Deuxième congrès des soviets des députés ouvriers et soldats de Russie
Aux ouvriers, aux soldats et aux paysans !
Les délégués des Soviets paysans. Publié dans l’Ouvrier et Soldat, n° 9, du 8 novembre (26 octobre) 1917.
Le deuxième congrès des Soviets des députés ouvriers et soldats de Russie s’est ouvert. L’immense majorité des Soviets y est représentée. Des délégués des Soviets paysans y assistent également. Les pouvoirs du Comité exécutif central((II s’agit du Comité exécutif central élu au 1er Congrès des Soviets de Russie qui se tint du 3 au 24 juin (du 16 juin au 7 juillet) 1917 ; il se composait pour la plupart de socialistes-révolutionnaires de droite et de menchéviks, qui appuyaient le Gouvernement provisoire.)) conciliateur sont expirés. Fort de la volonté de l’immense majorité des ouvriers, des soldats et des paysans, fort de l’insurrection victorieuse des ouvriers et de la garnison de Pétrograd, le congrès prend en main le pouvoir.
Le Gouvernement provisoire est déposé. La plupart des membres du Gouvernement provisoire sont déjà arrêtés.
Le pouvoir des Soviets proposera une paix démocratique immédiate à tous les peuples et un armistice immédiat sur tous les fronts. Il assurera la remise gratuite des terres des grands propriétaires fonciers, des apanage((Terres des apanages et de la couronne, terres appartenant aux membres de la famille du Tsar. Terres des possessions, terres que le gouvernement réservait aux propriétaires d’usines pour qu’elles soient réparties entre les paysans qui travaillaient dans ces usines uniquement pour bénéficier d’un lot de terre. Terres des majorats, grandes propriétés foncières transmises, indivises, de génération on génération, par voie d’héritage, au fils aîné ou au membre le plus âgé de la famille.))s et des monastères aux comités paysans ; il défendra les droits du soldat en procédant à la pleine démocratisation de l’armée ; il établira le contrôle ouvrier sur la production, assurera la convocation de l’Assemblée constituante en temps voulu, se préoccupera de ravitailler les villes en pain et les campagnes en articles de première nécessité, garantirai à toutes les nations peuplant la Russie le droit effectif de disposer d’elles-mêmes.
Le congrès décide : tout le pouvoir local passe aux Soviets des députés ouvriers, soldats et paysans appelés à assurer un ordre véritablement révolutionnaire.
Le congrès invite les soldats des tranchées à faire preuve de fermeté et de vigilance. Le congrès des Soviets est convaincu que l’armée révolutionnaire saura défendre la révolution contre toutes les atteintes de l’impérialisme, jusqu’à ce que le nouveau gouvernement obtienne la paix démocratique qu’il proposera directement à tous les peuples.
Le nouveau gouvernement prendra toutes mesures utiles pour assurer à l’armée révolutionnaire tout ce dont elle a besoin, par une politique énergique de réquisitions et d’imposition des classes possédantes ; il améliorera également la situation des familles des soldats.
Les complices de Kornilov — Kérenski, Kalédine et autres — tentent de lancer des troupes sur Pétrograd. Plusieurs détachements qui, trompés par Kérenski, avaient d’abord marché, ont passé au peuple insurgé.
Soldats, opposez une résistance énergique à Kérenski, complice de Kornilov ! Soyez sur vos gardes !
Cheminots, arrêtez tous les convois militaires dirigés par Kérenski sur Pétrograd !
Soldats, ouvriers, employés, le sort de la révolution et le sort de la paix démocratique sont entre vos mains !
Vive la révolution !