ils ont fait est juste, irréprochable. Ils combattent avec âpreté et sans aucune plainte. Le peuple tout entier leur rend hommage. De leur côté, le Gouvernement de la Région frontière et l’Administration de l’Arrière se doivent d’encourager la population de toute la Région à redoubler d’efforts et à lutter jusqu’au bout. Nul n’a le droit de faillir à son devoir et aucune action nuisant au salut de la nation ne sera tolérée. Cependant, on constate ces derniers temps, dans la Région frontière, que certains individus, au mépris de l’intérêt général, usent de divers moyens pour contraindre les paysans à restituer les terres et les maisons qui leur ont été distribuées, pour obliger d’anciens débiteurs à rembourser les dettes déjà annulées((En 1936, sur la plus grande partie du territoire de la région frontière du Chensi-Kansou-Ninghsia, la politique ayant pour objectifs la confiscation des terres des propriétaires fonciers, leur distribution aux paysans et l’annulation des dettes contractées par ces derniers avait déjà été appliquée. Après 1936, pour favoriser la création d’un large front uni national antijaponais, le Parti communiste chinois remplaça, à l’échelle nationale, la politique de confiscation des terres des propriétaires fonciers par la politique de réduction des fermages et du taux d’intérêt, tout en protégeant résolument les avantages conquis par les paysans pendant la réforme agraire.)), pour forcer la population à changer le régime démocratique instauré, ou encore pour saper les organisations militaires, économiques, culturelles et les organisations de masse qui ont été établies. Certains même font de l’espionnage, conspirent avec les bandits, incitent nos soldats à la mutinerie, relèvent des plans de notre Région, recueillent en secret des renseignements et font ouvertement de la propagande contre le Gouvernement de la Région frontière. Il est clair que toutes ces activités sont des infractions au principe fondamental de l’union pour la résistance au Japon; elles contreviennent à la volonté du peuple de la Région frontière et visent à provoquer des dissensions internes, à rompre le front uni, à nuire aux intérêts du peuple, à discréditer le Gouvernement et à accroître les difficultés de la mobilisation contre le Japon. La raison en est qu’une poignée d’éléments irréductibles agissent sans aucun scrupule contre les intérêts de la nation et de l’Etat. De plus, certains d’entre eux, se faisant les instruments des agresseurs japonais, se livrent, sous divers camouflages, à des menées conspiratrices. Depuis plusieurs mois, la population des différents districts nous adresse chaque jour un flot de pétitions pour nous demander de mettre fin à ces activités. Afin d’accroître la force de la Résistance, de consolider l’arrière dans la guerre contre le Japon et de sauvegarder les intérêts de la population, le Gouvernement et l’Administration sont obligés de réprimer lesdites activités. En conséquence, nous proclamons explicitement les dispositions suivantes:
1. Le Gouvernement et l’Administration, en vue de protéger les conquêtes du peuple, interdisent, dans les limites du territoire soumis à la juridiction du Gouvernement de la Région frontière, toute modification arbitraire portant sur les terres ou les maisons distribuées et sur les dettes annulées dès avant le rétablissement de la paix intérieure.
2. Le Gouvernement et l’Administration protègent l’activité de toutes les organisations militaires, politiques, économiques, culturelles et de toutes les organisations de masse qui existaient au moment du rétablissement de la paix intérieure et qui par la suite se sont transformées et développées conformément au principe du front uni national antijaponais; ils favorisent leur essor et empêchent tout sabotage dirigé contre elles.
3. Le Gouvernement et l’Administration, appliquant résolument le Programme de résistance au Japon et de construction nationale, sont entièrement disposés à favoriser le développement de toute entreprise utile à la résistance au Japon et au salut de la patrie. Ils acceptent volontiers l’aide sincère de toute personne venant de n’importe quel milieu. Cependant, pour se prémunir contre les imposteurs et les malfaiteurs, ils interdisent à toute personne, quelle que soit son activité, d’entrer ou de séjourner dans la Région frontière, sans en avoir obtenu l’autorisation du Gouvernement ou de l’Administration et être munie des pièces nécessaires.
4. En cette période critique de la Résistance, la population a le droit de dénoncer tout individu qui, dans la Région frontière, se livre au sabotage, fomente des troubles, incite à la sédition ou fait de l’espionnage militaire. Si les preuves sont suffisantes, le coupable peut être arrêté sur-le-champ. Si l’instruction confirme sa culpabilité, il sera puni avec la sévérité qui s’impose.
Les quatre points susmentionnés doivent être observés par les militaires et les civils de toute la Région frontière, et aucune infraction ne sera tolérée. Dorénavant, au cas où un individu, au mépris de la loi, oserait créer des désordres, le Gouvernement et l’Administration appliqueront dans toute leur rigueur les sanctions prévues, et nul ne sera admis à plaider l’ignorance. Le présent avis a force de loi.