Est-ce Tito qui a éliminé ses erreurs ou bien Krouchtchev qui a pris Tito pour maître ?

La Yougoslavie est-elle un pays socialiste ?

A propos de la lettre ouverte du Comité Central du P.C.U.S.

26 septembre 1963

Est-ce Tito qui « a éliminé ses erreurs » ou bien Krouchtchev qui a pris Tito pour maître ?

   Khrouchtchev a dit que les dirigeants yougoslaves avaient éliminé beaucoup de ce qui était considéré comme erroné.

   Mais la clique Tito n’ayant pas reconnu qu’elle avait commis des erreurs, encore moins pourrait-­il être question pour elle de les corriger.

   Elle a dit qu’elle « n’a nul besoin » de se corriger, et que vouloir qu’elle le fasse, « ce serait tout simplement perdre son temps », ce serait « tout bonnement superflu et ridicule ».

   Quels sont les faits ?

   La clique Tito a-­t-­elle modifié son programme révisionniste ?

   Non.

   A-­t­-elle accepté les Déclarations de 1957 et de 1960 ?

   Non plus.

   A-t-­elle ­modifié sa politique révisionniste, tant intérieure qu’extérieure ?

   Pas le moins du monde.

   La nouvelle Constitution adoptée en avril 1963 par l’Assemblée nationale fédérale de Yougoslavie a montré on ne peut plus clairement, que la clique Tito n’a modifié en rien sa position révisionniste.

   Cette Constitution a consacré sous forme juridique son programme à cent pour cent révisionniste.

   Dans son rapport sur le projet de la nouvelle Constitution, Kardelj a déclaré que cette Constitution est la « concrétisation sur les plans juridico­-politique et d’organisation » des conceptions du programme de la L.C.Y.

   Si Khrouchtchev se met à fraterniser avec la clique Tito, si la plus grande intimité s’est établie entre eux, ce n’est pas parce que celle-ci a corrigé certaines de ses erreurs, mais bien parce que Khrouchtchev lui a emboîté le pas.

   Ici encore voyons les faits !

   1. En s’opposant à Staline, Tito s’oppose au marxisme-­léninisme jusque dans ses fondements. C’est dans le même but que Khrouchtchev répudie totalement Staline.

   2. Tito et Khrouchtchev répudient les principes fondamentaux du marxisme-léninisme et attaquent les communistes chinois et les autres communistes qui s’en tiennent fermement au marxisme-léninisme, les qualifiant de « dogmatiques » ; en même temps, ils dépeignent leur propre altération du marxisme-­léninisme comme étant un « développement créateur » du marxisme-­léninisme.

   3. Tito et Khrouchtchev s’attachent à faire l’éloge des chefs de file de l’impérialisme américain. Tito dit qu’Eisenhower « est un homme qui cherche à sauvegarder la paix » et que les efforts de Kennedy « contribuent à l’amélioration des relations internationales et au règlement pacifique des problèmes brûlants du monde ». Khrouchtchev affirme, de son côté, qu’Eisenhower « aspire sincèrement à la paix » et que Kennedy « se soucie du maintien de la paix ».

   4. Tito et Khrouchtchev s’efforcent d’aviver la terreur de la guerre nucléaire, afin d’intimider les peuples du monde pour qu’ils renoncent à la lutte révolutionnaire. Tito dit que la guerre nucléaire signifie l’ « anéantissement de l’humanité ». Khrouchtchev affirme, lui aussi, à propos de l’éclatement d’une guerre nucléaire : « Nous détruirons notre Arche de Noé — la terre ».

   5. Tito et Khrouchtchev prêchent qu’ « un monde sans armes, sans armées et sans guerres » peut être réalisé alors même que l’impérialisme existe encore.

   6. Tito proclame que la « coexistence pacifique active » est la « pierre angulaire » de la politique extérieure de la Yougoslavie. Khrouchtchev affirmé que la « coexistence pacifique » est la « ligne générale de la politique extérieure » de l’Union soviétique.

   7. Tito et Khrouchtchev prétendent que la possibilité du « passage pacifique du capitalisme au socialisme » est devenue plus grande. La clique Tito dit que « l’humanité pénètre irrésistiblement dans l’ère du socialisme par des voies variées ». Khrouchtchev dit que l’on peut remplacer la voie de la Révolution d’Octobre par la « voie parlementaire ».

   8. Tito prêche « l’intégration politique et l’intégration économique » dans le monde par la « compétition pacifique ». Khrouchtchev, lui aussi, préconise la « coopération générale » avec l’impérialisme par la « compétition économique pacifique ».

   9. La clique Tito s’emploie à saper dans tous les domaines le mouvement de libération nationale et les guerres de libération nationale. Khrouchtchev s’oppose au mouvement de libération nationale et aux guerres de libération nationale sous prétexte que « n’importe quelle petite ‘guerre locale’ renferme des étincelles susceptibles d’allumer un incendie mondial ».

   10. La clique Tito a supprimé la dictature du prolétariat. Sous le mot d’ordre : « l’Etat du peuple tout entier » Khrouchtchev a, lui aussi, supprimé la dictature du prolétariat.

   11. La clique Tito nie que le Parti communiste doive être le détachement d’avant-­garde de la classe ouvrière. Khrouchtchev, de son côté, dit que le P.C.U.S. « est devenu le Parti du peuple tout entier ».

   12. Tito se déclare « en marge des blocs » et s’oppose au camp socialiste.

   Khrouchtchev dit que « les mots bloc et autres ne sont que choses temporaires », ce qu’ils veulent, tous deux, c’est la suppression du camp socialiste.

   Et ainsi de suite.

   De tous ces faits, on ne peut que tirer la conclusion suivante: Sur le plan de la politique, tant extérieure qu’intérieure, Khrouchtchev a pris en fait Tito pour maître et, en suivant celui-­ci pas à pas, il est tombé dans le révisionnisme.

   Jamais le grand peuple soviétique, riche de glorieuses traditions révolutionnaires, et l’écrasante majorité des communistes soviétiques et des cadres de tous les échelons, ne toléreront que Khrouchtchev trahisse le marxisme-­léninisme, déchire la Déclaration de 1960 et fasse cause commune avec la clique du renégat Tito, cela étant tout à fait contraire aux intérêts de l’Union soviétique, aux intérêts du peuple soviétique et des peuples du monde entier.

   Jamais le grand peuple soviétique et les membres du P.C.U.S. ne consentiront à ce que Khrouchtchev pactise avec la clique Tito pour s’opposer aux partis frères qui s’en tiennent fermement au marxisme-­léninisme.

   Jamais le grand peuple soviétique et les membres du P.C.U.S. n’admettront que Khrouchtchev pactise avec la. clique Tito et s’allie avec l’impérialisme pour combattre la Chine, l’Albanie socialistes et d’autres pays frères, pour saper le camp socialiste. Jamais le grand peuple soviétique et les membres du P.C.U.S. ne consentiront à ce que Khrouchtchev pactise avec la clique Tito et s’associe à la réaction pour combattre les peuples et s’opposer à la révolution.

   Jamais le grand peuple soviétique et les membres du P.C.U.S. ne consentiront à ce que Khrouchtchev entreprenne, à l’instar du révisionnisme yougoslave, de changer la nature du Parti et de l’Etat, de frayer la voie à la restauration du capitalisme.

   Khrouchtchev a assombri le ciel de l’Union soviétique, premier Etat socialiste du monde.

   Mais tant dans l’histoire du P.C.U.S. que dans celle de l’Union soviétique, ce ne sera qu’un intermède. Les hommes qui ont été induits en erreur et mystifiés pendant un certain temps finissent toujours par prendre conscience.

   L’histoire a prouvé et elle continuera à prouver que quiconque cherche à détourner le peuple soviétique de sa marche en avant, fait comme la mante qui veut barrer la route au char, jamais il ne parviendra à son but.