Décision de l’organe central sur la pandémie de coronavirus
Parti Communiste de Grèce (marxiste-léniniste)
29 Mars 2020
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Depuis plusieurs semaines, l’humanité est confrontée à une épidémie (pandémie) en pleine expansion et à propagation rapide, celle du coronavirus.
La propagation et le danger de cette pandémie (avec de nombreuses questions encore en suspens et la controverse entre les principaux centres de pouvoir du monde) met complètement en cause le système capitaliste‐impérialiste mondial, surtout en ce qui concerne son évolution au cours des dernières décennies. Elle révèle tout l’effort dominant pour déresponsabiliser le capitalisme, ses lois et ses contradictions, et cherche à faire reporter sur les peuples eux-mêmes, supposés sales, négligents et irresponsables, sa propre responsabilité d’exposer l’humanité à un grand risque sanitaire. Il a été démontré que la tentative raciste de séparer les sociétés en sociétés résistantes et non résistantes, développées et non développées, et affectées différemment par les virus, a été de courte durée.
Comme nous l’avons souligné, le coronavirus en particulier ne fait pas autant de « distinctions » qu’auparavant, quand le monde dit « développé » considérait comme confiné aux régions sous‐développées, pauvres et appauvries du monde (la fameuse discrimination entre les maladies de la « civilisation », et les autres). Nous comprenons donc, de ce point de vue également, pourquoi la progression de l’épidémie a provoqué un tel choc dans les métropoles et les autres pays capitalistes de l’Ouest, de l’Est, du Nord et du Sud.
Nous devons donc placer l’immense coût politique et social du système capitaliste mondial dans ce contexte, car il a laissé « sans défense » et « non fortifiées » des régions de la planète qui étaient même « célèbres » pour leurs systèmes de santé, pour leur niveau de protection sociale et sanitaire, pour leurs conditions d’hygiène.
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Nous surveillons, avec beaucoup d’interrogations et de doutes, les données qui nous sont fournies par le système concernant l’origine du virus, les itinéraires et les points de propagation. Leur faiblesse et leur surprise se conjuguent sans aucun doute avec leur volonté de réduire le coût. Chaque jour qui passe, ils sont contraints, partout sur la planète, de modifier, voire de contredire les conclusions et les estimations « scientifiques » antérieures. Leurs modèles de suivi statistique et de prévision ne sont pas fiables, car le contrôle diagnostic préventif est peu fiable et incomplet (le cas des tests). Toutes les premières « conclusions » (symptômes uniquement dans les poumons, il frappe surtout les personnes agées, et un certain nombre d’autres « certitudes » temporaires) sont testées et contredites dans la pratique. Cette situation qui est immédiatement perçue ‐ voire déformée ‐ par les grandes masses de la population, nous rend même très méfiants. C’est pourquoi notre analyse se fonde sur les données de notre approche initiale, en excluant les théories du complot, et nous évitons les comparaisons avec les bouleversements passés, à grande échelle, sanitaires, militaires, politiques, sociaux. Les corrélations avec les épidémies des siècles précédents, la comparaison avec le nombre de victimes des guerres locales, etc. sont douteuses et conduisent à des estimations qui dégradent ‐ sous‐estiment le problème de santé qu’a fait apparaître la récente épidémie.
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Par conséquent, avec toutes les données dont nous disposons et que nous pouvons vérifier, à en juger par le comportement et l’attitude du système, sa surprise, ses réactions ‐ parfois ‐ spasmodiques et les mesures contradictoires qu’il prend, nous concluons que nous avons affaire à une grave menace pour la santé.
La propagation de cette épidémie constitue une grave menace pour la santé de la société, de la morale, des habitudes et des consciences d’aujourd’hui. C’est pourquoi nous comprenons, soutenons et montrons notre solidarité envers les personnes touchées et nous les abordons sur cette base, afin d’aller de l’avant avec le « reste ». C’est un droit absolu pour une personne de ne pas vouloir tomber malade, de ne pas vouloir souffrir et d’essayer ‐ dans le contexte de la société dans laquelle elle vit ‐ de se protéger et de protéger ses enfants.
Les données sociales de classe ne sont pas dépassées, même si, comme nous l’avons souligné, les problèmes de santé touchent aussi les classes moyennes. Et n’oublions pas que nous ne disposons pas des données réelles sur la façon dont les couches les plus pauvres et les plus opprimées ont été touchées ou sur la façon dont le virus les affectera, elles qui ont été privées de voix, de formation et d’outils de lutte pendant des décennies.
Le traitement des moyens de faire preuve de solidarité (dans le cadre de la construction d’un mouvement et non pour combler les trous créés par la politique de l’État) ne doit pas nous effrayer.
La crise sanitaire criante d’aujourd’hui découle de la même logique et de la même relation qui définit le cœur du système capitaliste. Il n’était pas inévitable que l’humanité soit prise au dépourvu, et c’est une excuse systémique bon marché, aussi neutre qu’elle est sans critère de classe. La vérité brute est que le système capitaliste a laissé l’humanité sans préparation, parce qu’il promouvait et préparait ses propres projets, sacrifiant même les droits fondamentaux pour ces projets. Le système a montré (malheureusement à un coût élevé pour l’humanité) qu’il ne sacrifie pas seulement des masses en temps de guerre, mais aussi face aux phénomènes naturels et au traitement des maladies et des pandémies.
Nous avons le devoir et l’obligation permanente de persister de manière étayée à révéler les causes et les caractéristiques de la crise sanitaire, en mettant en évidence tout ce qui définit et limite le potentiel humain général à ce niveau. Vulgariser le plus possible par rapport au grand « massacre » qui caractérise toute l’économie‐industrie qui concerne la prévention‐diagnostic‐traitement. Mettre en évidence le cynisme qui caractérise la logique du profit, la logique de l’expansion‐conquête‐partage des marchés qui définit l’impérialisme, qui a réduit la santé à une arme et un outil qui s’inscrit dans les antagonismes entre impérialistes.
Le système capitaliste‐impérialiste mondial ne restera évidemment pas inactif lorsque ‐ parmi toutes les autres questions qu’il s’efforce de traiter ‐ le sentiment que « le roi est nu » est ancré dans certaines parties des masses. Il est évident que même dans de tels moments (et encore plus dans de tels moments), il apporte les machines de distorsion, faisant apparaître ce qui est noir comme blanc, afin de mettre un terme à la conscience des masses de ce qu’elles ont à traiter. Le système ne renonce pas à manipuler, à forcer les masses, alors qu’en fait elles vont connaître une dégradation totale de leur vie dans un avenir proche, et pas seulement en conséquence de la propagation du coronavirus. Aussi surprenant que cela puisse paraître, la motivation du système et de ses efforts pour maîtriser la pandémie n’est pas son intérêt pour l’homme et sa santé, mais bien de ne pas faire peser sur lui les coûts politiques et sociaux qui lui sont sans doute imputés à un rythme élevé depuis la propagation du virus. Le système capitaliste, surtout au cours des dernières décennies, a diabolisé l’adversaire de manière totale et étudiée et a pleinement profité de la défaite du mouvement communiste pour se présenter comme éternel, et digne de la nature et du potentiel « humain ».
En d’autres termes, nous devons souligner que dans le cadre de cet effort, le système dispose d’armes et de capacités qui découlent de la corrélation négative, de la désintégration idéologique de la classe ouvrière, de la marginalisation et de la faiblesse du mouvement communiste. Nous insistons sur le fait que « l’intérêt » du système pour la santé et la vie humaine passe par un filtre classiste, d’antagonismes de classe et de lutte des classes, et qu’il est déterminé par la poursuite du système à étendre sa domination idéologique et politique, même dans des conditions où l’indignation populaire et sa remise en cause par les masses se développent.
Il est clair que, en ce qui concerne le coronavirus, le système capitaliste n’est pas unifié et consensuel, mais aussi et surtout dans la manière dont il va se redresser contre ses conséquences. Bien sûr, il serait très difficile d’agir autrement si l’on considère que la propagation du coronavirus a trouvé le système déchiré par de féroces rivalités intra‐impérialistes et des controverses géostratégiques centrées sur la recherche de nouvelles alliances stratégiques.
Un système en pleine décadence
Des expressions de la nature parasitaire du système capitaliste‐impérialiste existent également en référence à des questions supplémentaires ‐ plus ou moins visibles ‐ au‐delà de ce que nous avons déjà souligné. Il suffit de regarder ce qui se passe dans le domaine dit de la médecine ‐ l’un des plus lucratifs pour le capital dans le monde ‐ pour comprendre l’ampleur du parasitisme.
Nous assistons ‐ ce n’est pas la première fois ‐ à une guerre impitoyable pour le « brevet », pour lequel des géants monopolistiques opérant dans ce secteur vont prendre l’avantage sur leurs concurrents et les avantages correspondants qui en découleront. Les médicaments, les vaccins, les tests de diagnostic pour le virus, même … les masques, les respirateurs et les antiseptiques, sont devenus un champ de profit et de confrontation sauvage pour certains des secteurs les plus impitoyables du capital. Le sort des peuples est laissé à ceux qui ont transformé un besoin humain indiscutable en un marché de centaines de milliards.
On pourrait dire que la concurrence qui a éclaté dans tous les domaines concernant la gestion de la pandémie s’est maintenant organiquement fusionnée avec les contradictions préexistantes dans le camp impérialiste, les élevant à de nouveaux sommets. Ce n’est pas un hasard le fait que, une fois de plus, les analystes du système s’empressent de souligner que « la résilience de la mondialisation est mise à l’épreuve » et que la dynamique du « retour à l’État‐nation » s’intensifie !
Ce qui est certain, c’est que les dimensions de la crise actuelle, qui a affecté, entre autres, l' »intérieur » des principaux acteurs de la scène mondiale, la priorité mise dans la recherche et le dépôt de brevets, ainsi que dans le contrôle des vaccins, sont directement liées à la volonté des impérialistes de renforcer leurs positions face aux autres et constituent l’un des facteurs qui influenceront de manière significative la mise en place de relations entre eux.
Et il est clair que dans une autre société, libérée de l’exploitation de l’homme par l’homme, ce qui serait un progrès et une réussite pour l’humanité, devient maintenant un véritable cauchemar pour eux.
L’Organisation mondiale de la santé est absolument soumise à tout ce qui précède. À ce stade, l’OMS apparaît à bien des égards comme le coordinateur de la lutte contre le virus et le gardien de la santé de masse dans le monde.
Dès sa création, en 1948, l’OMS a porté la marque de son contrôle politique par les puissances impérialistes dominantes, en particulier les États‐Unis.
À l’heure actuelle, il est clair que cette institution fonctionne dans les conditions des interactions existantes dans les cercles dominants.
Et si l’influence de l’Occident dans l’élaboration des politiques de l’OMS doit être considérée comme allant de soi, il n’en reste pas moins qu’il s’inquiète du rôle croissant de la Chine ces dernières années, en tant qu’expression de la concurrence générale sur la planète.
À mesure que la crise sanitaire progressera, de nouveaux aspects de la pourriture qui caractérise le capitalisme dans sa phase impérialiste seront révélés. Aux galères de l’exploitation du travail, aux rivières de sang des interventions impérialistes, au drame de millions de personnes déracinées, à tout l’écheveau d’oppression que ce système construit au détriment des peuples, s’est ajouté un autre aspect qui a été très clair ces derniers temps : la menace d’une pandémie pour la vie des masses. La conscience que ce facteur est également le produit d’une organisation sociale qui a depuis longtemps « mangé son biscuit((Ne plus être fonctionnel ou utile ; être mort ou sur le point de périr. Expression d’abord entendue au Canada)) » renforce et éclaire la lutte nécessaire qui est dictée par les tâches d’aujourd’hui.
Etant donné que nous sommes confrontés à des situations sans précédent, le Bureau Politique souligne la nécessité d’approfondir une série de faits et de développements pour lesquels nous avons une approche de première main:
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Pour populariser les conditions particulières qui ont permis la propagation du virus en Chine, alors que des régions comme celles d’Asie ont constitué à plusieurs reprises des « serres » pour l’apparition d’une série de virus.
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Pour être le plus précis possible sur l’évolution de l’épidémie dans ce pays (début, pic, récession), l’attitude et les options des dirigeants chinois.
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En particulier, se concentrer sur l’impact que l’escalade du conflit entre les États‐Unis et la Chine a eu sur les décisions des dirigeants chinois, et d’autre part sur la nécessité pour ces derniers de poursuivre l’expansion souple de la puissance chinoise.
Il y a de nombreuses lacunes et nous devons nous méfier de ce qui est présenté « scientifiquement ». Après tout, ce n’est pas la première fois que des scénarios à scandale sont avancés pour couvrir de graves contradictions et querelles qui imprègnent l’ensemble du réseau économique mondial avec des profits énormes et un chiffre d’affaires encore plus énorme (matériel sanitaire, produits pharmaceutiques, etc.). Un réseau dans lequel sont impliqués de puissants centres monopolistiques qui, en fonction de leurs caractéristiques nationales, c’est‐à‐dire de leur formation sur la base et en relation avec leur propre État‐nation, exercent leur action mondialisée.
Mais même ainsi, nous devons souligner que toute l’exacerbation de la menace du virus est liée de manière cruciale à la concurrence et aux relations au sein de l’ensemble du réseau international (soins de santé, médicaments, protocoles, traitements, vaccins, hôpitaux, centres de diagnostic, équipements de diagnostic, etc.). Un réseau qui, comme toute relation capitaliste, fonctionne avec la logique du profit et qui a fini par être perforé et vulnérable.
Tout ce que nous avons décrit accompagne l’ensemble du réseau dans le temps et ne s’arrête jamais. Sont recrutés de grands réseaux médiatiques avec de grandes campagnes publicitaires, des ministres, des gouvernements et projets de loi, pour que les grandes industries et tous les services et transports qui leur sont associés puissent accumuler. Aujourd’hui, cependant, si nous avons bien compris, toute cette situation ne peut se limiter à la caractérisation d’une « crise sanitaire », puisque toute la question a dépassé largement ce cadre. Partout dans le monde, avec plus ou moins de retard, avec des différences, la domination capitaliste‐impérialiste a déclaré l’état d’alerte rouge.
Ayant donc quelques questions de ce type ouvertes, nous devons admettre que le premier facteur décisif est le fait que toute la situation tend à évoluer vers une crise générale des décisions et des choix du système. Ce sont eux qui ont donné une autre dimension aux choses ! La deuxième question, également essentielle, est que le catalyseur incontestable de toute cette réalité est la (toute) menace réelle du virus. Ceci est l’interprétation aisée. Le plus exigeant est de savoir exactement ce que la « réaction » catalyse. Quels « facteurs réactifs » et quels « produits ».
Mais énonçons brièvement nos évaluations de base de la situation mondiale qui a été le terrain sur lequel la crise actuelle a éclaté, qui rappelle les prémisses d’une sui generis « troisième guerre mondiale » :
1. L’intensification de la concurrence inter‐impérialiste
2. L’émergence de nouveaux concurrents et signes d’affaiblissement relatif des grands joueurs classiques occidentaux, les États‐Unis en tête.
3. Le processus de nouvelle rupture au sein de l’UE et de l’OTAN. Les grands bouleversements provoqués par la décision de la Grande‐Bretagne de quitter l’UE.
4. La grande pression créée par les fonds stagnants, étant donné (malgré les déclarations contraires) l’expansion de la bulle, qui se manifeste également dans la phase actuelle avec le crash boursier. Une pression qui provoque de nombreuses querelles au sein du système entre les « libéraux » et les « étatistes ».
5. Les blessures vivantes et actives qui se sont ouvertes dans de nombreuses régions du monde autour de l’énergie.
6. Un facteur qui doit être pris en compte est la grande résilience et la cohérence dont le régime chinois fait preuve à chaque occasion. Cela montre une opportunité de contrer la pression exercée jusqu’à présent, une situation qui alimentera l’opposition du reste des impérialistes.
7. Les bouleversements et les réarrangements provoqués par les développements en Syrie, le renforcement du rôle de la Russie et les attitudes d’opposition des impérialistes occidentaux à son égard.
Nous constatons donc que les maux de tête qui s’accumulent (de tous les côtés) jusqu’à présent fonctionnent plus « sur la division » du bloc occidental que sur « l’agrégation ». Une réalité qui a également un grand impact sur l’économie.
La nécessité de clarifier, dès lors, notre perception de l’« opportunité » souligne que les puissances impérialistes, sur la base du « premier arrivé, premier servi » (mais aussi le reste des classes dominantes du monde) doivent faire face à une dynamique « objective » d’accélération des développements, prévoyant un avenir immédiat très incertain et dangereux pour les peuples du monde.
Cela, comme nous l’avons souligné, n’annule pas le fait qu’ils avaient leurs projets, n’annule pas le fait qu’ils sont obligés par les choses de les modifier, n’annule pas le fait que (au milieu de l’évolution de la menace) les décisions sont prises « à chaud ». Ils ne restent pas les bras croisés devant chaque cas.
Sur les mesures de confinement
Jusqu’à présent, à travers des rechutes et des retards, les mesures prises par le système (toujours sous le couvert de sa tentative de convaincre le roi qu’il n’est pas nu) évoluent aux niveaux suivants :
1. Les mesures de confinement (qui ‐ évidemment de manière urgente et coercitive ‐ sont prises presque partout dans le monde) visent à étendre temporairement la propagation du virus sur une plus longue période, à limiter les pics de la pandémie et donc à l’atténuer. La pression pour l’hospitalisation qui pourra supporter le système de santé (considéré comme insuffisant même pour les économies‐sociétés les plus « développées ») sera de la seule responsabilité du système lui‐même.
Il s’agit de mesures qui ont un caractère fortement répressif et qui contrastent fortement avec les petits restes de libertés démocratiques, syndicales, politiques et individuelles qui ont survécu à sa précédente période de répression (à partir de 2008), non seulement pour la Grèce mais aussi dans le monde entier.
Ainsi, sur la base des possibilités (?) et des limites de l’ensemble du système‐réseau de soins de santé, compte tenu des contractions mondiales, ces mesures répressives ont été prises comme nécessaires et sans que les données actuelles ne laissent de place à d’autres. Apparemment, il y a un mois ou deux, tous les pays impérialistes n’ont pas commencé avec la même approche, et il y a eu beaucoup de discussions sur les deux ou trois modèles prévus dans les protocoles médicaux et sociaux.
Tous les centres de pouvoir des principaux impérialistes (et le reste des gouvernements bourgeois un peu plus tard) ont réalisé que la mise en œuvre « pure » et complète de l' »immunité collective » sans « protectionnisme » et sans intervention de l’État n’empêcherait pas, en fin de compte, leur grande agonie, c’est‐à‐dire les effets sur l’économie. La prétendue « normalité » de l’immunité collective, qui est censée assurer le fonctionnement de l’économie, s’est avérée être une grande illusion et provoquerait des chocs encore plus importants.
Cependant, comme nous pouvons le voir, le gouvernement central teste la soi‐disant « immunité collective » en partie et au cas par cas. Car que font‐ils d’autre lorsqu’ils EXCLUENT ABSOLUMENT LES RÉFUGIÉS SANS AUCUN SOIN ? Que font‐ils d’autre lorsqu’ils mettent en place des zones de quarantaine et attendent de voir la réaction de la population sans soutien ? Que font‐ils d’autre lorsqu’ils refusent de fermer les usines où il y a des cas d’infection ?
Comme nous l’avons dit, les mesures répressives adoptées et qui continuent à être promues par le système sont marquées par de graves contradictions et sont « minées » par le fonctionnement très anarchique du système capitaliste. Cependant, pour des raisons de santé (car nous n’avons pas, en tant que mouvement populaire, en tant que communistes, dans un mauvais rapport de forces, un système de réseau et de réaction populaire spécifique et indépendant), nous sommes obligés de suivre les mesures d’autoprotection à la fois pour nous-mêmes, mais aussi pour les gens qui nous entourent et qui nous sont proches. Les mesures qui vont à l’encontre de la nécessité de fonctionner et d’intervenir modifient également notre « normalité » à certains égards.
Donc, non, (autant que possible) « nous ne jouerons dans le champ de l’adversaire », mais en cherchant à mettre en évidence les exigences et les revendications dans les aspects évidents, anti‐populaires dans le monde entier qui sont:
a. Les conditions de travail horribles et épuisantes et la dévastation des travailleurs (au total) dans le secteur de la santé.
b. L’inadéquation ‐ à tous égards ‐ d’un système de soins défaillant pour couvrir les besoins accrus de la population en matière de prévention et de traitement.
Le volontariat (ou plutôt la solidarité, le soutien mutuel) des masses peut se manifester dans le contexte et par rapport à un système social, seulement si ce système social et son pouvoir politique peuvent inspirer et mobiliser le peuple. Pour se manifester, il doit être connecté et servir à élargir les capacités du système de santé et non à rafistoler les soi‐disantes « mauvaises habitudes ».
Au contraire, seuls les grands mouvements de masse, populaires et syndicaux ont réussi à développer des actions de solidarité et de soutien mutuel. Par conséquent, malgré le contexte négatif et tout ce que nous soulignons à juste titre sur le caractère du « volontariat », nous avons aussi cette tâche : favoriser le besoin de solidarité, qui ‐ comme il semble ‐ va de plus en plus se révéler.
En effet, dans la première phase, la « mise en fourrière » a une légitimité, ainsi que la solidarité nationale contre « l’ennemi ». Mais, il y a un autre aspect à cela, à savoir le test des « succès » du système, car si l’épidémie se propage et que ces mesures se transforment en boomerang, elles alimenteront alors le cours inverse, gonflant et exprimant l’indignation et la colère populaires.
Malgré les phénomènes que nous avons mentionnés, le renforcement et le soutien au capital est favorisé en parallèle à relative grande vitesse, d’une part, et la détérioration de la situation des salariés et des chômeurs se poursuit, d’autre part. À côté de cela, il y a le traitement cynique et inhumain des réfugiés et des migrants.
Ces mesures sont la réponse du système à l’enchevêtrement désormais apparent de la crise sanitaire avec la réémergence rapide d’une série de phénomènes de crise liées à la fonction économique du capitalisme. Des mesures qui prouvent une fois de plus ce que nous n’avons cessé de déclarer au cours dernières décennies : que l’État est présent et jamais dépassé, au moins là où l’expansion et la reproduction du système capitaliste l’exigent et visiblement au détriment de la classe ouvrière et du peuple… Il est donc possible et dans la dynamique des évolutions, que beaucoup de ces mesures deviennent permanentes. Et il est possible que nous connaissions une nouvelle attaque capitaliste sauvage « corona‐memoranda » afin d’éviter de « casser les pots » via une opération de sauvetage du capitalisme, du capital financier, etc.
UN PREMIER RESUMÉ
Le système capitaliste a une nature particulière qui ne peut être changée. Quelle que soit l’ampleur des souffrances qu’il cause, et parce qu’il ne renonce pas volontairement à sa souveraineté, il réagit aux conséquences désastreuses de sa nature de capitaliste : il alimente de nouveaux désastres et conséquences contre le peuple. Et par ce biais, il écrase ses propres illusions et les idéologies qu’il a créées dans les périodes précédentes. Néanmoins, il ne renonce pas à en créer de nouvelles.
La principale préoccupation du système face à la pandémie, mais aussi sa capacité à « agir », se limite à la répression et au confinement.
D’abord parce que les structures de santé sont défaillantes et inefficaces suite à l’attaque féroce des années précédentes.
Ensuite, et ce n’est pas négligeable, parce qu’elle ne peut pas et ne veut pas (en fonction de ses caractéristiques) contraindre le complexe financier-industriel mondialisé et le mettre directement et efficacement au service de l’affrontement de la maladie. C’est‐à‐dire l’obliger à nier (si cela peut être fait) complètement son caractère de classe.
Il est donc explicable que les masses populaires ne se sentent pas protégées et sont contraintes de se conformer aux mesures, car elles ne voient pas de clarté dans les médicaments qu’elles peuvent prendre, ni dans le traitement qu’elles auront, ni dans leur capacité à faire un diagnostic précoce.
La situation à l’intérieur du pays
Pour continuer à utiliser la terminologie médicale de nos jours, la crise sanitaire du coronavirus a mis en évidence et continuera à mettre en évidence toutes les « maladies sous‐jacentes » du système d’exploitation et de dépendance.
Le gouvernement de Mitsotakis (en échange de la gestion de la crise des « réfugiés ») a tiré quelques « beaux » bénéfices de ses mécènes, comme l’assouplissement des objectifs des excédents primaires et de certains outils de financement (retour des bénéfices de la vente des obligations d’État grecques), l’achat des obligations du pays par la BCE (assouplissement quantitatif, avec des guillemets car il a lieu sur le marché dit secondaire où les fonds d’investissement achètent et « vendent aux enchères » et non les banques centrales).
L’UE, avec l’« axe allemand » au premier plan, n’accepte le financement des économies européennes que dans le cadre du mécanisme européen, ce qui signifie qu’il doit y avoir des lignes de soutien préventives pour ces programmes, c’est‐à-dire des mémorandums, si les pays ne peuvent pas rembourser les montants dans les deux ans! Dans ce cadre, même l’assouplissement du pacte de stabilité ne signifie pas grand-chose pour des pays comme l’Italie ou l’Espagne ‐ et encore moins pour des pays comme la Grèce.
La dépendance du pays est apparente dans le modèle de croissance économique qu’ils ont promis à la population à trois niveaux :
L’industrie dite « lourde », le tourisme, va recevoir (et reçoit déjà) un coup très dur. Les estimations (peut‐être même prudentes) parlent d’une réduction allant jusqu’à 80 % du chiffre d’affaires des unités touristiques, ce qui peut avoir un effet démultiplié sur les services qui y sont liés comme la restauration et l’approvisionnement, mais aussi sur d’autres secteurs comme celui du BTP par exemple.
La crise alimentaire (qui est discutée par l’Organisation mondiale du commerce et l’Organisation mondiale de la santé) est très caractéristique dans la façon dont elle affectera notre pays. Un pays où la production agricole diminue et où l’industrie alimentaire ‐ principalement l’élevage ‐ est basée sur les importations.
Elle se distingue également par la dépendance vis-à-vis des biens intermédiaires, dont la contrainte de production affectera globalement les prix.
Les entreprises exportatrices du pays, qui avaient réussi à émerger et à survivre en ignorant le rétrécissement du marché intérieur, dans un « contre‐rôle » avec les mémorandums, sont incluses dans les secteurs qui sont touchés par la crise, selon une enquête récente.
Le pétrole de schiste, dans laquelle ils avaient investi des plans de programme et de matériel, est actuellement la zone la plus touchée par la guerre des prix des combustibles liquides. Bien entendu, la réaction de l’État impérialiste américain est attendue à ce sujet.
La baisse des prix du pétrole et du carburant peut favoriser à ce stade les grandes raffineries « locales », mais la baisse des prix ne favorise pas les ventes ou surtout les profits de celles‐ci.
Seuls, bien sûr, les armateurs cosmopolites font de la crise une opportunité, construisent de nouveaux tankers et, surtout, des plateformes de stockage pour « accueillir » le pétrole bon marché et en tirer profit plus tard ! Même l’économie capitaliste du pays ne profitera pas du tout de leurs « avancées ».
En conséquence, et parce que nous avons vécu les mémorandums, nous avons l’expérience en tant que peuple que la désertification économique et sociale peut être absorbée et même reproduite par ce système capitaliste grec dépendant avec les douloureuses redistributions respectives, même au sein de la bourgeoisie. À moins qu’elle ne soit réellement menacée par le peuple et son mouvement.
Bien sûr, une nouvelle situation se présentera lorsque la partie de la crise sanitaire sera terminée et lorsque le résultat rencontrera les effets des mémorandums, et sera sans précédent en termes de paupérisation sociale. Il est vraiment douteux que la bourgeoisie « se souvienne » des engagements ou des mesures d’urgence pour le système de santé, dès que la quarantaine sera terminée.
Des tentatives visant à garantir des pratiques et des mesures anti‐travail et à rendre la société dépendante de la coercition et de la peur sont déjà en cours.
Il est certain que la direction à suivre, et c’est déjà le cas, est « donnons tous un coup de main ». C’est pourquoi tous les prédateurs, qui volent la richesse produite par la classe ouvrière, se sont mobilisés et donnent maintenant un peu de petite monnaie.
Cela suffira‐t‐il à entraîner les peuples appauvris dans la poursuite de la bourgeoisie dépendante, ‐ dont les rangs comprennent maintenant de grandes parties de la classe moyenne qui ont réussi à s’échapper ou à se régénérer de la période des mémorandums ? C’est assez douteux.
Que le gouvernement actuel, comme celui d’autres sept pays, brandisse le drapeau des épidémiologistes, demandant plus de fonds, ne suffit pas comme alibi pour calmer la colère et le ressentiment des masses (qui vivent dans un blocus répressif étouffant, surtout les jeunes) et pour un peuple qui tend déjà à plonger dans la famine. Littéralement, et sans avoir d’autre choix.
C’est un mensonge de prétendre que la classe dirigeante et le gouvernement ont « agi avec une très grande vitesse ». Non, ce n’est pas du tout le cas ! Ils n’avaient pas beaucoup d’options dans le cadre du contexte de dépendance dans lequel ils évoluent, comme nous l’avons présenté plus tôt. La classe dirigeante est restée exposée et nue face à cette évolution. Un certain nombre d’idées ridicules se sont avérées fausses, tant à l’époque de SYRIZA qu’à celle de ND (Mitsotakis).
En prenant ces mesures, la classe dirigeante est obligée de nuire à un certain nombre de fractions et de secteurs de l’économie. Afin de « rafraîchir » sa position, elle chargera le peuple et la classe ouvrière de nouveaux fardeaux ; compte tenu de l’ampleur de la menace du virus. Et si la politique allemande prévaut à nouveau dans le conflit qui a éclaté au cœur de l’UE, peut‐être que les renforts du SME formeront la base de nouveaux … (corona) mémorandums.
Il y a donc un deuxième aspect (pas si caché) des mesures répressives, qui forment un statut de « quarantaine » et d’isolement de la population, qui vise à endiguer le flux de colère et de ressentiment qui ne manquera pas de se produire, si la propagation du virus et les mesures d’austérité se poursuivent.
Ainsi, même si les directives médicales sont claires et doivent être prises en compte, elles sont également utilisées à des fins et des aspirations anti‐populaires, puisqu’elles sont entre les mains d’une classe dirigeante réactionnaire.
Les consignes : « Restez chez vous », « attendez et n’enquêtez pas », « laissez les experts s’occuper de l’affaire », devenues des directives quotidiennes, ne peuvent offrir qu’un prolongement dans l’apparition des cas d’infection. Nous ne les ignorons pas, mais ce sont des mesures faibles et insuffisantes, surtout lorsqu’elles sont utilisées pour dissimuler et contourner la question clé du soutien et du renforcement du système de santé, de l’offre de diagnostics massifs et de la prévention.
Que peut donc faire le peuple avec les organisations et les maigres moyens dont il dispose (et alors qu’il a été privé d’armes) ? En effet, il existe un risque sérieux que le peuple soit piégé à la maison, que les travailleurs soient entassés tant qu’ils travaillent, que les chômeurs se multiplient et se dégradent, que les réfugiés et les migrants soient empilés dans des camps, et que les jeunes soient également piégés.
Dans ces circonstances difficiles, nous n’avons aucune envie de nous saboter, car nous considérons que le risque sanitaire pour nous et pour les personnes qui veulent agir est encore loin d’être le deuxième ou le troisième de l’échelle de signification. Après tout, notre attitude, qui tient compte des données relatives aux risques pour la santé, nous oblige à formuler une série de revendications en matière de soins, de prévention et de diagnostic précoce, de manière intense et urgente. Nous demandons des précautions spécifiques pour les travailleurs qui continuent à être entassés dans la production et dans les services privés ou publics.
Une partie importante de notre intervention et de notre action a été adaptée et peut‐être même davantage axée sur les données relatives aux risques sanitaires. Les données politiques ont une double signification pour nous. D’une part, comme nous l’avons dit, elles créent un fort besoin pour les masses (qui ‐ ne l’oublions pas ‐ étaient déjà marginalisées) de se défendre contre le virus. Mais d’autre part, ce que nous recherchons dans ce nouveau contexte, c’est la manière, les formes et les possibilités pour les masses de ne pas rester inactives, sans voix dans ces conditions sauvages.