Les Cahiers de Contre-Enseignement Prolétarien
#13 – Les organisations d’enfants I
Au lecteur
Nous sommes certains de répondre au vœu d’un large public, et du corps enseignant en particulier, en publiant la présente étude sur le mouvement des enfants et de la jeunesse.
Jusqu’à ce jour cette question si importante, cependant, du point de vue même de la lutte des classes n’a été l’objet, en France, dans les milieux ouvriers et les organisations de renseignement, que de travaux fragmentaires et disséminés dans les comptes rendus d’assemblées ou de congrès, les revues et les journaux.
Aussi avons-nous pensé qu’il était nécessaire de rassembler le maximum de documents et de faits, afin de poser le problème sous une forme concrète et sous ses aspects divers.
Nous avons été conduits, de la sorte, à envisager la publication de deux fascicules des Cahiers de contre-enseignement sur ce sujet, le premier étant consacré aux patronages cléricaux et au scoutisme, le second aux patronages laïques, à la presse enfantine et aux organisations d’enfants prolétariens et paysans.
La bourgeoisie s’efforce, par tous les moyens, de conquérir l’âme de l’enfance et de la jeunesse ouvrière et paysanne. Dans ce but elle utilise non seulement l’école publique et l’école privée; mais également toute sorte d’œuvres, chacune répondant, malgré des différences plus apparentes que réelles, à l’objectif commun : assurer à la classe dominante des instruments dociles pour sa politique d’exploitation, d’oppression et de guerre.
Bien qu’elle dispose de puissants moyens pour arriver à une telle fin la bourgeoisie sera vaincue, si nous savons nous mettre méthodiquement à la besogne et développer le mouvement d’enfants prolétaires et paysans qui déjà commence à prendre de l’extension et qui vient de publier avec succès le premier numéro de son journal d’enfants : Mon Camarade.
C’est le devoir impérieux des instituteurs de coopérer à ce mouvement, dans le domaine qui leur est propre, en collaborant étroitement avec les organisations ouvrières et les organisations de la jeunesse. À l’école d’abord, en luttant contre l’enseignement bourgeois et chauvin, et contre les œuvres placées sous le contrôle de la bourgeoisie. Autour de l’école, ensuite, en apportant à la classe ouvrière le concours de leur expérience pédagogique dans ses comités de parents, dans ses patronages et ses groupements de pionniers.
La bourgeoisie entend conquérir les générations montantes par l’école et toute sa superstructure. Il s’agit de les lui arracher pour les conserver au prolétariat.
Les instituteurs dans cette tâche doivent se considérer non pas comme des employés de l’État capitaliste; mais comme des serviteurs de la classe ouvrière.
S’ils comprennent ainsi leur mission d’éducateurs, ils sont appelés à jouer un rôle des plus efficace dans le mouvement des masses laborieuses en lutte pour leur émancipation.
Puissent les Cahiers de contre-enseignement, en attirant leur attention sur ce problème, les y inciter.