Les Cahiers de Contre-Enseignement Prolétarien
#18 – L’État et ses fonctions
6. La dictature du prolétariat
La Révolution prolétarienne
Les sociologues et politiciens bourgeois démocrates affirment que la démocratie bourgeoise est l’aboutissement de toute l’histoire humaine, le dernier mot du progrès politique. C’est là une erreur grossière sinon un mensonge conscient .La preuve que la démocratie bourgeoise n’est pas le dernier stade de l’histoire, c’est que la lutte des classes qui est le moteur même des transformations historiques ne cesse pas avec elle. Au contraire, elle s’aggrave par suite des difficultés économiques incessantes de la bourgeoisie impérialiste (concurrence étrangère, lutte pour les colonies, lutte pour les débouchés, nécessité de payer de moins en moins les ouvriers pour lutter contre la concurrence, crise économique, chômage).
Le prolétariat répond à la pression de la bourgeoisie par sa propre violence. Il fait enfin éclater l’État bourgeois dans un moment et un pays où il est affaibli, et cela sous la conduite des organisations vraiment révolutionnaires. (Les bolcheviks et Lénine en 1917 : transformation de la guerre impérialiste en guerre civile révolutionnaire.)
La classe prolétarienne accomplit sa tâche sans avoir peur de la violence pour répliquer à la violence ! « La violence est l’accoucheuse des sociétés » (Marx).
Et alors, la classe prolétarienne, sous la conduite de son avant-garde, le Parti communiste, brise l’État bourgeois, son armée, sa bureaucratie, son système administratif, et le remplace par un État nouveau, original, muni de tous les organes utiles.
La dictature du prolétariat
La révolution prolétarienne enlève aux bourgeois les moyens de production : la terre, les grosses usines, les grands magasins de commerce, l’organisme du crédit (banques). Ces moyens deviennent la propriété des ouvriers et des paysans, qui organisent toute l’économie du pays sur un plan général (le plan quinquennal en U. R. S. S. : 1928-33).
Mais ces bourgeois gardent des relations, des organisations secrètes, des capitaux. On ne peut les supprimer jusqu’au dernier ! Au contraire, ils entrent très nombreux, par centaines de mille, dans la nouvelle société. Ils ont des connaissances techniques, des capacités administratives. On les utilise comme ingénieurs, directeurs. On a besoin d’eux ! Et cependant, beaucoup d’entre eux restent des bourgeois. Ils veulent leur revanche ; ils veulent reprendre leurs biens ; ils organisent en secret, en se servant au besoin des capitalistes étrangers qui entourent le pays révolutionnaire, ils organisent la contre-révolution. Il faut donc encore « une force spéciale d’oppression » (Engels), une violence organisée, pour contraindre les bourgeois et défendre la révolution. La lutte de classe continue. Il faut encore un État !
Mais cet État n’est plus l’État bourgeois, instrument de domination de la bourgeoisie sur le prolétariat. C’est l’État prolétarien, instrument de domination du prolétariat sur les bourgeois ! La situation a été renversée ; la force d’oppression a changé de sens. On retrouve une armée, une police, une magistrature, une justice de classe, mais dont le tranchant est impitoyablement dirigé contre les bourgeois ! On retrouve un État de classe. Mais cette fois-ci, il n’est plus hypocrite et n’essaie pas de se donner pour impartial et au-dessus des classes. Sous ce régime, il y a des « opprimés », mais ces opprimés qui ont été abattus, ce sont les bourgeois. Cet État, ce régime s’appelle ouvertement la dictature du prolétariat.
Les bourgeois qui crient que c’est un régime d’oppression ont raison, il faut le crier bien haut. Mais ce sont eux les « opprimés », eux qu’on ne laisse pas « libres » de comploter et de rétablir le capitalisme républicain ou monarchiste.
Cette dictature s’accompagne cependant de la vraie, réelle et concrète démocratie. Tous les travailleurs, les soldats, les femmes, les jeunes, les étrangers, ont les droits politiques complets. Mais les bourgeois ou ex-bourgeois sont privés de ces droits.
En même temps, les grandes masses s’éveillent à la vie politique. Elles cherchent à définir et à exprimer leurs intérêts, leurs besoins, l’État leur donne tous les moyens d’exprimer leur pensée (presse, lieux de réunion, etc.). Et il ne s’agit plus d’une pensée en l’air, d’une « opinion », mais de la pensée concrète des masses, de leurs besoins pratiques, de leur participation concrète à la construction de la société nouvelle !
Les travailleurs élisent leurs représentants non pas d’après un découpage arbitraire du territoire, mais d’après les divisions naturelles, organiques. Les élections se font dans le cadre des intérêts matériels des travailleurs : dans les usines, les entreprises, les fermes collectives, les villages, sur le lieu de travail. Cette démocratie a donc un fondement matériel concret, précis.
Les travailleurs élisent des délégués ayant un mandat ferme, et révocables à tout instant et qui forment les conseils ou Soviets des travailleurs.
Les Soviets, forme politique spontanément créée par les masses russes pendant les révolutions de 1905 et 1917, sont la forme politique de l’avenir.
La dictature du prolétariat est aussi la vraie démocratie
Le régime soviétique
Ils sont les agents directs des masses, les organismes les plus démocratiques. Ils rendent possible leur participation à l’organisation et à l’administration du nouvel État socialiste, ils développent au maximum les énergies révolutionnaires des masses et leur faculté créatrice. (STALINE : les Questions du léninisme.) Les Soviets ont tous les pouvoirs (législatif, exécutif, etc.). Ils élisent des conseils centraux, qui exercent la dictature.
Tel est le régime qui fonctionne en U. R. S S.. La dictature n’y est pas celle d’un parti, ou d’une personne, comme essaient de le faire croire les bourgeois social-démocrates. La dictature en U.R.S.S. est celle d’une classe. Les communistes n’ont des rôles dirigeants que parce qu’ils sont les plus actifs, les plus courageux, les plus clairvoyants dans la construction du socialisme. Le Parti communiste n’est au pouvoir que par le jeu naturel de la démocratie la plus complète.
La dictature du prolétariat est donc en même temps la vraie, la réelle démocratie. C’est la démocratie prolétarienne, ou gouvernement du « prolétariat organisé en classe dominante ». (Marx-Engels.) C’est la domination politique du prolétariat conscient, organisé, avant-garde politique de l’ensemble des travailleurs.
« La démocratie pour l’immense majorité, et, pour les exploiteurs, l’écrasement par la force, telle est la transformation subie par la démocratie dans le passage du capitalisme au socialisme. » (Lénine.)
Et Maxime Gorki écrit à ce sujet :
C’est une chose singulière que des gens instruits estiment possible et concevable de croire l’absurde légende suivant laquelle le pays des Soviets serait sous une dictature personnelle, alors qu’il est évident que la dictature y est exercée par l’énergie concentrée de milliers d’ouvriers et de paysans, énergie organisée par le génie de Lénine et la force de ses disciples… Le but de cette force est de développer dans toutes les masses de la population la conscience de son droit à créer de nouvelles formes et de nouvelles conditions de vie civilisée, à édifier la société capitaliste des égaux. Ce but n’a pas été posé par l’arbitraire de fanatiques et de barbares…, il a été posé par la volonté de l’Histoire ! (Gorki. Lettres aux humanitaires.)
La fin de l’État
Quand la révolution prolétarienne et la dictature du prolétariat achèvent leur tâche, les classes disparaissent. L’égalité réelle se réalise avec le socialisme : « A chacun selon son travail ». Et puis, après le socialisme vient l’époque du communisme : « De chacun selon ses capacités ; à chacun selon ses besoins ». À ce moment, il n’y a plus besoin d’État. La production des denrées nécessaires, développée colossalement par le progrès de la technique et du machinisme, est réglée et organisée par des organismes économiques. L’administration des choses remplace le gouvernement des hommes. L’État n’a plus rien à faire. Il disparaît, il meurt !
Cette disparition de l’État, de toute force coercitive, les anarchistes la rêvent dès maintenant. Utopie ! Cette époque historique a des conditions scientifiques : la disparition des classes, la régulation de l’économie !
Concluons sur ce point !
En pensant à la démocratie prolétarienne en U. R. S. S., on voit ce que valent les bavardages officiels sur la « volonté collective » dans la démocratie bourgeoise.
On voit aussi ce que valent les considérations subtiles sur la division de la « volonté collective » en une majorité et une minorité, et sur l’origine du droit « moral » des représentants, et de l’État, expression de la volonté collective et de la majorité dans cette volonté collective. (Voir HUBERT, p. 218-9.) Bavardages stupides et grotesques, à côté des solutions politiques concrètes réalisées en U.R. S. S.