Élections, non ! Guerre contre l’État capitaliste et le fascisme, oui !
Bloc Rouge (Unification des maoïstes)
21 mars 2015
La crise, c’est la classe ouvrière et les masses populaires qui la paye et la bourgeoisie qui encaisse le chèque.
L’État n’est jamais neutre, il représente les intérêts de la classe dominante : dans l’État capitaliste, il représente les intérêts de la bourgeoisie.
Pour obtenir un profit maximum, les multinationales, les conglomérats sont en lutte constante, leurs alliances ne sont que temporaires. Pour faire face à la concurrence, ils doivent moderniser leur appareil de production et trouver un moyen pour produire de moins en moins cher. C’est ce que les capitalistes appellent les « restructurations ». Seulement, pour nous, cela signifie licenciements, fermetures de boites, cadences plus élevées, horaires « flexibles », etc. avec toutes les conséquences que cela peut avoir : stress, dépression, perte de salaire, chômage, endettement,…
Les « effets secondaires » de la restructuration capitaliste à l’échelle mondiale dans ce contexte de crise sont également un chômage massif, la casse des droits sociaux, la restriction des libertés démocratiques, une surveillance accrue et une répression violente contre les syndicalistes et les contestataires de manière générale. Tout ceci est régi par la classe bourgeoise qui a pour seul objectif de préserver ses intérêts et la recherche du profit maximum en un temps minimum.
Dans ce but, l’État se dote d’une superstructure chargée de protéger les intérêts de la classe dominante : police, armée, justice, diverses administrations de gestion, un système d’éducation chargé de former scientifiques, ingénieurs, cadres, ouvrières et ouvriers, pour qu’ils soient utiles à la bourgeoisie,… Pour faire accepter cette société inégalitaire, basée sur le profit, et pour conjurer la révolte et la révolution, la bourgeoisie utilise un formatage idéologique pour que les citoyennes et les citoyens soient respectueux de la démocratie bourgeoise et de son système d’exploitation et d’oppression : le système capitaliste. Les médias sont un outil chargé de défendre les valeurs de la démocratie bourgeoise ; toutes les idées qui remettent en cause ce système, qui appellent à le détruire, sont ignorées ou réprimées.
Le FN fait son numéro d’illusionniste
Aujourd’hui, les sondages pour les élections départementales créditent le Front National de 35% des inscrits, l’UMP de 25%, le PS de 20%, le reste est réparti entre écologistes, front de gauche, centre, trotskistes et divers groupes d’extrême droite. On s’attend à 50% d’abstention.
Élections après élections, sur fond de crise, la montée du Front National se poursuit. Le FN se présente aujourd’hui comme étant un parti républicain comme les autres.
Mais qu’est-ce qu’un parti républicain dans le système capitaliste ? C’est un parti qui veut maintenir la république bourgeoise, c’est-à-dire protéger la propriété capitaliste des moyens de production. En fait, il est chargé de défendre les intérêts des actionnaires et des conglomérats qui font la loi contre les travailleurs et travailleuses.
Le Front National, qui prétend être le parti du peuple, est en concurrence avec les autres partis bourgeois de droite et de gauche. Ce parti ne remet pas en cause le système capitaliste. Il représente en réalité l’oligarchie financière la plus déterminée à maintenir par tous les moyens ce système, y compris par la dictature brutale. Il n’est ni un parti ouvrier, ni un parti populaire puisqu’il ne remet pas en cause le système capitaliste dont les victimes sont la classe ouvrière, le prolétariat, mais aussi la paysannerie et une partie de la petite et moyenne bourgeoisie (une partie des fonctionnaires, petits commerçants, artisans, professions libérales).
Si le FN a une audience importante auprès de ces catégories, c’est parce qu’elles pensent pouvoir revenir en arrière, au temps où l’exploitation intense des ouvriers spécialisés et des immigrés (« trente glorieuses ») ainsi que des peuples et nations dominés permettait aux autres de pouvoir consommer relativement tranquillement. Seulement, la crise est aigüe et les capitalistes, qui veulent continuer à augmenter leurs profits, saignent un nombre toujours plus grand de personnes.
De toute façon, ce retour en arrière ne peut pas être autre chose que de la nostalgie (comme certains rêvent encore de l’Algérie française) puisque les conditions matérielles changent et qu’il est naïf de croire qu’il suffirait de dire « pause !» pour revenir en arrière et effacer toute l’histoire.
Le Front National s’affiche comme porteur de cette nostalgie afin de rassembler de larges couches de la population de France, mais il sait très bien que son seul maître est la bourgeoisie financière, à qui il obéit en coulisse.
Il ne veut pas que les travailleurs et travailleuses prennent le pouvoir et s’emparent des moyens de production et d’échange, aujourd’hui détenus par une minorité exploiteuse. Alors que ces moyens n’existent que parce qu’ils sont le fruit de la sueur et du sang des travailleurs et travailleuses.
Est-ce que Front National remet en cause ce système et l’État qui le gère et le soutient ? La réponse est non !
Certes, le Front National doit gagner une base de masse pour prendre le pouvoir. Donc la question qu’il veut résoudre, c’est : Comment faire quand on n’a pas un projet destiné à servir la majorité et qu’on veut la gagner ?
Dans un contexte de crise, d’inégalités et d’injustices, le Front National s’appuie sur la juste colère des masses et désigne un bouc émissaire. Il veut détourner la colère de la classe ouvrière, des travailleurs et travailleuses, rallier la petite bourgeoisie déclassée et unir ces classes sous sa fausse bannière populaire en désignant l’immigration comme source de la crise, de violences et donc de danger pour la « civilisation occidentale ». Cette manœuvre vise à diviser la classe ouvrière et les masses populaires qui ont intérêt à un changement révolutionnaire. Elle vise aussi à l’unir à la minorité exploiteuse, sous la direction de sa partie la plus réactionnaire prête à tout pour conserver et étendre ses privilèges. C’est le « diviser pour mieux régner » cher aux classes dirigeantes.
Lutte révolutionnaire vs lutte électorale
On ne peut combattre le Front National sans combattre le système capitaliste, sans combattre l’État qui est son rempart et les partis qui dirigent tour à tour cet État et ceux qui sèment des illusions sur une possible transformation de société par la voie parlementaire. Le Parti Socialiste au pouvoir n’a rien de socialiste et donc ne peut nous sortir de l’impasse. Pire, il gère l’Etat et assure la restructuration du capital. Bref, il nous maintient dans le bourbier économique, politique, idéologique et creuse ainsi le lit du fascisme.
Cette lutte ne peut être électorale. Nous devons combattre l’illusion que les élections détermineraient le sort du système, pourraient éliminer le chômage, etc. Quelle différence entre les gouvernements qui se sont succédés à la tête de l’Etat ? Nombreuses étaient celles et ceux qui étaient contents de voir partir Sarkozy. Mais où est le « changement » promis par Hollande ? Qu’a fait Valls et son gouvernement pour les travailleurs et travailleuses, pour celles et ceux qui galèrent ? Nous connaissons toutes et tous les réponses…
En Grèce, SYRIZA qui prétendait stopper les privatisations et s’opposer à la domination du Capital financier n’a finalement d’autre choix que de se plier aux diktats de la Banque Centrale Européenne et du FMI. Pourquoi ? Parce que l’appareil d’Etat n’a pas été détruit et rebâti sur de nouvelles bases. Aussi louable pouvait être le programme de SYRIZA, sans détruire la superstructure du pouvoir bourgeois, il lui est impossible de transformer radicalement la société. Toute volonté de transformation de la société par les urnes au bénéfice de la classe ouvrière et des masses populaires est destinée à s’embourber dans le marais parlementaire.
Pour combattre l’État, instrument de domination de la classe dominante, il faut se doter d’un Parti, un parti qui représente les intérêts des classes exploitées, un parti dont le but est la prise du pouvoir, la destruction du système d’exploitation capitaliste et de sa superstructure étatique de fond en comble comme l’avait entreprise la Commune de Paris, comme l’avait réalisée la révolution d’Octobre et la révolution chinoise.
Pour cela, la lutte de classes doit être menée sans relâche. C’est une guerre prolongée pour les intérêts de la classe ouvrière, du prolétariat et des couches populaires. C’est pourquoi, outre la nécessité d’un parti communiste comme État-major de la classe, il faut un front uni de toutes celles et ceux qui ne veulent plus d’un système où ce sont celles et ceux qui ne produisent pas qui détiennent les richesses et celles et ceux qui produisent qui sont exploités et opprimés, réduits au chômage et à la précarité, dans l’angoisse du lendemain.
Pour s’opposer à cette barbarie, les paroles ne suffisent pas. Il faut avoir les moyens de vaincre la bourgeoisie qui n’acceptera jamais de son plein gré de rendre les richesses qu’elle détient. Elle utilisera ses milices et son appareil d’État. Il faut donc nous préparer à les affronter. Dans une première phase, cela se fera en organisant la résistance et en protégeant nos luttes (sur les lieux de travail, dans les quartiers). C’est au cours de ce processus, que va se renforcer le Parti, le Front Populaire, et peu à peu se former une force combattante nécessaire pour vaincre la bourgeoisie et endiguer la montée du fascisme, s’opposer à la guerre impérialiste, prendre et détruire le pouvoir de la bourgeoisie et édifier une société nouvelle dirigée par ceux et celles qui produisent les richesses.
La différence fondamentale entre le socialisme en direction du communisme et le capitalisme, c’est que, sous le socialisme, ce qui régit la société est la satisfaction des besoins toujours croissants de la population alors que sous le capitalisme, c’est la recherche du profit maximum en un temps minimum. Nous devons prendre position dans cette lutte qui se déroule sous nos yeux, faire la distinction entre nos amis et nos ennemis et avancer ensemble sur le chemin de la révolution, sans quoi il se pourrait bien que le fascisme ne soit plus un phénomène que l’on ne voit que dans les documentaires à la télé mais bien quelque chose que l’on vit, subit, aggravant encore plus notre condition.
Rejetons les illusions, préparons-nous à la lutte !
Le changement ne passera pas par les urnes mais par la lutte révolutionnaire !