L’internationalisme prolétarien et la révolution népalaise
Basanta
2010
Par Indra Mohan Sigdel (Basanta), Membre du Bureau Politique du PCNU (maoïste)
La classe du prolétariat, qui est privée des moyens de production, est forcée de vendre son travail sur le marché, en tant que marchandise, aux bourgeois qui s’en emparent. Dans une société capitaliste, ceux qui produisent les marchandises au coût de leur travail sont privés de s’approprier le produit même tandis que ceux qui ne sont pas du tout impliqués dans la production se l’approprient. Ceci n’est pas un phénomène particulier à un certain pays mais est un phénomène universel, partout où le mode de production capitaliste existe.
L’essence même du mode de production capitaliste est la production collective mais l’appropriation privée. Et le contenu principal du marxisme demeure en la résolution de cette contradiction. Karl Marx et Frederick Engels ont lutté toute leur vie pour trouver une manière scientifique de résoudre cette contradiction et de briser les chaînes réactionnaires traditionnelles. Ils ont affirmé que c’est la socialisation des moyens de production qui permettra de le faire. Et plus encore, ils ont affirmé que c’est l’état socialiste transitoire qui prépare le terrain pour le communisme, dans lequel la contradiction susmentionnée n’existe pas et où l’humanité entière entre de ce fait dans une phase où il n’y a aucune oppression de l’homme par l’homme.
Au cours de leur vie, ils ne se sont pas cantonné à de simples affirmations idéologiques et politiques mais ont plutôt joué un rôle crucial en organisant la Ligue des Communistes, la première Internationale de la classe ouvrière, et plus tard en formant l’Association Internationale des Travailleurs composée de divers groupes socialistes et syndicats de différents pays. Le Manifeste Communiste, que le premier congrès de l’Internationale en 1848 a amené, continue encore aujourd’hui d’être un document idéologique et politique important du prolétariat international.
Il a affirmé que la révolution communiste est la rupture la plus radicale avec les relations traditionnelles. Dans le dernier paragraphe il indique, Les communistes ne s’abaissent pas à dissimuler leurs opinions et leurs projets. Ils proclament ouvertement que leurs buts ne peuvent être atteints que par le renversement violent de tout l’ordre social passé. Que les classes dirigeantes tremblent à l’idée d’une révolution communiste ! Les prolétaires n’y ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à y gagner. Prolétaires de tous les pays, unissez vous ! C’est un exemple incomparable de véritable internationalisme prolétarien.
Lénine était un vrai successeur de Marx et un dirigeant de la classe ouvrière qui a réellement mis en pratique l’internationalisme prolétaire. Il a dû mener une lutte idéologique sérieuse contre les dirigeants chauvins nationaux comme Kautsky dans la Deuxième Internationale pour établir l’internationalisme prolétarien et pour le développer dans le mouvement communiste international. Par ses écrits, on peut comprendre ce qu’il a vraiment voulu dire par véritable internationalisme prolétarien. Dans un de ses travaux théoriques importants, la Tâche du Prolétariat dans notre Révolution, vol. 24, page 76, il écrit, Il n’est qu’un, et un seul internationalisme véritable : il consiste à travailler avec abnégation au développement du mouvement révolutionnaire et de la lutte révolutionnaire dans son propre pays, à soutenir (par la propagande, la sympathie, une aide matérielle) cette même lutte, cette même ligne, et elle seule, dans tous les pays sans exception.
En outre, dans un autre de ses travaux importants, Première Ebauche des Thèses sur les Questions Nationale et Coloniale, vol. 31, page 148, il écrit, l’internationalisme prolétarien exige : 1° que les intérêts de la lutte prolétarienne dans un pays soient subordonnés aux intérêts de cette lutte à l’échelle mondiale ; 2° que les nations en train de vaincre la bourgeoisie soient aptes et prêtes à accepter les plus grands sacrifices sur le plan national en vue du renversement du capital international.
Ce qui est clair des extraits ci-dessus est que se tenir ferme du côté du prolétariat, développer le mouvement révolutionnaire et la lutte de classe dans son propre pays, combattre internationalement les idéologies étrangères qui vont à l’encontre de l’intérêt du mouvement de la classe ouvrière, étendre le soutien idéologique, politique et matériel à toute lutte menée par la classe opprimée dans le monde entier et développer une tactique internationale en vue d’éliminer le capital international est, réellement, le véritable internationalisme prolétarien.
La lutte idéologique que Lénine a mené au cours de sa vie pour renforcer l’internationalisme prolétarien dans le mouvement communiste international fait de lui un dirigeant prolétarien internationaliste exceptionnel et le parti qu’il a dirigé, un porte-flamme de l’internationalisme prolétarien. En plus, le rôle que le Parti Communiste de Russie (Bolshevik) a joué, non seulement idéologiquement et politiquement mais également matériellement, pour aider à accomplir la Révolution de Démocratie Nouvelle en Chine et la révolution socialiste dans les pays d’Europe de l’Est est une manifestation brillante de ce qu’a voulu dire Lénine par internationalisme prolétarien dans les extraits susmentionnés.
Se tenant sur la base de l’internationalisme prolétarien que Marx et Lénine avaient établie et développée, le Président Mao a continué leur héritage toute sa vie. Que ce soit sa lutte idéologique en Chine contre diverses tendances erronées, du début de la formation du parti à la dernière phase de la Révolution Culturelle, ou que ce soit dans le combat des idéologies étrangères au sein du mouvement communiste international, il ne l’a jamais laissé s’affaiblir tant qu’il était encore vivant.
La lutte idéologique qu’il a effectuée principalement contre les tenants du capitalisme pendant la Révolution Culturelle et le Grand Débat qu’il a lancés principalement contre le révisionnisme de Khrouchtchev ont eu une importance primordiale pour développer le marxisme-léninisme au marxisme-léninisme-maoïsme. Sur la façon dont il a compris l’internationalisme prolétarien, dans une lettre au PCUS, Propositions concernant la ligne générale du mouvement communiste international [Lettre en 25 points NdT], il dit, Dans ces circonstances, la défense résolue de tout le camp socialiste, la sauvegarde de l’unité, sur la base du marxisme-léninisme, de tous les pays formant ce camp, et de la ligne et de la politique marxistes-léninistes que doivent appliquer les pays socialistes deviennent donc la pierre de touche de l’internationalisme prolétarien pour chaque parti communiste.
Non seulement Mao a-t-il mené la lutte idéologiquement contre les idéologies étrangères au sein du mouvement communiste international mais également, avec le soutien logistique aux camarades coréens, il a envoyé des Volontaires du Peuple Chinois pour combattre l’impérialisme US dans la Guerre de Corée. Il est à mentionner ici que dans cette guerre, le fils de Mao avait atteint le statut de martyr, qui est un exemple remarquable d’internationalisme prolétarien de la part de Président Mao et du grand Parti Communiste de Chine dirigé par lui. En fait, un fort pouvoir prolétarien en Chine sous la conduite du PCC dirigé par Mao était une forte base d’appui pour les révolutionnaires prolétariens du monde entier. Cependant, la mort de Mao en 1976 et la contre-révolution qui suivi en Chine sous la clique Teng-Hua ont eu comme conséquence un sérieux revers du mouvement communiste international ainsi que de l’internationalisme prolétarien. En conséquence, la classe ouvrière dans le monde entier avait maintenant perdu son leadership et la base d’appui de la révolution prolétarienne mondiale.
Dans cette situation, lorsque les communistes révolutionnaires du monde entier manquaient d’un leadership internationalement reconnu et d’une base d’appui du mouvement communiste international, le rôle que les partis communistes révolutionnaires ont joué dans l’organisation du Mouvement Révolutionnaire Internationaliste (MRI) mérite une mention spéciale. Malgré leur incapacité à rassembler tous les partis révolutionnaires, cette initiative était définitivement un événement inspirant et un grand accomplissement pour les communistes révolutionnaires du monde entier. Notamment et principalement, le document Vive le marxisme-léninisme-maoïsme que le MRI a adopté a aidé à approfondir la contribution idéologique du Président Mao et à unir les communistes révolutionnaires sous la bannière du maoïsme.
En fait, il a créé une base idéologique forte pour aider le déclenchement et la préparation de la guerre populaire là où les parties existaient et pour établir des partis révolutionnaires où il n’y en avait pas. Au total, le MRI a joué un rôle important comme centre international en défense du communisme et de l’internationalisme prolétarien. La lutte contre les limitations et les faiblesses de son sectarisme, l’activer plus encore, est le besoin du jour.
Lorsque le mouvement communiste international était vraiment sur la défensive et que tous les réactionnaires, avec l’effondrement du social impérialisme soviétique dans les années 90, propageaient l’échec du marxisme et du socialisme, la guerre populaire été lancée dans notre pays. Le déclenchement de la guerre populaire et son développement par bonds a, d’une part, prouvé de nouveau la validité et l’inévitabilité du marxisme-léninisme-maoïsme et, d’autre part, a encouragé internationalement le prolétariat.
Le déclenchement de la guerre populaire était en fait un vrai exemple d’internationalisme prolétarien de la part du prolétariat népalais.
Cependant, depuis que notre parti soit entré dans le processus de paix et ait signé les accords de paix, nos partis fraternels critiquent notre ligne politique. Certains d’entre eux ont même affiché ouvertement leur critique qui va jusqu’à affirmer que la ligne politique que nous pratiquons maintenant n’est pas conforme au marxisme-léninisme-maoïsme et à l’internationalisme prolétarien. Certainement, il y a quelques éléments de vérité derrière une telle critique de la part des camarades fraternels et nous devons les corriger. Mais, de l’autre côté, une forte tendance dans le MCI à baser son jugement idéologique à partir des concepts connus des luttes de classe révolutionnaires du passé a également joué un rôle là dedans.
Ce n’est pas qu’un débat soit lancé ici sur cette question, ce qui n’est pas possible dans ce court article. Mais ce que nous devons admettre est qu’un courant de pensée, qui cherche la force de la révolution dans la tactique nationale et la manœuvre diplomatique plutôt que dans l’unité idéologique, politique et organisationnelle et l’expérience valable du prolétariat international, essayait et essaye toujours de tirer le parti en arrière par rapport à notre devoir de renforcer l’internationalisme prolétarien.
Lénine a vivement critiqué cette tendance. A la page 54 de son travail renommé, La Maladie Infantile du Communisme : le Gauchisme, il écrit, Dédaigner cette expérience et prétendre cependant appartenir à l’Internationale Communiste, qui doit élaborer internationalement sa tactique (une tactique non pas étroitement ou exclusivement nationale, mais réellement internationale), c’est commettre une grosse erreur, et c’est précisément renier en fait l’internationalisme, tout en le reconnaissant en paroles.
La Réunion du Comité Central récemment tenue de notre partie a correctement évalué que la Révolution de Démocratie Nouvelle au Népal est à un carrefour de grande potentialité de victoire et de danger sérieux de défaite. Dans la situation actuelle mondiale, il n’y a qu’au Népal où la Révolution de Démocratie Nouvelle est possible. Cependant, que le prolétariat népalais saisisse ou non cette occasion dépend de la capacité de notre parti à développer une ligne idéologique et politique correcte, à consolider l’unité du parti basée sur cette ligne et à rassembler le prolétariat mondial autour d’elle. Si nous réussissons à réaliser ceci, personne dans le monde ne pourra nous arrêter d’établir la République Fédérale Populaire du Népal.
Nous devrions garder à l’esprit que la subsistance du pouvoir prolétarien dans un seul pays, dans la situation mondiale actuelle, est également difficile que, ou un plus grand défi que, la capture du pouvoir politique. La subsistance du pouvoir populaire est inséparablement liée à l’expansion et le développement des luttes de classe révolutionnaires dans d’autres pays. Dans ce contexte même, la classe internationale du prolétariat a des devoirs doubles. Le prolétariat népalais doit premièrement mettre l’accent sur la capture puis la subsistance du pouvoir comme zone d’appui de la révolution prolétarienne mondiale et en même temps prêter attention à l’expansion des luttes de classe révolutionnaires et des mouvements anti-impérialistes à travers le monde.
Tandis que le prolétariat dans d’autres pays doit mettre l’accent sur le développement des luttes de classe révolutionnaires dans leurs pays respectifs et prêter attention à la défense de la guerre populaire au Népal. C’est le véritable internationalisme prolétarien dont nous avons besoin aujourd’hui. Afin de réaliser ceci, notre parti devra effectuer les tâches suivantes. Premièrement, nous devrions prendre l’initiative sérieuse d’approfondir la lutte idéologique et politique avec ces partis révolutionnaires qui défendent le marxisme-léninisme-maoïsme en tant que leur guide idéologique.
En outre, nous devrions également effectuer un débat idéologique et politique avec les partis qui défendent la GRCP [Grande Révolution Culturelle Prolétarienne NdT] et la pensée Mao Tsé Tung comme universellement applicables. Tout ceci devrait être fait en gardant à l’esprit d’établir un nouveau type d’Internationale au 21ème siècle. Deuxièmement, nous devrions prendre l’initiative pour développer des relations de camaraderie avec les forces marxistes-léninistes partout dans le monde. Et, troisièmement, nous devrions construire des relations avec toutes les forces nationalistes qui mènent des mouvements de libération nationale contre les régimes nationaux chauvins de leurs pays respectifs. Tout ceci doit être fait pour développer un front anti-imperialiste mondial pour combattre la mondialisation impérialiste, la domination coloniale et pour soutenir la juste lutte du peuple.
Dans la conjoncture actuelle, qui est pleine d’opportunités et de défis, sil n’y a qu’en développant une ligne idéologique et politique correcte, l’unité du partie basée sur celle-ci et en poussant en avant les tâches internationales susmentionnées de façon planifiée que nous pourrons établir la République Populaire au Népal. C’est et ce sera également un service à la révolution mondiale et à l’internationalisme prolétarien véritable.