Les problèmes de l’auto-défense – Quelques leçons…
Parti Communiste – Section française de l’Internationale communiste (PC-SFIC)
AVANT-PROPOS
Nous avons examiné dans les pages ci-après quelques expériences de l’activité de notre Parti dans les domaines de l’action directe et de l’auto-défense au cours de l’année 1928.
Ce travail ne doit être considéré que comme un matériel de début pour engager la discussion. Il est certain que toutes les leçons de 1928 : des grèves, des manifestations, n’ont pu être tirées dans cette brochure.
Aussi nos camarades doivent-ils largement la compléter en apportant leur point de vue et surtout en nous faisant connaître leur expérience.
Il serait utile à l’ensemble du Parti que nous donnions des renseignements, des extraits de rapports précis à nos camarades sur l’expérience du Gard, celle des dockers de Bordeaux dont nous n’avons pu parler sérieusement ici.
Aussi nous faisons appel à tous nos militants, à tous ceux qui viennent momentanément de sortir de la lutte la plus active, à ceux qui sont dans cette lutte actuellement, à toutes nos cellules, pour qu’ils nous écrivent et collaborent ainsi à une deuxième brochure ou à un prochain Bulletin.
Écrire à Yves Gardet, 120, rue Lafayette.
PREMIÈRE PARTIE
La tactique classe contre classe et l’autodéfense
Les résolutions du VIe Congrès de l’I. C. ont marqué que la répression aggravée contre les partis de l’I. C. dans cette période de rationalisation et de préparation à la guerre était une nécessité de classe de l’Impérialisme.
L’expérience des derniers six mois a montré en particulier que se fier dans notre pays à la légalité de la bourgeoisie et avoir une ombre d’illusion à ce sujet était se leurrer grossièrement, s’aveugler sur le caractère de la période actuelle, suivre une ligne fausse qui, objectivement, rejoignait celle du réformisme.
Dans les résolutions qui concluaient à la tactique classe contre classe se trouvait déjà expliqué que les luttes seraient plus aiguës, plus directes entre prolétariat et bourgeoisie.
Il fallait entendre qu’à cette lutte plus brutale de la part de la bourgeoisie devait s’opposer des manifestations plus vigoureuses du prolétariat, par des contacts de masses plus directs avec les forces de répression. Il fallait comprendre la nécessité de ces contacts pour les luttes et les revendications ouvrières.
Nous ne l’avons pas senti.
Les leçons de 1928 doivent nous confirmer dans cette opinion. Elles confirment que nous devons étudier et apporter des solutions à ce problème. Cela signifie davantage encore que le considérant comme un de nos problèmes très important et le traitant comme tel, nous aurons moins encore le droit désormais de nous laisser surprendre par une interdiction de manifestation, que nous devons établir les moyens d’agir malgré elle, afin que notre action s’effectue lorsque nous l’avons décidée, d’une manière quelconque, quels que soient les ordres et les dispositions du gouvernement et de la police. Dans la mesure où nous réaliserons notre action dans ces conditions, nous l’emporterons contre la mise en illégalité de notre parti. L’expérience des derniers six mois nous montre que nous devons avoir à envisager contre nous les pires agressions. Pour cela, à côté de la bourgeoisie, par le moyen de ses bandes, agira aussi la social-démocratie.
Les courants opportunistes dans le Parti sur la question de l’action directe
Cela a toujours été un « principe » dans la doctrine de notre parti que nous ne pouvions faire reculer l’impérialisme qu’en lui opposant des forces, une organisation et un front de combat puissant, mais en fait, c’est resté un principe creux, si on le juge au peu de mesures qui ont été prises pour assurer effectivement notre lutte en dehors des méthodes « légales » social-démocrates.
Il faut souligner, pour mettre ce fait en relief, la répugnance démontrée dans le P. C. par de larges couches de camarades pour l’action et la lutte directe, la lutte physique, l’importance ridicule accordée pratiquement à l’armement insolent de la bourgeoisie pour son auto-défense; la sous-estimation des moyens dont elle disposait ainsi; la répugnance pour la lutte directe, l’opportunisme et la poltronnerie en cette matière se cachaient derrière l’adoption systématique en n’importe quelle circonstance de la théorie de la « nécessité « de ne rien faire » pour éviter des échecs », comme l’indiquent dans leur résolution pour l’élection de Puteaux les camarades du S. 0. Cette théorie étant utilisée à faux. Derrière la nécessité de ne pas compromettre le « succès » que représentaient des manifestations « pacifiques » par une bataille où la police aurait forcément le dessus, par la crainte de créer des organisations de défense auxiliaires qui nous « jetteraient dans l’illégalité », par la théorie de l’inutilité d’organiser le Parti et les sympathisants pour la lutte directe et la croyance en la seule efficacité de l’action spontanée des masses, etc…
Ces théories avaient leur reflet dans les directives données aux services d’ordre et aux G. D. A. d’alors qui aboutissaient non pas à en faire des équipes d’encadrement des ouvriers pour la lutte, mais un mur, un écran derrière lequel les ouvriers défilaient sagement et qui, même, étaient souvent des organes de transmission des volontés des chefs de la police aux manifestants, comme s’ils en étaient les subordonnés et les auxiliaires.
L’idéologie qui a présidé à toutes ces erreurs persiste encore dans notre Parti, comme en témoignent les événements de Puteaux. On rencontre encore la même passivité vis-à-vis de l’action directe, le même scepticisme en ce qui concerne cette dernière, la même répugnance à s’occuper sérieusement de l’auto-défense, à envisager concrètement les problèmes de la lutte de masses dans la rue.
Tout cela sont des manifestations d’opportunisme, marque que toute une couche des militants de notre Parti sont détachés des ouvriers soumis à la rationalisation et les plus combatifs et est une manifestation du danger de droite dans nos rangs.
Pourquoi ce bulletin?
Ce bulletin, qui sera loin d’épuiser la question, a pour but d’apporter à nos régions et rayons des éclaircissements pour combattre ces dangers, en donnant surtout des moyens pratiques pour les combattre, et une série de propositions en ce qui concerne l’auto-défense et les méthodes à employer pour nos manifestations. Nous demandons qu’ils soient examinés en détail par tous les organismes du Parti; que ceux-ci nous indiquent leur opinion et nous apportent toutes leurs suggestions. Ce problème doit être largement discuté et c’est seulement cette discussion qui nous permettra d’apporter des solutions plus précises à notre Congrès. Cette discussion ne doit pas se dérouler abstraitement, mais sur la base de l’application pratique de ces directives. Commencer de les appliquer de suite est urgent pour nous permettre de réaliser nos tâches. Par leur utilisation nous devons avoir en vue le succès de notre travail pendant la semaine commémorative de la Commune. La campagne municipale, le 1er Mai et tous les mouvements de grèves que nous pouvons avoir à diriger.
Examen critique de notre travail pour les manifestations
Les exemples du 1er Mai 1928, Cirque de Paris, Ivry et Saint-Denis
Quelles erreurs principales avons-nous commises?
Nous avons signalé ci-dessus quelle conception politique erronée était à l’origine de l’échec de nos manifestations en 1928. Si nous voulons examiner plus en détail la conception que l’on avait de la préparation et de l’organisation de la manifestation elle-même, on s’aperçoit qu’en cette matière nous utilisions du bolchévisme la phraséologie, mais pas un mot du contenu et, à travers ce problème, apparaît aussi l’état de notre Parti qui ne connaît pas, qui ne sait pas se servir, pour analyser la situation et déterminer son attitude pratique, les premiers principes de sa doctrine, ce qui montre combien sa formation est superficielle.
Tout le côté social-démocrate, légaliste, opportuniste de nos manifestations se trouve dans : a) la conception de la préparation et de l’organisation des manifestations, aucune préparation en profondeur, manifestations décidées souvent au dernier moment; collage d’affiches général, distributions de tracts généraux, appel dans l’Huma qui jouait le plus grand rôle. D’après certains camarades, il fallait et il suffisait de 10 placards bien visibles et bien placés pour préparer la manifestation. II était inutile de se casser la tête à d’autres choses et, par exemple, à du travail d’usines, à des réunions d’usines qui ne rendaient rien.
Les manifestations aux anniversaires n’étaient pas liées autrement que centralement et d’une façon générale aux mots d’ordre de lutte immédiats des ouvriers. Par conséquent, avec une pareille faiblesse d’explications et de préparation, d’abord d’explications et de préparation politique, ensuite d’explications de préparation sur la base des revendications immédiates. Elle ne pouvait pas trouver son germe et sa justification au cœur même de l’entreprise. Les ouvriers ne pouvaient venir à la manifestation avec la volonté de lutte, avec la décision et le courage que leur aurait donné la certitude qu’ils luttaient en même temps pour leur augmentation de salaires de 10 sous par exemple et pour leur revendication la plus attendue, la plus nécessaire. Par-là, malgré nos mots d’ordre du moment, beaucoup de nos manifestations ont eu encore, en fait, dans l’esprit de nombreux ouvriers, le caractère de « commémoration » que nous devons cependant faire disparaître en tant que tel.
Un autre trait de la conception social-démocrate et anarchiste de nos manifestations était qu’on ne les envisageait pas autrement que sous la forme traditionnelle, le dimanche et par la concentration à un point central. On ne pensait pas aux manifestations d’usines.
Jamais la préparation et l’organisation n’étaient établies pour la résistance à la police. On ne pensait pas à faire un véritable encadrement de lutte du cortège. On avait tellement l’esprit aveuglé par l’idée de la manifestation «pacifique», qu’aucune instruction n’était donnée en cas de bagarre. Le service d’ordre devait « calmer » les manifestants. Le 23 août, on avait prié les G. D. A. de ne pas sortir.
Pour le 1er Mai 1928, alors que la C. G. T. U. avait tiré des affiches flamboyantes «pour un 1er Mai de lutte», aucune mesure correspondante et valable n’avait été prise. L’organisation des milices syndicales qui était un travail difficile et de longue haleine, n’aboutit à rien. Personne ne s’occupa systématiquement de les organiser, de les contrôler, de les rassembler, de les éduquer. Il y eut beaucoup de résistance dans les syndicats, et ceux-ci ont en général trop peu de liens avec leurs syndiqués pour qu’une semblable organisation puisse réussir vite. La veille on n’avait pas encore le nom des responsables de milices par syndicat, ni le nom des miliciens. La réunion « générale » à laquelle on fut obligé d’accepter tout le monde — sans contrôle — montra l’absence complète d’organisation effective pour le lendemain, en dehors des perspectives établies sur le papier.
On fut obligé de masser les ouvriers dans des salles qu’il fut facile à la police de bloquer.
Rappelons, pour illustrer la « confiance inébranlable » dans la légalité que dans la Région Parisienne, on jugea utile d’informer « tous les travailleurs » par l’Humanité, des dispositions prises pour la liaison (autos, cyclistes, etc.) et d’informer que la direction de cette liaison se tiendrait, 33, rue de la Grange-aux-Belles. Ce qui permit à la police de « mettre en lieu sûr » tous les vélos, autos, motos qui débouchèrent le lendemain du passage Chausson, pendant qu’elle réduisait par ailleurs à l’impuissance toute tentative de cortège et de sortie.
Rappelons aussi l’aventure des Groupes de Défense et des Jeunes Gardes du Cirque de Paris.
Ceux-ci sous-estimèrent la répression, le mépris de sa propre légalité par la bourgeoisie; ils utilisèrent la vieille formule de la protection des meetings, laissèrent sous le prétexte de les « protéger » tous les ouvriers sortir — la meilleure façon de les protéger était de partir avec eux — et seuls en fin de compte se firent bloquer et arrêter en masse par la police.
Pour les manifestations d’Ivry et de Saint-Denis, en dehors d’articles tapageurs, il n’y eut pas de préparation solide pour entraîner les ouvriers à la résistance et, même dans les articles cités ci-dessus, on trouvait les illusions qui entretenaient et confirmaient celles des ouvriers sur les possibilités de manifester selon la loi.
Les grèves
Dans deux grèves qui ont mis dans la rue des milliers d’ouvriers, le textile et les mineurs de la Loire, on a retrouvé les mêmes fautes.
Dans le Nord, les organisations ont été surprises par l’action de l’appareil de répression. La question, dans la période de préparation, a été entièrement négligée ou bien a été traitée d’une façon superficielle.
Au début on a envisagé des descentes d’ouvriers, on a fait des «appels» comme autrefois. On n’a pas vu la nécessité de constituer minutieusement, au, préalable, un organisme pour entraîner les masses à résister à l’appareil policier, ni de faire la propagande pour cette résistance. Ainsi, pas de défense contre la police et contre les manœuvres des patrons, quelquefois contre leurs manœuvres élémentaires. La lutte contre les racoleurs, contre les jaunes n’a été accomplie en grande partie que dans les discours de meetings. Ce qui laissait aux autres le gros avantage de travailler en paix, en tête-à-tête avec les ouvriers, isolés chez eux de la masse et de la grève.
Lorsqu’à Armentières, les patrons ont envoyé à dix et douze kilomètres des camions chercher des ouvriers, bien qu’on le sût, on n’eut pas l’organisation qui permit de les arrêter et de leur faire prendre le chemin du retour.
À Tourcoing, l’absence d’une solide organisation pour la lutte directe a largement contribué, à provoquer la rentrée. Le syndicat local unitaire, gangrené, avait laissé les confédérés, les chrétiens et les patrons mener le dimanche une campagne acharnée contre la grève sans réagir. Le lendemain, les groupes minuscules de nos camarades, non liés avec la masse des ouvriers sur la question de l’action directe, furent complètement impuissants à opérer le débauchage en face des forces de police et de gardes mobiles, débarqués de la veille.
On n’a pas su apprécier au début quelles allaient être les conditions de la lutte, ni les obstacles que l’on allait avoir à vaincre. Actuellement, un redressement s’effectue.
À Saint-Etienne, ce fut pire.
Il n’y avait aucune préparation. Rien en réalité de prévu pour l’action directe. Les seules mesures qui furent prises au début furent de dire aux ouvriers d’aller vers les puits, sans organisation, sans mot d’ordre précis. Cela eut pour effet de les faire disperser facilement, de les réduire à l’impuissance et, dès les premiers jours, de les décourager. On fut au-dessous de la combativité des ouvriers.
Les mineurs ne demandaient qu’à entrer dans l’action. Il est des localités, comme la Ricamarie, où la grève s’est effondrée, parce qu’on n’y a rien fait : il faut entendre par là qu’on n’a pas eu de politique suivie, systématique, à ce sujet. L’action entreprise un lundi dans cette région était davantage une, « concession » aux directives de Saint-Etienne, faite du bout des lèvres par des chefs non convaincus, que le premier pas vers l’entrée résolue dans la politique d’action de masses.
Cependant, l’action menée à Saint-Étienne et dans la vallée de Gier, redressa à deux reprises le mouvement et les militants locaux savent que si cette pratique, liée à l’ensemble des mesures nécessaires pour la bonne marche de la grève avait été généralisée, on n’eût pas eu à proposer la rentrée.
On pourrait multiplier les exemples. On pourrait multiplier les exemples aussi des résultats obtenus par une action directe, par une action de masse, menée résolument. Grève des dockers de Bordeaux, mineurs du Gard, exemple cité ci-dessus pour Saint-Étienne. Dans le Nord, non rentrée de Werwick grâce, pour une bonne part, à l’intervention derrière les renards et les réformistes, d’équipes de bons camarades — travail effectué depuis par ceux-ci contre les provocations du consortium textile.
Mais, d’une façon générale, on remarque pour les grèves la série de fautes suivantes :
1) Dans la période de préparation de la grève, la question de l’action directe de l’auto-défense n’est pas posée par les dirigeants. Si elle est posée, c’est d’une façon superficielle, sans qu’il soit pris de sérieuses mesures pratiques pour la préparation idéologique des ouvriers et pour l’organisation des piquets et du travail.
Il n’y a pas de préparation non seulement pour la chasse aux jaunes, mais le principe de l’organisation d’actions de masse, de manifestations pour entraîner les ouvriers, développer leur combativité — élargir l’atmosphère de lutte n’est pas intégré dans la politique de la grève.
On n’en parle pas. Cela passe pour une question accessoire secondaire.
2) On se contente de phrases et d’appels creux, d’exhortations à la masse, en se persuadant et en disant qu’elle se débrouillera toute seule. On oppose les plus grandes résistances ouvertement ou indirectement à l’organisation de cette action.
3) Si on constitue quelques groupes, on se repose sur ces groupes et on n’essaie pas, par une propagande incessante, d’élargir leur action, de les développer et de susciter d’après leurs actes l’initiative des ouvriers en les popularisant par tracts sitôt qu’ils ont été accomplis.
On réduit à leur activité l’action directe, risquant de tomber dans l’erreur putschiste et perdant de vue notre but essentiel, l’action de masse.
4) On ne comprend pas que la grève est l’occasion d’apprendre aux ouvriers à lutter contre la police et au travers de cette action de les organiser d’une façon permanente dans des équipes et dans des groupes combattifs et disciplinés.
Nous verrons plus loin quelles autres conclusions nous devons tirer de nos mouvements. .
Il nous semble utile de montrer maintenant par quelques faits élémentaires, quelle insouciance on a eu en face de la police. Combien son importance a été sous-estimée.
La répression — Le renforcement de l’appareil de répression
Depuis deux ans, la bourgeoisie poursuit son effort en cette matière avec opiniâtreté et avec précision. Chaque manifestation était et est l’occasion de constater les progrès qu’elle a réalisés. Elle a su tirer parti de ses faiblesses, comme celle du 23 août, ses progrès, elle les a obtenus avec méthode, après des études et des expériences après chaque incident. Avant de développer plus largement la mobile et de décider de son utilisation large, elle l’a à plusieurs reprises et avec soin expérimentée, comme on l’a vu dans les grèves et les manifestations de la R. P.
Ainsi, son utilisation a augmenté d’une façon progressive, on s’est orienté vers la dotation à la police parisienne de moyens techniques, qui lui assurent une très bonne liaison, une plus grande mobilité (camions, voiturettes Renault de surveillance pour chaque commissariat de quartier (surveillance des usines), cars de transport dans chaque commissariat d’arrondissement, avions de surveillance, nouvelles voitures réceptrices et émettrices de téléphonie sans fil, projet d’aménager sur chaque camion de flics, un poste récepteur de téléphonie sans fil, ce qui permettrait de les guider à n’importe quel moment en cas de surprise ou de coup dur. Lignes téléphoniques doublées. Installation des avertisseurs de police, etc. Installation des dites lignes, reliées à la Préfecture au domicile des commissaires.
On s’est occupé de moderniser et de réorganiser l’armement. Une Commission d’études s’est réunie, où l’on a examiné la question des armes automatiques. Déjà des mitrailleuses ont été braquées sur les meetings du 1er Mai 1928. On a étudié aussi l’emploi des gaz. Et si l’on n’a pas envisagé leur emploi en général, à cause des inconvénients qu’ils présentent pour l’ensemble de la population, il serait naïf de croire que l’on n’a pas prévu leur utilisation dans une série de cas, en période critique et, par exemple, dans le fameux plan Z, et que, dans tous ces cas,
L’armement collectif ne doit pas devenir également une réalité.
Il faut signaler d’ailleurs, pour marquer les intentions et les perspectives de la bourgeoisie, qu’à côté de la Commission de la Préfecture de Police, il a été décidé par la Direction de la gendarmerie et de la guerre, de tripler pour les sections de gardes mobiles la dotation en fusils mitrailleurs affectés ordinairement à une section d’infanterie.
Enfin, la police a partout augmenté en nombre. Les crédits qui lui sont alloués en trois ans ont plus que doublé. À Paris, de 1925 à 1929, son budget est passé de 217 à 450 millions. Les chiffres permettent de fixer l’augmentation du nombre des agents en uniforme dans le même laps de temps à un minimum de 3.000 hommes. La secrète s’est développée dans de plus fortes proportions.
La gendarmerie est passée, avec la loi Boncour, à un effectif de 45.000 hommes.
Dans la loi de finances de 1929, des crédits ont été votés pour la création de 30 nouveaux pelotons.
Le budget de la gendarmerie est passé de 415 millions en 1928 à 526 millions en 1929. Augmentation en une seule année de 111 millions.
Techniquement aussi et du point de vue de la méthode la bourgeoisie a fait des progrès.
Ceux-ci se traduisent :
Par un emploi plus large et plus judicieux de toutes les forces utiles pour la répression: gendarmerie, garde mobile, pompiers, flics, secrète. Il y a une bien meilleure coordination de toutes ces forces, une interpénétration, une liaison plus grande entre elles, qui assurent à la répression une plus grande efficacité.
Une plus grande méthode aussi et une plus grande souplesse de la répression.
À Ivry, en pleine manifestation, un inspecteur prenait de la mairie, au chronomètre, le temps que les camions mettaient à se rendre à la mairie du 13ème au Kremlin-Bicêtre et à en revenir et dirigeait ainsi le déplacement des forces.
Dans les grèves, à Saint-Etienne en particulier, la bourgeoisie est parvenue à se servir des gendarmes pour racoler à domicile et à en faire des propagandistes de défaitisme, non point en leur faisant brandir leurs mousquetons, mais en les faisant discuter dans la rue avec les grévistes.
À Ivry, Saint-Denis, toutes les rues, sans exception étaient bloquées. Les arrestations n’étaient opérées que par des mouchards. (Il faut signaler particulièrement l’action et l’emploi de ceux-ci). Toutes les autos arrêtées. Les pompes à incendie en batterie. Soucieux de ne pas renouveler la faute énorme du 23 août, des forces d’agents, grâce à la venue de nombreux gardes mobiles, étaient en réserve ou prêtes à intervenir sur une très large étendue de terrain. (Pour Saint-Denis, jusqu’à Barbès, place Clichy et dans le centre de Paris).
On déploie, devant les ouvriers, un appareil « impressionnant » et formidable.
A Halluin, pas un étranger ne peut descendre et se promener dans la rue sans risquer d’être arrêté, partout circulent des patrouilles, mousqueton chargé sur l’épaule.
À Ivry on faisait circuler démonstrativement plusieurs fois, à tour de rôle, les camions de flics dans les rues.
Le gouvernement n’a pas borné là son action, il a mis à l’étude tout un plan de résistance aux luttes ouvrières, qui a fait l’objet de discussions approfondies, ce qui démontre qu’il se préoccupe de l’ensemble du problème de sa défense de classe.
Comment avons-nous réagi ?
Devant tout cela, jusqu’ici nous n’avons rien fait.
Nous n’avons pas agi autrement que par le verbiage et les protestations platoniques, souvent fausses, de l’Humanité contre le renforcement de la police, et nous n’avons pris aucune mesure sérieuse pour adapter notre lutte à la situation nouvelle que nous imposaient les dispositions de la bourgeoisie.
Bien loin de cela ! nous songions à dissimuler, à rendre le moins apparente ou le moins effective possible notre défense, et à ne toucher d’aucune manière les forces adverses.
Nous interprétions des échecs comme Ivry, comme des succès !!!
C’est par cela que notre politique en cette matière a conduit à l’abandon de nos rues, nous a empêché de défendre les villes prolétariennes alors que nous devions pouvoir y « tenir » ; a établi les traditions des manifestations, des grèves calmes; a installé chez nous la répugnance et la résistance a l’action directe, et après sans doute ne pas avoir été sans influencer, dans une certaine mesure, la composition sociale de noire Parti; a été, en fin de compte, quoiqu’on ne l’aie jamais beaucoup mis en relief, une des marques les plus frappantes dans cette dernière période, de la politique opportuniste de notre Parti.
Comment opérer le redressement ?
Comment, sur ce terrain, opérer le redressement ?
Bien entendu, ce redressement n’est qu’un côté du redressement du Parti. Il est lié au principe de ce redressement, à la politique du travail et du renforcement de notre Parti dans les usines, à sa politique de masse vers les couches qui sont l’assise prolétarienne fondamentale, exploitée dans les entreprises, à son épuration, à l’utilisation des méthodes de propagande, de pénétration, de travail en général qui changeront, si on les applique, sa formation et sa physionomie
C’est donc dans ce sens et en liaison avec cette tâche qu’il faut accomplir aussi pour l’action directe, le travail de redressement.
Le point de départ c’est la lutte dans le Parti contre la passivité, contre la poltronnerie vis-à-vis de l’action directe; contre la sous-estimation de la nécessité, de l’étude et de la solution des problèmes de la lutte dans la rue, et contre le pessimisme et le défaitisme sur ce point; la lutte contre tous les courants mentionnés ci-dessus.
Au point de départ, il faut comprendre qu’on ne doit plus entreprendre une action quelconque, une manifestation, une grève; sans que cette question ne soit étudiée d’avance, au tout premier plan et sans qu’elle soit solutionnée, Agir autrement serait chercher son échec et saboter en fait son travail. Ce serait commettre la plus grosse faute.
Le redressement pour nos manifestations
Pratiquement, il faut : 1° faire comprendre la nécessité des manifestations de rues ; 2° revoir tout le problème de leur préparation, et de la liaison de masse.
La nécessité de reconquérir la rue doit être claire pour tout le Parti; la nécessité de descendre dans la rue et de faire descendre en masse les ouvriers dans la rue pour imposer leurs revendications, pour arracher leurs militants des prisons, pour organiser la lutte active contre la guerre, pour la défense de l’U.R.S.S., pour obtenir satisfaction en face de la bourgeoisie, décidée à résister et décidée à la répression.
Ce ne peut être par des cris d’indignation, en tout et pour tout, que nous battrons l’impérialisme; c’est par des manifestations massives de la force, de la colère et de la volonté des ouvriers.
La préparation
Pour la préparation, l’expérience de nos manifestations les plus récentes nous indique qu’il faut porter notre attention sur deux problèmes : la préparation politique, idéologique, la préparation technique.
En ce qui concerne le premier, il faut rompre avec l’illusion des manifestations légales. La bourgeoisie nous a suffisamment renseignés sur ce point.
Pour cela, il faut un travail intense en profondeur, une explication de nos mots d’ordre centraux et une préparation politique sérieuse, celles-ci ayant comme base essentielle les revendications immédiates des ouvriers.
La manifestation, ses mots d’ordre centraux doivent être absolument accrochés aux revendications immédiates, et expliqués aussi à fond que possible d’une façon simple, populaire, par tout notre matériel, toute notre littérature, toute notre agitation.
Le travail en profondeur, le travail de masse, c’est le travail obstiné dans l’usine de chaque ouvrier, de chaque cellule communiste près des copains de l’atelier. Verbalement ou .par la diffusion du matériel, du journal d’usine, de la main à la main ou à l’endroit le plus favorable. C’est l’attention incessante aux besoins, aux revendications des ouvriers pour utiliser tous les mécontentements, tous les motifs d’effervescence pour développer nos mots d’ordre et trouver la voie au développement de notre agitation, c’est la recherche des noms et adresses de ceux que l’on peut faire convoquer individuellement à la réunion de sympathisants, c’est l’envoi à domicile des journaux et des tracts, la propagande incessante pour réaliser le front unique, etc…
Sur le terrain local, c’est le travail individuel également, le travail par la presse, etc. D’après cette méthode, la presse joue dans la circonstance moins le rôle d’organe d’appel immédiat à la manifestation pour une date déterminée que celui d’organe de préparation politique et de préparation à la manifestation en général.
Dans l’ensemble, travail de masse veut dire aussi travail à l’aide et à travers des autres organisations ouvrières, larges, sympathisantes.
Nos rayons doivent faire travailler nos fractions pour amener les syndicats, le S. R. I., S. 0. I., l’A. R. A. C., Amis de l’U. R. S. S., F. S. T., G. D., J. G., Marins, Coopératives, locataires, à intervenir pour élargir notre action sur les masses en faisant agir ces organisations en vue de la manifestation sur leur terrain particulier. Les manifestations préparées à temps et de longue haleine ne doivent pas être prévues sans que, dans le plan, ne soit compris et déterminé leur travail, au moins pour les plus importantes, et établi le contrôle de l’application des décisions.
À côté de cette préparation politique, il faut faire aussi la préparation pour la manifestation elle-même auprès des ouvriers. Non pas la préparation pour tel jour et telle heure, mais la préparation sur la nécessité de manifester, cela en marquant l’obligation de cette mesure pour obtenir satisfaction, en citant dans les discours les succès conquis de cette manière, en faisant développer ce thème dans les usines, dans les journaux et par l’intermédiaire de nos copains dans les entreprises; en profitant de ces explications pour donner, si possible, des exemples qui fassent comprendre déjà aux ouvriers comment on peut, et par conséquent comment sans doute on va manifester.
Les formes de la manifestation
Le plus gros danger à éviter dans ce domaine, en dehors de la manifestation préparée seulement comme si elle allait être légale et d’un bout à l’autre autorisée ainsi que nous l’avons signalé, est la manifestation à caractère clandestin sans liaison sérieuse avec les masses, comme le fut dans l’ensemble la manifestation du pacte Kellogg.
Nous donnons ci-après de larges extraits des rapports qui nous ont été adressés qui concernent des manifestations qui ont abouti et qui donnent déjà les conclusions ci-dessus.
Nos camarades trouveront là des expériences concrètes auxquelles ils pourront réfléchir et qu’ils pourront utiliser et développer.
Il faut retenir tout particulièrement et préconiser comme forme de manifestation la manifestation du 11 Novembre des entreprises, la manifestation locale et la manifestation des mines, où s’est liée étroitement l’action de groupes organisés, et de la masse des mineurs.
La première et la seconde, mais surtout la première, sont intéressantes parce qu’elles ont été des manifestations de masse partant des usines, ayant pour ce motif pleinement le caractère de manifestations prolétariennes, réunissant aussi davantage de conditions objectives dans le cas d’une bonne préparation pour être une manifestation de lutte. Elles sont intéressantes également parce qu’elles confirment la possibilité de manifestations d’usines de masse.
Nos camarades doivent tout particulièrement les étudier, s’en servir, les mettre à profit. C’est l’orientation que nous devons donner à nos manifestations.
Mais il importe de souligner qu’il n’y a pas encore, en France, de tradition véritable de manifestations d’usines, comme cela existe dans les autres pays. Nos camarades ont rapporté que beaucoup d’ouvriers avaient été surpris par l’invitation qui leur fut faite de manifester à la sortie. Cela démontre que la préparation politique pour le mot d’ordre de manifester avait été insuffisante et démontre en même temps toute son importance.
Comme autres manifestations d’usines, il y a eu les manifestations sur le tas, comme à la M. A. P., à Saint- Denis; une manifestation à la sortie chez Combes, où l’on sut profiter de la coulée des ouvriers vers le parc, etc…
On peut aussi organiser des manifestations dans les marchés, à la sortie des gares, là où il y a un rassemblement et une concentration naturelle d’ouvriers. Comme conclusion à tout un travail préalable comme il a été indiqué.
Il n’y a pas à hésiter à organiser une série de petites manifestations pour en préparer de plus importantes, par exemple, pour imposer la distribution des journaux et des tracts dans une entreprise et à utiliser ces manifestations qui doivent servir de ferment, pour élargir la lutte. Dans la période que nous traversons, pour reconquérir la rue, il faut commencer à employer ce moyen.
Enfin, il faut profiter des faits, de l’effervescence dans l’usine, des occasions qui nous sont fournies par la lutte économique. Dans les grandes entreprises comme Renault, Citroën, les conflits éclatent avec rapidité. Des faits comme le lock-out de 8 heures de Renault, du 18 février, peuvent immédiatement être exploités pour manifester. La cellule, le groupe de défense, la section syndicale doivent l’improviser et l’organiser. Cela a été une faute de ne pas l’avoir effectué chez Renault, par exemple, à ce moment.
La manifestation d’usine dans un cas semblable peut partir d’un atelier, se répandre dans toute l’entreprise, arrêter les machines, rassembler l’ensemble des ouvriers, descendre dans la rue.
Lorsque les manifestations sont décidées, la Région, le rayon doivent en déterminer les formes d’après la situation, les objectifs que l’on s’est tracé et les possibilités.
Ces formes sont d’autant plus faciles à établir, on a d’autant plus de facilités pour les décider, que l’on a une bonne organisation et que l’on s’est préparé techniquement au préalable.
Les dispositions spéciales qu’il faut prendre
Chacun comprend que, dans les conditions actuelles, si nous devons nous efforcer d’orienter les ouvriers vers la manifestation, les décisions et les dispositions finales ne doivent être connues que du plus petit nombre possible de camarades et n’être communiquées à ceux qui sont chargés de les appliquer, avec les explications nécessaires, qu’avec les plus grandes précautions et aussi tard qu’on le peut afin d’éviter les indiscrétions.
Retenons donc les deux principes de nos camarades de la R. P. :
« Organisation de la manifestation dans ses détails confiée à deux ou trois camarades seulement, les plus aptes et les plus sûrs » ;
« Directives pratiques indispensables données sur le lieu même de la manifestation ».
Il faut les appliquer si l’on veut éviter les fuites et déjouer la police.
On verra dans les rapports cités en annexes comment on peut ne communiquer les directives essentielles qu’à la dernière minute avec une préparation active.
La Commission des Trois doit étudier :
La situation de l’adversaire. — En connaître les habitudes, s’efforcer de prévoir ses dispositions, établir le rapport des forces.
Sur cette base, établir le plan en liaison avec la préparation générale et l’agitation (comment on déclenchera la manifestation, le jour, l’heure).
Comment on peut faire des diversions, tromper la police.
Comment on effectuera l’encadrement. — Une méthode qui s’est révélée excellente a été celle mentionnée dans un des rapports annexes. Chaque membre du Parti conduisait et guidait dans le cortège même les ouvriers qu’il avait amenés avec lui. Il faut élargir ce procédé, placer non pas nos camarades les plus solides en serre-file, mais au milieu, avec les ouvriers, à une série d’intervalles, pour constituer d’un bout à l’autre une armature, et de forts groupes en tête, en queue, au centre du cortège s’il est important.
La Commission doit surtout se constituer un appareil que personne n’a besoin de connaître, composé des copains les plus éprouvés pour sa liaison, la transmission de ses directives, soit dans les lieux de rassemblement, soit dans les usines.
Elle doit enfin constituer une direction double en prévision d’arrestations, pour assurer quand même la marche de la manifestation.
Elle doit pouvoir travailler chaque jour, se réunir à chaque fait nouveau. Nous attirons à ce sujet l’attention de nos camarades sur la manière remarquable dont semble avoir fonctionné la direction. Fonctionnant ainsi, étudiant les diverses hypothèses et prévoyant le moyen d’y parer, elle ne risquait pas d’être débordée.
Telles sont nos premières remarques qui, dans notre esprit, doivent surtout permettre d’ouvrir la discussion.
Nos tâches pendant les grèves
C’est au travers des luttes économiques, que l’exploitation accrue dans les usines et la rationalisation intensifiée, rendront dans la période qui vient plus fréquentes, que nous aurons à appliquer surtout notre politique de redressement sur la question de l’action directe et de l’auto-défense.
Nous pensons que pour ces conflits économiques il faut appliquer au moins les directives ci-après :
1° Dans la période de préparation, poser la question d’une façon franche, d’une façon nette et dans l’agitation, et dans les organismes dirigeants où on doit prendre les premières mesures d’organisation.
Faire ce travail dans la période, de préparation peut être dans de nombreux cas d’une importance décisive. Si on a, le jour du déclenchement de la grève, des équipes solides qui, avant l’arrivée de la gendarmerie et du déploiement de toutes les forces de répression font un travail positif contre les jaunes, manifestent avec vigueur la volonté des grévistes et de la direction de la grève, de ne pas tolérer la rentrée d’un seul ouvrier dans les entreprises, cela peut avoir la répercussion la plus grande sur l’orientation de tout le mouvement, le renforcement et l’élargissement de l’auto-défense. Ne pas oublier la préparation Idéologique qui est indispensable pour réaliser un sérieux travail de masse. Discuter de l’action directe dans l’organisme dirigeant, comme d’une question essentielle pour la solidité et le développement de la grève ;
2° Les premières mesures d’organisation à prendre sont: la nomination d’une Commission de deux, ou trois camarades dans le Comité, chargée de ce travail et participant à toutes les réunions de direction. Donner des directives aux cellules du Parti, aux fractions des sections syndicales pour désigner les cadres des piquets d’entreprise. Directives aux mêmes organismes pour que l’on commence immédiatement le recrutement parmi les ouvriers de l’entreprise, sympathisants, sans parti. Faire ce recrutement, l’organiser dès les réunions d’agitation préparatoires.
Sans doute, cette préparation nous obligera-t-elle à employer des méthodes différentes pour le déclenchement de la grève que celles que nous avons utilisées jusqu’ici. Pour prévenir la répression, nous devrons peut-être ne faire connaître publiquement l’heure, la date exacte de la grève que quelques heures auparavant, et employer à ce sujet à peu près les mêmes mesures que pour nos manifestations. Nos militants devront le déterminer.
3° Ne pas cesser pendant la grève de recruter pour les piquets, de les développer. Les considérer même lorsqu’ils sont nombreux, comme une force d’entraînement, d’encadrement pour la masse. Faire aussi parmi eux un travail méthodique pour faire comprendre à leurs adhérents la nécessité d’un travail d’auto-défense permanent. Leur organisation doit subsister après le mouvement et être rattachée (voir 2ème partie), aux groupes de défense. Il faut obtenir que le plus grand nombre possible de camarades restent dans l’organisation permanente et prennent la carte. Une bonne méthode à employer pour développer les piquets est de populariser chaque jour ou à chaque occasion favorable, leur travail par un tract, dans les assemblées de grévistes et dans les discours des orateurs, en faisant un appel à l’adhésion.
Il est à peu près impossible d’obtenir un bon travail progressif des piquets si on ne fait pas l’éducation de leurs membres d’une façon systématique, en pleine lutte. Il faut donc faire très fréquemment, chaque jour si on le peut, des réunions de responsables, où l’on fait l’auto-critique du travail, où l’on trace les directives générales, de même assez fréquemment aussi des assemblées générales de piquets.
Tout cela en temps de grève est relativement facile.
Méthode pour l’organisation des piquets
Il y a à faire très attention à la pénétration pendant la grève des provocateurs dans nos rangs. C’est pourquoi nous conseillons :
1° De constituer d’abord les cadres avec les camarades sûrs du P. C. et des syndicats, comme nous l’avons dit ci- dessus, dans chaque puits, dans chaque entreprise, si on le peut dans chaque atelier ;
2° Puis de développer l’organisation par la propagande individuelle, où au moins le contrôle de ces cadres pour toutes les adhésions reçues dans les réunions. Pour cela, il faut faire spécifier sur les bulletins d’adhésion : le nom de l’usine, du puits auquel appartient le camarade, son atelier, et on le transmet au militant intéressé.
La façon de procéder qui a donné jusqu’ici les meilleurs résultats a été de confier à tel et tel camarade sûr le soin de former parmi ceux qu’il connaît un piquet des camarades travailleurs, parce qu’ils se connaissent avec beaucoup plus de confiance.
Dans divers centres, dans les mines, dans les petites villes textiles, on a pu former les équipes de piquets de l’entreprise, d’après le lieu d’habitation de leurs membres. Ainsi, tous les camarades habitant la rue Basse, à X…, et travaillant à l’usine André formaient un piquet; tous ceux habitant la rue Haute, travaillant à la même entreprise, un autre piquet, etc.
Cette organisation avait l’énorme avantage de permettre, tout en étant une organisation d’usine, de faire un travail local. Elle assurait en même temps une bonne liaison entre ses membres. Une semblable organisation est possible dans les localités où il y a une ou deux grosses usines.
On pouvait, grâce à. elle, faire des piquets, des organismes de mobilisation de tous les ouvriers du quartier.
Pour parvenir à ce résultat, qui eût très appréciable pendant une grève, il faut le plus possible grouper les militants des piquets d’après le lieu où ils habitent
Pour terminer, nous indiquons qu’on a obtenu un travail beaucoup plus effectif en faisant militer les piquets d’une usine à l’usine voisine, et inversement, sous la conduite et le guide d’un camarade de l’entreprise. On avait beaucoup moins à craindre la répression et les hésitations de la part de nos camarades.
À Saint-Étienne, on donnait la possibilité à tous les militants des piquets de toucher d’avance et par priorité tout leur ravitaillement.
DEUXIÈME PARTIE
La lutte directe – L’organisation de l’auto-défense
Quel doit être le rôle du Parti dans ce domaine?
Il faut éclaircir cette question de suite, non seulement à cause de la confusion des rôles contradictoires et des erreurs signalées ci-dessus, mais encore parce que des camarades pensent, dans le Parti, que l’action directe doit être accomplie uniquement par des organisations de défense créées à cet effet et qui reçoivent pour cela, une éducation technique spéciale. C’est un point de vue faux. Le parti doit être à la tête des masses pour la lutte directe. Il doit l’organiser, la diriger; en entraînant les ouvriers à l’action au moment propice, il évitera l’écueil des coups de main, de l’esprit putschiste.
Mais il ne doit pas seulement se contenter d’élaborer et de préparer l’action directe, d’en connaître et d’en discuter les problèmes essentiels, ce qui constitue, cependant, pour lui bien entendu, en tant que chef, une tâche capitale fondamentale; il doit être aussi, effectivement, à la tête des ouvriers dans la lutte physique.
Sinon, il perd son caractère de classe et de lutte et abandonne sur ce terrain la direction des ouvriers qu’il doit assumer en tout occasion. Il doit être bien entendu que, d’une façon générale, le Parti doit être à la tête des ouvriers dans la rue et que, contrairement à ce qui s’est produit pendant des mois jusqu’ici, on doit pouvoir compter sur les camarades du Parti comme forces principales d’encadrement des ouvriers.
Pour une organisation de défense large
Une fois déterminé ainsi le rôle du Parti, il est plus facile de répondre à la question : Faut-il créer et développer une organisation large d’auto-défense?
Nous devons répondre oui, d’abord parce que nos perspectives sont celles d’une lutte de plus en plus aiguë, de moins en moins sentimentale et légale contre la rationalisation et contre la bourgeoisie, à cause des perspectives de guerre impérialiste, d’agression contre l’Union Soviétique et de la nécessité, non plus de bavarder, mais d’organiser solidement et le plus largement possible la résistance contre ces dangers.
Créer et développer une organisation large de défense est pour le Parti le moyen d’élargir l’encadrement des masses pour la lutte directe. Une organisation de défense large est une armature plus vaste pour la préparation et la direction des masses dans la résistance active, disciplinée, combattive à l’impérialisme dans la lutte physique.
C’est le moyen d’organiser les ouvriers sympathisants qui sentent la nécessité de l’action directe, de les amener sous l’influence de notre Parti et de les entraîner derrière ses mots d’ordre.
Voilà pourquoi il est nécessaire de constituer et de développer une organisation large.
Les erreurs qu’il faut éviter
Quelle organisation faut-il créer?
Mais une organisation semblable peut-elle vivre?
Pour le savoir, il faut étudier les expériences que nous avons vécues. Celles-ci sont-elles concluantes contre la formation d’une semblable organisation?
Il faut rechercher les raisons pour lesquelles nous n’avons pas obtenu encore sur ce point de résultats.
Constituer une organisation qui n’ait qu’un rôle de service d’ordre, comme cela a été le cas pour les G. D. A., et aucune vie politique — qui soit pareillement éloignée du Parti et séparée des masses et qui préconise des formes d’organisation auxquelles de larges couches d’ouvriers sont encore hostiles — non suffisamment souple pour s’adapter à toutes les circonstances de la lutte et confinée en réalité dans un travail de représentation et de parade, serait la condamner d’avance à disparaître.
Ce serait également aller à l’échec que de poursuivre la politique préconisée à l’occasion du 1er Mai 1928 et qui prévoyait de multiples organisations : milices syndicales, services d’ordre du Parti, Front Rouge, etc., sans direction unique véritable, et qui, toutes, ne pouvaient se développer et tenir pour la même raison d’absence de vie politique et par le fait que l’action rétrécie de chacune d’elles contrecarrait, rendait inutile celle du voisin, en diminuait l’intérêt et empêchait tout développement mutuel.
L’une et l’autre de ces deux conceptions, dans leur ensemble et pour ces raisons, doivent être condamnées.
Une seule organisation
Caractère de cette organisation
Nous devons comprendre qu’il faut créer une seule organisation ayant des mots d’ordre et un champ d’action qui la rende apte à répondre à toutes les nécessités de la lutte ouvrière, apte à participer à la lutte politique et aux luttes économiques, à toutes les luttes, sous l’impulsion et la direction de notre Parti.
La plate-forme de lutte de la nouvelle organisation doit être :
La lutte contre la guerre impérialiste et sa préparation pour la liaison avec les organisations de défense internationale et l’Armée Rouge et la résistance directe à la guerre impérialiste, aux dangers d’agression contre l’U.R.S.S. Pour l’organisation de masse et la résistance directe à la répression, pour la défense directe des grèves et des conflits économiques, contre le mouchardage en général et le mouchardage à l’usine, contre le fascisme et les organisations fascistes. Cette organisation devra avoir sur cette base ses manifestations, son activité propre, dénoncer les budgets croissants de la police et de la gendarmerie, son armement, s’associer et elle-même organiser des meetings contre les préparatifs de guerre, le mouchardage, etc…; faire son agitation et sa propagande. La ligne politique qu’elle développera et répandra étant celle du Parti sur ce terrain particulier et assurant à celle-ci une plus large expression.
Ce qu’il faut surtout, c’est qu’elle soit, par ses mots d’ordre, par son action, contrairement aux G. D. A. et à tous les organismes, près des luttes ouvrières; qu’elle soit à côté des ouvriers dans toutes leurs luttes.
Dans la bataille de chaque jour, l’organisation nouvelle de défense doit avoir des mots d’ordre de défense immédiats pour les ouvriers. Avec ces mots d’ordre, elle doit être présente dans tous les conflits, à tous les contacts entre ouvriers et bourgeoisie.
Par exemple, elle aura le mot d’ordre de résistance au récent arrêté de la Préfecture de Police dans la R. P. et de lutte pour imposer la distribution des tracts et des journaux à l’usine; elle doit organiser la lutte contre le mouchardage.
La résistance aux perquisitions scandaleuses opérées au domicile des ouvriers par la police privée de l’usine, comme cela s’est produit récemment chez Renault; la lutte permanente contre cette police, la protection des militants et des orateurs ouvriers à l’usine. Pendant les grèves, la bataille contre les jaunes, contre la garde mobile, etc…
C’est ainsi qu’au cours des grèves et des campagnes qui viennent de se dérouler on pouvait grouper les grévistes sur des mots d’ordre de défense immédiate, dans des piquets de grève, piquets de puits, piquets d’usine. Ils en comprenaient rapidement la nécessité. Pendant les campagnes électorales, à plusieurs reprises, les mots d’ordre d’organisation pour la défense des réunions a reçu de nombreuses adhésions. Dans les syndicats, on a créé pour certains besoins immédiats des milices; enfin, l’organisation locale, sur la base de l’arrondissement et de la localité, a pu toujours vivre.
Faudra-t-il rejeter toutes ces formes d’organisations adoptées et utilisées par les ouvriers pour leurs besoins de défense immédiate?
Au contraire. La nouvelle organisation doit rassembler sous une direction, sous une impulsion et sous une dénomination générale ou sous un patronage unique (par exemple : Front Rouge; par exemple : groupes de défense) toutes ces formes d’organisations, même les plus élémentaires et les plus larges, au cours des conflits : tenir finalement dans ses cadres permanents, par son travail d’éclaircissement auprès des ouvriers, la plus large couche possible de ceux-ci. À ce titre, elle marquera un progrès énorme et essentiel sur l’ancienne formation.
Groupes de défense à l’usine
À l’usine donc, surtout dans les plus grosses entreprises et localement, il faudra établir l’organisation. À l’usine parce que, de plus en plus, la lutte des ouvriers est concentrée à l’usine, non pas seulement la lutte économique, mais aussi la lutte politique. C’est là que tendent à s’accomplir toutes les manifestations de la lutte ouvrière. Pénétrer dans l’entreprise est nécessaire pour le contenu prolétarien du mouvement. Il faudrait s’attaquer surtout aux usines de guerre : aviation, produits chimiques, grosses usines métallurgiques. On établirait tout le travail pour différencier les groupes ainsi constitués des cellules.
L’organisation — Vie intérieure
Dans l’organisation, les camarades seraient répartis par groupes, par secteurs, équipes. Le contenu intérieur de leur activité serait l’éducation politique et technique, l’entraînement, l’étude de tous les problèmes d’auto-défense. Ils n’auraient pas d’uniforme. Le prix de la carte et la cotisation seraient minimes pour permettre un large recrutement.
La liaison avec le Parti
Une organisation semblable devrait être étroitement liée au Parti. Étant donné son rôle et son caractère, une liaison insuffisante présenterait les plus graves dangers. Au contraire; chez elle, l’influence du Parti devrait particulièrement se manifester et, par l’appui, par le soin, par l’attention politique constante qui lui serait donnée, aboutir au fait que cette organisation voit dans le Parti son guide, son inspirateur et, idéologiquement et naturellement, son chef.
Sur ces bases peut s’ouvrir la discussion et peut commencer le travail.
Nos tâches
Pratiquement, nous proposons :
1° La discussion dans toutes les cellules et la réunion des fractions des organisations auxiliaires pour la discussion également;
2° Saisir toutes les occasions qui pourraient se présenter : anniversaire de l’Armée Rouge, anniversaire de la Commune, grève, répression par la police, attentat fasciste, élections municipales, etc…, pour poser officiellement et franchement la question de la création des groupes de défense et faire la propagande et les meetings pour leur recrutement. Il faut absolument rompre avec la timidité, l’espèce de crainte avec laquelle on a parlé jusqu’ici de ce problème. Ce sont les camarades les plus responsables du Parti qui, comme tels, doivent, au rayon, au sous-rayon, à la région, poser ouvertement et sans aucun masque le problème devant les ouvriers;
3° Pas une seule manifestation, pas une seule grève, pas un seul mouvement ne doit être maintenant prévu sans que l’on organise auparavant l’auto-défense. Comme il est dit ci-dessus ou, au moins, les embryons de l’organisation d’auto-défense;
4° II faut soutenir et aider dans leur développement les groupes de défense et les Jeunes Gardes qui ont été complètement négligés par le Parti jusqu’ici et qui ont commencé à s’engager dans l’orientation marquée ci-dessus((Les Groupes de Défense et les Jeunes Gardes sont définitivement séparés de l’A. R. A. C. depuis juin 1928. Depuis mai 1928, ils ont supprimé de leur dénomination le mot antifasciste.)).
Le rôle du Parti est de faire l’éclaircissement complet par l’intermédiaire, de ses fractions dans leurs sections et de contribuer, par ce moyen, avec le plus d’énergie possible, à leur faire dépouiller définitivement tous les restes des méthodes anciennes et à accentuer vigoureusement leur redressement. Enfin, une fois le contact pris avec leur organisme, prendre toutes les mesures pour les conserver étroitement. Là où ils existent, diriger leur travail pour la lutte et leur développement au travers des manifestations et anniversaires et de la lutte; épauler leur action;
5° Là où il n’y a pas de groupes de défense, constituer l’organisation au travers des luttes et de toutes les circonstances favorables avec la forme d’organisation la meilleure (piquets, milices, etc…), la plus populaire, chaque fois que cela sera possible, sous l’égide des groupes de défense. Au cours des luttes, grèves, etc…, ce n’est pas au début mais dans le développement de la lutte qu’il faut surtout poser la question de l’organisation permanente avec la carte, timbres, etc… ;
6° Le Parti devra avoir, à chaque échelon, et au moins à la région et au rayon, un responsable de ce travail. Celui-ci, en dehors des questions politiques, du contrôle politique de l’organisation large, aura à sa charge, techniquement, d’établir dans la plus large mesure, par cellule, par sous-rayon, d’après le lieu de travail et le lieu d’habitation, le relevé des camarades et, en s’appuyant sur des responsables, le mécanisme de rassemblement des camarades du Parti en cas de manifestation pour la défense du Parti et pour l’action directe ;
7° Ce travail doit être accompli avec l’objectif du 1er Mai pour lequel nous devons préparer, idéologiquement et du point de vue technique et de l’organisation, les ouvriers. Mais il faut comprendre que cette préparation, à ce point de vue, doit être notre souci constant et quotidien pendant les deux mois qui nous restent, et que nous n’avons pas le droit de laisser passer une journée que nous pouvons utiliser de cette manière sans l’employer.
ANNEXES
I° — Une manifestation de rue partant des usines
L’expérience ci-après est importante en dehors des remarques générales que nous avons déjà faites parce que les dispositions prises par nos camarades sont déjà une ébauche de ce que l’on peut faire pour tromper la police par des mouvements de groupes partant de points différents en combinant de manière appropriée les heures où ils interviendront et les directions qu’ils devront prendre.
Nos camarades étudieront donc très attentivement les passages où tout cela est expliqué et devront, dans leurs situations respectives, en tenir compte et examiner si on peut utiliser ce principe et cette méthode, s’inspirer de cette manœuvre. On peut largement les développer.
Préparation
Une dizaine de réunions d’usines furent organisées à la sortie et à la rentrée des grosses boîtes. Cela depuis le lundi — leur succès fut médiocre en particulier parce que les cellules ne firent aucune préparation au sein des usines — néanmoins elles contribuèrent à créer une ambiance favorable.
La semaine précédente; une affiche avait été posée pour appeler les ouvriers à défendre La Dépêche, menacée d’expulsion.
Une petite affiche 1/4 colombier fut collée à profusion, la veille de la manifestation.
Des articles appelant les ouvriers furent publiés dans La Dépêche, la veille de la manifestation, un appel de la Région parut en première page en gros caractères.
L’assemblée d’information du Rayon fut convoquée la veille de la manifestation, elle réunit 125 à 150 camarades. Presque toutes les cellules étaient représentées. Un camarade exposa l’action à mener pour les revendications du textile et les dispositions générales pour la manifestation du lendemain (sans donner de détails sur l’organisation). Il expliqua aux camarades les tâches qui leur incombaient au sein des entreprises.
Après l’assemblée d’information les responsables pour les usines furent réunis et le même responsable leur exposa ce que nous attendions d’eux, en même temps qu’il leur remit une convocation leur indiquant :
1° À quel endroit et à quelle heure précise ils devaient se trouver le lendemain ;
2° Leur tâche : inviter les ouvriers à rester groupés pour la manifestation, distribuer les pancartes, former et entraîner le cortège ;
3° Le lieu de la concentration ;
4° Quel camarade ils trouveraient à cet endroit comme responsable du groupe.
Chaque chef de groupe reçut un certain nombre de pancartes, portant nos mots d’ordre et un drapeau constitué d’une simple bande de calicot rouge et d’un bâton, tout ce matériel facilement dissimulable.
Personne, sauf les quatre organisateurs ne connaissait à l’avance l’itinéraire de la démonstration.
Nous avions fixé quatre points de concentration correspondant à quatre groupes d’usines.
La manifestation était officiellement annoncée comme devant avoir lieu au centre de la ville, à un endroit qui est le confluent de toutes les artères par où les ouvriers passent pour rentrer chez eux.
Le point officieux de concentration était le quartier bas, où nous comptons une majorité de sympathisants.
Voici les instructions données à chacun de nos groupes :
« Les groupes 2, 3 et 4 devront essayer de se rendre en cortège vers le centre. S’il y a charge, il faudra rassembler les manifestants et les diriger vers le quartier bas ».
La manifestation
Sur ces trois groupes, deux réussirent à se former, un avec 50 camarades, l’autre avec 5 à 600. Le troisième ne put se former parce que le point de concentration était trop éloigné et qu’à la sortie des usines nos militants ne purent entraîner les ouvriers.
Les deuxième et troisième groupes se rejoignirent comme cela avait été convenu et défilèrent dans la ville, drapeau en tête, harangués plusieurs fois par nos militants. Le tronçon de manifestation (2-3) arriva sans rencontrer la police jusqu’au centre où la première charge eut lieu (arrestations, prise du drapeau par la police).
Les manifestants dispersés se reformèrent dans les petites rues voisines ou l’action de la cavalerie est impossible, et en deux groupes refirent en sens inverse le chemin parcouru à l’aller. Contournant la ville par une sorte de boulevard extérieur, ils arrivèrent près d’un canal et là se heurtèrent à la gendarmerie montée, qui les dispersa à nouveau. Un groupe de plusieurs centaines (2 à 300) traversa néanmoins le canal et sur l’autre rive se produisit une nouvelle charge, au cours de laquelle un de nos camarades fut jeté à l’eau.
Après quelques minutes de flottement, un groupe de 500 camarades se reforme de nouveau et contournant le quartier bas, pénètre dans la ville par le côté opposé, traverse de bout en bout le quartier bas et revient jusqu’au centre (8 heures du soir), où de nouvelles charges se produisirent, amenant la dislocation.
Pendant ce temps, le premier groupe qui avait comme directive de manifester dans le quartier bas et de remonter ensuite vers le centre et, au cas où la concentration serait impossible, de rester dans le quartier bas pour occuper la police en attendant les 2, 3 et 4èmes groupes. Le premier groupe donc se; forma avec 150 à 200 camarades, manifesta pendant plus d’une demi-heure dans le quartier bas, et après un discours des militants responsables, prit le chemin du centre, où il arriva après, les incidents.
Ce groupe ne rencontra pas la police, mais son action, dérouta complètement les forces policières, qui ne savaient plus où tourner de la tête.
Vers le centre, de 18 h. 30 à 21 heures, un grand nombre de manifestants et de curieux stationnèrent. Des camarades évaluèrent cette foule de 2.500 à 3.000 personnes.
Fautes commises.
1° Dans les usines, les cellules n’ont pas fait l’action préparatoire suffisante ;
2° Il n’y avait pas de tracts ni de papillons pour les entreprises ;
3° À la sortie des entreprises, les cellules ne formèrent pas bloc autour des militants (membres et rattachés) ;
4° Le point de concentration du premier groupe fut mal choisi, obligeant les militants à entraîner les ouvriers à « rebrousse-poil », alors qu’il fallait aller dans le sens de la « coulée » ouvrière (chemin suivi par le gros des ouvriers pour rentrer chez eux) ;
5° La liaison cycliste fut inexistante et les groupes isolés ;
6° Il aurait fallu un groupe de 50 à 100 militants, organisés militairement, grâce auxquels nous aurions peut-être pu percer les barrages et racoler les manifestants stationnant autour de la place.
Néanmoins notre manifestation fut un succès dans ce sens qu’elle a été la première tentative d’une action de masse organisée clandestinement, et elle montre que le prolétariat troyen est extrêmement combatif, les incidents en sont la preuve. Elle a montré aussi que notre organisation est extrêmement faible et c’est contre ce défaut principal qu’il nous faut lutter.
II — Une manifestation pour l’anniversaire du 11 novembre.
Extrait d’un rapport.
L’organisation eut lieu sous de mauvais auspices. Départs dans le rayon et fuites dans l’organisation. Néanmoins, la direction du rayon prit dès le début une position qui permit de réduire ces difficultés dans de larges proportions.
- L’organisation de la manifestation dans ses détails fut confiée à deux ou trois camarades seulement ;
- Les directives pratiques indispensables à la réalisation de la manifestation, ne furent données, que sur le lieu même de cette manifestation.
L’agitation.
Sous les directives de la Région, demandant aux municipalités d’organiser des manifestations, le 11 novembre, le Bureau de rayon, décida de profiter de cette apparence légale des manifestations pour lui donner sa véritable importance et son véritable caractère.
Il fut transmis à tous nos sous-rayons les directives suivantes :
D’avoir à organiser sur leur base locale des petites manifestations en s’appuyant sur les organisations gravitant autour du P. C.
Il fut bien précisé à nos camarades qu’ils devaient essayer de mobiliser le plus de monde possible. Chaque camarade du P. C. avait pour mission d’élargir son influence personnelle à des groupes de sympathisants de trois, quatre ou six membres. Ces sympathisants devaient eux-mêmes intéresser d’autres ouvriers à notre action. Ce n’est que le samedi Soir, à 20 h. 30, que fut transmis à un responsable par sous-rayon l’ordre d’avoir à acheminer le dimanche matin tous ses groupes, en prenant les précautions que nécessitait ce système d’organisation.
Le but cherché par le bureau de rayon, en donnant ce mot d’ordre à nos sous-rayons fut, on peut le dire, largement atteint. Évidemment, des fuites sur la base des sous-rayons concernant notre premier mot d’ordre se produisirent. D’autre part, les attroupements de camarades qui se concentraient sur la base du rayon ne passèrent pas inaperçus de la police, ce qui l’obligea à répartir ses forces dans toutes les localités. Cette disposition devait grandement faciliter notre manifestation.
Dans la localité principale, un gros effort fut fait, la municipalité prit officiellement l’initiative de la manifestation (après avoir proposé le front unique; aux différentes fractions du Conseil Municipal, socialiste-communiste et socialiste), appuyée par une active propagande à la base. Comme les précédentes tentatives, celle-ci ne donna, aucun résultat positif, ce qui n’empêcha pas notre fraction majoritaire de prendre toutes ses responsabilités.
Nos fractions, dans les diverses organisations, déployèrent une bonne activité sous l’impulsion énergique du sous-rayon et, on peut dire qu’un pas important fut fait par nos camarades dans ce sens.
Toutes les fractions furent organisées et travaillèrent sous le contrôle direct du sous-rayon.
Dire que les résultats obtenus constituent un maximum ne serait pas juste; néanmoins, la création, l’organisation et le fonctionnement effectif de ces fractions ont permis le groupement d’environ 600 sympathisants, sur la base de la localité. C’est un des côtés le plus positif de la manifestation.
Organisation.
La manifestation pouvant être interdite encore le samedi soir, à 18 heures, ce n’est qu’après, communication du camarade maire, que rien ne nous permettant de supposer que cette manifestation serait autorisée ou non, que le bureau de rayon prit ses dispositions pour discuter et arrêter les derniers détails de la manifestation. À cet effet, le bureau fut convoqué et une demi-heure après les camarades responsables du service d’ordre des divers sous-rayons, auxquels on devait transmettre les directives.
Le bureau ne put se réunir à l’heure indiquée, et les directives durent être transmises aux camarades du S. 0, sans que le bureau en ait discuté (ce qui provoqua l’intervention maladroite et intempestive d’un camarade, membre du bureau). Le bureau se réunit après et arrêta les dernières mesures d’organisation.
Comme les deux ou trois camarades à qui incombaient la responsabilité des détails d’organisation avaient décidé de ne transmettre ces dernières directives, que le lendemain matin, sur le lieu même du rassemblement, aucune confusion et aucun trouble ne devait surgir de cette disposition, si ce n’est le malaise que suscita l’intervention de notre camarade, membre du bureau.
Avant de partir, les responsables des services d’ordre de sous-rayon devaient se réunir une heure avant le départ de la manifestation, afin que la transmission des mots d’ordre et les directives de dernière heure puissent se faire avec toute la sécurité désirable. Cette réunion eut lieu dans un local où seuls étaient présents les camarades ayant la responsabilité de la direction de la manifestation et ceux ayant la responsabilité de la transmission des mots d’ordre.
Le bureau de rayon (ou plutôt la fraction du bureau responsable), d’accord avec l’ensemble des autres membres du bureau, arrêta les dispositions suivantes :
- Qu’une double direction de manifestation sera désignée et que cette doublure de direction ne devrait intervenir que dans le cas que la première serait arrêtée (mêmes directives ayant servi à l’application du plan de manifestation à l’occasion du Pacte Kellog, au Parc des expositions) ;
- Que notre municipalité, en plein accord avec la direction du rayon, devait prendre la responsabilité de la manifestation jusqu’au sortir du cimetière et que là, à l’instant choisi par la direction de la manifestation, celle-ci prendrait son véritable caractère ;
- Il fut arrêté une distribution spéciale de la manifestation, dans le cas où la police serait intervenue un moment quelconque, mais surtout à la sortie du cimetière, où nous pensions que la police s’opposerait à ce que les manifestants retournent en ville, toujours en cortège drapeau rouge en tête.
À cet effet, cinq lieux de rassemblement furent choisis et les camarades chargés de la transmission avaient indiqué à chaque responsable de sous-rayon l’endroit où il devait se retrouver en cas de dislocation du cortège. Ce responsable de sous-rayon devait à son tour avertir les différents groupes de sympathisants dépendant de son sous-rayon ;
4 Il avait été également décidé que le cortège serait établi suivant un ordre établi d’avance :
Les deux sous-rayons les plus forts en avant ;
Un bon sous-rayon fermant la marche ;
D’autre part, le service d’ordre était établi dans les dispositions suivantes :
Tous les camarades du P. C. devaient s’assurer le concours de deux ou trois bons sympathisants, et ces groupes encadrer l’ensemble de la manifestation. Ils étaient sous les ordres directs de la direction de la manifestation.
Dans quelle mesure toutes ces directives furent appliquées et suivies ? Il faut dire dans une faible mesure. Les camarades du P. C., surpris par ce mode d’organisation, ne comprirent pas tout d’abord l’importance de toutes ces dispositions transmises quelques minutes même avant leur exécution, et un flottement se produisit, les camarades manifestèrent surtout leur incompréhension par une indiscipline.
La manifestation se déroula sans incidents notables. La sortie du cimetière s’effectua dans un ordre relativement bon, ce qui, certainement, empêcha la police d’intervenir, d’autant plus qu’elle se trouvait numériquement faible comparativement aux précédentes manifestations et comparativement aux forces de police massées dans les autres localités, ce qui justifie notre impression développée au début du rapport concernant les diversions faites dans les sous-rayons.
Au moment choisi par la direction de la manifestation — et là la discipline fut complète, — la manifestation devint bruyante et c’est au chant de l’Internationale, des cris de « À bas la Guerre! », « Amnistie! », qu’elle continua son itinéraire, jusqu’au moment où elle pénétra dans la salle où avait été prévu un meeting.
Les résultats
800 personnes environ participèrent à cette manifestation, malgré l’heure impropice, un temps menaçant et un entrefilet dégoûtant paru dans un journal réactionnaire local envoyé par la section socialiste et invitant les ouvriers à ne pas participer à la manifestation du fait qu’elle se déroulerait dans un cimetière.
La bonne tenue générale de cette manifestation, sa discipline relativement bonne eurent une impression favorable sur la population et réconfortèrent sensiblement les camarades qui y participèrent. Ceux-ci ayant perdu depuis longtemps l’habitude de tenir le pavé.
Autocritique.
Le rayon s’accuse dans cette circonstance des faiblesses suivantes :
1 N’avoir pas contrôlé d’une façon plus effective l’application des directives d’agitation dans ses sous-rayons (cette faiblesse se traduisit par une participation trop faible des autres sous-rayons);
2 De ne pas avoir prévu plus tôt, dans ces mêmes sous-rayons, des cadres sérieux devant assurer les liaisons;
3 De ne pas avoir profité de toutes les circonstances favorables qui militaient pour renoncer au meeting en salle privée, prendre un itinéraire de circonstance et tirer la conclusion de cette manifestation en plein air.
Le rayon adresse à sa base comme reproche principal que les camarades n’ont pas observé jusqu’à la fin de la manifestation la discipline du début qui aurait provoqué l’impossibilité d’appliquer les directives données au départ en cas d’intervention de la police. Le reproche également à certains sous-rayons d’avoir fait un travail tout à fait insuffisant.
Après plusieurs discussions, la direction du rayon a l’impression que les camarades ont compris que, dans la situation économique, et surtout politique, présente, la ligne politique qu’avait suivi le bureau de rayon est juste ce qui n’exclut pas les faiblesses et les fautes commises de la direction du rayon, bien entendu.
Que cette manifestation a été pour tous les membres du P. C. une expérience riche en enseignements et qu’elle nous permettra d’orienter nos efforts dans une direction juste.
III. — Une manifestation pendant la grève
On avait enregistré, le samedi matin, c’est-à-dire à un moment critique pour la grève, 235 rentrées pour le puits d’une localité. Le délégué mineur indiquait que si on n’enrayait pas immédiatement cette défection, ce serait la débâcle dans son puits le lundi.
Il proposait que l’on organise pour le midi un gros coup, et ce fut accepté par ce qui tenait lieu de comité de grève. Il fut entendu qu’à la réunion des grévistes de 10 heures il les inviterait à descendre en masse au puits, à la sortie du poste, et qu’en même temps on enverrait des équipes des piquets de grève d’ailleurs pour les aider à faire le travail.
Tout cela fut réalisé. La police, avertie par l’annonce au meeting, était sur les lieux, sous la forme; de détachements de mobiles, et gardait l’entrée principale du puits. Les mineurs de la localité s’étaient dérangés et étaient en nombre aussi au même endroit. Ils purent, par leur activité devant le puits, tenir en haleine les gendarmes, et tandis que ceux-ci montaient consciencieusement leur garde, on put, sans qu’ils s’en aperçoivent, infiltrer les équipes des piquets, mêlées de copains de la localité, vers une autre issue du puits.
Lorsqu’il fut l’heure pour les renards de rentrer chez eux, des cris, des hurlements se firent partout entendre; les grévistes leur tombaient dessus. Les gendarmes, complètement surpris — puisqu’ils attendaient le coup dur où ils étaient — furent arrêtés avant d’avoir pu avancer; les grévistes — en particulier les étrangers — qui étaient restés devant l’entrée principale, s’étaient mêlés à eux et se jetaient à la tête de leurs chevaux. Ils ne purent ni charger, ni d’aucune manière déblayer le terrain. Ce fut l’occasion d’une manifestation de masse pour la localité. Sous l’impulsion du délégué mineur, après la sévère correction infligée aux renards, un cortège se forma aussitôt et, dans l’enthousiasme du succès, entra au chant des hymnes révolutionnaires dans la localité. Pour marquer la victoire, quand: on passait devant une maison de renard, on s’arrêtait; le délégué mineur nommait le traître qui y habitait et l’avertissait que les grévistes lui donnaient l’ordre une dernière fois de se joindre à eux et de ne pas saboter leur travail. On fit ainsi une série de haltes et la manifestation se termina par un meeting comme on n’en avait jamais encore vu.
Le lundi, le nombre des rentrées avait diminué de 200 et le redressement était total. Ce fait eut une grosse répercussion sur toute la grève.
Résolution des camarades du S.O. après l’élection de Puteaux
La sous-commission des groupes d’auto-défense de la section d’organisation de la R. P., après avoir discuté du travail des groupes le jour de l’élection de Puteaux, pense qu’une faute a été commise au deuxième tour de scrutin, en empêchant au dernier moment la manifestation prévue dans la rue et en la remplaçant par un meeting dans la cour du restaurant Chez Nous.
Les raisons données pour la remise de la manifestation sont les mêmes que celles qui ont marqué la politique opportuniste du Parti sur ce terrain dans la période écoulée. « On se ferait écraser par la police », ce qui était sous-estimer notre possibilité réelle de manifester et prendre à son compte la théorie « de la nécessité de ne rien faire pour éviter des échecs ».
On pouvait, le 3 février, descendre vers la mairie de Puteaux. Les dispositions prises permettaient d’empêcher la police d’intervenir immédiatement et d’encadrer le millier d’ouvriers qui attendait le résultat. On pouvait profiter du moment de proclamation du scrutin. Dans le cas de collision avec la police, les rues adjacentes, si on n’avait pu bousculer les barrages, nous donnaient des portes de sortie. Bien que très faible, l’expérience du 10 à Levallois nous fournit maintenant une indication sur ce que nous pouvions entreprendre et confirme la thèse de possibilité de manifester.
Il est certain que la politique qui a consisté pendant deux années à ne pas entraîner les ouvriers dans l’action directe, a eu 7des répercussions sur ceux-ci, a créé une tradition de passivité vis-à-vis des forces de répression. Mais la volonté de lutte est plus grande parmi les ouvriers que ne l’ont cru les militants qui étaient contre la manifestation, et plus forte que leur propre volonté de lutte. Elle correspond à la radicalisation dans les usines, grèves du textile, des mineurs, etc…
C’est dans notre rôle de guide de la classe ouvrière de l’entraîner, de l’habituer, de l’instruire pour la lutte directe. On le fait dans la mesure ou dans des circonstances semblables on conduit les ouvriers bien encadrés en face de la police où on use de tous les moyens pour la tenir en échec et où on sait et se battre et se disperser, se regrouper suivant la situation, en un mot lutter devant les matraques. Un appel vigoureux sur l’écran ou dans un bref discours par un responsable eut d’ailleurs fait disparaître les hésitations, parmi les camarades rassemblés et les eût entraînés.
Une manifestation dans la rue le 3 février aurait contribué à donner son caractère de classe au vote des ouvriers de la circonscription. Elle aurait marqué que la conclusion, les ouvriers l’interprétaient comme la base et la possibilité pour eux d’une lutte plus vigoureuse contre l’impérialisme et non point l’élection elle-même comme un résultat positif pour leurs revendications. La manifestation aurait contribué par l’explication qu’on aurait pu lui donner, à éclaircir la question de l’élection parmi les ouvriers et à dissiper la confusion qu’elle pouvait entraîner puisque pour nous elle ne vaut que dans la mesure où elle nous permet d’amener les ouvriers à la lutte active, décidée et où elle est, de leur part, la représentation de cette lutte, de cette volonté de lutte.
En ne défendant pas énergiquement la décision acquise dans l’après-midi pour la manifestation, une grave faute fut commise par les responsables du Centre pour la campagne électorale et sa marche. Ceux-ci se laissèrent déborder et au lieu d’appeler les ouvriers à manifester suivant les mots d’ordre du 6e Congrès, les laissèrent appeler… dans la cour du restaurant.
C’était tuer la manifestation, car une fois entrés dans la cour, après un semblant de meeting et étant donné la disposition des lieux, il ne fallait -plus compter pouvoir manifester.
La sous-commission pense que dans toutes les organisations de défense ainsi que dans le Parti, il faut poser pratiquement la question de l’application des résolutions du 6e Congrès et entreprendre une campagne énergique contre les partisans du retrait des ouvriers devant les forces policières dans des occasions semblables.
La sous-commission a commis également les fautes suivantes qu’il faut signaler :
En n’organisant pas de petites manifestations par sections de vote, toutes ces sections devant se concentrer devant le restaurant Chez Nous, on aurait créé ainsi l’atmosphère pour une manifestation plus large. Elles auraient, en outre, pu servir de diversion, donner aux camarades de l’allant et briser bien des résistances.
La question d’auto-défense aurait dû être posée dans la période de préparation de l’élection. L’organisation entreprise en pleine campagne l’a été beaucoup trop tard, ainsi pendant une semaine et presque jusqu’au premier tour, le Parti s’est trouvé à découvert devant les nervis de Torrès et les forces adverses.
Les conclusions de la sous-section sont donc qu’en dehors des tâches d’éclaircissements indiquées ci-dessus, le Parti doit, dans le plus bref délai, fixer enfin sa ligne sur ce problème qui deviendra au fur et à mesure que les luttes ouvrières se dérouleront, de plus en plus important.